Cette page est dédiée à toutes les musiques n'ayant pas trouvé leur place dans les autres pages. Inclassables, ces artistes font fi des classifications dans lesquelles ont voudrait les faire entrer.
Belem
Bruno Coulais
Gian Maria Testa
Robert Wyatt
Bruno Coulais est sans aucun doute le plus connu des compositeurs français actuels de musiques de films. Il en a d'ailleurs près de cent cinquante à son actif. Mais c'est avant tout un musicien contemporain dont le talent n'est pas réductible aux seules musiques de films, qui considère que celles-ci constituent un formidable champ d'expérience pour un musicien. Ce qui fut longtemps sa "marque de fabrique" fut son utilisation très particulière de la voix humaine, en solo ou en groupe, et ceci allié à quelques instruments minimalistes.
Gianmaria Testa partage sa vie entre la chanson et... son métier de chef de gare.
Ce compositeur de chansons poétiques et intimistes gagne le Premier Prix du Festival de Recanati (qui récompense les jeunes auteurs-compositeurs) en 1994. Son premier disque « Montgolfières » où se mélangent jazz, bossa, tango et habanera connaît un grand succès en France. Devenu ami de Jean-Claude Izzo qui le cite dans ses romans, il met en musique dans «La Valse d’un jour», édité par le prestigieux label «Le chant du Monde», un des derniers textes écrits par Izzo, mort en 2000 .
C'est un chanteur attachant et intègre, qui ne fait pas de compromis. Ainsi lorsqu’un producteur lui demande d’ajouter des compositions plus rythmées pour séduire la télévision, il préfère renoncer à son disque !
Plus que jamais dans ce disque, les murmures, l’accent piémontais et
les graves veloutés de Gian Maria Testa nous émeuvent. Ses histoires de
lucioles d’août, de fleurs d’hiver, de touaregs et d’étoiles sont
chantées sur les arrangements sobres et élégants de son vieux complice
Piero Ponzo. Des cordes, du swing, une trompette bouchée, une guitare...
Un bel album.
Un disque concept sur le thème de l’exil, souvent contraint.
De
sa voix grave un peu éraillée, Testa chante le déracinement, l’absolue
nécessité de s’adapter au plus vite à des cultures étrangères,
l’hostilité rencontrée sur la nouvelle terre d’accueil, la précarité,
la souffrance. L’humour salvateur est souvent sous-jacent, comme dans
"Al mercato di Porta Palazzo", où un agent de police accouru sur une
place de village où a lieu un accouchement de fortune, réclame
promptement leurs papiers à toutes les personnes présentes.
Gian Maria Testa est entouré d'excellents musiciens qui magnifient les
textes en tissant une trame subtile autour du chanteur : Gabriele
Mirabassi à la clarinette, le trompettiste Paolo Fresu, au jeu plein de
retenue, le guitariste américain Bill Frisell, connu notamment pour ses
disques avec Paul Motian.
En mai 2015, le chanteur italien Gianmaria Testa avait annoncé qu’il était atteint d’une tumeur incurable. La nouvelle de sa mort, à l’âge de 57 ans, est tombée le 30 mars à midi. Discrètement chéri en France, le Piémontais avait d’abord mené de front sa carrière de chanteur et son métier de chef de gare. Sa musique voyageait : de la chanson italienne passée par le jazz, le folk et les traditions sud-américaines, toujours emmenée par une belle voix chaude et confidente. Une bouille aussi : bouclettes, lunettes rondes et grosse moustache, l’attirail indispensable du cultivateur cultivé, élevé à la ferme, qu’il était. Gianmaria Testa avait sorti une dizaine d’albums depuis ses débuts en 1995, et collaboré avec son ami l’écrivain Erri de Luca. Son album de 2006, Da questa parte del mare, abordait en onze chansons le thème des migrants – dès 1991, Gianmaria Testa avait été témoin dans les Pouilles de l’arrivée tragique de réfugiés africains. Il déclarait alors à notre journaliste Richard Robert : « Aucune loi, aucun mur n’arrêtera les gens qui vont à pied pour échapper à la misère. Les Italiens devraient être bien placés pour le savoir. En l’espace de deux générations, ils ont oublié que c’était eux qui, jadis, partaient à l’étranger et se faisaient traiter de tous les noms ».
(Source : Les Inrocks)
L'auteur, compositeur et interprète de dizaines de chansons, dont beaucoup sont d'abord sorties en France, souffrait d'une tumeur depuis 2015, comme il l'avait lui-même confié dans une interview.
Né le 17 octobre 1958 à Cavallermaggiore, près de Cuneo, non loin de la frontière française dans le nord-ouest de l'Italie, Gianmaria Testa commence d'abord par travailler dans les chemins de fer. Il sera même chef de gare à Cuneo avant de choisir sa passion, la musique et la chanson. Il a toutefois longtemps conservé ce poste malgré le succès dans la musique.
En 1993 et 1994 il remporte le Premier Prix du Festival de Recanati (consacré aux jeunes auteurs-compositeurs). Lors de la deuxième édition de ce festival, il rencontre la productrice française Nicole Courtois Higelin, selon le site internet de l'artiste. Cette rencontre déterminante sera à l'origine des cinq premiers albums de Gianmaria Testa jusqu'en 2002.
En 1995, son premier album, "Montgolfières", sort chez Label Bleu. Adopté par le public français, il chante en italien d'une "belle voix sourde" qui dit "un monde de vent et de mémoire, de terre et de brouillard, d'objets qui volent d'un ciel à l'autre et de femmes dans les gares qui s'en vont au bras d'un autre sans se retourner", selon la biographie mise en ligne sur son site.
Son univers musical est aussi personnel que mélangé - tango, bossa, habanera, jazz - et ses textes souvent très poétiques sont écrits avec une très grande simplicité. Il donne quantité de concerts dont un à l'Olympia à Paris qui le révèle enfin dans son propre pays. Son dernier disque, "Men at work", sort en 2013, un "live" qui suit une longue tournée en Allemagne.
Sa disparition a été annoncée mercredi matin sur sa page Facebook :
Gianmaria se n'è andato senza fare rumore. Restano le sue canzoni, le sue parole. Resta il suo essere stato uomo dritto, padre, figlio, marito, fratello, amico.
(Source : Culturebox)
Février 2019
Ils ont sillonné les routes d'Europe pendant près de 15 ans avec la formation Panta Rhei mais également au sein d'autres projets de Didier. Il aura fallu attendre une vingtaine d'années pour que leur complicité soit enfin mise en lumière. Depuis longtemps, le désir de flirter avec la musique de chambre les animait, et sans oublier la part expressive qui les a construit, ils nous offrent aujourd'hui un florilège de compositions au carrefour de leurs expériences. Avec Belem, le plaisir qu'ils prennent à jouer ensemble devient palpable, la maîtrise qu'ils ont de leur instrument, la joie qui émane de leur musique nous emporte et ne nous laisse pas indifférent.
Né le 28 janvier 1945 à Bristol en Angleterre, Robert Wyatt commence sa
carrière en 1963 en participant, avec le bassiste Hugh Hopper, au trio
de Daevid Allen. Il rejoindra ensuite le guitariste Richard Sinclair
(futur fondateur de Caravan) et Kevin Ayers au sein des Wilde Flowers.
En été 1966, il forme le groupe Soft Machine où il se distingue par un
jeu de batterie très fin, proche du jazz et une voix émouvante aux
accents très caractéristiques, très proche du registre de haute-contre.
Après le chef d'œuvre qu'est Third, avec le sommet
que constitue Moon in June, suite à des dissensions
au sein du groupe, qui s'oriente vers une musique plus proche du jazz,
il quitte la formation après le quatrième album, Fourth,
dans lequel il se considère comme "chanteur au chômage".
Une vidéo de Soft Machine en 1969 au Bilzen Jazz And Pop Festival : "Moon in June".
Robert Wyatt fonde Matching Mole
et sort un disque du même nom (1972)
où il chante et joue de la batterie et du mellotron, avec Phil Miller à
la guitare, Dave McRae, au piano électrique et à l'orgue, Bill
McCormick à la basse et David Sinclair au piano et à l'orgue. Dans ce
disque, il renoue avec un type de musique plus rock et plus mélodique,
un retour au style de Canterbury de ses débuts.
Il chante à nouveau, offrant avec le titre O Caroline une
ligne mélodique complexe et émouvante.
Le groupe sort la même année son
second disque, Little Red Record dans lequel on
note une participation de Brian Eno.
Suite à une chute de quatre étages, il reste paralysé des deux jambes. Il entame une carrière solo, produisant des albums où il exécute la plupart des parties musicales. Deux d'entre eux, Rock bottom (1974), "l'un des chefs d'œuvres les plus originaux de l'histoire du rock" (Alain Dister), et Ruth Is Stranger Than Richard (1975) connaissent un certain succès public.
Rock Bottom est particulèrement représentatif de l'art de
Robert Wyatt. On y retrouve son goût pour les échos et les boucles
sonores, mais aussi l'émotion de la voix et une atmosphère flottante et
profonde.
Sea Song, qui ouvre le disque, est simple et
grandiose à la fois. Alifib est porté par la basse
d'Hugh Hopper. Alifie instaure un climat onirique,
avec le sax de Gary Windo. Enfin Little Red Robin Hood Hit
The Road est à la fois fou, inventif et émouvant. Un disque à
écouter et réécouter.
Une analyse de Rock Bottom dans Music Aficionado :
Très peu d'artistes, en particulier musiciens, peuvent se remettre d'un accident qui les laisse paralysés de la taille jusqu'aux pieds. Si ledit artiste est un batteur, une compétence qui requiert les membres inférieurs à égalité avec les membres supérieurs, alors ce batteur peut dire adieu à sa carrière. Cependant, si vous êtes Robert Wyatt, l'un des musiciens les plus éminents de la scène de Canterbury, qui, à l'âge de 28 ans, tomba d'une fenêtre du 4ème étage après avoir bu de grandes quantités d'alcool, vous utilisez cet événement horrible comme un tournant, vous vous lancez dans une nouvelle carrière, et sortez un album historique : Rock Bottom.
L'histoire de Rock Bottom commence à Venise, en Italie, au cours de l'hiver 1972. Wyatt passait du temps avec sa petite amie d'alors Alfreda Benge, qu'il avait rencontrée lors du premier concert de son groupe Matching Mole à Londres, en janvier 1972. Alfie, ainsi qu'il la surnommait affectueusement, était l'assistante de Nicolas Roeg. Le réalisateur tournait l’excellent thriller psychologique Don’t Look Now, basé sur un livre de Daphné Du Maurier. Alfreda Benge était une bonne amie de Julie Christie, la co-vedette du film, avec qui elle partageait une villa sur place. Wyatt s'est retrouvé installé dans la villa avec deux colocataires qui travaillaient constamment, avec beaucoup de temps à tuer. Rester inactif n'était pas au menu d'un artiste qui jusqu'à ce moment-là enregistrait et tournait de façon effrénée depuis le milieu des années 1960. Consciente de la réticence de son petit ami à se cantonner dans la villa, Alfreda lui acheta un orgue-jouet Riviera bon marché pour passer le temps. Wyatt commença à noter des idées de chansons, inspirées par l'eau qui entoure Venise: « Pas les petits canaux, mais les grands. Et le sentiment, en restant dans cette maison, de descendre un chemin et qu’au lieu d’une route, il y aurait de l’eau. Venise en hiver: quand la marée descend, tous ces petits crabes se faufilent dans la mousse, à ras de l'eau. C'est très évocateur et fort. »
De retour à Londres en février 1973, Wyatt commence à écrire de nouvelles chansons inspirées de son séjour à Venise et de son nouvel amour pour Alfie : Alife, A Last Straw et Sea Song. En parallèle, il commence à jouer en quatuor avec Dave MacRae aux claviers, Ron Matthewson à la basse et Gary Windo au saxophone. Le groupe, appelé WMWM d'après les initiales du nom de famille de ses membres, s'oriente vers les territoires du free jazz. Les bandes survivantes de leurs spectacles enregistrés en avril 1973 montrent des indices sur le type de musique que Robert Wyatt créera sur Rock Bottom. écoutez sa vocalisation sur le morceau Spiderman:
Désireux de redémarrer son groupe Matching Mole après sa désintégration à la fin de 1972, Wyatt était en train de former une nouvelle formation avec Francis Monkman (ex Curved Air) aux claviers, Bill McCormick à la basse et Gary Windo au sax. L'objectif était de jouer les nouveaux morceaux. Les répétitions commencent fin mai 1973. Wyatt contacte Nick Mason, le batteur de Pink Floyd et une vieille connaissance depuis l'époque de Soft Machine lorsque les deux groupes partagaient des concerts à l'UFO de Londres en 1967.
Le 2 juin Nick Mason reçoit deux informations. La première : Robert Wyatt lui demande de produire le troisième album de Matching Mole. La seconde l'informe que Wyatt est tombé d'une fenêtre du quatrième étage la nuit précédente.
Robert Wyatt a un problème d'alcool qui a commencé sérieusement en 1968 lors de la tournée de Soft Machine aux États-Unis
en première partie de Jimi Hendrix Experience. Son complice de boisson Keith Moon (des Who) lui a appris l'art de mélanger Southern Comfort et tequila,
une belle combinaison si l'objectif est de se saoûler rapidement. Il a expliqué la motivation derrière ce comportement: «
C'était amusant, et cela donne le courage de monter sur scène devant 5 000 Texans impatients qui attendent l'arrivée d'Hendrix.
Tu as besoin de boire, je ne sais pas comment tu pourrais monter sur scène sans ça. »
Dans la nuit du 1er juin 1973, Wyatt assiste à une fête organisée par Lady June, la propriétaire qui louait des chambres pour des musiciens,
dont des membres de Gong, Henry Cow et Hawkind. Il augmente sa consommation habituelle d'alcool jusqu'à des niveaux inconnus même de lui.
Il passe par la fenêtre de la salle de bain au quatrième étage et se retrouve rapidement en bas. Lorsqu'il se réveille, il est couché
sur le dos dans un lit d'hôpital, une position dans laquelle il devra rester pendant trois mois.
Il dira plus tard : « Quand je travaillais sur le troisième album de Matching Mole, je me suis dit : je veux faire des chansons et j'adore jouer de
la batterie, mais je ne peux pas faire les deux en même temps. Je sais quoi faire. Ce que j'ai fait, c'est de sauter par la fenêtre.
Southern Comfort et Tequila, puis après Kevin a sorti du whisky. Parti ! J'étais vraiment trop ivre pour savoir.
Je n’aurais certainement pas eu le courage de sauter d’une fenêtre du 4e étage à jeun. »
Avec son sens britannique de l'humour noir sarcastique, Wyatt souligne l'avantage d'être ivre si vous sautez par la fenêtre: «
J'ai bu beaucoup de punch et ensuite une bouteille de whisky et ainsi de suite. Ce qui était plutôt bien, car si vous tombez par une fenêtre
et que vous êtes ivre, cela ne fait pas trop mal. Les soldats et les toreros le font tout le temps... »
Lorsqu'il peut enfin monter sur une chaise roulante, l’un des premiers objets qu’il trouve dans la salle d'attenter de l’hôpital est un vieux piano. Il commence à travailler sur le matériel qu'il avait commencé à écrire à Venise en vue d'un album. Mais cet album, initialement destiné à être le troisième de Matching Mole, allait devenir un projet solo: « Je voulais vraiment jouer des notes. J'ai toujours chanté des chansons, donc ne plus pouvoir jouer de la batterie, ne plus pouvoir faire partie d'un groupe, m'a complètement libéré. Il n’y avait qu’une chose que je pouvais faire, et c’est ce que j’ai fait depuis. » Après une difficile période d'adaptation à sa nouvelle condition, il commence à enregistrer des morceaux au début de 1974 dans une ferme du village de Little Bedwyn, en tirant parti de l'unité d'enregistrement mobile Virgin Records, garée dans le champ à l'extérieur de la maison.
Il est temps d'écouter la musique :
A Last Straw met en scène Wyatt jouant de divers instruments, dont certains ont été enregistrés à la ferme, y compris l'orgue Riviera. C'est l'une des deux morceaux de l'album avec une guitare. C'est Wyatt lui-même qui utilise une guitare slide. Les crédits mentionnent également "Delfina wineglass". La philanthrope espagnole Delfina Entrecanales était propriétaire du domaine agricole où l'album est enregistré. Elle l'invite généreusement à y rester jusqu'à ce qu'il trouve un endroit convenable à Londres. Deux minutes après le début de la chanson, Wyatt commence à vocaliser quelque chose qui sonne comme une trompette en sourdine: « Il y a deux ou trois inspirations pour cela. L'une, c'est, assez curieusement, les cuivres sur les disques d'Ellington, où ils utilisent beaucoup de wah-wah. Ensuite, j'ai remarqué que Sly et the Family Stone faisaient ce genre de choses wah-wah - Ellington et Sly Stone, c'est tout. » Contrairement à la croyance répandue selon laquelle le titre de l’album, Rock Bottom, symbolise la condition physique et mentale de Wyatt à l’époque, il est simplement tiré des paroles de cette chanson:
Seaweed tangled in our home from home
Reminds me of your rocky bottom
Les deux autres contributions sur A Last Straw sont Hugh Hopper à la basse et Laurie Allan à la batterie. Allan, ancien des groupes Delivery et Gong, était un ex d'Alfreda Benge. Il fournit une partition de batterie minimaliste, enregistrée plus tard dans les studios CBS. Le producteur Nick Mason, batteur lui aussi, dit à propos d'Allan: « Laurie était un passionné de free-jazz et quand nous lui avons envoyé le morceau, il est devenu complètement fou, jouant free tout du long. Robert et moi nous sommes regardés, essayant de déterminer qui allait lui dire comment faire. Mais il s’est avéré ensuite qu’il n’avait pas réellement écouté le morceau, il s’était contenté de bricoler sa partie. C’est une belle histoire d’une certaine manière, car lorsqu'on écoute ce morceau, c’est exactement le contraire - cette touche de lumière absolument fantastique. »
Laurie Allan joue de la batterie sur un autre morceau, Little Red Robin Hood Hit the Road, avec une brillante distribution de musiciens. Wyatt commentera plus tard l'avantage de pouvoir embaucher différents musiciens pour chaque morceau de l'album: « J'ai accepté le fait que je n'étais plus batteur et que partir en tournée serait très problématique. Je n’avais plus besoin de préparer de la musique pour un groupe permanent, je devais me concentrer sur l’enregistrement et je devais chanter davantage. Je pouvais choisir différents musiciens pour différents morceaux. Je n’étais pas obligé d’avoir les mêmes instruments sur chaque morceau. La perte de mes jambes m'a donné une nouvelle forme de liberté. »
Richard Sinclair joue de la basse sur ce morceau. Plus tôt dans l'année 1974, il a enregistré avec Hatfield and the North l'excellent premier disque éponyme. L'année précédente, Robert Wyatt était invité en tant que chanteur lors de leur prestation à l'émission de télévision française Rock en stock.
Mike Oldfield fait une merveilleuse apparition à la guitare électrique. Wyatt et Oldfield se sont rencontrés en 1970 lorsque Oldfield, âgé de 17 ans, faisait partie du groupe de Kevin Ayers The Whole World en tant que bassiste. Wyatt avait rejoint le groupe lors de sa tournée européenne. Les morceaux de guitare de la première partie de Little Red Robin Hood Hit the Road sont enregistrés au Manor Studio (alias The Manor) et ont le son incomparable qu'on retrouve sur Tubular Bells. Quelques mois plus tard, il sera de retour au Manoir pour enregistrer un autre grand album, Hergest Ridge. Maître de l'overdubbing de sa guitare, il suggère le même procédé pour renforcer le son de l'orgue Riviera. Cette technique est utilisée abondamment sur Rock Bottom.
Les paroles d'ouverture de Wyatt sur ce morceau sont un clin d'œil à Matching Mole, qui a cessé d'exister à ce moment-là:
In the garden of England dead moles lie inside their holes
The dead-end tunnels crumble in the rain underfoot
Innit a shame?
Little Red Robin Hood Hit the Road comporte deux parties. La seconde, très différente de la première, comprend Fred Frith, alors membre de Henry Cow. Ce groupe enregistre son album Unrest au Manoir à peu près en même temps, et dédie l'album à Robert Wyatt.
Frith, l'un des guitaristes les plus doués que je connaisse, entre à 3 minutes avec un drone d'alto avant l'apparition du poète écossais Ivor Cutler lui-même avec une récitation absurde décalée pour clôturer l'album. Brillant.
I smash up the telly with remains of the broken phone
I fighting for the crust of the little brown loaf
I want it I want it I want it give it to me
Ivor Cutler est également invité sur la piste jumelle Little Red Riding Hood Hit the Road, récitant quelques vers de Little Red Robin Hood Hit the Road sur de savoureuses lignes de basse de Richard Sinclair. Mais la star de ce morceau est le trompettiste sud-africain Mongezi Feza, l'un des rares musiciens de jazz à avoir quitté ce pays pour s'installer en Europe dans les années 1960, avec le pianiste Chris McGregor et le saxophoniqte alto Dudu Pukwana. Des années plus tard, Wyatt avait toujours le plus grand respect pour les contributions de Feza sur ce morceau. Lorsqu'on lui demanda ce qu'il considérait comme les faits saillants de sa carrière, il répondit : « Mon Dieu, c'est intéressant! Certainement quelques moments avec Mongezi Feza qui a collaboré avec sa trompette vers la fin d’une face de Rock Bottom. J'étais en extase de ce qu'il a fait avec ce morceau. C'est un souvenir fantastique.»
Feza continuera d'enregistrer avec Henry Cow et Elton Dean l'année suivante avant de mourir malheureusement en 1975. Le son de trompette multi-pistes sur ce morceau est magnifique. Parmi les autres crédits, citons Wyatt (James' drum, Delfina' tray), des reliques de son séjour dans le village de Little Bedwyn. Il avait l'habitude de mettre quelques petits instruments à percussion sur un plateau à thé appartenant à sa bienfaitrice, dont le tambour-jouet de son fils James.
Restent mes trois morceaux préférés sur l'album, toutes sur la relation de Wyatt avec Alfreda Benge. Il est temps de parler de l’importance de cette femme merveilleuse, non seulement sur la vie et la carrière de Robert Wyatt, mais aussi sur l’aspect créatif de cet album. Commençons par l'illustration de l'album. Le dessin au crayon représente une scène de plage avec des enfants, des mouettes, des ballons, un bateau. La partie inférieure du dessin montre ce qui se passe sous cette scène, un fond marin rocheux avec toutes sortes de créatures et de végétation. La simplicité du style était une décision consciente, comme elle l'a commenté plus tard: « C'était l'heure du rock progressif, et toutes les pochettes devenaient de plus en plus compliquées, rivalisant de piquant. Je pensais que le seul moyen de contrer cela, de se démarquer, était d’être absolument minimaliste et tranquille, ce que vous n’avez pas obtenu. Vous avez des choses avec des portes qui s'ouvrent et des dragons ». Alfreda, avec une formation en peinture à la Camberwell Art School et en graphisme à la London School of Printing, a ensuite créé toutes les pochettes d’album de son partenaire. Wyatt l'a bien résumé: « Alfie s'est jointe à moi de toutes les manières que vous pouvez imaginer, faisant de la typographie pour l'album, rédigeant les notes de pochette, faisant la peinture parce qu'elle connaissait les morceaux. Avec Alfie, la pochette faisait partie du disque ».
Alfreda a également joué un rôle déterminant en indiquant de nouvelles directions possibles pour Robert Wyatt, avant et après l'accident: « Elle a estimé que certaines choses que nous faisions étaient techniquement avancées, mais en même temps, un peu trop démonstratives. Elle n’était pas dure, mais très positive dans son appréciation de notre musique. » Elle a dit: « Écoute, vous ne pouvez pas faire une démonstration à chaque fois.» Après mon accident, je ne pouvais plus faire ça, je ne pouvais plus faire ce jeu de batterie fouillé. J'étais obligé de simplifier ma façon de jouer, et elle m'a donné plus de confiance pour contrôler le rythme. J'étais maintenant à un autre niveau de création musicale. Il ne fallait plus que je montre mes aptitudes athlétiques pour impressionner les gens, mais que je fasse de la musique pour émouvoir les gens". Et émouvoir les gens, il a réussi, je peux en témoigner.
La deuxième face de l'album commence par Alifib, le morceau le plus austère de l'album car composé uniquement d'un échantillon répété du souffle de Wyatt, une magnifique ligne de basse de Hugh Hopper et Wyatt à l'orgue Riviera. Mais le mieux pour moi est la voix de Wyatt chantant ces paroles idiotes:
Not nit not
nit no not
Nit nit folly bololey
Alifi my larder
Alifi my larder
Alfreda dit à ce propos : « Quand il a commencé à travailler sur les paroles de ‘Alifie my larder’, il chantait ‘Polly my larder’. J'ai demandé: « Qui est cette Polly? » La fois suivante, il chantait 'Alifie my larder'. Je me suis dit: « Eh bien, je viens de déclencher un changement de nom qui n’était pas prévu. »
Le morceau suivant est Alife (Alifib était dans la tonalité de si (B), Alife est en mi (E), vous avez compris?), une espèce de chanson-réponse mettant en vedette Alfreda: « J'étais énervée et j'écoutais ceci: 'Oh, tu es mon ceci et cela' » Et j'ai dit:« Non, je ne le suis pas. » Et Robert a dit:« OK, réponds-moi alors. » « Alors je suis partie écrire cette chose. C'était une réponse légèrement folle ».
I’m not your larder,
jammy jars and mustard.
I’m not your dinner,
you soppy old custard.
And what’s a bololey
when it’s a folly?
Le morceau présente un autre musicien invité, le saxophoniste Gary Windo, avec qui Wyatt a joué en 1970 dans l’ensemble Centipede de Keith Tippets. Windo continuera à jouer sur d'autres projets de Robert Wyatt dans les années 1970 et avec d'autres grands musiciens comme Carla Bley, Michael Mantler et Nick Mason. Ses phrases de saxophone se combinent parfaitement avec les paroles de Wyatt sur ce morceau.
C'est Nick Mason qui produit le disque. Son travail en tant que producteur n'est pas largement reconnu, étant le batteur de l'un des groupes les plus célèbres de cette époque. Avant Rock Bottom, il a déjà produit quelques albums, dont deux pour le Principal Edwards Magic Theatre et plus tard pour les groupes de la scène de Canterbury Gong (Shamal) et Steve Hillage (Green). Mason a rejoint la réalisation de l'album après que Wyatt ait enregistré une bonne quantité de pistes avec le studio mobile, et il était temps d'ajouter tous les musiciens invités et des overdubs supplémentaires. Cette partie du processus s’est déroulée au studio Virgin’s Manor et aux studios CBS de Londres. C’était l’année suivant la sortie de The Dark Side of the Moon de Pink Floyd, qui a influencé la décision de Wyatt de demander à Mason de produire son album: « Nick Mason avait ce merveilleux sens de l’espace chez Floyd. Le Floyd a créé une nouvelle architecture. C’est leur grande contribution, et c’est pourquoi j’ai fait participer Nick. Il y avait toujours chez moi une tendance à regrouper les choses et à me perdre dans les détails. Il a juste dit: « Tout est bien, mais élargis-le. Donne à l'auditeur le temps de respirer. Suis le courant. »
Si vous appréciez l'ambiance minimaliste et spacieuse qui flotte sur la majeure partie de l'album, remerciez-en Mason.
Mason a développé son expérience dans la production musicale: « Rock Bottom est probablement la production la plus satisfaisante que j'ai jamais réalisée - et très amusante. La façon dont j’ai toujours abordé la production n’est pas d’y apporter beaucoup, mais simplement d’essayer d’aider l’artiste à faire ce qu’il veut. Essayer parfois de trouver une idée s’ils sont un peu coincés, mais Robert était rarement coincé pour quoi que ce soit. Avec beaucoup de musique enregistrée, la tentation - en particulier si vous êtes un bon musicien - est de vouloir montrer tout votre talent. Je pense qu'il faut privilégier absolument l'espace entre les notes. Toujours moins que plus. » Mason est le meilleur batteur si vous recherchez une musique détendue, au tempo lent. Il explique, sur le tempo sans hâte de tant de morceaux de Pink Floyd: « Nous nous sommes toujours tenus à environ 70 bpm maximum. Mon médecin m'a dit de ne jamais jouer plus vite que mon pouls. »
La devise « moins c'est mieux» était également une conséquence du simple fait que Wyatt ne jouait plus de l'instrument sur lequel il était le plus compétent. Avant sa chute, c'était un excellent batteur, mais ce n'était pas un excellent pianiste. Il a réfléchi aux grands artistes qui ont choisi de faire des choses qui les ont forcés à adopter une technique très basique: « La façon dont Paul Klee et Picasso ont commencé en vieillissant à faire des dessins ressemblant à des gribouillis d'enfants. J'ai trouvé ça très émouvant et intéressant, cet abandon de la technique. L’histoire du jazz est un peu comme ça aussi : Ornette Coleman jouant du violon - alors qu'il ne sait pas en jouer. Je trouve cela vraiment courageux. Bien sûr, il appréciait toujours le talent des musiciens qui jouaient avec lui, ou avec d'autres: « Cela doit être très alléchant pour quelqu'un comme Keith Jarrett, car il peut faire tellement. C’est comme un athlète: il y a une vraie joie à le faire. Ses doigts sont si rapides que son cerveau ne peut pas suivre la moitié du temps. » Mais la technique seule ou les clichés répétés ne lui ont jamais plu: « Les gens avec une facilité fantastique ont du mal à la contrôler pour un événement musical spécifique. En fait, les solistes étonnants ont tendance à jouer différentes versions de leur solo dans tout ce qu'ils jouent. Les guitaristes de jazz ont beaucoup plus de mal à jouer des solos pertinents pour un morceau particulier que, par exemple, George Harrison, qui ne peut pas bouger aussi vite. » Tellement vrai.
Wyatt a dû chercher l'inspiration en dehors de son précédent cercle de musiciens, tous de grands instrumentistes de jazz et de rock de groupes tels que Soft Machine, Matching Mole et d'autres sommités de la scène de Canterbury. Il en a trouvé un, encore chez Pink Floyd, en la personne du claviériste de ce groupe: « Je ne suis pas un claviériste au sens des claviéristes spectaculaires avec lesquels j'ai travaillé, comme Dave MacRae, Mike Ratledge et David Sinclair. Mais je pensais que la façon dont Rick Wright créait une sorte d'aurore boréale d'harmonies autour du Floyd était une caractéristique très sous-estimée dans ce qui les rendait si distinctes. Il a donné cette magnifique toile de fond pour jouer. De nombreuses années plus tard, en 2006, Wyatt aura la chance de jouer sur scène avec Richard Wright en tant qu’invités du spectacle de Dave Gilmour au Royal Albert Hall.
Nous n'avons pas encore fini, car il y a encore un morceau sur l'album, celui qui l'ouvre et pour beaucoup son point culminant. Pour moi, c'est l'un des meilleurs morceaux que je connaisse, sur n'importe quel album. La première partie de la chanson est la manière de Robert Wyatt de mêler son ode amoureuse à Alfreda au thème aquatique de la pochette de l'album:
Cette dernière phrase transforme la chanson en l'un des morceaux de musique les plus effrayants que j'aie jamais entendus. La superposition des voix de piano, de synthé et de Wyatt est tout simplement inégalée. Wyatt a déclaré que cette partie de la chanson était influencée par la musique classique indienne. On dirait qu'il a emballé toutes les expériences de montagnes russes qu'il a vécues au cours des 12 mois précédents en trois minutes de vocalisation primitive. Des années plus tard, Dave Gilmour a déclaré à propos de la voix de Wyatt: « Il a une de ces voix qui déchirent votre âme. Il a vraiment une voix qui s’attache à vous et qui vous touche les cordes sensibles. » Lorsqu'on lui a demandé si sa voix sur cette chanson et le reste de l'album étaient une réaction à l'accident, Wyatt a répondu: « Cela ne me semble pas du tout approprié au genre d'accident que j'ai eu. Cela va trop loin. Vous faites des disques au lieu de dire des choses. C’est à quiconque écoute de mettre le couvercle dessus. Je me réserve le vieux droit romantique de l'ambiguïté dans l'art, même si ça sonne un peu XIXe siècle. » Ecoutez:
Sea Song n'est pas une chanson facile à reprendre, mais des tentatives ont été faites à plusieurs reprises, y compris Tears for Fears qui en a donné une bonne interprétation, bien que la voix de Roland Orzabal soit un peu trop douce pour ce genre de chanson. L'interprétation que j'aime le plus est celle de l'un de mes groupes préférés de ces dernières années, The Unthanks, dans leur album de 2011 Diversions Vol. 1, les chansons de Robert Wyatt et Anthony & the Johnsons. Robert Wyatt est d'accord: « J'ai entendu une belle version de celle réalisée par un groupe folklorique entièrement féminin en Angleterre appelé Rachel Unthank & The Winterset. Ils viennent du nord-est de l'Angleterre. Ils reprennent la chanson d'une manière étrange et moderne, juste avec le piano et la batterie. Becky Unthank chante la chanson d'une manière merveilleuse qui me rappelle beaucoup quand je l'ai écrite. Ce n’est pas une copie, mais il semble en comprendre exactement l’esprit.
Quand est venu le temps de signer avec une maison de disques, il n’y avait aucun doute dans l’esprit de Robert Wyatt. Un label, encore balbutiant à l'époque, avait déjà signé de nombreux actes musicaux auxquels il était associé: Henry Cow, Gong, Kevin Ayers, Lol Coxhill, Dudu Pukwana, Fred Frith, David Bedford et plus particulièrement Mike Oldfield qui a donné le label un coup de pouce inattendu avec ses débuts Tubular Bells. C'était, bien sûr, Virgin Records. Alors que Richard Branson était le visage de l'entreprise et s'occupait de l'aspect commercial, c'est Simon Draper qui a choisi bon nombre de ses artistes, et Draper avait un faible pour tout ce qui était Soft Machine, comme il se souvient: « Quand j'étais à l'université en Afrique du Sud, je lisais avidement Melody Maker et NME, mais aussi Downbeat et des trucs américains. Et je me souviens avoir lu un article sur The Soft Machine de Michael Zwerin. Et j'ai été tellement impressionné par l'idée d'eux que j'ai acheté le premier album de Soft Machine dans un magasin d'importation à Johannesburg sans jamais l'entendre. Et cela a été à la hauteur de mes énormes attentes. Je suis devenu un grand fan. » Juste avant l'accident de Wyatt, Draper devait signer la nouvelle gamme prévue de Matching Mole. Il n'a pas abandonné lorsque l'idée de ce groupe s'est évaporée et a signé Robert Wyatt en solo, une décision évidente pour Wyatt.
Le 25 juillet 1974, le monde a eu un aperçu des chansons sur Rock Bottom lorsque Wyatt a interprété sa toute première performance solo à l'ICA, un événement qu'il se souvient comme terrifiant. Le jour suivant ne fut pas moins mouvementé, car le 26 juillet, Rock Bottom sortit et Robert et Alfreda se marièrent. Les souvenirs d'Alfreda : « Je ne me souviens pas des détails, mais c'était probablement mon idée. Toutes ses pensées allaient vers ce concert à l'ICA la nuit précédente. Il s'inquiétait à ce sujet tout le temps. Vous auriez pu lui dire n'importe quoi, "Je vais te couper les jambes mercredi soir", il aurait dit: "Ouais, ouais." Alors j'ai juste dit quelque chose comme: "Rock Bottom sort, marions-nous le même jour."
Les critiques de la presse anglaise étaient inhabituellement et unanimement positives.
NME: « Robert Wyatt était probablement le batteur le plus créatif et le plus individuel du rock britannique, et sa retraite forcée de cette activité est une grande perte. Heureusement, il est également l'un des chanteurs / compositeurs les plus créatifs et individuels du rock britannique. »
Sounds: « Non seulement Rock Bottom est l’album que vous espériez que Robert Wyatt ferait depuis des années, mais c’est à cent pour cent mieux que ce que vous aviez osé espérer. Fort sans être arrogant ni autoritaire, mélodique sans être restreint, il incarne tout ce qui fait de Robert un musicien, chanteur et compositeur sans rivaux et peu d'égaux. » La pommade habituelle, avec une surutilisation des adjectifs, mais au moins positive. Toute cette activité dans les magazines spécialisés n'a pas aidé à pousser l'album dans les charts britanniques. Il s'est mieux comporté de l'autre côté de l'Atlantique où̀ il est entré dans le palmarès FM Action sur Billboard Magazine, basé sur le nombre de passages sur les stations de radio de rock progressif. Il a atteint la 13e place le 22 février 1975. Une vue intéressante de cette période montre que les 10 meilleurs artistes de la semaine comprenaient des artistes tels que Passport, Pretty Things, John Cale, Strawbs et Can. Belle époque.
Le 8 septembre 1974, Wyatt, avec un casting de rêve, interprète l'album complet au théâtre Drury Lane à Londres. Le groupe qui l'entourait était composé des musiciens ayant joué sur l'album tels que Mike Oldfield, Fred Frith, Mongezi Feza, Gary Windo, Laurie Allan, Hugh Hopper, Ivor Cutler. Nick Mason s'est joint à la batterie, Dave Stewart aux claviers, Julie Tippets a ajouté sa belle voix et le spectacle était introduit par John Peel en personne. Une belle soirée, dont Wyatt se souvient avec émotion: « Je savais que ça allait être plutôt bien, parce que Laurie Allan, Hugh Hopper et Dave Stewart sont essentiellement la section rythmique de mes rêves. J'avais le sentiment que peu importe à quel point c'était mauvais, ces gars, Fred Frith et les autres seraient capables de tirer quelque chose du chapeau. Le casting complet a posé pour une photographie de solidarité en fauteuil roulant qui a fait la couverture de NME. Wyatt ne se produira plus jamais en tête d'affiche, et Drury Lane restera son seul album live en tant qu'artiste solo.
Rock Bottom est un album unique, que l'auditeur soit conscient ou non de l'arrière-plan. Nous ne pouvons que deviner ce à quoi les chansons écrites au début, comme Sea Song, auraient ressemblé si elles avaient été enregistrées dans le cadre d'un album de Matching Mole, comme prévu à l'origine. La citation bien connue d'Alexander Graham Bell dans sa version intégrale s'applique parfaitement : « Lorsqu'une porte se ferme, une autre s'ouvre; mais nous regardons souvent si longtemps et avec tant de regret la porte fermée que nous ne voyons pas celle qui s'est ouverte pour nous. » Pas pour Robert Wyatt, qui très vite, après la tragédie, a vu la porte ouverte. Personne de mieux que lui n’a résumé à quel point l’album est unique: « Je n’ai jamais délibérément essayé d’être différent ou identique. Il se trouve que, quand je fais mon propre truc, ce que j'entends dans ma tête ne me semble pas vraiment ressembler à autre chose. Ce que je fais, ce n’est même pas dans une catégorie que je pourrais nommer. Et ce n'est pas une tentative d'être différent. Je peux juste dire ce que ce n'est pas : ce n’est pas du rock'n'roll, ce n'est pas du jazz, ce n'est pas de la musique classique moderne, ce n'est pas de la musique folk. Ça n’existe pas en tant que genre. C’est comme un animal des îles Galápagos, une sorte de canard sous-marin. Juste une sorte de chose que je me suis avérée être. »
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur Robert Wyatt, lire sa biographie Different Every Time: The Authorized Biography of Robert Wyatt, par Marcus O’Dair. C'est un livre parfaitement écrit et bien documenté, hautement recommandé.
Blog : The Music Aficionado - 26 juillet 2019. Traduit de l'anglais par JCC.
L'ambiance de Ruth is stranger than Richard est
très différente, laissant plus de place aux rythmes et aux cuivres de
Gary Windo et Mongezi Feza.
Robert Wyatt enregistre plusieurs disques avec Michael Mantler : Silence, The Hapless Child et Many have no speech.
Particulièrement réussi est The Hapless Child (1975)
avec Mantler, Terje Rypdal, Carla Bley, Steve Swallow et Jack
DeJohnette. Sur les textes cruels d'Edward Gorey, la voix envoutante de
Wyatt, répercutée par l'écho, se fait inquiétante, la guitare de Terje
Rypdal met le feu aux poudres et plane au-dessus du brasier, tandis que
DeJohnette se livre à une démonstration de la façon dont s'utilisent
les cymbales. Carla Bley et Steve Swallow assurent. Un très bon disque.
En 1979 Robert Wyatt participe à Fictitious Sports,
disque signé Nick Mason mais où l'on retrouve l'orchestre de Carla Bley
au grand complet.
En 2001, Bruno Coulais fait
appel à Robert Wyatt pour enregistrer l'un des morceaux du Peuple
Migrateur, The Highest Gander.
"La voix de Robert Wyatt, par sa fragilité et son étrangeté,
nous émeut et fait basculer le film dans un univers surnaturel, loin du
documentaire."
En juin 2005 il fait de nouveau appel à sa voix enregistrée
pour son Stabat Mater de Saint-Denis.
La musique de Robert Wyatt est très attachante. Aujourd'hui un grand
nombre de musiciens citent son nom comme une de leurs sources
d'inspiration, et l'Orchestre National de Jazz lui a rendu hommage en 2009 par l'album Around Robert Wyatt élu Victoire du Jazz 2009.
Texte de présentation :
"Robert Wyatt est un artiste résolument à part. Depuis Rock Bottom,
son chef-d’œuvre de 1974, invariablement classé dans les disques les
plus marquants de l’histoire du rock, le chanteur n’a cessé de susciter
respect et passion. Au sein de Soft Machine, l’un des premiers groupes à
avoir fait se rencontrer avec audace et pertinence rock et jazz, puis
avec Matching Mole, sa formation suivante, il fut également l’un des
batteurs les plus créatifs de sa génération. Il entamera ensuite une
carrière solo devenant, au gré de merveilleux opus, l’inventeur d’une
pop onirique et mélancolique, et une voix, intemporelle, instinctive et
envoûtante, l’une des plus intrigantes de la musique d’aujourd’hui.
Parmi ceux qui le citent comme une incontournable référence : David
Bowie, Elvis Costello, David Gilmour…
Conçu autour d’une collaboration inédite entre Robert Wyatt et Daniel
Yvinec, spécialement pour l’Orchestre national de jazz, ce programme
plonge dans l'univers du chanteur à la personnalité protéiforme. Outre
celle de Robert Wyatt, il invite à se joindre, autour d'un répertoire
constitué de ses compositions mais également d'autres chansons qu’il a
habitées avec bonheur, les voix d'artistes prestigieux qui offriront
leur propre vision de son monde. L'idée est simple : partir du bijou
pour confectionner l'écrin. Les voix ont été enregistrées en premier
lieu, a cappella, dans la nudité et l'intimité d'une émotion palpable.
Elles ont par la suite été habillées de somptueux arrangements
orchestraux conçus en collaboration avec Vincent Artaud, talentueux
explorateur de la confluence, utilisant ainsi les finesses de chaque
inflexion comme source d'inspiration à une relecture profondément
originale. Around Robert Wyatt nous permet donc de
redécouvrir ces mélodies enchanteresses (Shipbuilding,
Alifib…)
révélant sous un jour nouveau, en le confrontant à la palette sonore
unique de l'orchestre, l'univers de Robert Wyatt. Sur scène, le
réalisateur Antoine Carlier élaborera une mise en image onirique et
poétique, en résonance avec la musique comme avec l’identité de chacun
des artistes associés et les musiciens de l’ONJ."
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