45 ans !! Un itinéraire exemplaire, semé d'embûches mais aussi de rencontres marquantes. Un parcours dont nous allons retracer les différentes étapes ici.
Au sein des quatre premiers albums
: Machja n’avemu un altra (1981), O
vita (1982),
Cun tè (1984) et In l’Abriu di e stagione (1987), le style d'A Filetta se
dessine peu à peu avec des rythmes spécifiques et des textes d’une
grande poésie (Mare, Cun tè, O Vita).
Parallèlement, très présent sur le terrain culturel, le groupe
effectue un travail de recherche sur la polyphonie traditionnelle, en
Balagne, mais
également ailleurs. De cette démarche naît, en 1989 A u
visu di tanti où
l’on entendra des polyphonies traditionnelles sacrées, comme O
Salutaris (u
Mucale), Requiem (Rusiu), ou
profanes (Paghjella di
Tagliu) alliées à des créations musicales bien
différentes du passé (Anima, où le
groupe utilise
des instruments traditionnels tels que la cetera, la pivana ou des
percussions). C'est
dans ce disque que le groupe effectue un premier tournant avec une
création
polyphonique (U Lamentu di Ghjesù),
qui s’imbrique
parfaitement, notamment au niveau de la ligne conductrice, dans la
tradition orale
insulaire. Ce chant qui dégage une intense émotion est toujours en 2005
au
répertoire du groupe. A cette époque, c'est notamment au contact des
confréries que se dessine l'écriture de chants sacrés
polyphoniques.
En 1989, A Filetta franchit un nouveau palier en s'investissant dans
l'organisation des
rencontres polyphoniques de Calvi. « C’est un deuxième tournant, une
prise de conscience d’aller vers l’ouverture tout en conservant notre
spécificité. Et puis cela correspondait également à un besoin
car dans la musique, rien n’est figé » explique Jean Claude Acquaviva.
Quinze années durant, le groupe va s’enrichir grâce à
l’échange avec d’autres traditions telles que la Grèce,
l’Albanie, la Sardaigne et avant tout la Géorgie. "Le courant
est passé très fort avec les
Géorgiens. Dès qu'ils se sont mis à chanter, on a eu l'impression
qu'ils nous renvoyaient une image de nous-mêmes, c'était assez
surprenant.
On retrouvait en eux les mêmes gestes, les mêmes façons de se chercher
dans le chant. De fait, sur le plan harmonique, ils ont une musique
très proche de
la nôtre. Du coup, on s'est mis à chanter des chants géorgiens et ils
sont revenus deux ans après, avec des chants à nous. On aurait vraiment
dit
des chanteurs corses. (…) Ces rencontres remettent notre chant dans sa
matrice : en entendant chanter les Caucasiens, les Albanais,
les Kabyles, les Turcs,
les Syriens, nous entendons chanter une part de nous-mêmes. (…) Nous
avons
chanté des nuits entières avec les Mongols ou les Inuits sans
échanger une seule parole".
En 1992 sort Ab
Eternu, presque
entièrement consacré à des chants liturgiques (messe des
défunts, semaine sainte) à l’exception de Sumiglia,
composé à la mémoire de Ghjuvan Battista Acquaviva.
En 1994 sort l'album « Una
Tarra ci hè ». Cet album est celui de la maturité, avec des créations aussi bien
polyphoniques (A Paghjella di l'Impiccati, U
Lamentu di Maria), qu'avec
instruments. Toutes ces créations sont d'une grande qualité.
Parallèlement, U
Svegliu Calvese ayant décidé de reprendre la tradition de la Semaine Sainte en Balagne,
A
Filetta s'investit de nouveau en 1993 pour reprendre cette
manifestation, renouant avec
la démarche initiée dix ans auparavant. "Il s'agit pour nous de donner
un
visage plus humain à la Passion : l'histoire d'un homme avant celle du
fils de
Dieu."
Sorti en 1997, Passione,
est un album
exclusivement consacré aux chants de la Passion, qu’ils soient
traditionnels
ou compositions du groupe. La minutieuse architecture des voix, le
lyrisme brûlant
et l'interprétation saisissante balaient tout préjugé pour ne
laisser place qu'à l'universalité de l'art. Dans cet album, à noter
particulièrement U Sipolcru et A Sintenza, deux
compositions de Jean-Claude, un chant
géorgien emblématique, Ghmerto,
ainsi qu’une nouvelle version, plus dramatique que la première, d’U
Lamentu di Ghjesu. En 1998, le
metteur en scène napolitain
Orlando Forioso met en scène La Passion. Cette
reconstitution in lingua
corsa des derniers jours de la vie du Christ est jouée dans
la citadelle de
Calvi par trente acteurs bénévoles accompagnés par A Filetta. Ce
spectacle est redonné l'année suivante les 3, 4 et 5 avril 1999. La
Passion
inspire également le Via Crucis présenté les 30 et 31
mars
2002 dans la Citadelle. Ce chemin de croix ponctué de textes empruntés
à la littérature moderne (Borgès, Primo Levi, Filippini) est mis en
scène par Orlando Forioso et, rejoué spécialement pour FR3
début février 2003, a fait l'objet d'une diffusion
télévisée à Pâques de la même
année.
Le groupe va franchir un nouveau
cap important : un soir
d'août 1995, lors d'un concert donné dans l'oratoire Saint Antoine de
Calvi,
le groupe rencontre le jeune metteur en scène Jean-Yves Lazennec.
L'idée
d'une collaboration est évoquée, et quelques mois plus tard prend forme
un
projet de mise en scène d'un texte antique : le Médée
de
Sénèque. La création musicale est confiée au groupe qui
traduit le texte latin en corse. Et les 12, 13 et 14 novembre 1997, A
Filetta
présente au théâtre de Bastia les chœurs de
Médée. Jean-Yves Lazennec dira : "A Filetta propose quelque
chose
d'inouï, de tout à fait nouveau et d'à peu près inclassable,
qui ne ressemble à rien d'autre véritablement de ce qu'ils entreprirent
avant comme après. Une tension émue entre le proche et le lointain, au
service d'une terrible histoire d'amour déchu et de rejet de
l'étranger,
où la création de l'artiste éclaire avec étonnement le
présent."
Bruno Coulais dira de cette composition à six voix : "c'est un
OVNI". Cette
création, si elle prend sa source dans la mémoire orale insulaire,
évoque aussi d'autres traditions orales du bassin méditerranéen. Le
groupe polira, affinera, prolongera cette création, par extraits, au
fil des
concerts. Si l'on peut en entendre des extraits dans Intantu,
l'intégrale
des chœurs de Medea
ne sortira en CD qu'en juin
2006.
En 2007, est créé « Medea ritratti di voci », en collaboration avec une actrice et une chanteuse sardes (Lia Careddu et Elena Ledda) et des musiciens du conservatoire de Livourne.
6 représentations sont données à Porto Torres, Livourne et Calvi.
"La rencontre avec le groupe A Filetta a été pour moi
un choc. Pas
seulement un choc musical, mais un choc humain : ils ont une force
émotionnelle
incroyable ! Auparavant, j'avais beaucoup travaillé avec des voix
lyriques,
notamment Marie Kobayashi sur Microcosmos et dans d'autres films. Mais
j'ai
découvert le travail avec les voix naturelles, ces voix qui semblent
venir de
très loin et en même temps tellement contemporaines. La voix naturelle
est
une chose qui ne se démode pas, qui donne ce sentiment
d'intemporalité.
J'étais totalement inconscient sur Don Juan. A l'époque, les chanteurs
d'A
Filetta ne lisaient pas la musique – ils ont beaucoup fait de progrès
depuis. Je leur ai envoyé une partition à six voix, très rythmique,
alors que la musique corse n'a pas une métrique rythmique bien définie,
elle est libre. Ils ont travaillé en trois-quatre semaines sur cette
partition, en
pataugeant un peu, puis je suis arrivé et on a replacé les choses
rythmiques très rapidement, parce que les gens qui viennent du
traditionnel sont
des musiciens-nés. Par exemple, Jean-Luc Géromini, dans le groupe, est
un
surdoué musical. Il suffit que vous jouiez une phrase à toute allure,
il la
mémorise ! Il a un sens rythmique impressionnant ! Les gens qui
travaillent
à l'oreille, c'est une chance incroyable : on a l'impression que leur
interprétation se bonifie au cours du temps. Plus on avance et plus
c'est
émouvant. "
De 1997 à 2002, A Filetta participe ainsi à une dizaine de musiques de films (Don Juan, Himalaya l'enfance d'un chef, Le peuple migrateur, Comme un aimant, Le libertin,Serial lover, Scènes de crimes, Harrison's flowers, Vidocq) et effectue de nombreuses tournées à travers le globe. Le plus grand succès, la musique d'Himalaya (César, Victoire de la musique et disque d'or), sera donné aux rencontres de Calvi 1999 (sans musiciens) et en 2000, en version intégrale avec orchestre, au "Printemps de Bourges" et le 11 septembre 2000 au Théâtre municipal de Bastia, dans le cadre des XIIes Rencontres Polyphoniques de Calvi.
La collaboration avec Bruno Coulais se poursuit avec la
création le 22 juin
2001 de "Toit
du
Monde" dans le cadre du Festival
de Saint-Denis.
L'ouverture vers d'autres musiques s'est faite "naturellement"
selon les membres
du groupe. "Notre chant se veut ouvert. Nous tourner vers les
autres est un besoin.
Partager, s'enrichir d'autres cultures, c'est essentiel, le monde est
complètement
métissé, la Corse ne peut pas rester limitée à ses
frontières, elle évolue culturellement et musicallement", dit
Jean-Claude.
A Filetta collabore également avec Philippe Léotard (avec notamment une
poignante « Complainte corse ») et Gabriel Yacoub (Jean-Claude
Acquaviva a toujours dit son admiration
pour le groupe Malicorne).
Des expériences, des rencontres aussi : une polyphonie pour neuf voix
composée par Bruno Coulais et chantée avec le groupe Soledonna, le Salve
Regina composé par Jean-Claude Acquaviva sur des textes en
majeure partie
extraits du Flumen Dei
d'Anton Francescu
Filippini ; les différents intervenants sont, outre A Filetta, les
groupes
balanins Anghjula Dea, U Fiatu Muntese, L'Alba et Aghja Rossa.
Rencontre aussi avec la
chanteuse israélienne Noa aux Musicales de Bastia en octobre 2000 ...
En 2002 sort «Intantu ». On y retrouve une paghjella, deux extraits des Chœurs de Médée, un chant géorgien (Makharia), deux créations sacrées (Sub tuum et Kyrie), trois extraits de musiques de Bruno Coulais pour Don Juan, un chant satirique (Cose viste), une reprise de L’Anniversariu di Minetta de Tavagna, une monodie (Lamentu di a malata) chantée par Jean-Luc et enfin deux reprises : A Paghjella di l’Impiccati figurant dans Una Tarra Ci Hè (sans compter la première version avec instruments sur O Vita...) et Sumiglia de Ab Eternu. Ce disque sonne comme un échantillon de l'identité musicale et du répertoire du groupe en cette année 2002 et reflète fidèlement le programme des concerts, l’ambiance en moins. Ici plus que jamais, les six voix masculines d’A Filetta font voisiner profane et sacré, simplicité et virtuosité, tradition et création.
En 2003 sort « Si di mè ». Réalisé par Bruno Coulais, ce disque est fait de rencontres. A Filetta s'ouvre à quelques invités comme celui qu'ils considèrent respectueusement comme l'aîné : Antoine Ciosi. ("A l'altru mondu" et "Visioni cari"). Il y a aussi le géorgien Guram Tamazashvili sur le poignant "Tbilissi". Ouverture aussi à d'autres timbres, d'autres sensibilités avec les deux chanteuses Marie Jo Alegrini ("A di ti di tu") et Marie Kobayashi ("L'aria"). 16 magnifiques chansons, presque toutes composées par Jean-Claude Acquaviva. Cette fois chacun des chanteurs a l’occasion de chanter en solo, les autres n’étant jamais loin. Les arrangements de Jean-Claude Acquaviva et Bruno Coulais sont superbes. Emotion intense dans tous les morceaux, avec une mention particulière aux textes de Filippini (Memorie et Visioni Care), beaux à pleurer. Avec « Si di mè », l’auditeur découvre d’autres harmonies avec de la musique instrumentale moderne alliée aux techniques traditionnelles du chant. Malgré l’apport d’une musique contemporaine, le timbre et la sonorité insulaire restent parfaitement perceptibles pour tout auditeur, qu'il soit novice ou habitué. "Si di mé s'adresse autant à ceux qui chantent avec nous sur le disque, qu'à ceux qui écoutent le disque, parce qu'on a sans cesse ce sentiment d'être des frères.Ce disque majeur n’a malheureusement pas bénéficié de l’audience qu’il méritait, sa promotion ayant été littéralement sabotée par Virgin.
A Filetta retrouve Bruno Coulais en 2015 pour un oratorio, Nabulio, créé initialement lors du Festival Berlioz 2015 sur une idée originale de son directeur Bruno Messina.
Depuis 2017, et sa dernière représentation dans le nord de la France, l'œuvre est restée en sommeil jusqu'en 2021.
En 2004 Jean-Claude Acquaviva compose pour une commande du festival de Saint-Denis un Requiem pour deux regards (Di Corsica Riposu), messe de Requiem pour six voix, avec cinq pièces pour violoncelle. Des textes de Primo Levi et de Jorge Luis Borges dits par Pierre Bertoni, en italien, français ou corse, viennent enrichir le tout. Cette oeuvre a été présentée les 17 et 18 juin 2004 en la basilique de St Denis puis le 16 septembre 2004 aux Rencontres de Calvi.
"Le texte de Primo Levi", souligne Jean-Claude Acquaviva, "est extrait de son livre Se questo è un uomo, un recueil sur la Shoah qui dit : "retenez bien que cela fut". C’est un texte sur la douleur et la culpabilité commune, sur le fait que nous les hommes, avons des frères qui ont fait des choses abominables à d’autres frères. Les textes de Borges traitent, eux, des limites de la vie, du réveil, de la vanité des choses ".
Ce Requiem que j’avais imaginé il y a quelques années, a
été entièrement réécrit pour Saint-Denis. Il arrive
souvent qu’un requiem soit écrit pour des circonstances particulières
auquel on associe un nom ou la mémoire de quelqu’un. Moi, je n’ai pas
voulu le faire parce que c’est l’oeuvre du groupe. En même temps, ayant
perdu un neveu il y a deux ans, mort lors d’un accident de scooter,
avec un jeune
copain - il s’appelaient tous les deux Nicolas - avec Requiem
pour deux
regards c’est à eux que je pense. "
Depuis des
années à Calvi, où nous avons créé des Passions, des
chemins de croix, à travers l’histoire du Christ, nous avons toujours
voulu
chanter l’histoire de n’importe quel homme qui souffre pour ses choix,
son
engagement, son amour. De la même façon, nous voulions que notre
Requiem
soit autre chose qu’une série de textes de la liturgie, qui donne,
au-delà du sacré, le sentiment d’une perte infinie. En ramenant
à l’homme et à ses propres limites et pas forcément au divin.
C’est la raison pour laquelle on a inscrit des textes qui parlent de
l’homme
dans ce qu’il a de plus banal". Telle est la vision "laïque"
de la
religiosité que propose le groupe : " Il y a
la liturgie, à
laquelle on croit ou non ; après, il y a la réalité de la vie qui se
termine, c’est une immense douleur, un trou béant pour ceux qui restent
et
qui souffrent de l’absence. Nous voulions rendre cette
idée-là."
« Nous avons toujours voulu chanter l’histoire de
tout homme qui
souffre pour ses choix, son engagement, son amour »,
confiait Jean-Claude
Acquaviva au moment de sa venue à Saint-Denis en 2004. Pour lui,
l’intensité que l’on ressent à l’écoute de chants
comme le requiem ne signifie pas un registre triste ou proche de la
mort. "Avec ces
textes issus de la littérature contemporaine, nous avons voulu donner
une nouvelle
dimension plus humaine, et pas seulement liée à l'aspect céleste. le
violoncelle intervient avec le récitant : c'est l'instrument qui se
rapproche le
plus de la voix humaine et il apporte beaucoup à ce requiem, un aspect
grave et
austère mais aussi parfois plus léger. Ce requiem s'inscrit dans la
trajectoire du groupe, car il contient des éléments hérités
de la musique traditionnelle, mais pas seulement. Il se nourrit aussi
d'influences
diverses, car nous avons établi de nombreux contacts depuis vingt ans
avec des
traditions orales d'autres pays."
Le 3 juillet 1999, sous la direction d'Orlando Forioso, A Filetta avait
osé
l'engagement théatral avec Don Ghjuvanni in Commedia dell’
arte,
comédie pleine d’humour écrite avec Marcellu Acquaviva sur une
musique de Bruno Coulais. Ce spectacle donné dans les douves du Fort
Charlet en
ouverture de Festivoce 99 regroupe les six chanteurs d'A Filetta dans
le rôle d'une
troupe de comédiens ambulants, des acteurs italiens de l'association
Ars Nova,
ainsi que Fernando Panullo, Marcello Colasurdo, Marie Kobayashi et
Orlando Forioso dans
le rôle d'un aubergiste. La scénographie est assurée par Toni
Casalonga, qui crée une ambiance évoquant un village corse au XVe
siècle.
Cette collaboration avec Bruno Coulais et Orlando Forioso se poursuit en 2002 avec Il Gioco di Robin e Marion, très libre adaptation (en italien) de Robin des Bois. La trame de cet opéra prend sa source dans les mythes enfantins : la princesse Marion, prisonnière de l'affreux shérif de Nottingham, espère que Robin, son bien-aimé, défenseur des humbles, viendra la délivrer. L'univers est onirique : la princesse est enfermée dans une grande cage à oiseaux et le château se transforme en forêt...
L'oeuvre, commandée par l’ADEM 06, est jouée par l'orchestre de Cannes, placé sous la direction
d'Alain Joutard, avec les chanteurs lyriques Marie Kobayashi et
Jean-François
Ercolani et un chœur de 400 enfants des écoles de Corse. Ce projet est
pour
Alain Joutard "le moyen le plus efficace d'amener les enfants vers la
musique dans sa
gamme la plus déployée, de l'unisson à la polyphonie avec une
musique d'essence populaire, lyrique, cinématographique, riche et
ouverte à
l'image de son compositeur". Ce spectacle, avec décors et costumes
créés par Toni et Jérôme Casalonga, est d'abord donné
les 24, 25 et 26 mai 2002 au théâtre de Nice, les 8 et 9 juin 2002 au
Palais
des festivals de Cannes et le 15 juin au Cannet. Il sera repris à
l'Opéra
municipal de Bastia les 9 et 10 mai 2003.
On peut en entendre un extrait musical, L’Aria,
dans Si di mè,
et l'intégralité du spectacle a été diffusée par
France 3 Corse
En 2005, A Filetta compose la musique de " Fantastica,
la Grammaire de
l’imagination ", pièce mise en scène par Orlando
Forioso sur
la base de textes de Gianni Rodari. Cette pièce, jouée à plusieurs
reprises par des enfants de Calvi, devait clôturer les 17es Rencontres
Polyphoniques. Malheureusement, le mauvais temps n'a pas permis de
présenter le
spectacle en plein air. Les chansons ont été chantées par A Filetta
dans la Cathédrale, sans les comédiens. Ce spectacle hilarant devrait
être présenté de nouveau à Calvi en 2007 et
enregistré.
Marco Polo, opéra de l’invisible voyage est un opéra, au sens antique du mot, c’est à dire la rencontre de la musique et du théâtre, qui ensemble ou tour à tour vont raconter une histoire.
« Aujourd’hui, le monde nous semble petit, mais il fut un temps sans temps où tous recherchaient l’espace » dit Marco Polo, un Marco Polo qui ne voyage pas pour connaître, mais pour se perdre, pour devenir invisible, comme sont invisibles les hommes qu’il cherche. Un spectacle dédié aux sonorités de la rencontre, à l’émerveillement de l’autre, à la sensualité du voyage, à la démarche de se perdre dans des visions trop excessives pour être fausses. Nos personnages jouent, chantent et dansent, tandis qu’un Marco occidental rencontre un Marco oriental, qui fait le même voyage en sens inverse. La participation de Guillaume Depardieu enrichit ce projet de sa forte présence d’acteur et chanteur.
Ce spectacle a été présenté en avant-première au Théâtre de Bastia en février 2006 avant d’être donné dans le cadre de la Biennale de Venise les 23 et 24 février 2006.
La collaboration avec Bruno Coulais et Orlando Forioso se poursuit avec : « Lucio, le rêve de l’âne d’or » Nouvel opéra pour enfants avec l’ADEM 06, l’Orchestre de Cannes et le cirque GRUSS - Cet opéra a été présenté au Nikaia de Nice en juin 2007.
En 2009 Helmut Bürgel, directeur artistique du festival Stimmen Voices à Lörrach (Allemagne), commande à Jean-Claude Acquaviva une traduction en Corse et une mise en musique de trois textes de Fernando Pessoa. Cette nouvelle création vocale, hommage rendu au poète lisboète, a été présentée durant le festival en juillet 2009. En outre, ont participé à la création de cette œuvre sous la direction de Marion Schmidt-Kumke , Joana Aderi, jeune musicienne suisse qui a notamment mis en musique (électronique !) d’autres poèmes de Pessoa, le comédien allemand Peter Schröder et le photographe Torsten Warmuth.
En 2020, Laurent Simonpoli, Frédéric Antonpietri et Armand Luciani créent Sintinelli à Bastia. Les chanteurs d'A Filetta chantent et jouent la comédie.
Et en 2007, pour sa première création au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, Sidi Larbi Cherkaoui fait de nouveau appel à ses amis d'A Filetta.
Le 14 juillet 2012, Sidi Larbi Cherkaoui est en Avignon pour un nouveau projet : Puz/zle.
Dans Puz/zle, Sidi Larbi Cherkaoui revient de manière plus abstraite sur les notions de pluralité et de diversité enracinées dans nos mécanismes de pensée et sur la question complémentaire de la façon dont les choses s’entremêlent pour créer une nouvelle identité distincte (comme dans un puzzle). Sidi Larbi Cherkaoui cherche à comprendre pourquoi certaines connexions parviennent à s’établir et constituer un ensemble organique, tandis que d’autres échouent. Il se demande aussi si l’échec relève véritablement du ratage ou s’il se situe uniquement au niveau de notre perception de l’ordre et du désordre. Il s’efforce dès lors de questionner l’importance apparente de l’ordre et de la linéarité, et de découvrir s’il existe plus d’un moyen de résoudre un puzzle, raconter une histoire, vivre le moment.
Sidi Larbi Cherkaoui souhaite sonder et mettre en lumière les puzzles qui se dissimulent derrière les relations humaines (tant émotionnelles, intellectuelles que sexuelles), derrière la morphologie du corps et derrière l’intangible, comme la musique qui s’inspire de traditions multiples et dont la composition puise dans des sources diverses (ainsi, une composition liturgique espagnole peut avoir des racines arabes, ensevelies dans les sables du temps). Accompagné sur scène de l’ensemble polyphonique corse A Filetta (ses compagnons dans Apocrifu et In Memoriam), de la chanteuse libanaise Fadia Tomb El-Hage (que l’on a pu voir dans Origine) et le percussionniste et flûtiste japonais Kazunari Abe, Sidi Larbi Cherkaoui analyse la façon dont une chanson ou une composition peut provenir de plusieurs sources à la fois : religieuses et profanes, chrétiennes et musulmanes, etc. Il se penche également sur le fait que les traditions que nous cataloguons si facilement d’occidentales ou d’orientales sont nettement moins définies et univoques qu’on ne peut le penser. Le chorégraphe rend ainsi hommage à cette imperfection exquise qui donne corps à nos vies et notre planète.
(voir la page dédiée à Sidi Larbi Cherkaoui)
Danse encore avec " Ritrattu" présenté en 2021 avec la compagnie insulaire Studidanza.
En février 2005, le groupe réalise un vieux projet : enregistrer l'intégrale des chœurs composés en 1997 pour Médée. Les choeurs de Médée sont présentés à Paris dans le cadre de la Nuit blanche, le 1er octobre 2005 dans la Cour Marly du Louvre. Le disque sort en juin 2006.
Prenant à son compte le « maloya », la musique des esclaves et des cérémonies, Danyel Waro, né en 1955, chante l’amour de cette terre, son pays, et de tous ceux qui y vivent. Il chante sa colère aussi, face aux abus du passé, aux inégalités du présent. Avec des mots qui dansent, qui « sonnent, guérissent, dérangent », il chante l’indignation passionnelle de ceux qui veulent être reconnus. C’est dans le créole de son île, à travers la bouleversante chaleur de sa voix généreuse, qu’il transmet ardeur et fureur.
De même s’il arrive à l’Ensemble A Filetta de voyager du côté de l’italien, du géorgien ou du latin c’est évidemment la langue corse qui vit au cœur de ses chants. Tout comme Danyel Waro, Jean-Claude Acquaviva - de dix ans son cadet - accorde sa confiance aux paroles, à leurs rythmes et cadences. Pour l’un comme pour l’autre, il ne s’agit pas de « maintenir » une tradition, encore moins de s’y enfermer, mais de la faire vivre.
Voilà pourquoi furent créées en 1989, les Rencontres des Chants Polyphoniques de Calvi, où se retrouvent, des groupes de toutes nationalités, de toute obédience musicale et où se sont connus et reconnus Danyel Waro et Jean-Claude Acquaviva. C’est également en 1989 qu’est né le Festival Africolor. Pour leur vingtième édition, les deux festivals décidaient en 2008 de provoquer la rencontre entre ces deux artistes et leurs formations.
Après cette première rencontre et après plusieurs concerts en France, en Europe et à La Réunion, il est apparu évident que cette création se devait de trouver une suite : après le ravissement de la rencontre, il fallait goûter à la joie des retrouvailles et d’une nouvelle profondeur.
Les théâtres départementaux de la Réunion ont donc décidé d’accueillir en résidence ce projet fin septembre 2011. Il a donc été créé un spectacle entièrement nouveau « polyphonies insulaires ».
Ce travail a mis notamment l’accent sur le dialogue non seulement possible mais chaleureux entre deux langues dites minoritaires (corse et créole) : Le Maloya de Danyel Waro et la polyphonie d’A Filetta ont toujours accordé une importance prépondérante au texte, à sa qualité, sa musicalité, son imaginaire.
Ci-dessous le texte que j'avais écrit pour la revue Fora! :
Quand la Corse et la Réunion se rencontrent : A Filetta et Danyèl Waro
Les rencontres occupent une place essentielle dans la vie du groupe A Filetta. Avant même les collaborations capitales avec Bruno Coulais, Jean-Yves Lazennec, Orlando Forioso, Akhenaton ou Sidi Larbi Cherkaoui, les Balanins en avait en quelque sorte institutionnalisé le principe même, en créant les Rencontres polyphoniques de Calvi. C’est d’ailleurs là qu’eut lieu en 2003 la première rencontre entre A Filetta et le chanteur et poète réunionnais Danyèl Waro. Séduits, Jean-Claude Acquaviva et ses amis avaient souhaité ré-inviter le chanteur en 2008 pour les XXes Rencontres, mais aussi créer avec lui. Cette collaboration s’est poursuivie par plusieurs concerts en Allemagne, en Slovénie et en France et connaîtra un prolongement début 2010 avec une tournée à la Réunion.
J’étais à Bonneuil-sur-Marne le 13 novembre 2009 pour assister au concert A Filetta/Danyel Waro organisé dans le cadre du festival Africolor. Polyphonie corse et maloya réunionnais peuvent paraître éloignés, mais cette rencontre musicale a priori bien improbable s’est vite avérée fascinante. Les hommes d’Acquaviva apportant à Danyèl leur travail sur le plan des voix et de l’harmonie, Danyèl offrant de son côté sa parole et ses rythmes.
Danyèl, auréolé de sa chevelure flamboyante, entame le concert par deux morceaux rythmés par les percussions. Puis les sept chanteurs corses entrent en scène et entonnent L'Invitu tiré de Médée. Quoi de plus étranger à la tradition du maloya que ce poème antique ? Mais, le contraste est vite estompé par la reprise avec percussions du passage "Ribombinu puru i scacani", car cette petite ritournelle se prête merveilleusement au rythme et à la danse. Chacun raconte son île, l’autre écoute et accompagne. On retiendra particulièrement un émouvant échange entre A paghjella di l’impiccati et une sorte de blues chanté par Danyèl. Bien que les styles soient éloignés, les émotions se marient. Une monodie chantée par Jean-Luc rejoint par Danyèl, Meditate accompagné au kayamm et au bob, puis c'est la danse et la transe, Po mwin Bondyé, Adekalom… Le plaisir qu’éprouvent les musiciens à être ensemble est palpable, et communicatif ! Le public leur réservet une longue ovation. En dernier rappel Danyèl entonne… A merula. Concert sublime, énergie et intensité énormes : une rencontre au plein sens du terme.
Car une rencontre musicale ne pourrait aboutir si elle était juste l’idée d’une maison de disques. Ici, comme toujours avec A Filetta, c’est la rencontre humaine qui prime. Chez les deux groupes, le même refus des concessions, des stratégies commerciales, la même cohérence entre les hommes et leur discours. Car si Acquaviva et A Filetta ont été séduits par la voix et la musique de Danyèl Waro, ils l’ont été avant tout par sa personnalité. Waro chante, en créole, l’amour de sa terre et de ceux qui y vivent, mais aussi sa colère face aux abus du passé, et aux injustices du présent. Danyèl Waro et A Filetta se retrouvent donc sur une revendication identitaire, relative notamment à la langue et au chant. Si l’histoire et la situation respectives de la Corse et de la Réunion sont très différentes, les deux îles se rejoignent sur les rapports difficiles qu’elles entretiennent avec la métropole/continent. Longtemps langue créole et langue corse ont été dédaignées, traitées avec mépris par les Français et les élites locales. De même que le chant polyphonique fut à une certaine époque considéré avec dédain comme un chant de bergers illettrés, jugé trop rugueux, trop archaïque, qualifié même de « chant arabe », le maloya fut longtemps occulté, voire interdit, par l'administration coloniale française. Tout comme la polyphonie corse avant le Riacquistu, le maloya avait quasiment disparu avant d'être redécouvert et mis à l'honneur dans les années 1970 par des auteurs-compositeurs tels Firmin Viry et Danyèl Waro.
L’insularité est un autre point commun, qui implique une certaine façon de penser la terre, leséléments et surtout son rapport à l’Autre. Sur ce point le discours de Waro sur la « bâtarsité » correspond parfaitement aux convictions des membres d’A Filetta : La pureté n’existe pas. Un bâtard, c’est à l’origine quelqu’un qui est sorti de sa communauté par amour. Etre bâtard, c’est avoir une culture de la différence et éprouver la nécessité de s’ouvrir à soi-même pour s’ouvrir aux autres. Ainsi, Waro et A Filetta se rejoignent totalement sur la tradition : il ne s’agit pas de maintenir une tradition, encore moins de s’y enfermer, mais de la faire vivre en s’ouvrant au monde et en avançant.
Militants sans être jamais inféodés à une chapelle, Jean-Claude Acquaviva et Danyèl Waro sont avant tout des hommes libres, des résistants, des défenseurs de leur langue, des poètes… Leur démarche est semblable : ayant privilégié dans un premier temps l’indispensable prise de conscience politico/culturelle et la réappropriation de la mémoire, chacun s’est très tôt ouvert vers l’extérieur pour proposer au monde un chant sans frontières, mais non sans racines.
Fruit de cette rencontre, une version modifiée de Meditate, enregistrée par Armand Luciani lors du concert d'A Filetta & Danyel Waro du 13 octobre 2011, lors des Musicales de Bastia.
Octobre 2006, « L’Aghja », un petit théâtre ajaccien fête ses 20 ans. Pour l’occasion, Francis Aïqui, son directeur, metteur en scène et passionné de jazz, décide de réunir jazzmen et polyphonistes corses.: Autre rencontre miraculeuse, c'est celle du trompettiste sarde Paolo Fresu et du bandonéiste italien Daniele Di Bonaventura. Un premier projet, Mistico Mediterraneo, présenté aux Rencontres de Calvi, donnera lieu à un disque enregistré chez ECM en 2010.
Après ce succès et quelques dizaines de concerts, tous décident de poursuivre la route commune. Cette fois, il s’agit d’un travail musical et vocal ayant pour thème les regards croisés de deux hommes, deux insulaires, deux êtres d’exception ayant marqué le 20ème siècle : Aimé Césaire, écrivain, poète, dramaturge d’origine martiniquaise et Jean Nicoli, enseignant, résistant, exécuté en 1943 à Bastia par l’occupant fasciste italien. En commun, ces deux hommes ont leur engagement politique, leur humanisme notamment à travers leur jugement sur le colonialisme.
Voix, trompette et bandonéon, à nouveau entrelacés, pour ce "Danse mémoire danse", pour que corses et italiens, ensemble, célèbrent de lumineux penseurs ayant largement contribué à forger l’identité et l’histoire mouvementée de nos territoires.
Nous avons eu la chance d'entendre à plusieurs reprises ce nouveau répertoire en concert (en 2014 à Cologne et aux Rencontres de Calvi, puis en 2016 au Mans et à Rouen), et un disque a finalement été enregistré; produit par DEDA/A Filetta, Tǔk Music/Paolo Fresu et Daniele Di Bonaventura, il est sorti en avant-première en Corse en juillet 2017 avant sa sortie au niveau national et international en octobre 2018.
Nouvelle rencontre avec la jazz, celle d'Andy Emler. Invité aux Rencontres de Calvi en 2017, le pianiste propose en 2019 une rencontre inédite entre deux univers de tradition orale : le jazz et les polyphonies corses. Cette création expérimentale et novatrice intitulée "The Wake-up Call" est une suite composée par Andy Emler pour un quartet spécialement réuni pour l'occasion autour des voix d'A Filetta, avec Laurent Dehors (cornemuse, clarinette, clarinette basse), Claude Tchamitchian (contrebasse) et François Verly (percussions). vieux complices de toujours.
Une étape de plus dans le cheminement d'A Filetta : très schématiquement, dans Mistico mediterraneo et Danse mémoire danse, les compositions étaient pour la plupart signée Jean-Claude Acquaviva ; les deux merveilleux musiciens que sont Paolo Fresu et Daniele di Bonaventura s'inséraient dans les espaces disponibles. Ici, c'est le jazzman qui compose et ce sont les voix qui s'insèrent dans l'univers musical d'Andy Emler.
Présentée en avant-première aux Rencontres de Calvi 2019, elle sera jouée officiellement le 28 septembre 2019 au musée des Confluences de Lyon. Nous avons eu la chance d'assister au concert suivant à Paris au Pan Piper le 13 mars 2020, juste à la veille du premier confinement Covid. Un grand souvenir !
D’un côté la voix captivante et feutrée de Fadia Tomb El-Hage, de l’autre celles d'A Filetta.
Réunis pour la première fois par le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui pour son spectacle Puz/zle présenté en 2012 dans le In du Festival d’Avignon, c’est à la demande d’un autre festival, celui d’Ile-de-France, que les artistes ont imaginé cette version concert.
Le chant a capella y apparaît dans toute sa pureté. Chants profanes ou sacrés, interprétés en corse, en arabe ou en syriaque, ils font se rejoindre deux univers et deux traditions musicales dont l’osmose résulte d’une grande écoute et d’une parfaite complémentarité entre les interprètes.
Si chacun d’entre eux garde sa spécificité, ces conversations ouvrent des espaces imaginaires qui doucement se dessinent à travers les mélismes des voix et la fusion des timbres.
De cette rencontre naissent une symbiose unique, une polyphonie limpide, une harmonie intemporelle et poétique rassemblant dans un même élan répertoires corse et oriental.
« A Filetta, c’est un groupe polyphonique qui chante d’une seule voix, quant à Fadia, seule, elle chante comme tout un chœur. Lorsqu’on les écoute ensemble, on a l’impression d’entendre la planète tout entière »
Sidi Larbi Cherkaoui
En 2018 A Filetta retrouve Orlando Forioso pour un nouvel opéra contemporain, "Ulysse sans Terre". Sur des compositions de Jean-Claude Acquaviva, on retrouve Fadia Tomb El-Hage dans le rôle de Pénélope) et deux jeunes chanteuses corses : Diana Saliceti (Calypso) et Lea Antona (Nausicaa).
Après Sophocle, Joyce, en passant par Platon, Virgile ou plus près de nous, Giraudoux, Giono, ou Kazantzakis, c’est Orlando qui nous raconte l’intrigant protagoniste de l’Odyssée, Ulysse. Un héros ? Un guerrier ? Un assassin ? Un hâbleur ? L’homme de toutes les ruses et de toutes les femmes ? Ou...un migrant ?
Dans un aller-retour permanent entre Thèbes autrefois et Bastia aujourd'hui, cette relecture de la tragédie de Sophocle entremêle de manière fine et sensible, théâtre et chant, langues corse et française. Et questionne avec force les motifs de la peur et de la figure de l'étranger, instrumentalisés lors de crises politiques, hier autant qu'aujourd'hui...
Des gens de Bastia réunis aujourd'hui pour parler de Thèbes autrefois, au bord du chaos. Quelque chose d'achevé et d'inquiétant plane. On sent comme une menace informe. On chuchote. Œdipe questionne sans cesse, poussé par la tension entre ce qu'il va pressentir de plus en plus, puis découvrir, et ce qu'il voudrait à tout prix voir contredit. Nous n'assistons alors plus seulement au combat d'un seul homme, mais à l'effort extraordinaire et profondément intranquille de toute une population pour tenter d'échapper au pire...
Ce projet de monter Œdipe Roi à la lumière de la société corse, l'auteur, metteur en scène et comédien Noël Casale le porte en lui depuis longtemps. En novembre 2018, il entame un atelier de recherche théâtrale avec des habitantּs de Bastia pour agiter ces questions sociales, politiques et culturelles. Le projet prend corps avec l'acteur Yann Boudaud, singulier Œdipe, et l'ensemble polyphonique A Filetta, magnifique passeur entre le monde d'hier et celui d'aujourd'hui, dont le chant participe à la mise en beauté du monde.
Invité des Rencontres en 2019 (avec Ablaye Cissoko) avec son ensemble Constantinople, Kiya Tabassian revient en 2020 pour une collaboration avec A Filetta. Clair-obscur est une suite poétique et mélodieuse absolument envoûtante.
Dans ce répertoire commun, les deux formations s’associent pour créer un tableau sonore où virevoltent lumière et obscurité. La polyphonie corse d’A Filetta ainsi que les chants et la musique savante persane, orchestrés par Kiya Tabassian, se donnent rendez-vous pour un concert bouleversant.
La 32e édition des « Rencontres de chants polyphoniques » de Calvi a vu naître, entre l’un des plus grands groupes de création polyphonique, A Filetta, et le chanteur hypnotique Abdullah Miniawy accompagné par Peter Corser au saxophone, une rencontre qui fera certainement date.
Une incroyable alchimie entre des artistes dont le parcours révèle la curiosité et la volonté de donner à leur musique, toutes les couleurs du partage ! Une étrange osmose faite de voix qui semblent venues du fond des âges pour tisser à ce carrefour qu’est la Méditerranée éternelle de nouveaux rêves, de nouvelles sonorités tout en se faisant l’écho d’antiques civilisations issues de l’Orient profond. Des souffles et des timbres qui semblent s’être entendus et mêlés par-delà montagnes et déserts, depuis des temps immémoriaux… De ce moment qui vibre encore dans les cœurs, est née l’envie d’aller plus loin pour faire émerger un métissage nouveau fait d’abandons tout autant que de conquêtes ; un chant nouveau, viscéral et généreux où chacun existe parce que tous embrassent et approuvent.
Co-production : Festival Les Traversées - Abbaye de Noirlac, Centre Culturel de Rencontre, Bonlieu - Scène Nationale Annecy, Cité de la Musique de Marseille, Théâtre de Cornouaille – Scène Nationale de Quimper, Maison de la Culture de Bourges - Scène Nationale, Rencontres de Chants Polyphoniques de Calvi, Centre Culturel Natale Rochiccioli – Cargese, Théâtre de Propriano
Quelles sont les bases de recrutement du groupe ? La passion pour cette forme d’expression, bien sûr ; la qualité de la voix, évidemment ; mais aussi et peut-être même avant tout quelque chose d’indéfinissable, mélange de solide amitié et de respect profond de l’autre.
La polyphonie, c’est la rencontre de différentes voix dans une harmonie parfaite. Je ne prétends pas que nous atteignons toujours cet objectif vers lequel nous tendons. Mais je suis certain que, pour y parvenir, une parfaite osmose entre tous les intervenants est indispensable. » (Jean Sicurani)Plus quatre musiciens ayant accompagné le groupe durant
quelques années
sur les tournées "Una tarra ci hè" : Anne-Lise Herrera , Isabelle
Escanez ,
Jean Michel Giannelli et Paul-Antoine de Rocca Serra.
16/11/2019
A l'occasion de la création d'œdipe Roi, CNI a rencontré Jean-Claude Acquaviva, fondateur du groupe A Filetta qui a créé les chants polyphoniques de cette adaptation.
A Filetta s'est depuis toujours profondément investi dans la vie locale. En témoignent non seulement l'action accomplie avec U Svegliu Calvese autour de la Passion, du Via Crucis et des Rencontres Polyphoniques, mais également tout le travail accompli avec le milieu éducatif à travers des interventions dans les écoles et les spectacles Il Gioco di Robin e Marion et La Grammaire de l'imagination. On retiendra aussi le projet "creazione, canti e incontri" réalisé avec le centre culturel "Una Volta" de Bastia, autour d'un travail pédagogique vers les enfants avec le groupe Soledonna.
Qu’ils chantent les choeurs antiques de Médée ou écrivent pour
Bruno Coulais, l’âme de leur polyphonie est toujours au rendez-vous.
Héritier d’une tradition forte mais intéressé au mouvement du monde,
l'ensemble A Filetta n’est pas de ces formations ancrées dans le passé.
"Avec une rigueur toujours plus sûre, A Filetta va de concerts
en disques imposer une vision tout à la fois ardente et sereine des
chants sacrés et profanes qui constituent peu à peu son
répertoire. Chants de tradition et de création se mêlent, hymnes à la
langue et à la culture de l’île, mais aussi appels vers
d’autres horizons. (Philippe-Jean Catinchi)
La radio suisse RTS, dans l'émission La note bleue, proposée par Yvan Ischer avec la collaboration régulière de Vincent Zanetti, a diffusé dimanche 30 septembre 2018 des extraits d'anciens concerts d'A Filetta.
Il s'agit de concerts enregistrés le 22 septembre 2002 (Médée) et le 23 septembre 2007 dans le cadre des Notes dʹéquinoxe de Delémont.
Deux documents essentiels retracent l'itinéraire d'A Filetta :
Tout d'abord, le documentaire exceptionnel "
Trent'anni pocu, trent'anni assai" réalisé en 2008 pour la magazine "Ghjenti" de France 3 Corse par Cathy Rocchi.
Ce film de 78 minutes a été publié par Harmonia Mundi dans un coffret DVD contenant aussi un "concert privé" à l’oratoire St Antoine de Calvi, un bonus video de 8 titres ainsi qu'un bonus de 8 titres audio (plus de précisions en page discographie).
http://www.afiletta.com
Pour joindre directement A Filetta :
Contact A Filetta :
contact.afiletta@gmail.com
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Repères chronologiques : A Filetta de 1978 à aujourd'hui
Parole : Les mots d'A Filetta (interviews, entretiens…)
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