11/10/2022
Quatre-vingt-dix bateaux s'étaient échoués sur les côtes corses lors des violents et meurtriers orages du 18 août dernier. Un chantier « sans précédent » pour les sociétés spécialisées et une addition salée pour les assureurs et les propriétaires
Il a fallu deux mois pour nettoyer les côtes des épaves échouées consécutivement aux orages du 18 août durant lesquels cinq personnes ont perdu la vie. Quatre-vingt-dix bateaux s'étaient échoués. La moitié d'entre eux ont dû être démolis. Finalement, la pollution côtière engendrée semble limitée
De notre envoyé spécial en Corse, Alexandre Vella (20 Minutes)
Cela n'a souvent pas duré plus de vingt minutes, mais a suffi à jeter sur la côte des dizaines de bateaux. Deux mois après les violents orages qui ont frappé la Corse le 18 août dernier dans lesquels cinq personnes ont trouvé la mort, les sociétés spécialisées dans la dépollution marine, le renflouement des bateaux échoués, le démantèlement et le remorquage touchent au but. Selon un décompte effectué par la direction de la mer et du littoral corse, il ne restait ce mardi plus que cinq épaves à évacuer sur les 90 bateaux échoués, dont 39 dans le seul golfe de Girolata.
« Cela fait vingt ans que je fais ce métier, et d'ordinaire il me faut une, voire plusieurs années pour en faire autant », explique Mathieu Baldini, responsable de Mer et assistance, une société de remorquage et renflouement qui est intervenue sur 15 bateaux. « Un truc de fou, sans précédent », résume Stephan Mattei, de la société Altu Mare dont l'entreprise est spécialisée dans les travaux sous-marins. Pour les six entreprises corses capables de telles interventions, ces deux derniers mois ont été intenses. Une pollution côtière contenue Car il fallait faire vite avant que les bateaux ne finissent de se désintégrer et s'éparpillent dans les fonds en petits morceaux avec le mauvais temps hivernal. « C'était une course contre-la-montre et finalement peu d'huile et de gazole ont fini à la mer. Beaucoup de cuves ont été retrouvées pleines », estime Mathieu Baldini. « Aussi, l'essentiel des bateaux échoués était des voiliers et non des yachts moteurs dont une unité de 15 mètres embarque plus de 2.000 litres de gazole. Heureusement, il n'y a pas eu de coup de vent pendant trois semaines, et on a pu travailler normalement. Sinon la pollution aurait pu être beaucoup plus grave », poursuit-il. Et les opérations autrement plus pénibles, comme à Cargèse oú un voilier de 11 mètres, qui n'a pu être renfloué à temps, a fini par être broyé sur la plage fin septembre, après un coup de mistral ayant généré une puissante houle. Les plongeurs ont retrouvé le mât et le moteur enfouis sous le sable et ont dû s'y reprendre à deux fois pour les localiser. « Il y avait des pièces éparpillées sur plus de cinquante mètres », détaille Marc Frilet, l'infortuné propriétaire du bateau, dont le fils et ses trois enfants étaient à bord lors de la tempête. Des travaux compliqués pour les entreprises et une facture salée pour les assureurs. La recherche et l'évacuation des déchets du voilier de Marc vers des centres agrées a été facturée près de 35.000 euros. Selon les différentes sociétés contactées, environ la moitié des 90 bateaux échoués n'ont pu être renfloués et ont été démantelés. A ces frais, il faut ajouter la valeur des biens détruits. Car pour beaucoup, les bateaux se sont encastrés sur les rochers et ont ainsi subi des dégâts irrémédiables, particulièrement à Girolata, village qui n'est accessible que par la mer ou après deux heures de marche. Gisèle Colonna-Pan, la maire d'Osani-Girolata est aujourd'hui rassuré de voir la côte nettoyée. « Je crois que nous avons bien travaillé », indique-t-elle. Un travail coordonné par la préfecture maritime de Méditerranée et la direction de la mer et du littoral corse qui sont parvenus à identifier tous les propriétaires de bateaux. Le jour des orages, les sauveteurs en mer sont intervenus à plus de 500 reprises.02/08/2022
Par: Laetitia GIANNECHINI
Publié le: 20 mai 2022
dans: Corse Matin
La Cour d'appel de Bastia lui donne quatre mois pour procéder à la démolition de sa villa à Arone, sous astreinte de 300 euros par jour. Ce faisant, elle confirme une décision prise en décembre 2018, qui ordonnait déjà une remise en état des lieux par démolition. "Une décision de justice à la hauteur des méfaits", se félicite l'association U Levante. De son côté l'avocat du propriétaire de la villa, Me Sébastien Lovichi n'a pas souhaité s'exprimer.
En 2016, le Dr Mury avait en effet profité d'une autorisation d'urbanisme portant sur une extension de 16m² pour reconstruire sur deux niveaux, le tout sur un espace remarquable, classé Znieff de type 1 et site Natura 2 000. Pour obtenir le certificat de conformité de la construction, le propriétaire a recours à un stratagème : il dissimule le rez-de-chaussée avec de la "terre de remblai". En février 2018, sur la demande d'U Levante, le tribunal correctionnel d'Ajaccio reconnaît Gil Mury coupable d'infraction au code de l'urbanisme et lui inflige une amende de 20 000 euros. Onze mois plus tard, la décision est confirmée par la cour d'appel de Bastia, qui ordonne donc la démolition sous 6 mois, assortie d'une astreinte de 100 euros par jour de retard. En juin 2020, la Cour de cassation rejette le pourvoi formé par le Dr Mury, désormais contraint à remettre les lieux dans l'état préexistant.
"Un signal fort"
Ce que le propriétaire assure avoir fait. "Il soutient que tous les travaux visés dans le permis de démolition ont été réalisés intégralement à la date du 6 novembre 2020", est-il relaté dans la décision de justice. En réalité, assure l'avocat de l'association U Levante, Me Martin Tomasi, "le propriétaire a essayé de créer l'illusion d'une remise en état. Le niveau inférieur est couvert par des remblais". Photos à l'appui, U Levante demande à la juridiction bastiaise la liquidation de l'astreinte, ce que conteste le propriétaire, qui produit même un constat d'huissier et une attestation de la DDTM. Celui-ci accuse l'association de procéder "par allégations, en produisant des photographies qui relèvent du photomontage". Sans convaincre la cour, qui évoque "des stratégies visant, avec une mauvaise foi certaine, à n'exécuter que partiellement la mesure prononcée".
"C'est un signal fort à destination de ceux qui construisent sans respecter les règles d'urbanisme et au mépris des décisions de justice", estime Me Tomasi.
Par: Jeanne-F. Colonna
Publié le: 19 mai 2022 dans: Corse Matin
Il s'agit de l'affaire de la Rundinara, née avant celle des villas Ferracci. Le dossier des villas Lefebvre est celui d'un village de vacances de 54 logements construits dans la même zone remarquable de la Rundinara, à Bonifacio, sur la base d'un permis tacite.
Dès le début des années 2010, les associations de défense de l'environnement U Levante et ABCDE déposent plainte. Le feuilleton judiciaire dure depuis plus de dix ans. Lundi, la cour d'appel de Montpellier a refusé de prononcer la démolition de ces maisons mais a néanmoins condamné les gérants à verser 100 000 euros à chaque association pour dommages et intérêts. Alain Lefebvre étant décédé, l'action judiciaire n'existe plus.
« Nous savions que c'était compliqué pour la démolition puisque le permis a été obtenu, de manière tacite, mais il est régulier en droit », analyse Benoist Busson, avocat des parties civiles.
Pour autant, l'avocat constate que la cour d'appel a prononcé une peine financière, s'agissant des dommages et intérêts, identique à ce qu'il sollicitait. « Cela signifie que les magistrats ont bien compris que le préjudice est réel », poursuit-il.
Les avocats de la défense ont simplement répondu qu'ils ne feraient « aucun commentaire ».
Pour rappel, en 2008, la « SA Rondinara loisirs », « Milanini BTP », « Soffocor » et les porteurs de projet Alain Lefebvre, Serge Stromboni et Ange Luciani déposent le permis de construire auprès de la mairie de Bonifacio. N'étant pas instruit dans les temps, il est considéré comme accordé tacitement. En 2010, les travaux commencent. La même année, le PLU de Bonifacio était annulé et le site de Rondinara délimité en espace remarquable.
Les associations de défense de l'environnement U Levante et ABCDE déposent une première plainte, classée sans suite par le parquet d'Ajaccio.
Pas découragées pour autant, les associations traînent les constructeurs devant le tribunal correctionnel d'Ajaccio en citation directe. La juridiction relaxe les prévenus et condamne les associations. Ces dernières font appel sur la procédure civile, perdent une nouvelle fois à Bastia et se tournent vers la Cour de Cassation. En 2017, la plus haute juridiction de France a rendu sa décision : l'affaire sera rejugée à Montpellier. Le procès s'est finalement tenu le 4 avril 2022.
La défense peut toujours faire un pourvoi en cassation, mais il s'agira, si elle entend aller jusque-là, de l'ultime recours dans cette affaire.
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