Bien qu'elle soit à l'origine de ce site, la polyphonie corse est loin de constituer mon unique horizon musical. Je suis passionné de jazz depuis l'âge de dix-huit ans.
On trouvera sur cette page certains des musiciens de jazz qui m'ont le plus marqué.
Je ne vise en aucun cas l'exhaustivité, et on ne trouvera pas forcément ici de musiciens très
connus dont la renommée n'est plus à faire, mais beaucoup de "petits maîtres"
(sans aucune nuance péjorative) et des "coups de cœur" personnels. En bref, mes musiciens préférés.
C'est dire que mes choix sont
entièrement subjectifs et ne sauraient représenter un échantillon
représentatif de ceux qui comptent dans le jazz.
L'objectif est simplement de donner au visiteur/lecteur l'envie de découvrir des artistes dont
certains sont très célèbres, mais aussi d'autres dont on entend rarement parler, mais qui n'en sont pas moins
estimables.
De Eivind Aarset à Toku en passant par Gato Barbieri, Carla Bley et Andy Sheppard, voici quelques
uns des musiciens que j'aime voir et entendre :
Le jazz corse et en Corse : les musiciens corses et les compte-rendus de concerts et festivals de jazz en Corse ;
L'agenda jazz ('annonce des concerts) a été abandonné car trop difficile à tenir à jour. Les archives sont ---> ici.;
Jazz live : les compte-rendus de concerts ;
Pour ceux et celles qui n’aiment pas (encore) le jazz...
(ou qui croient ne pas aimer le jazz !)
Les nouveautés du jazz
Les livres sur le jazz.
NOTE : J'ai décidé, pour accélérer l'affichage de la page, de créér une page dédiée aux vidéos.
Des liens permettent d'accéder aux vidéos sélectionnées pour chaque musicien.
De même, l'actualité du jazz est désormais >>>>>>>>>>>>> ici <<<<<<<<<<<<<<<<<<<.
Certains de mes amis (certaines, surtout : ce sont semble-t-il en majorité les femmes qui n’aiment pas le jazz) déclarent ne pas apprécier le jazz. Pourtant, ils reconnaissent souvent aimer tel ou tel musicien, tel ou tel disque de jazz. Ce qu’on appelle communément « jazz » est tellement divers que chacun peut y trouver un style qui lui plaira. C’est ce que je vais essayer de démontrer ci-dessous, en espérant donner envie aux « non-amateurs » de découvrir certains aspects de cette musique qui leur auraient peut être échappé.
Nous avons eu l'occasion de voir et d'entendre à deux reprises le guitariste norvégien Eivind Aarset avec Dhafer Youssef. Un style unique, évoquant parfois Terje Rypdal en plus planant. C'est l'occasion de revenir sur cet artiste étonnant, né le 23 mars 1961 à Oslo, que beaucoup ont découvert dans “Khmer”, le premier disque de son compatriote le trompettiste Nils Petter Molvær. Dix-neuf ans plus tard, ce musicien s’est construit son propre univers musical. “I.E”, son nouveau cd, est paru il y a quelques mois sur Jazzland.
Son éveil musical se produit en 1973 quand, à l'âge de 12 ans, il découvre Jimi Hendrix, qui lui donne instantanément envie de jouer de la guitare. Dans la foulée, il se met à écouter non moins passionnément Deep Purple, Black Sabbath, Santana et Pink Floyd avant que son frère lui fasse découvrir Miles Davis, le Mahavishnu Orchestra, Weather Report et Return to Forever. Puis il découvre le "son ECM" avec Jan Garbarek et Terje Rypdal, qui sera une de ses grandes influences.
Imprégné par le jazz de la période électrique et les possibilités offertes par l'électronique, il choisit de fusionner ces deux composantes pour créer un style qui lui est propre, qualifié à la fin des années 1990 de « nu jazz ».
Accompagnateur d'artistes importants comme Ray Charles, Dee Dee Bridgewater, Ute Lemper, Eivind Aarset s'établit une belle notoriété dans le cercle du jazz scandinave et participe aux projets du bassiste Arild Andersen, du pianiste Bugge Wesseltoft ou du joueur d'oud Dhafer Youssef. Remarqué au festival Maijazz en 1997, le guitariste influencé autant par Jimi Hendrix que Terje Rypdal compose un premier album à partir d'une pièce baptisée 7. Ce premier opus sorti l'année suivante sous le titre Électronique Noire accueille quelques personnalités comme Bugge Wesseltoft et le trompettiste Nils Petter Molvaer qui ne tarde pas à l'intégrer à son groupe.
Après ce premier ouvrage visionnaire fêté par la presse spécialisée pour son mélange de trip-hop, drum'n'bass, rock et jazz, Eivind Aarset réalise quatre autres albums pour le label Jazzland Records : les très electro Light Extracts en 2001 et Connected en 2004, le plus abordable Sonic Codex en 2007 et Live Extracts, constitué d'extraits de concerts, en 2010. Le Sonic Codex Orchestra qui le suit en tournée comprend Marius Reksjo (basse électrique), Audun Erlien (guitare, claviers), Wetle Holte (synthétiseurs), Hans Ulrik (clarinette basse), Erik Honoré et Jan Bang (sampling, production).
Dès lors, son jeu de guitare unique fera discrètement-mais-intensément merveille sur plusieurs disques essentiels : “Cartography” (ECM, 2009) et “Places Of Worship” (Rune Grammofon, 2013) d’Arve Henriksen, “Last Night The Moon Came Dropping Its Clothes In The Street” de Jon Hassell (ECM, 2009), “Ethics” (Zig Zag Territoires, 2010) et “River Silver” (ECM, 2016) de Michel Benita, “Uncommon Deities” (Samadhi Sounds, 2012) de Jan Bang et Erik Honoré (deux sound designers avec lesquels il collabore régulièrement et joue chaque année au Punkt Festival de Kristiansand) et “A Victim Of Stars 1982-2012” (Virgin, 2012) de David Sylvian, pour un seul titre, l’époustouflant Where’s Your Gravity ?, sur lequel jouent aussi Henriksen, Bang et Honoré., et il vient de tourner avec Andy Sheppard et Michel Benita.
En 2012, Eivind Aarset collabore plus spécifiquement avec Jan Bang pour l'album Dream Logic sorti en novembre (janvier 2013 en France). Ce projet, le premier pour le label ECM, additionne couches de guitares, samples, programmation, samples et divers effets électroniques conduisant à une oeuvre contemporaine proche du style ambient.
Avec “I.E.”, Eivind Aarset concentre tout ce que l’on a aimé dans ses précédents disques : riffs chirurgicaux, lyrisme électrique hérité des seventies, onirisme électronique typique du début du XXIe siècle, longues plages méditatives (Sakte, Return To Her Home) parfois ponctuées d’envolées prog-jazz (Wanderlust, They’ll Be Asked Nothing, Through Clogged Streets, Passed Rotten Buildings et le magnifique One And The Same).
Discographie
Sous son nom :
1998: Électronique Noire (Jazzland, EmArcy)
2001: Light Extracts (Jazzland), within «Électronique Noire»
2004: Connected (Jazzland)
2007: Sonic Codex (Jazzland)
2010: Live Extracts (Jazzland), within «The Sonic Codex Orchestra»
2012: Dream Logic (ECM Records)
2015: I.E. (Jazzland)
Comme sideman :
1985: Tigers of pain (avec Anne-Marie Giørtz)
1997: Khmer (Nils Petter Molvær-ECM)
2000: Solid Ether (Nils Petter Molvær-ECM)
2003: Digital Prophecy (Dhafer Youssef - Justin Time)
2004: Grace ( Ketil Bjørnstad-Universal Music)
2005: Electra (Arild Andersen-ECM Records)
2008: Movements in Colour (Andy Sheppard-ECM Records)
2008: Cartography (Arve Henriksen-ECM Records)
2009: Hamada (Nils Petter Molvær-Sula Records)
2009: Last night the moon came dropping its clothes in the street (Jon Hassell-ECM Records)
2009: På Egne Vegne (Anne-Marie Giørtz-Grappa Music)
2009: Slow Procession (Hans Ulrik-Stunt Records)
2012: Mercurial Balm (Food-ECM Records)
2013: La notte ( Ketil Bjørnstad-ECM)
2013: Places of Worship (Arve Henriksen-Rune Grammofon)
2016: Capital Punishment For Cars (Anne-Marie Giørtz-Grappa Music)
2016: The Beauty of Disaster (J. Peter Schwalm-Rare Noise Records)
Née Carla Borg le 11 mai 1938 à Oakland en Californie, Carla Bley part pour New York à 17 ans et vend des cigarettes au Birdland. Elle y rencontre le pianiste Paul Bley qu'elle épouse en 1957. Il l'encourage à composer. Elle joue notamment avec Paul Bley, George Russell, Jimmy Giuffre et Art Farmer. Elle rencontre le trompettiste Michael Mantler en 1964 au sein de la Jazz Composers’ Guild. Ils fondent un orchestre avec Roswell Rudd, Archie Shepp et Milford Graves. La Guild devient bientôt le Jazz Composers’ Orchestra. Paul et Carla divorcent deux ans plus tard, mais Paul continue de jouer ses compositions, tout comme Jimmy Giuffre, George Russell et Art Farmer. Elle rencontre ensuite le trompettiste Michael Mantler, avec lequel elle dirige le Jazz Composers' Orchestra.
J’ai entendu pour la première fois Miles Davis quand, adolescent, je découvrais le jazz à travers les disques de Charlie Parker. Mais le premier concert auquel j’assistai eut lieu en 1971, en pleine période « électrique » de Miles. A l’époque, j’appréciais autant le jazz que la pop « progressive ». Je ne fus donc pas dépaysé par les claviers électriques, les sons distordus et la pédale wah-wah. Je fus au contraire fasciné par cette musique qui pourtant n’avait pas grand-chose à voir avec les disques du Miles des années 50 -60, que je découvrirais plus tard. Pour le lecteur, je crois préférable de présenter les choses dans l’ordre, c’est-à-dire en commençant par le début : 1926, naissance d’un génie.
Williams, John, Bill Evans
16/08/1929 à Plainfield, New Jersey-USA - 15/09/1980 à New-York-USA
Pianiste et compositeur de jazz, Bill Evans représente toujours une référence majeure dans l’art du piano qu’il a transformé. Créateur d’une esthétique singulière qui sublime la mélodie, il pratique un discours harmonique très développé et emploie dans son jeu des subtilités rythmiques inouïes. Il a aussi bouleversé l’art du trio piano-contrebasse-batterie. Après lui, la contrebasse et la batterie sont élevées en place de solistes et ont toute latitude à dialoguer avec le piano.
Né dans une famille mélomane, le jeune Bill Evans commence l’apprentissage du piano à l’âge de 6 ans après s’être essayé au violon et la flûte. Il s’intéresse au jazz à travers les musiques de Nat King Cole puis Bud Powell et Lenny Tristano. Après avoir obtenu en 1950 son diplôme de fin d’études au Southern Louisiana College d’Hammond, il est engagé dans l’orchestre du saxophoniste Herbie Fields avant d’être mobilisé durant trois ans dans l’armée. Après sa démobilisation en 1954, il poursuit sa carrière de jazzman et travaille au sein de divers orchestres de danse et de petits clubs de New-York jusqu’en 1955 où il est repéré et engagé par George Russell avec qui il enregistre. Il travaille aussi avec Tony Scott.
Après un passage par la page "invités" du fait de ses participations aux Rencontres
de Calvi, Paolo Fresu a été le premier jazzman à avoir une page à lui sur l-invitu.
C'est ici : jazz-paolofresu.php
C’est d'un excellent musicien, cependant controversé dans le milieu du jazz, qu'il va être question ici : Jan Garbarek, saxophoniste (ténor et soprano) de jazz norvégien né en 1947.
Il commence à enregistrer au début des années 70 pour le label allemand ECM, basé à Münich, mais dont le célèbre studio d'enregistrement se situe à Oslo. Il fait alors partie de l'avant garde scandinave aux côtés notamment du pianiste Bobo Stenson, du guitariste Terje Rypdal, des batteurs Edward Vesala et Jon Christensen, du bassiste Arild Andersen... Sa carrière prend un tournant décisif quand il rencontre Keith Jarrett, qui l'intègre dans son quartet dit « européen », avec Jon Christensen et Palle Danielsson. Cette expérience lui permettra d'obtenir une reconnaissance internationale et de mener une carrière en leader très suivie et appréciée bien au delà des frontières de la Norvège.
Né à Paris de parents vietnamiens, le guitariste Nguyên Lê cofonde en 1983 le groupe ULTRAMARINE.
Musicien autodidacte à vocation ouverte, il joue de ses cordes autant pour le rock et le funk, la chanson, le Jazz contemporain, l'électro-acoustique et surtout les musiques extra-européennes.
Ses collaborations sont innombrables : Art Lande, Marc Johnson & Peter Erskine, Andy Emler, Michel Portal, Miroslav Vitous, Trilok Gurtu, Sylvain Marc, Antoine Illouz, Aldo Romano, J. F. Jenny Clarke, Dewey Redman, Jon Christensen, Bunny Brunel, Daniel Humair, Michel Benita, Nana Vasconcelos, Glenn Ferris, Christof Lauer, Paolo Fresu, Art Lande, Paul McCandless, André Ceccarelli, Richard Bona et d'autres encore.
Plus récemment, ses disques avec Peter Erskine et Michel Benita (trio
ELB), Paolo
Fresu («Angel») ou Huong Thanh rencontrent un grand succès.
En 2008, il enregistre "The Othello Syndrome", de Uri Caine,
« Blauklang », le nouvel album de Vince Mendoza
& aussi "Dream
Flight", le nouvel album du trio Erskine - Lê - Benita, avec
Stéphane Guillaume en invité au
sax.
Un nouveau disque sort en oct 2009: SAIYUKI, un trio asiatique
avec Mieko Miyazaki (koto) & Prabhu Edouard (tablas), &
Hariprasad Chaurasia (flute) en invité. En tant qu’ingénieur du son il
mixe le nouvel album de Dhafer Youssef "Abu Nawas Rhapsody" avec qui il
tournera en concert en 2010.
Un extrait vidéo où Nguyên Lê rencontre... le Concordu de Orosei !!
Né le 4 janvier 1942 dans le Yorkshire, le guitariste John McLaughlin, également connu sous le nom de Mahavishnu, a commencé sa carrière en Angleterre dans les années soixante. Après un disque avec Tony Oxley et John Surman (Extrapolation), dans lequel s'expriment déjà sa grande technique, sa vélocité et son inventivité, il part en 1969 aux Etats-Unis pour rejoindre le Lifetime de Tony Williams. Puis il est engagé par Miles Davis pour ses albums majeurs In A Silent Way, Bitches Brew (dont un morceau s'appelle tout simplement John McLaughlin), Big Fun, A Tribute to Jack Johnson et l'album Live/Evil. Il joue également avec Miroslav Vitous, Larry Coryell, Wayne Shorter et Carla Bley.
Il fonde en 1970 le Mahavishnu Orchestra avec le violoniste Jerry Goodman, auquel succèdera Jean-Luc Ponty, Jan Hammer, Rick Laird et Billy Cobham. Ce sera le premier groupe de fusion jazz/rock avec des influences indiennes.
Changement radical avec la création avec Zakir Hussain de Shakti (l'énergie en sanskrit), groupe acoustique qui combine la musique indienne et le jazz. En 1973, il enregistre Love Devotion Surrender avec Carlos Santana, autre disciple du guru Sri Chinmoy.
Il participe également à des rencontres autour du flamenco avec Paco de Lucia et Larry Coryell, puis Al Di Meola. Ce sera le Guitar Trio.
Le groupe Shakti renaît
avec Remember Shakti où, à
côté de Zakir Hussain, il joue avec de grands musiciens indiens tels
que U.
Srinivas, V. Selvaganesh, Shivkumar Sharma et Hariprasad Chaurasia.
Saturday Night in Bombay est une rencontre au
sommet. Sur "Luki", le
premier thème, le chanteur Shankar Mahadevan suit de la voix les
accents de la
guitare et de la mandoline en une frénésie rythmique incroyable. Sur le
plus long "Giriraj Sudha", écrit par le Madrassi
U.Shrinivas, les tablas se
mêlent à la voix. "Shringar"est une méditation
onirique de
près d'une demi-heure où les cordes sensibles de la guitare
déclinent en de longs motifs les incroyables dérivations du santour,
ponctués avec délicatesse des tablas et du kanjeera.
John McLaughlin revient ensuite au jazz avec Thieves and Poets et un disque dédié à Bill Evans.
Vidéos ici.
L'Italie compte décidément nombre de musiciens de jazz de premier plan. On peut notamment citer les trompettistes Enrico Rava, Flavio Boltro et Paolo Fresu, et les pianistes Enrico Pieranunzi et Giovanni Mirabassi.
Giovanni Mirabassi est né en 1970 à Pérouse (Italie). Autodidacte, ce n'est qu'à seize ans que Giovanni prend ses premiers cours de piano, auprès d'un professeur qui lui fait découvrir le jazz. En Italie, il joue avec des musiciens tels que Chet Baker en 1987 ou Steve Grossman en 1988, puis décide en 1992 de s'établir à Paris. En 1996, il remporte le prix du meilleur soliste au Tremplin Jazz d'Avignon. La même année, avec le contrebassiste Pierre-Stéphane Michel il forme le duo Dyade et enregistre son premier disque: En bonne et due forme. Depuis, il mène une carrière de leader en salles et en studio, et collabore avec de nombreux musiciens de la scène parisienne et internationale, comme Stefano Di Battista, Flavio Boltro, Louis Moutin, Glenn Ferris, Andrzej Jagodzinski, Michel Portal. Il joue dans des nombreuses salles et festivals internationaux tels que le Paris Jazz Festival, Era Jazzu de Varsovie, le JVC Jazz festival de Paris, le Northsea Jazz Festival de Rotterdam. Les Victoires du Jazz lui ont été décernées en 2002. Giovanni Mirabassi compose de nombreuses mélodies, non seulement pour lui-même mais aussi pour des chanteurs français comme Agnès Bihl ou Claire Taïb.
Né en 1949, Enrico Pieranunzi est reconnu par ses pairs comme l'un des meilleurs pianistes mondiaux. Influencé à ses débuts par Bill Evans et McCoy Tyner, il a acquis un style bien personnel depuis son premier disque Jazz a confronto avec Bruno Tommaso (1975). Parisian Portraits (1990) le présente en solo. En 1993 il forme un trio avec Marc Johnson et Paul Motian. Ce trio enregistrera Untold Story (1993), un magnifique The Night Gone By (1996) avec un délicat Canzone di Nausicaa, puis Ballads (2005).
Le saxophoniste
ténor argentin Leandro « Gato » Barbieri est né
à Rosario le 28 novembre 1934. Fils d'un charpentier, violoniste
amateur, il
découvre le ténor auprès d'un oncle saxophoniste puis le jazz en
écoutant Charlie Parker en 1944. Il débute sur le requinto (petite
clarinette). Cinq ans de cours particuliers de clarinette à Buenos
Aires, mais il
aborde également le saxophone alto et la composition.
Sous-estimé voire méprisé à une certaine époque après le succès de ses disques Getz/Gilberto, Stan Getz est l'un des plus importants saxophonistes de jazz. Chef de file de l'école cool, il combine une sonorité douce et feutrée apportées par le jeu novateur de son ainé Lester Young. Tendre, éthérée, élégante, sa musique contraste avec la rudesse des disciples de Coleman Hawkins, à la crudité du blues et aux duretés virtuoses du bebop. Elle eut une influence prépondérante sur l'évolution du jazz, par l'intermédiaire des musiciens de la côte Ouest.
Le contrebassiste Charlie Haden, né le 6 août 1937 dans le Missouri, n'est peut-être pas un virtuose comme un Scott La Faro ou un Marc Johnson. Mais il a joué un rôle capital dans le jazz contemporain, notamment en accompagnant Ornette Coleman. En outre son jeu communique une émotion rare. en développant un style très libre. La contrebasse de Haden a un son solide, épais, un des plus riches de l'histoire du jazz. Rares sont ceux qui, comme Haden, parviennent à communiquer autant d'émotion. Au cours de sa longue carrière, il a collaboré avec de nombreux artistes. Mais c'est avec son "Liberation Music Orchestra" fondé en 1969 qu'il restera à coup sûr dans l'histoire.
Qui contesterait que Keith Jarrett soit l'un des plus grands pianistes de l'histoire du jazz ? Sa maîtrise de l'instrument sort de la logique. "Il possède la faculté de jouer à genoux, rien qu'en faisant confiance aux muscles de ses doigts. Il a des mains de crabe! C'est un extra-terrestre!" dit de lui Giovanni Mirabassi, qui est loin d'être manchot !
La sortie en DVD de la passionnante "Leçon de jazz" d'Antoine Hervé sur Keith Jarrett m'a donné envie de consacrer quelques lignes à ce grand musicien et improvisateur qui se situe au carrefour des musiques du 20e siécle.
Pianiste à la technique exceptionnelle, improvisateur hors normes, il synthétise divers courants tels que le classique (avec une emphase sur la musique de JS.Bach), le jazz, la musique country, le rock, le free jazz et bien d’autres encore. Une de ses particularités consiste en l’utilisation du contrepoint traditionnel, de l’art de la fugue improvisée directement au clavier (école française) dans un contexte harmonique du début du XXème siècle (Ravel-Debussy), avec un groove jazz original et irrésistible. Un musicien moderne qui se place au carrefour de ce que la musique occidentale a de mieux à nous offrir.
voir sur la page "invités".
A la frontière entre jazz, flamenco et tango, le bassiste Renaud Garcia-Fons propose La Linea del Sur, enregistré en 2008. "Un Sud imaginaire qui réunirait de multiples racines musicales, ayant en commun la recherche d'un chant profond". Un disque porté par l'accordéon de David Venitucci, la guitare de Kiko Ruiz, la grande voix du flamenco Esperanza Fernandez (sur trois titres) et la technique étonnante de Garcia-Fons à la contrebasse à cinq cordes, qui sonne parfois comme un violoncelle.
Né le 23 août 1947 à Oslo, Norvège, Terje Rypdal est un guitariste au style très personnel, reconnaissable immédiatement. Associé au label ECM depuis le début des années 70, son jeu utilise l'espace et les sons denses d'une façon inhabituelle. Après des études de piano, il apprend la guitare quasiment seul, influencé par Jimi Hendrix. Il apprend le concept lydien auprès de son auteur, George Russell, avec lequel il joue avant de former un groupe avec Jan Garbarek. Il forme en 1972 le groupe Odyssey. Depuis, il joue avec des musiciens tels que Miroslav Vitous, Palle Mikkelborg, David Darling et Ketil Bjornstad.
Andy Sheppard a commencé le saxophone à l’âge de 19 ans et a donné son premier concert à peine trois semaines plus tard ! Un musicien prodigieusement doué donc, très influencé par John Coltrane. Après ces débuts avec le groupe Sphere basé à Bristol, il part pour Paris et collabore notamment au groupe Urban Sax. Au milieu des années 80 il revient s’installer en Grande-Bretagne, enregistrant l’album “Andy Sheppard” pour le label Antilles/Island, avec Steve Swallow comme directeur artistique. Cette collaboration donna naissance à une longue association musicale qui perdure encore aujourd’hui.
Depuis, Andy Sheppard a enregistré pour de nombreux labels comme Blue Note, Verve, Label Bleu ou Provocateur et joué et composé une musique personnelle volontiers trans-idiomatique pour des ensembles de toutes tailles (son projet Saxophone Massive impliquait pas moins de 200 saxophonistes !) mais aussi pour le théâtre, le cinéma, la danse et le monde du multimédia. Il a joué au fil des années avec des musiciens très divers allant de Nana Vasconcelos à Han Bennink, en passant par Joanna MacGregor, Keith Tippett, L. Shankar ou Kathryn Tickell.
Sollicité par ailleurs par les plus grands artistes de jazz, Sheppard a notamment collaboré étroitement avec ces exceptionnels compositeurs que sont George Russell ou Gil Evans. Mais c'est pour ses collaborations avec Carla Bley qu'il a acquis une belle notoriété (et à mon avis c'est dans ce contexte qu'il s'exprime le mieux). Il a enregistré énormément avec Carla Bley pour le label Watt dans “Fleur Carnivore”, “The Very Big Carla Bley Band”, “Big Band Theory”, “Songs with Legs”, “The Carla Bley Big Band Goes to Church”, “4 x 4”, “Looking for America”, “The Lost Chords” ,“Appearing Nightly”, et ”The Lost Chords Find Paolo Fresu”.
"Trio Libero" est le nom du groupe fondé par le saxophoniste britannique Andy Sheppard, associé au contrebassiste français Michel Benita et au batteur écossais Sebastian Rochford. Basé sur une orchestration classique du sax-contrebasse-batterie, ce « Trio Libero » propose dans ce disque une musique inventive et lyrique. Mais le maître mot du groupe est la liberté. Celle-ci est manifeste dans l'espace laissé aux mélodies, à chacun des musiciens, ce qui n'exclut pas le dialogue et l'interaction. Le groupe est issue d'une résidence à Snape Maltings, Aldeburgh. Andy Sheppard raconte que le trio s'est enfermé pendant quatre jours pour improviser. Tout a été enregistré, puis Andy a harmonisé tout cela. Ainsi The Unconditional Secret est "plus ou moins la transcription directe d'une improvisation libre datant de la résidence à Aldeburgh."
La méthode du trio : “improviser, transcrire, développer et puis rejouer le morceau en improvisant de nouveau.”
Certaines compositions pourront surprendre par l'absence de tempo (Libertino, Dia da Liberdade) ou de mélodie facilement identifiable. En fait, alternant soprano et ténor, Andy Sheppard laisse en permanence libre cours à son imagination et joue énormément sur les sonorités des saxophones (ténor et soprano), aidé en cela par les ingénieurs du son ECM qui, comme d'habitude, donnent beaucoup d'espace et de réverbération à la musique.
Né en 1987 à Gyumri (Arménie), Tigran Hamasyan appartient probablement à la catégorie des surdoués. A l'âge de 11 ans il compose «Colours Of Paradise», un premier be-bop aux métriques complexes Repéré à 13 ans par Chick Corea ou Avishai Cohen lors du festival de Jazz d’Erevan, il obtient en 2006 (à 19 ans) le premier prix de piano du Thelonious Monk Institute of Jazz. Il entre à l'Université de Californie du Sud à Los Angeles où il commence à étudier en profondeur et en parallèle le jazz contemporain et la musique arménienne. La même année il publie son deuxième album, New Era, accompagné de François Moutin et Louis Moutin, avec l'apparition de Vardan Grigoryan au duduk. Il s'installe à New York en 2008.
En 2009, il enregistre Red Hail, un album au carrefour du jazz, du metal et du folklore arménien, avec son nouveau quintet de jeunes musiciens Aratta Rebirth : Areni Agbabian (voc), Ben Wendel (ts), Charles Altura (g), Sam Minaie (b) et Nate Wood (d). Ils se produisent dans plusieurs grands festivals internationaux, de Montréal à Nice en passant par Vienne ou Rotterdam (North Sea Jazz Festival). Il accompagne Dhafer Youssef sur son CD Abu Nawas Rhapsody et au Festival Jazz Sous Les Pommiers en mai 2010.
En juin de la même année, Tigran Hamasyan signe avec le label Verve. Il enregistre en septembre 2010 à Paris l'album solo A fable, pour lequel il est lauréat des Victoires du jazz 2011 dans la catégorie album international de production française.
Il se produit en 2011 dans de grands festivals comme Jazz in Marciac, Montreux, Montréal pour la 3e année consécutive, ainsi qu'au Tokyo Jazz Festival, en Arménie, au Royaume-Uni (Queen Elizabeth Hall) ou encore en Allemagne.
Si « A Fable », précédent album ’avait confirmé dans le rôle de grand compositeur et grand claviériste de jazz, Shadow Theater le propulse dans un univers aux sonorités plus proches de Red Hail, mais qui déborde de toutes parts des carcans stylistiques. Pour s’en aller débusquer l’émotion dans les pistes les plus biscornues des crêtes les plus rêches. Dans son théâtre d’ombres, c’est tout un univers tendre et délicatement mélancolique que Tigran dessine, avec ses compositions garnies de recoins et de surprenantes relances.
Je n'avais pas encore osé affronter ce "monument" du jazz qu'est John Coltrane. Mais je me devais de réparer cette lacune... Disons-le d'emblée, John Coltrane est avec Charlie Parker l'un des musiciens les plus importants du XXe siècle.
John Coltrane (surnommé « Trane ») est né à Hamlet en Caroline du Nord le 23 septembre 1926 et mort à Long Island (New York), le 17 juillet 1967.
Né de parents mélomanes, Tristan Mélia fait partie de ces musiciens investis très tôt dans la musique. Après avoir écouté Barney Wilen et Claude Nougaro au berceau, il manifeste dès 9 ans un talent et une envie débordante pour l’improvisation et la mélodie. Soutenu dans sa démarche par ses parents, il s’engage dès l’âge de 12 ans dans un travail intensif qui passe par l’écoute de Michel Petrucciani, Keith Jarrett, Barney Wilen et des cours particuliers avec Laurent Hernandez sur Nîmes.
À 13 ans le jeune pianiste intègre l’I.M.F.P. de Salon-de-Provence où il développe son jeu et sa technique auprès de Mario Stantchev, Philippe Petrucciani, Francesco Castellani, Benoit Paillard, Michel Zenino. Durant cette période, il se produit en solo, en trio et affine son jeu en écoutant Bill Evans. Après un rapide passage au Conservatoire de Lyon où il rencontre Franck Avitabile, il intègre le conservatoire de Digne - Manosque dans la classe de Christophe Leloil et Benoit Paillard.
Pianiste professionnel à 18 ans, il enregistre un EP, « Un Moment Loin de Toi ». Soucieux de progresser et d’améliorer encore sa pratique il fait une rencontre déterminante, celle du pianiste Giovanni Mirabassi qui lui prodigue cours et conseils. A 20 ans, il décroche son DEM et continue à perfectionner son jeu au fil des rencontres musicales. Il développe aussi un grand intérêt pour la composition.
En septembre 2018, avec Thomas Bramerie (contrebasse) et Cédrick Bec (batterie) il entre au Studio Recall où Phillipe Gaillot enregistre les douze pistes de l’album « No Problem ».
(Eléments biographiques empruntés à Latins de Jazz)
J'ai découvert ce jeune pianiste à la lecture de la critique dans Télérama (n° 3717) de son dernier disque, "Mistake Romance" (voir ci-dessous). Dès les premières notes, j'ai été enthousiasmé par ce pianiste. Si on sent les influences de Giovanni Mirabassi et Michel Petrucciani, Tristan Mélia affirme une personnalité singulière et pleine de promesses. Sitôt après avoir écouté Mistake Romance, j'ai découvert son premier disque, No Problem, qui est également excellent.
Être ou ne pas être essentiel ? Telle est la question, comme on disait autrefois au royaume de Danemark. Loin de ne se poser qu’aux seuls artistes ou commerçants, si soudainement — et avec quelle violence — décrétés superflus l’an dernier, elle vaut pour tous depuis que la gestion s’est substituée à la politique, avec ses plus et ses moins, ses comptes sordides et ses leçons infantilisantes.
Comme pour bien marquer le coup, Tristan Mélia ouvre ce disque avec une pièce intitulée The Essential. Retour au réel, le seul qui vaille : l’essentiel. Pour un pianiste, c’est dans la solitude qu’il se cultive, quand la beauté se détache du silence et que les sentiments se découvrent pas à pas, dans l’abandon de soi.
À 24 ans, Mélia a encore le grand courage du romantisme, cette santé des temps mauvais. Parfois, il lui donne des accents et des tournures que l’on a entendus ailleurs, chez Chopin notamment. Mais cela n’amoindrit pas la force de ses compositions. Quant aux standards, ils sont tous approchés avec une fraîcheur ravissante et un bel appétit, ainsi ce Soul Eyes d’anthologie où Mal Waldron paraît chevaucher de concert avec J.S. Bach. Non essentiel, un disque pareil ? Il faudrait marcher sur la tête pour le penser.
Louis-Julien Nicolaou (Télérama n° 3717)
par Nicole Videmann | 2 mai 2019 | Chorus
Annoncé pour le 03 mai 2019, l’album « No problem » du pianiste Tristan Mélia porte un titre qui lui sied tout à fait. Sa musique s’écoule avec fluidité et enthousiasme. Le jeune musicien inscrit son propos dans la tradition du jazz… et ça coule de source !
Sur « No Problem » (Jazz Family/Socadisc) le jeune pianiste Tristan Mélia réunit à ses côtés l’émérite contrebassiste Thomas Bramerie et le batteur Cédric Beck. En huit compositions originales et quatre reprises, le trio de Tristan Mélia propose un album accompli.
Tristan Mélia ne se contente pas de jouer du piano et de composer. Avec pudeur et simplicité, il se livre et dévoile sa perception du jazz sur les trois pages du livret où il présente lui-même son album et ceux avec qui il l’a réalisé (musiciens et ingénieur du son). Cette démarche d’écriture peu courante révèle sans doute une profonde fibre artistique et un fort engagement. Pour lui…
« … le jazz est une famille… » : à l’écoute du disque, les propos musicaux restituent de vraies relations d’échange et de réciprocité entre le pianiste et ses compagnons avec lesquels il entretient des relations complices. Par ailleurs, quoi de plus logique que son premier album soit réalisé sous le label Jazz Family !
« … le jazz est un langage… » : là encore Tristan Mélia fait plus qu’en posséder les codes. Il les maitrise avec brio, qu’il s’agisse de blues, de ballade, de valse ou de swing.
« … le jazz est un jeu… » : cela aussi transpire à travers les douze plages de l’album. En effet, l’opus laisse percevoir l’ambiance symbiotique du trio qui devise, s’amuse, joue et improvise avec aisance au-dessus des portées et au cœur des harmonies. On capte le plaisir ludique que prend le pianiste à enregistrer cette musique de jazz constitutive de son identité musicale.
Jamais ostentatoire, le pianiste développe un jeu virtuose à la fois dense et léger. Avec élégance, il transforme les notes en émotions palpables qui évoluent tout au long des douze titres de l’album.
L’album ouvre avec une reprise inspirée de No problem, la composition de Duke Jordan. On se souvient de la superbe version que Barney Wilen donnait de No Problem dans l’album « La Note Bleue » sorti en 1987 et que le pianiste encore nourrisson a peut-être écouté. Le trio revisite le thème avec une énergie ludique. Le piano regorge de fougue, la contrebasse s’amuse sur les 4/4 avec la batterie au jeu fluide et souple. Le climat évolue et le piano se fait tendre puis exalté sur Too Young To Go Steady de McHugh.
Le trio interprète ensuite cinq compositions du pianiste. Le style funky de Just A Memory permet d’apprécier un chorus inventif du piano suivi d’un enthousiasmant solo de batterie. Le trio joue ensuite le nostalgique P.P.P. réchauffé par le son boisé de la contrebasse. Sur un tempo ternaire, Dernier Espoir tourbillonne avec souplesse et engage le trio dans une ivresse collective enivrante qui laisse place ensuite au groove bluesy de Why Not Blues, conçu par Tristan Mélia le matin même de l’enregistrement. Après le début nuancé de C Minor, on saisit la force expressive du piano virtuose.
Sur May Be September de Percy Faith, le jeu romantique du piano inspire ensuite une tendre mélancolie. Advient alors La valse Du Clown, une composition écrite par le pianiste à l’âge de 15 ans. D’abord délicate, la valse prend de l’épaisseur mais sans plus attendre le piano enchaine et invite le swing dans Le Bois de Pont-Aven. Sur That’s What Friends Are For, vient le temps de savourer le jeu lumineux du piano qui apporte un supplément d’âme à la tendre romance de Burt Bacharah.
L’album se termine avec Rêve en Sol Mineur gorgé d’un swing maîtrisé. Cette dernière pièce du pianiste est pour le trio l’occasion d’aborder le registre de l’euphorie et de la joie partagées. On y perçoit même de délicates incursions latines.
Malgré sa jeunesse, Tristan Mélia fait preuve d’une maturité peu commune. Tout au long du répertoire de « No Problem », le pianiste allie énergie et sensibilité sans jamais tomber dans le piège tentant de la démonstration. En effet, son jeu sans esbroufe développe les nuances qui lui permettent de s’exprimer avec autant de réussite sur les tempi rapides que sur les ballades.
Des drums qui dansent comme dans un des légendaires enterrements
de la Nouvelle-Orléans, des cuivres gorgés de soul, des guitares mêlant
tous les blues et tous les folk...
Hugh Coltman s’est offert un écrin sublime
pour onze chansons dans lesquelles il fait entendre sa voix chaleureuse de
routier des sentiments et de grand connaisseur des émotions humaines,
toujours indulgent pour l’amoureux du soir, le paumé de l’aube ou le
mélancolique du plein soleil...
Who’s Happy
?
demande son nouvel album.
Personne et chacun, semble-t-il répondre...
Hugh Coltman a toujours été parfaitement lui-même sans jamais être là où l’on l’attend. Britannique vivant en France, ancien leader du groupe blues-rock The Hoax avant de se muer en songwriter folk-pop puis en quadragénaire explorateur du plus beau patrimoine du jazz. Une nouvelle facette de l’aventure d’un artiste qui a décidé de s’affranchir des frontières, des formats et des habitudes.
Au commencement, il y avait eu en 2012 un remplacement au pied levé de la chanteuse Krystle Warren pour un concert du pianiste Éric Legnini. Hugh Coltman découvre « la désinvolture des musiciens de jazz, qui sont plus rock que beaucoup de musiciens de rock’n’roll, qui ne jouent jamais le jeudi une chanson comme ils l’ont jouée le mardi, qui maîtrisent tellement leur sujet qu’ils peuvent tout se permettre. »
Le remplacement devient une aventure au long cours et un hommage à Nat King Cole – un album, cent vingt concerts. Hugh Coltman s’attend à « être lapidé par la presse, dans le genre « pour qui se prend-il, de faire un disque de jazz ? » Or Shadows, Songs of Nat King Cole est un succès éclatant et lui apporte la Victoire du jazz 2017 de la voix de l’année. Il serait logique qu’il embraye sur un autre album de reprises, et d’autant plus qu’il a entretemps retrouvé son groupe originel, The Hoax, et a enregistré avec lui Recession Blues, A Tribute to BB King .
« En fait, j’ai commencé à composer sans savoir où aller, mais en me disant que je n’allais pas me spécialiser dans les hommages, même s’il y avait de bonnes idées possibles. » Le déclic vient de la série Treme et de ses trésors musicaux. Hugh se remémore des plaisirs d’enfance autour de Kid Ory, Sidney Bechet, Fats Domino, puis Dr John ou les Meters qu’il a aimés sans savoir qu’eux aussi plongeaient leurs racines dans la Nouvelle- Orléans de la second line et des cuivres flamboyants. Il réécoute passionnément les grands maîtres fondamentaux, plonge dans CW Stoneking, bluesman revivaliste australien, ou Charles Sheffields, chanteur de r’n’b typiquement louisianais des années 60. Très vite, s’impose une conviction libératrice : « La musique de la Nouvelle-Orléans n’est pas forcément virtuose ; elle met en avant le cri essentiel. »
Et il lui vient aussi une réflexion existentielle centrale : « J’ai quarante-cinq ans, est-ce que je vais enfin me foutre de ce que pensent les autres ? » Il ira donc là où il veut, dans une Nouvelle-Orléans sur laquelle souffle l’esprit des Cubanos Postizos de Marc Ribot, le jeu de piano de Rubén Gonzàlez sur le titre Buena Vista Social Club ou les climats de Swordfishtrombones de Tom Waits – des sentiments forts, des gestes francs, des saveurs musquées, des réalités drues habillées des félicités heureuses de la musique... Il veut beaucoup de musiciens, il veut retrouver les évidences apprises jadis chez Kid Ory, Muddy Waters ou Howlin’ Wolf – l’instinct, les cuivres qui déboulent en procession, l’impression par l’auditeur d’être dans la pièce et de voir tous les instruments...
Il veut aussi, à la batterie, Raphaël Chassin, fidèle complice qui a aussi œuvré chez Miossec, Vanessa Paradis, Bernard Lavilliers, Charlotte Savary, Albin de la Simone... Et puis le guitariste Freddy Koella, le plus prestigieux et le plus discrets des Français d’Amérique – Bob Dylan, Willy DeVille, Odetta, k.d. lang, Carla Bruni, Francis Cabrel, Lhasa De Sela...
Freddy va coréaliser l’album. Il conseille à Hugh : « Ne fais pas de maquettes. » Résultat : « En deux semaines, j’avais la base de toutes les chansons » , enregistrées dans sa cuisine à Montreuil, sur son téléphone. Une première semaine en Louisiane pour rencontrer les musiciens et se charger des histoires attrapées au vol de l’Amérique de Trump, qui feront la chanson Sugar Coated Pill . Puis six jours de studio avec des pointures de la Nouvelle-Orléans pour dix chansons originales et la reprise d’ It’s Your Voodoo Working de Charles Sheffield.
De chanson en chanson, l’album passe de la pure autobiographie à l’humanité, de la déploration à l’espoir têtu, du blues européen à une lumière universelle... Civvy Street ouvre l’album comme un standard vénérable et implacable, All Sleeps Away évoque la maladie d’Alzheimer du père de Hugh Coltman, Little Big Man est pour son fils, Hand Me Down aborde les questions de transmission (avec l’incursion, en langue française canado-haïtienne, de Mélissa Laveaux)... Un voyage musical et existentiel entre confidences et grand spectacle, entre exploration d’un patrimoine phénoménal et inspiration féconde d’un artiste au sommet de sa créativité.
Contact Promo – Du Bruit au Balcon Music – Romain Berthault
romain@dubruitaubalcon.com 04 37 92 04 07
Une
chanteuse de jazz moins
médiatisée que Diana Krall mais pleine de talent : Stacey Kent.
Je l'ai découverte... sur RCFM, à l'occasion de quelques concerts
qu'elle a
donné en Corse en 2004.
J’ai découvert Laïka Fatien par hasard, sur la chaîne musicale Mezzo. J’ai immédiatement arrêté ce que j’étais en train de faire, subjugué par la force de son interprétation. Et j’ai découvert ses deux disques, Look at me now ! et tout récemment Misery.
Née d’un père ivoirien et d’une mère hispano-marocaine
à Paris en 1968, Laïka Fatien se fait connaître en chantant
avec le big
band de Claude Bolling. Elle collabore également avec Sixun, Julien
Lourau,
Steve Williams, Antoine Roney, Michael Bowie, David El Malek, Richard
Galliano,
Robert Glasper, Gregory Hutchinson, Peter Martin, Daryl Hall, Vince
Benedetti...
Elle également au théâtre et participe à "A Drum is a Woman". Elle mène ainsi une double carrière de musicienne et d'actrice.
Elle enregistre un premier album de vocaliste, Look at me now ! Un album très varié, dans lequel on remarque notamment le ténor David El-Malek et le pianiste Pierre de Bethmann. Une adaptation déchirante de la ballade d’Abbey Lincoln "Throw it Away", une reprise ralentie d’"Eleanor Rigby" des Beatles, un "Inchworm" candide et une version de"The Best Is Yet To Come" très différente de celle de Stacey Kent.
Cet album, à la fois audacieux, maîtrisé et respectueux des traditions, est une grande réussite du jazz vocal contemporain… Le Point
Quatre
ans après, voici « Misery
», hommage à Billie Holiday, enregistré en février 2008
à Paris.
Outre une sélection très personnelle de chansons et des arrangements
très originaux, la voix de Laïka nous envoûte par sa sensualité, son
ampleur,
son sens du texte et de la musique.
Enfin une interprète qui ose et réussit le difficile pari de chanter Billie Holiday ! Laïka Fatien n’essaie pas de copier Billie, elle en livre une interprétation personnelle et convaincante, explorant tous les registres et les timbres de sa voix. Magistral.
Et voici le suivant : Nebula (sorti en mars 2011) :
Laika s'aventure ici sur des terrains variés : Thelonious Monk avec Matrix - think of one, le Brésil avec Caico de Villa Lobos, une belle version de Appointment in Ghana de Jackie Mc Lean, les autres morceaux étant des compositions de Tina Brooks, Joe Henderson, Stevie Wonder, Wayne Shorter, Björk...
A noter que cet album est produit par la bassiste Meschell Ndegeocello.
La chanteuse et pianiste canadienne Diana Krall n'est plus à présenter.
Son premier album "Stepping Out", avec le bassiste John Clayton et Jeff Hamilton, sort en 1993. Après Only Trust Your Heart (1995), son troisième disque All for You sorti en 1996,marque le début du succès. Il reste 70 semaines dans le classement jazz du Billboard. Love Scenes (1997) obtient également rapidement un grand succès.
Les arrangements de Johnny Mandel forment l'arrière plan de When i Look In Your Eyes, sorti en 1999. Elle obtient plusieurs nominations aux Grammy Awards, qui la récompensent comme Meilleure Musicienne de Jazz de l'année.
En 2001 sort The Look of Love, classé Meilleur disque de jazz vocal aux Grammy Awards.
Après son mariage avec Elvis Costello en décembre 2003, elle travaille avec lui et commence à composer ses propres chansons pour The Girl in the Other Room (2004).
Discographie
1993 : Stepping out - The early recording (Justin Time/ENJA)
1995 : Only trust your heart (Verve)
1996 : All for you - A dedication to the Nat King Cole trio (Verve)
1997 : Love scenes (Verve)
1999 : When I look in your eyes (Verve)
1999 : Have yourself a merry little Christmas (Universal Records)
2001 : The look of love (Verve)
2002 : Live in Paris (Verve)
2003 : Heartdrops (Vince Benedetti et Diana Krall - TCB)
2004 : The girl in the other room (Verve)
2005 : Christmas songs (Verve)
2006 : From This Moment On (Verve)
2009 : Quiet Nights (Verve)
2012 : Glad Rag Doll (Verve)
2015 : Wallflower (Verve)
Vidéos
Live at the Montreal jazz festival (enregistré le 29 juin 2004 au Centre Bell de Montréal, Canada)
Live in Paris (enregistré le 2 décembre 2001 à l'Olympia)
Live in Rio (enregistré le 1er novembre 2008 à Rio de Janeiro)
Si j'apprécie beaucoup Love scenes et When I look in your eyes, je dois avouer que je suis beaucoup moins convaincu par les disques plus récents.
Nous avons assisté récemment à un très beau concert de Lou Tavano en duo avec Alexey Asantcheeff. Quelques informations à son sujet :
Lou Tavano est une chanteuse et autrice compositrice française, née en 1986.
Son père, batteur, l’inscrit à l’âge de 5 ans au Conservatoire de Montrouge en section piano.
Elle commence le chant à l'âge de dix ans En 2005, elle intègre l'American School of Modern Music. Elle y rencontre Alexey Asantcheeff qui devient son pianiste et co-auteur/compositeur, puis au fil du temps son alter ego musical.
Russe par son père
et écossais par sa mère, il insuffle une dimension internationale aux compositions qu’ils écrivent à quatre mains. Lou les chante en français et en anglais, mais aussi parfois en balinais, en russe et en portugais.
En novembre 2012 tous deux enregistrent un premier album autoproduit : « Meets Alexey Asantcheeff ». Elle attire ainsi l’attention de nombreux professionnels, dont Siggi Loch, fondateur du prestigieux label allemand ACT Music, qui la signe fin 2014.
Désormais "ACT recording artist", Lou Tavano publiera fin février 2016 un album intitulé « For You ». Ce disque comprend onze compositions originales et une reprise. Chaque chanson est une histoire qui permet à l’auditeur d’entrevoir la psyché d’une artiste souvent décrite comme une interprète totale.
Le succès qu’elle rencontre à chaque concert en est la preuve, le public étant toujours conquis par la sincérité et l’engagement d’une artiste unique dans le paysage musical français.
En 2018, Lou Tavano et Alexey Asantcheeff créent leur propre label : L’UN L’UNE, sur lequel ils publient leur troisième album en 2020 : « Uncertain Weather ».
Cet album est désigné par Jazz Magazine et TSF jazz comme « Choc Jazz Magazine » et « Must TSF jazz ». En 2020, elle est nommée aux Victoires du Jazz dans la catégorie artiste vocal.
"Meets Alexey Asantcheeff", 2012. Autoproduction.
"For You", 2016. ACT/PIAS.
"Uncertain Weather", 2020. L’UN L’UNE / L'autre distribution.
« Uncertain Weather » confirme toute l’originalité et la justesse émotionnelle de cette artiste à la corde vocale inclassable. Un album intense et introspectif qui prend ses racines en Écosse. « J’avais atteint le point de rupture, je devais partir de Paris. Alexey, écossais par sa mère, avait une maison là-bas, face à la mer, vide, avec un vieux piano à queue. C’était exactement ce dont j’avais besoin. Là-bas je me suis retrouvée face à face avec une nature-miroir de mes propres émotions. Un équilibre parfait, entre paix et furie. Le fil rouge de l’album m’était révélé. Avant même d’avoir les chansons, je savais qu’il s’appellerait Uncertain Weather », explique Lou Tavano.
Lou se raconte ici, jeune femme impétueuse en proie au tourment et au doute. Ce n’est sans doute pas un hasard si la couverture de l’album est légèrement floue, car c’est bien l’Incertain que la jeune femme cultive tout au long de ce deuxième opus. « Je doute en permanence. Je suis à la fois ma meilleure amie et ma pire ennemie. Ce disque est l’histoire de ce combat intérieur. »
Une apparente simplicité qui dévoile des trésors cachés d’écriture Ce jeu de pistes commence dès le titre Simple Ways To Be et son acrostiche-manifeste How Complex It Is To Be Simple. Un travail d’orfèvre sur les paroles et une exigence aigüe que l’on retrouve dans la musique, finement brodée de motifs mélodiques et harmoniques récurrents à travers l’album. Inspiré en cela des œuvres majeures du répertoire classique, le tandem de compositeurs cherche à multiplier les degrés de lecture de sa musique.
Un souffle de jazz actuel parcourt cet album. Si les deux partenaires revendiquent leurs influences classiques « Bach et Chopin tournent en boucle sur les platines à la maison » et actuelles « le dernier disque de Kendrick Lamar est une référence en termes de construction narrative » explique Alexey Asantcheeff, « et le premier album de Benjamin Clementine ! » renchérit Lou, ce sont bien deux musiciens de jazz qui ont écrit cet album. « Ce que nous faisons, c’est du jazz, pour un millier de raisons. Mais ce débat ne nous intéresse pas. Nous faisons partie d’une génération qui cherche à s’affranchir des barrières et autres classifications obsolètes. »
Cette recherche d’un son nouveau se retrouve dans une orchestration inhabituelle, mêlant le lyrisme du violoncelle à la rythmique explosive de leur premier album, le tout dirigé en sous-main par le piano, toujours au service de la voix, et quelle voix…
Dans ce disque, l’intime touche à l’universel. « C’est avant tout un miroir dans lequel, j’espère, les gens se retrouveront », souligne celle qui a toujours peur de ne pas être comprise. « Alexey et moi vivons depuis longtemps ensemble, ce que nous traversons est intense, comme tous les couples. La chanson As We Part évoque cela notamment. Mais il n’y a pas que cette relation qui me tourmente, il y a ma place de femme, d’être humain dans notre société, et enfin ma place en tant qu’artiste. Et je sais qu’au fond nous partageons, toutes et tous, ces sentiments. C’est ça qui est universel. À nous de trouver les mots justes pour qu’ils résonnent chez ceux qui écoutent notre musique. »
Avec « Uncertain Weather », Lou Tavano signe, à l’image du dernier titre éponyme, un album magistral et s’installe définitivement comme une voix majeure de la nouvelle génération du jazz français. « Elle change le scepticisme du chroniqueur en enthousiasme exalté. » Nouvelle Vague
Lou Tavano, au-delà des chanteuses de jazz, invente un nouveau son, jouant du velours de sa voix pour créer des textures qui s’étirent dans le temps et l’espace.
La forme classique d’un standard de jazz, le thème deux fois, le refrain, puis le thème à nouveau, A A B A : non, trop confiné pour elle. Le cadre rythmique du swing, même si il y a dans son battement une incertitude temporelle qui lui donne toute sa saveur : non plus, trop rigoureux. Tout ça doit voler en éclats, comme s’il avait fallu à son pianiste alter ego compositeur Alexey Asantcheeff une toile avec un cadre plus large, une palette sonore avec des nuances infinies, avec l’injonction de la chanteuse, comme une épreuve pour évaluer sa créativité, à la façon de Peau d’Âne qui pour repousser les avances de son père lui demandait une robe couleur du temps, et bien Alexey a réussi à dessiner un album couleur du temps, qui s’appelle justement Uncertain weather.
Tout vibre dans cet album, d’une vibration ample, large, puissante, le violoncelle de Guillaume Latil répond à la voix de Lou Tavano, la pulsion de la batterie devient battement de cœur, le calme et la tempête alternent, et nous voilà embarqués dans un véritable ascenseur émotionnel, au gré des variations de la chanteuse.
Cet album fut une thérapie. Le pianiste et la chanteuse composent à quatre mains, ensemble depuis douze ans. En 2016 , ils traversent soudain des épreuves qui mettent leur couple en danger. Pour se retrouver, ils se réfugient dans les Highlands, en Ecosse, une maison de famille d’Alexey Asantchev, vide, en vente, au milieu de laquelle trône un piano désacordé.
Elle écrit, des textes pour expulser son mal être qui vite prennent la forme de l’espoir.
L’écriture libère les humeurs des corps et des âmes, les humeurs qui, pensaient les grecs, viennent de la rate, la rate qui se dit spleen dans la langue d’Homère. La boucle est bouclée, le spleen chanté libère du spleen éprouvé.
Cet album est une thérapie, pour ceux qui l’ont fait et pour ceux qui l’écoutent. Soyez nombreux.
Fabienne tombe dans le jazz il y a une vingtaine d’années en découvrant un disque de Coleman Hawkins. Son rythme syncopé, la recherche de l’idéale « note bleue » et la nostalgie des années swing la font rêver … et déterminent sa vocation de « jazz singer ».
Déjà comédienne, elle se forme à la technique vocale avec Anne Ducros (Victoire de la musique), au scat avec Michelle Hendricks et Jean Loup Longnon, à l’harmonie avec Bernard Maury, au swing avec Sheila… Jordan. Elle commence à se produire en 1991 grâce au Calvi Jazz Festival en compagnie d’artistes internationaux : Georges Arvanitas, Luigi Trussardi, Bernard Maury, Michel Benita, Flavio Boltro, Albert Tootie Heat, Manu Roche, les frères Levan.
En 1996, elle séquestre quelques Jazzmen bastiais fameux dont le guitariste Lucien Ferreri, le pianiste Jean Charles Santini et fonde son premier quartet « FAB FOUR », avec le répertoire qu’elle a emprunté à Ella, Sarah, Billie et les autres.
En 2005, elle travaille avec le groupe vocal féminin « Isulatine » : les quatre chanteuses sont sélectionnées pour représenter la Corse au Printemps de Bourges « Sélection Talent Scène » et se produisent la même année au festival Kann a Loar de Landernau.
On l'écoute au Calvi Jazz Festival 2006 avec Emmanuel Dupré au piano, Mourad Benhamou batterie, Samuel Hubert à la Contrebasse, André Tommasso à la flûte et Michael Chéret au saxophone alto.
2007: Calvi jazz festival avec le bastiais Charles Guillaume Costa au piano, Dominique Di Piazza à la basse, le drummer marseillais Philippe Le Van , et le saxophoniste Daniel Huck.
L'année 2008 voit naître la collaboration avec le guitariste toulonnais David Dupeyre, pour un quartet défrisant avec Philippe Le Van on drums et Christophe Le Van à la basse.
L'aventure continue jusqu’à aujourd’hui avec la même formation pour les tournées d’été (dont le festival Jazz au Couvent à Cervioni) et un album de compositions originales et standards : « The Lovebird », sorti en Août 2011 (voir ci-dessous) et présenté en live en octobre aux Musicales de Bastia, en première partie du bluesman Keith B.Brown.
En Décembre 2011, concert au « cépage Montmartrois » à Paris avec Dominique Lemerle à la contrebasse, Georges Locatelli à la guitare et Manhu Roche à la batterie.
Depuis l’été 2011 Fabienne se produit aussi régulièrement en Corse avec Pierre Reboulleau au piano et Marie Manfredi à la batterie, au sein du Jazzfab Trio .
www.myspace.com/jazzafab
Corse Matin, vendredi 16 décembre 2011
On connaissait le chant polyphonique ou la « macagna » pour véhiculer la culture insulaire. A présent, il va falloir compter aussi sur le jazz, cette musique née dans les bas-fonds de la Nouvelle Orléans, mais que tant de jolies femmes ont su sublimer. Ce sont d'ailleurs ces artistes, qui ont pour nom Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Sarah Vaughan ou encore Anita O'Day, qui ont marqué Fabienne Marcangeli, la chanteuse de Bastia. Cette dernière vient de sortir Lovebird, son premier album. L'artiste n'est pas novice dans le jazz et si elle chante depuis un bon moment elle possède aussi un riche vécu pour avoir organisé des concerts à l'époque d'Isula jazz et surtout, elle a rencontré moult musiciens au cours des éditions de jazz à Calvi. « Actuellement, je suis fan d'Eliane Elias et « A Vicina », un thème qui est présent sur mon album a été joué et chanté par Eliane, mais en brésilien bien sûr. Et j'adore aussi Diana Krall. J'ai aimé sa prestation à Patrimonio l'an passé tout comme celle d'Eliane Elias à Bastia, il y a trois ans », explique la chanteuse.
Pour cet album, qui est avant tout amour, Fabienne s'est entourée de musiciens de qualité. Philippe (dm) et Christophe (b) Le Van, ainsi que David Dupeyre (g) constitue un bel écrin qui permet à la chanteuse de déposer sa voix chatoyante sur ses compositions pour nous embarquer dans un beau voyage ou les inséparables aiment à se retrouver.
Le calendrier des concerts de Fabienne est en page "Jazz agenda".
Albanaise d'origine établie à Genève, Elina Duni a été saluée comme "la plus belle surprise musicale de ce XXIe siècle en Suisse".
Rénovatrice de la tradition balkanique, Elina Duni sublime par sa voix les vieilles chansons du folklore albanais en les emmenant vers les horizons sans fin du jazz et de la musique improvisée. Dans ses interprétations passionnées, flirtant parfois avec une épure remarquable, cette jeune chanteuse helvético-albanaise se réapproprie de manière inédite un répertoire qui avait été mis sous la coupe de la propagande du régime communiste. C’est donc porté par un élan de liberté que son émouvant timbre vocal sillonne un canevas jazzistique pour évoquer l’exil ou l’amour. Une poésie subtile qui résonne dans un souffle comme la voix des oubliés.
Produit par Manfred Eicher aux Studios La Buissonne, Matanë Malit, après ses deux premiers albums "Baresha" et "Lume Lume", offre un subtil mélange entre le jazz le plus contemporain et les chansons folkloriques des Balkans. Et le trio helvétique (Colin Vallon au piano, Patrice Moret à la contrebasse et Norbert Pfammatter à la batterie) est très stimulant.
Avec talent, Elina Duni mâtine de jazz les chants traditionnels albanais. Son succès international fait désormais la fierté de tout un pays.
Photo : © Yann Mingard
Tirana, quelques jours avant Noël. Malgré le crachin persistant, il règne un air de fête sur le boulevard Deshmoret e Kombi, les Champs-Elysées locaux, royalement paré en l'honneur du centenaire de l'indépendance albanaise : éclairées par des lumières pimpantes, des façades entières disparaissent sous de gigantesques drapeaux rouges, ornés du fameux aigle noir bicéphale. Mais the place to be, ce soir-là, c'est le prestigieux Opéra national où le concert d'Elina Duni, programmé dans le cadre des festivités, affiche complet. Tandis que, à l'entrée, les tentatives pour trouver un billet virent à la foire d'empoigne, les édiles, Premier ministre compris, et autres heureux élus s'installent à l'intérieur, sous l'oeil des caméras. Tous sont venus écouter cette enfant du pays, Genevoise d'adoption mais vraie célébrité dans sa patrie natale.
AVEC LES FÉLICITATIONS DU MINISTRE DE LA CULTURE
Les longs cheveux lâchés sur sa robe noire, la jeune diva de 31 ans entame son récital par un chant a cappella : malgré l'acoustique médiocre, sa voix profonde, habitée, capte l'auditoire. Bientôt rejointe par ses trois musiciens (piano, contrebasse et batterie), elle emmène les vieilles complaintes brumeuses et les folles ballades du folklore albanais du côté du jazz et des musiques improvisées. Ses scats chuchotés, ses pieds nus sous le jupon de tulle vert émeraude, ses pas de danse félins et farouches lui confèrent une présence elfique qui tranche avec l'austérité passéiste du lieu, cube rouge sang édifié à l'origine pour accueillir les congrès du Parti. La voilà justement qui présente un chant partisan de la Seconde Guerre mondiale que lui chantait son grand-père, « parti à 12 ans, le fusil sur l'épaule, pour lutter contre le fascisme ». Ancien instituteur, écrivain dissident sous la dictature communiste, le vieil homme de 82 ans, assis dans le public, fait partie de ces héros patriotes dont Elina Duni entend honorer la mémoire. Comme un juste retour des choses, le ministre de la Culture viendra d'ailleurs saluer la chanteuse en coulisse, à la fin du concert : « Il m'a remerciée pour ma musique, qui promeut la culture encore confinée de mon pays », dira-t-elle plus tard.
Rare artiste albanophone à avoir fait carrière à l'international, cette rénovatrice atypique de la tradition balkanique a toujours eu les faveurs des télés et des institutions albanaises. « Ma famille y est pour beaucoup », précise-t-elle. Parmi ses membres, des artistes et des intellectuels pour la plupart, dont une mère critique d'art, poète et écrivain (francophone depuis son exil, Bessa Myftiu est publiée chez Fayard) et un père metteur en scène. Lors de la chute du régime communiste, en 1992, tous deux ont émigré, fuyant les fantômes de ces décennies noires. « Toute sa vie, mon père, fils de dissidents, a souffert de sa “mauvaise biographie”, comme on disait. Pour avoir le droit d'étudier à l'Ecole des beaux-arts, il a dû vendre des cigarettes pendant des années. Alors il a préféré partir tenter sa chance aux Etats-Unis. » A 10 ans, la petite Elina, elle, rejoint sa mère en Suisse, où elle étudie le chant et la composition puis rencontre, en 2004, les musiciens de son quartet.
Lorsque Colin Vallon, son pianiste et compagnon, lui suggère de chanter dans sa langue natale, la jeune chanteuse de jazz renoue avec ses racines et redécouvre le riche répertoire populaire albanais : des mélodies ancestrales, aux paroles souvent réécrites à des fins de propagande sous la dictature. « C'était la seule musique autorisée à l'époque, la génération de mes parents l'a rejetée, explique Elina Duni, qui a grandi en écoutant des K7 pirates de musiques grecque et italienne. Grâce au travail d'ethnologues, mais aussi à Youtube, j'ai retrouvé certains des textes originaux. La force et la beauté archaïque de ces chants m'ont touchée. » Du dialecte tosk du sud de l'Albanie au gheg du nord et ses rythmiques joyeuses, elle « aime leur diversité et trouve dans le jazz la liberté de les recréer ». Soutenue par le ministère de la Culture suisse, « un pays conscient de son multiculturalisme » riche d'une forte communauté de Kosovars (à 90 % albanophones), elle a pu financer ses tournées en Europe et ainsi élargir son public en se faisant connaître de la diaspora albanophone.
« LES ALBANAIS N'ONT PAS LA CULTURE DU PIANO-BAR »
« La malchance de mon pays, c'est que la moitié des Albanais vivent en dehors de ses frontières, que ce soit au Kosovo, en Macédoine ou ailleurs. Mais c'est aussi grâce à cette diaspora que sa culture rayonne aujourd'hui », constate Elina Duni. Au pays des aigles, il y a bien quelques (excellents) festivals de musique folklorique, mais les autres circuits de diffusion restent limités. A Tirana, les musiciens ont ainsi le choix entre l'Opéra, l'Académie des arts et le Palais des congrès : « Il n'existe pas de salles plus intimistes pour jouer de la musique acoustique, les Albanais n'ont pas la culture du piano-bar », regrette la chanteuse. Sans compter l'omniprésence du turbo folk, cette tambouille électronique de sonorités folkloriques qui fait fureur dans les cafés et les clubs des Balkans. « Quand ils ne sont pas récupérés par un parti, les démocrates à droite ou les socialistes à gauche, les artistes vivant en Albanie sont obligés de faire des choses commerciales pour survivre. Il existe pourtant un public qui a envie de se réapproprier son folklore autrement. » C'est aussi pour lui qu'elle regarde « au-delà de la montagne », comme l'indique le titre de son dernier album, Matanë Malit. Dans une nation où la tradition du chant peine à se relever du communisme, elle, l'Helvético-Albanaise, incarne justement « une scène alternative en pleine émergence ». Son credo ? « Faire des choses simples, être proche du peuple. Dans ma musique, les albanophones retrouvent leur passé et leur futur. J'essaie de transcender l'aspect folklorique sans perdre son essence poétique. » Sur son disque, on retrouve ainsi les textes d'auteurs contemporains issus de toute la diaspora. Mais aussi un vieux poème, Crystal, signé Ismail Kadaré : il y est question d'une « mémoire qui se meurt jour après jour »…
Anne Berthod | 26 janvier 2013
- Télérama Sortir n°3289
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--> La chronique de Citizen Jazz.
By CHRIS MAY
November 30, 2020
« I've always used my music to build bridges between people. In the Balkans memories of war are not far away. Sometimes it is the same song that people say, this is our song, this is Turkish, no this is Greek, this is Serbian, no this is Albanian. I come from a Europe where nationalisms are very strong but where actually people are so much alike. »—Elina Duni
Mademoiselle chante le jazz et elle ne fait pas semblant. A l’heure où le swing a déserté les gosiers et où les projets ultra formatés flattent les oreilles, Sarah Lancman fait figure au mieux d’oiseau rare, au pire de samouraï.
Comme ses illustres aînées, les Merrill, Vaughan, Horn ou Simone, elle sait jongler avec les timbres et explorer tout le registre des émotions. Sa voix caméléon monte à la gorge, jouant tantôt d’un petit voile qui électrise, tantôt d’une candeur adolescente qui attendrit. Comme elles, elle chante l’amour, les histoires qui commencent et qui finissent mais surtout l’amour de créer ensemble et de se donner toute entière à la musique et à ceux qui la reçoivent.
Toku est un chanteur et trompettiste japonais né le 20 février 1973 à Niigata.
En plus d'être l'un des rares vocalistes et buglistes de jazz professionnels au Japon, il est connu pour son action de promotion du jazz au Japon, notamment en collaborant avec d'autres artistes J-pop.
Toku a commencé à jouer du cornet, puis s’est mis à la trompette et au bugle. Au lycée, il a fait partie d’un groupe qui jouait principalement des reprises de chansons rock et pop. C’est lors d’un festival sur son campus qu’un batteur de jazz l’a entendu jouer une version de If Were a Bell de Miles Davis, et l’a invité à une jam session.
Toku déménage ensuite au Etats-Unis pour apprendre l’anglais, et fait partie d’un groupe de jazz avec son colocataire pianiste. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, il commence à chanter au club Body & Soul. Remarqué par un DJ de Tokyo, Rob Crocker, alors qu'il chantait "If I Were a Bell" de Miles Davis, il est engagé par Sony Music Records.
Son premier album paraît en 2000, “Everything She Said”, produit par Rob Crocker. Il joue au Blue Note à Tokyo, puis au New Millenium Hall de l’Université de Séoul (Corée du Sud). En 2001, il sort son deuxième album “Bewitching”. En 2002, sa renommée grandit grâce à son interprétation de You are so Beautiful pour une publicité télévisée Hitachi, et son premier single Do-Ré-Mi pour une campagne publicitaire Odyssey de Honda. En 2001, il part en tournée avec Cyndi Lauper au Japon et joue sur son album.
Discographie :
Everything She Said (2000)
Bewitching (2001)
Winds of Change (2002)
Chemistry of Love (2002)
Do-Re-Mi (Single, 2002)
Toku (2003)
A Brand-New Beginning (2006)
Love Again (2008)
Toku sings and plays Stevie Wonder - a jazz tribute from Atlanta (2011)
Dream A Dream (2013)
Dear Mr.Sinatra (2015)
Shake (2017)
Toku in Paris (2019)
Site : toku-jazz.com
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