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Balagna à Calvi (mai 2014)Rappelons que les annonces de concert sont en page "Agenda".
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Par Laurent CASASOPRANA
Pour son premier spectacle en solo, sur la scène de l’Espace Diamant à Ajaccio, la jeune chanteuse insulaire n’a laissé personne indifférent. Entre chansons corses traditionnelles, variétés et mélopées, l’artiste a dévoilé son univers musical avec simplicité et brio. Une quinzaine de créations et quelques reprises qui figureront sur un album actuellement en préparation avec son acolyte Barthélémy Amidei. Retour sur des débuts plutôt prometteurs
« La femme a une place à prendre dans la chanson corse. Elle n'est pas encore totalement acceptée à mon sens, malgré l'engagement d'artistes telles que E duie Patrizie, Anna Rocchi, Jacky Micaelli et d'autres. » Partant de cette analyse, Diana Saliceti espère bien apporter sa contribution pour l'émancipation de « la femme chanteuse, un peu mise de côté dans le paysage musical insulaire », selon elle.
Pour ce faire, l'interprète a choisi la scène comme terrain d'expression privilégié. Et l'espace Diamant d'Ajaccio lui a servi de laboratoire artistique. C'était en avril dernier, lors d'un concert solo, accompagnée de son guitariste et ami Barthélémy Amidei.
Une salle comble célébrait son entrée sur scène et du haut de ses vingt-cinq ans, Diana a su trouver le bon tempo. En toute simplicité. Avec, en prime, quelques belles envolées lyriques dont elle a le secret. Certes, l'artiste n'en était pas à sa première expérience live, puisqu'elle collectionne les apparitions en guest star. En duo avec Feli, par exemple, avec qui elle avoue « avoir beaucoup appris ces dernières années. »
Ou encore aux côtés de Patrizia Gattaceca et Antoine Ciosi himself, lors des soirées de ses cinquante ans de carrière fêtés à l'Empire d'Ajaccio ainsi qu'au Théâtre de Bastia. Et à vrai dire, la liste de ses interventions dans des spectacles serait trop longue à énumérer.
Le temps de l'Eurovision
Grande passionnée de chansons corses, « A voce rivolta » d'I Muvrini, « Sintineddi » de Canta, ou « Sott'a u turchinu » des Surghjenti sont quelques-uns des albums qui ont rythmé sa jeunesse. « Quand j'avais sept, huit ans, dit-elle, j'étais fascinée par les refrains de mon île. » C'est donc tout naturellement qu'elle fait ses gammes en s'inscrivant à l'association Scola di Cantu. Son professeur est un certain Natale Luciani et il lui transmet ce qu'elle appelle « des petites flammes de passion ».
Adolescente, c'est dans une autre structure, U Filu d'Amparera, qu'elle poursuit son apprentissage en s'imprégnant de techniques vocales plus approfondies. Elle s'initie alors à la polyphonie et participe à plusieurs groupes de jeunes chanteuses.
L'Altagna, tout d'abord, puis Santavuglia. Des formations féminines au sein desquelles elle ne passe pas inaperçue. Au point d'être remarquée par un journaliste de l'Express qui, déjà en 2007, dressait un portrait dithyrambique de l'étudiante intitulé « L'envol de Diana », après l'avoir entendue donner de la voix. L'interprète avait alors tout juste 18 ans et la passion du chant bien ancrée en elle.
À l'époque, la jeune femme fait également « une rencontre importante », selon ses propres mots, avec Jacques Culioli. Celui qui fut son mentor avant de devenir « un ami qui me surveille toujours avec un œil bienveillant », glisse-t-elle encore. L'homme de Chera est séduit par les qualités vocales et la spontanéité de cette hyperactive. Et c'est sans hésiter qu'il l'intègre dans sa troupe pour participer au concours de l'Eurovision des langues minoritaires en Suède. C'était en 2008.
Au pays d'Abba, Culioli triomphe avec son titre « Hosanna in excelesis » et remporte le prix du jury et du public. Une expérience Eurovision que réédite Diana quelques printemps plus tard, en 2012, avec Dopu Cena. Même si, cette fois, elle rate de peu la première marche du podium.
Autant d'aventures humaines et musicales qui l'ont poussée à s'exprimer désormais sous son propre nom. La jeune passionnée a pris de l'assurance comme l'attestent ses prestations aux côtés de différents musiciens. « J'ai eu la chance de rencontrer mes idoles de jeunesse.
De chanter avec eux. Aujourd'hui, je ressentais très fortement le besoin de jouer le style qui colle à ma voix, avec mes textes et mes compositions. J'avais très envie, en fait, de prendre les commandes de mon image musicale. M'exprimer en tant qu'interprète à part entière », avoue Diana, qui se remémore souvent ses instants passés avec son père.
Taravu et Castagniccia
Sans doute celui qui lui donne sa force intérieure. « Mon père était un grand mélomane et me parlait souvent en corse. C'est lui qui m'a transmis ce rapport passionnel pour ma langue et le chant. Sans cet amour, cette passion, j'aurais probablement arrêté depuis longtemps », confesse cette touche-à-tout, qui multiplie les rencontres artistiques. Celle avec le guitariste et mandoliniste Barthélémy Amidei en fait partie. Pour donner forme à ses créations, l'auteure sollicite régulièrement cet autodidacte, originaire du village de Partinello, qui a fait ses armes musicales aux côtés de Minicale.
« Je m'entends très bien avec Barthélémy », explique Diana. « Il sait plaquer les bons accords sur les mélodies et les refrains que je lui propose. Il a aussi une très belle voix et nous sommes complémentaires. C'est un peu « ma moitié musicale », lance celle qui est également une grande férue d'équitation, toujours en quête d'évasion. Sur scène, cette complicité est manifeste mais n'aurait peut-être jamais vu le jour sans un coup de pouce du destin.
« Un jour, le producteur Paul Rognoni m'a écouté chanter « Beata funtanella » à un comptoir et il a pris le pari un peu fou de me donner carte blanche pour l'émission Mezzo voce en 2013 sur ViaStella. Cette invitation a été déterminante car cela m'a obligée à préparer des compos originales. L'enregistrement a plu et dans la foulée Marie-Jeanne Nicoli m'a fait confiance pour investir l'espace Diamant. L'album sera la suite logique de tout cela », espère l'interprète.
En attendant la sortie de sa galette, Diana a donc présenté, en avant-première et en live, une collection de titres écrits et composés en compagnie de son acolyte Amidei. Et force est de constater que le résultat valait le déplacement. Avec trois bouts de ficelles, deux chaises, un appareil photo, quelques bougies, des draps blancs étendues et un rétroprojecteur, la demoiselle est parvenue à enflammer l'espace Diamant.
Aidée par un astucieux système de pédalier « loops », lui permettant de s'enregistrer en direct et de créer des effets de chœurs à l'infini, cette amatrice de randonnées en montagne a baladé le spectateur médusé deux heures durant. Entre la Castagniccia et le Taravo, deux régions dont elle est originaire et où elle puise son inspiration. D'une voix tantôt fluette, sur une berceuse en ouverture de concert, tantôt puissante, pour un tango argentin endiablé, l'artiste a su tenir la distance.
Un peu hésitante au début de sa prestation, sans doute impressionnée par une salle bondée et acquise à sa cause, cette fan de l'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez n'a pas tardé à faire claquer ses bottes sur le plancher. À se mettre à nu. À dévoiler ses heures passées dans sa chambre, seule au village. Pour écrire et composer. Du lever au coucher. Des premiers rayons de soleil au crépuscule. Justement, c'est ce cadre intimiste qu'a voulu adapter l'auteure, avec une scénographie simple mais efficace signée Yann Even.
Raconter sa terre
Chaque morceau devient alors une mini pièce de théâtre. Séquence émotion et souvenirs d'enfance, quand la nièce de Diana - à peine 5 ans - monte la rejoindre sur scène pour fredonner avec elle sur les airs d'une boîte à musique précieusement conservée au fil des ans.
Ou encore lorsqu'elle rend hommage à son père, omniprésent, avec l'une de ses compositions. À travers ses créations, la jeune femme évoque aussi, et surtout, sa terre, son village, avec le titre Gloria. Elle emmène le spectateur dans ses voyages en Espagne et en Irlande avec « Aio », un duo entre deux étrangers. « Un morceau sur l'échange, les rencontres loin de mon île natale », précise Diana. Peut-être un clin d'œil au « Surella d'Irlanda » de Natale Luciani ? Coup de cœur pour « Kiss and fly », pop et audacieux à la fois, en bilingue anglais et corse. Preuve que la spontanéité est bien l'un de ses atouts majeurs. Diana le sait bien, elle qui désire tant garder et mettre en avant son côté « paisanu ».
Quelques airs traditionnels, « Sotta lu ponte » et le plus récent « Lamentu a Nicoli », sont là pour rappeler l'importance de la tradition orale insulaire, comme le souligne la chanteuse.
Et Diana démontre aussi sa capacité à s'approprier le répertoire d'autres auteurs qu'elle apprécie, tels que Jean-Do Leschi et Jean-Pierre Ristori. Finalement, c'est en lectrice avertie du monde rural que Saliceti s'impose le mieux.
Elle aime raconter sa terre. À l'image de l'affiche très bucolique de son premier spectacle. « J'essaye d'écrire avec simplicité. J'ai aussi un faible pour les chanteuses qui ont une identité bien assumée, comme Ana Moura au Portugal, Souad Massi en Algérie, Lucilla Galeazzi en Italie, Melody Gardot ... Ces artistes ont su créer un univers musical autour d'elles.
C'est ce que je tente de montrer », conclut Diana. Effectivement, la chanteuse insulaire, malgré quelques mimétismes avec ses idoles de jeunesse - notamment Patrizia Gattaceca et Feli - dégage une vraie aura sur scène. Avec de la justesse et de la profondeur dans son chant. Un talent inné allié à une force de travail qui en dit long sur sa marge de progression.
Des qualités qui lui ont permis de frapper un grand coup pour sa toute première apparition en solo. Et même si le microcosme culturel insulaire s'émoustille vite... Et si le spectacle de Diana n'était en rien avant-gardiste et encore moins révolutionnaire, « U spiritu saliceti » a au moins eu le mérite de réveiller la cité impériale. Le temps d'une soirée. Reste maintenant à confirmer en studio.
La 7ème édition du Festival Au Fil des Voix (public en augmentation de 82 % !) touche à sa fin. Cette année, le festival a proposé 12 soirées et 20 plateaux artistiques au lieu des 6 soirées et 12 plateaux artistiques des années précédentes.
Le festival s'est donc consolidé comme une plateforme de soutien aux artistes des musiques du monde - auteurs, compositeur et interprètes - qu'ils soient confirmés ou émergents. 117 artistes ont foulé les scènes de l'Alhambra et du Studio l'Ermitage, accompagnés par 16 labels indépendants ou majors et 14 maisons de production de spectacles travaillant en synergie avec le festival pour la promotion de l'actualité discographique des artistes.
Les professionnels se sont déplacés en nombre pour assister aux concerts : 68 programmateurs - directeurs de salles et de festivals - étaient présents et plus d'une cinquantaine de journalistes (presse écrite, radio, TV). Certains programmateurs ont négocié sur place avec l'entourage professionnel des artistes leur programmation d'été et de saison.
Le public était également au rendez-vous avec 82% d'augmentation entre 2013 et 2014, ce qui montre que la position défensive face à la crise qui consiste à réduire le nombre de concerts - notamment la programmation d'artistes émergents - n'est pas la solution même d'un point de vue économique. Cette année, dix artistes ont présenté leur premier disque et se sont produits pour la première fois sur une scène parisienne.
La clôture du festival est donc l'occasion de remercier tous les artistes, le public, les partenaires, les professionnels, les journalistes mais aussi l'équipe de l'Alhambra, l'équipe du festival et la trentaine de bénévoles mobilisés.
Tous se sont impliqués dans cette édition et en ont ainsi fait un succès.
Saïd Assadi, Directeur artistique
La Direction nous propose de revivre cette belle édition en images et de redécouvrir la programmation en découvrant les interviews réalisés par ses partenaires et par Vincent Caffiaux. Pour revivre le festival comme il se doit, plusieurs angles d’attaque sont proposés :
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