Note : Les collaborations d'A Filetta
aux musiques de film de Bruno
Coulais (en italique dans la liste ci-dessous) sont sur la page dédiée à ce compositeur.
Voir
également les vidéos en bas de page.
2023 : I Balconi
2017 : Danse Mémoire Danse
2015 : Castelli
2013 : Puz/zle
2012 : Pè a scusa
2011 : Di Corsica riposu - Requiem pour deux regards
2011 : Mistico mediterraneo
2009 : Trent'anni pocu, trent'anni assai (DVD)
2008 : Bracana
2006 : Medea
2005 : Liberata
2003 : Si di mè
2002 : A Filetta, voix corses (DVD)
2002 : Intantu
2001 : Le Peuple migrateur (B.O., voir la page consacrée à Bruno Coulais)
2000 : Le Libertin (B.O.)
2000 : Comme un aimant (B.O.)
1999 : Himalaya : L'Enfance d'un chef (B.O.)
1998 : Don Juan (B.O.)
1997 : Passione
1995 : A Filetta en concert (VHS)
1994 : Una tarra ci hè
1992 : Ab'eternu
1989 : A u visu di tanti
1987 : Sonnii Zitillini
1987 : In l'abbriu di e stagioni
1984 : Cun tè
1982 : O'Vita
1981 : Machja n’avemu un altra
1 - Valentina (Marcellu Acquaviva - Jean-Claude Acquaviva)
Un texte pudique et délicat pour évoquer Valentina, disparue à 25 ans, chanté par Jean-Claude.
2 - Scarsa (Jean-Claude Acquaviva)
Paul entonne le chant bientôt rejoint par Petr'Antò puis par les autres chanteurs. "Rare et printanière s'éveille la première étoile..."
3 - Caprunale (Petru Santucci - Jean-Claude Acquaviva)
Une belle intro de guitare puis la voix de François pour évoquer le col de Caprunale, étape de la transhumance entre le Falasorma et le Niolu.
Une suite à A Muntagnera !
4 - M'innamuru (Jean-Claude Acquaviva)
Très beau chant d'amour en forme de dialogue entre Paul et Petru Antò. Magnifique !
5 - Quallà (Marcellu Acquaviva - Jean-Claude Acquaviva)
Théâtre de conquêtes, route des héros de Rome, de Carthage et de Gênes, la Méditerranée est hélas aujourd’hui le triste décor de la plus sinistre
des odyssées…
Petru Antò chante la Méditerranée, chargée d'histoire et tombeau des migrants. "Là-bas, c'est ici".
Une belle écriture qui rappelle Laurent Gaudé, à qui l'on doit, outre la préface, trois beaux textes de pochette : "A nos noces", "Le fils de loin" et "Le pacte".
6 - Prelume (A Dora) (Marcellu Acquaviva - Jean-Claude Acquaviva)
En quelque sorte un écho à Valentina, ce "pressentiment" chanté par François évoque la frontière entre le vivant et ce qui ne l'est plus.
Un chant très doux avec un subtil arrangement des voix.
7 - A' fà ci virtù (Jean-Claude Acquaviva)
Le morceau le plus entraînant du disque. "Tu es l'autre moi, et moi l'autre toi". On apprécie le beau timbre de Jean-Do.
8 - U saltere (Marcellu Acquaviva - Jean-Claude Acquaviva)
Un texte qui dit ce qui fut fait et ce qui fut désir, qui nous confronte à notre destin commun, qui invite à la résilience inéluctable et à
l’espoir néanmoins : « Sarà bughju maiò voltu l’eternità, ma qualchì luce sempre ti darà(nu) un alloghju. »
A l'heure de ta mort, l'alphabet gravé à l'entrée du tombeau te fera reconstituer le livre de ta vie, chante Jean-Claude.
9 - U cecu di Buenos Aires (Marcellu Acquaviva - Jean-Claude Acquaviva)
Dédié à Jorge Luis Borges, révéré par les deux auteurs Marcellu et Jean-Claude, ce morceau s'ouvre avec la voix de Maxime, bientôt rejoint par Paul et les autres.
Les thèmes chers à l'écrivain argentin sont tous présents : Homère, l'Argentine, les miroirs, le labyrinthe, la bibliothèque, le temps...
10 - A' a sbunurata (Marcellu Acquaviva - Jean-Claude Acquaviva)
L'harmonie de la nature au lever du soleil chantée par Petru Antò.
11 - A vuciata (Marcellu Acquaviva - Jean-Claude Acquaviva)
La rumeur, elle va virevolte... et se renouvelle ! Un air chanté par Jean-Claude, avec des interventions un peu jazzy des chanteurs.
12 - Sponde vele (Jean-Claude Acquaviva)
Ce texte sur le Cap Corse a été écrit par Jean-Claude; Il est chanté par Jean-Do, Petru Antò concluant sur "Sponde vele, Belle l'onde"
Ce disque est dédié à la mémoire d'Antò Chauvy-Acquaviva et Antò Sicurani, "nos étoiles balanines"
Tout d'abord, pourquoi ce titre ? Les balcons, ce sont ces endroits ouverts sur l'extérieur, d’où l’on decouvre que l’on n’est pas seuls.
Et aussi peut-être parce que le premier morceau, Valentina, commence par "U ghjornu hè per scalà à i vechji balconi".
Au printemps 2020, le confinement a interrompu les déplacements, les concerts et les répétitions. C'était l'occasion pour le groupe de mûrir
le projet musical d'I Balconi.
Jean-Claude pensait depuis longtemps à un disque de chansons, car en polyphonie, il est parfois difficile de comprendre le texte tant il est éclaté sur les diverses voix.
Dans I Balconi, la polyphonie est discrètement présente et les voix sont au service du texte. Une seule guitare, à l’écriture soignée
mais dans un grand dépouillement, contribue à donner à l’ensemble un format de chanson.
Du coup, on apprécie d'autant mieux les textes magnifiques des deux frères, Marcellu et Jean-Claude, et celui de Petru Santucci (Caprunale)
Des textes qui parlent de notre humanité : l’amour, la mort, la resilience, notre histoire, nos utopies...
Peut-être moins immédiatement accessible que Una Tarra c'Hè, ce disque est empreint de gravité mais dépourvu de tristesse. Il a le grand mérite de faire découvrir les voix des deux derniers arrivés dans le groupe, Petr'Antò et Jean-Do, sans oublier François déjà présent sur Danse Mémoire Danse.
Comme souvent avec A Filetta, chaque nouvelle écoute fait apprécier davantage chaque morceau, et notamment les arrangements vocaux très subtils. Vous l'aurez compris, ce disque m'accompagne quotidiennement !
"Valentina" (Marcellu Acquaviva / J.C. Acquaviva) :
Valentina, un hommage rendu à une jeune fille de 25 ans partie beaucoup trop tôt. Un texte qui dit le chaos et la course éternelle du soleil, l’espoir de voir la douleur et la souffrance mener un jour à l’apaisement.
Un premier article dans "Le Journal de la Corse":
Esce, in principiu di settimana, l’ultimu dischettu di u famosu gruppu A Filetta. Dodeci tituli chì trattanu di tematiche diverse, seie voce è, nuvità, una ghitarra…
Monda aspettatu in l’universu di u cantu corsu, « I Balconi », dischettu novu di u gruppu A Filetta esce in principiu di settimana. Un’idea nata in tempi di a crisa sanitaria. « Era un’epica d’angoscia, spiega Ghjuvan Claudiu Acquaviva, capimachja di u gruppu, avemu travagliatu nantu à canti novi senza sapè, à dilla franca, ciò chì ne devia sbuccà. E tematiche scelte sò intornu à l’amore è temi diversi di a sucetà d’oghje. »
Un viaghju musicale
« I balconi » si cumpone di dodeci tituli cù una particularità. S’elli ci sò sempre e voce pulifoniche di a squadra, sò purtate d’une sola ghitarra, à l’usu piuttostu classica. « Une vulintà, aghjusta u capimachja, s’hè imposta di manera naturale. Hè a prima volta, dapoi » Una tarra ci hè «, esciutu in u 1994, ch’è noi aghjustemu issu strumentu. Possu aghjustà dinù ch’ella ci hè una sumiglia cù a ghitarra di quellu dischettu. »
Da « Valentina » chì conta u percorsu d’una ghjuvanotta pertuta troppu prestu à « Caprunale » passendu per « Quallà », « I balconié invitu à un viaghju musicale, sempre intornu l’estru è a qualità artistica di u gruppu dapoi i so primi passi. A squadra, ella, hè stata appena scambiata. » Settanta cantadori sò passati in u gruppu dapoi « Machja n’avemu un’altra » in u 1981, aghjusta Ghjuvan Claudiu Acquaviva, certi sò stati qualchì settimana o mese, d’altri parechji anni ma u spiritu di u gruppu hè sempre statu i listessu. «
Una squadra di sei membri
Un gruppu chì fece, dopu à » Una tarra ci hè », a scelta di mettesi à a pulifunia, fendu un’alchimia trà u tradiziunale è pulifunia più muderna arradicata à i canti antichi, si cumpone oghje di sei cantadori. Certi, più anziani, anu decisu di « passà a manu » cum’è Ghjuvan Lucca Geronimi o Ghjuvanni Sicurani. D’altri sò ghjunti (Francè Aragni in u 2013, Petru Antò Casta in u 2019 è Ghjuvan Dumenicu Bianco in u 2019). Ghjuvan Claudiu Acquaviva, Paulu Giansily è Massimu Vuillamier sò i tè chì fermanu di a prima squadra. « Avemu seie voce ma circhemu sopratuttu à cantà à quattru o cinque parte musicale... »
Un spettaculu di veranu prussimu
Frà iss’alchimia, si pò trattà di canti cum’è « Sumiglia » (ab eternu in l’anni novanta), « Kyrie » o « Sub Tuum » (In tantu, anni dui milla…) arradicati à a tradizione. D’altri canti cum’è « a paghjella di l’impiccati » anu fattu a nuturietà di a squadra. Cù « I Balconi », u gruppu rinnova cù un strumentu, ma e voce stanu sempre à l’usu di a pulifunia tradiziunale. A Filetta hà girà cù issu dischettu novu, appruntendu un spettacculu di veranu prussimu. Frà tempu, u gruppu serà in Calvi issu 15 d’ottobre. L’occasione, nanzu à, forse, girate in u mondu sanu, di sente isse voce magnifiche chì ci portanu aldilà d’una nota, d’una musica, ver di una dimensione spirituale…
Ph.P.
Jean-François Pacelli jfpacelli@corsematin.com
Publié le 17/10/23
Le groupe balanin n'avait plus enregistré depuis "Castelli" en 2015. Avec les 12 chansons d'"I Balconi", il revient aux origines, atténue la polyphonie au profit de chansons et donne surtout la voix aux jeunes, dans un esprit de transmission
Pour ses 45 ans d'existence, le groupe balanin A Filetta s'offre un nouvel album, I Balconi, présenté en avant-première aux Rencontres de chant polyphonique de Calvi. Huit ans après la sortie de son dernier opus, Castelli, la formation menée par Jean-Claude Acquaviva opère un retour aux sources. Ou plutôt un retour aux chansons, une unique guitare pour instrument, et une polyphonie à six voix, atténuée au profit des textes.
"En polyphonie, le texte est éclaté sur les diverses voix et c'est vrai que les auteurs nous en font parfois le reproche, note Jean-Claude Acquaviva. Ils ont raison, le texte est peu audible derrière la polyphonie. Dans I Balconi, nous chantons davantage un texte qu'une polyphonie, l'arrangement vocal est assez discret. C'est un retour à la simplicité, un grand dépouillement. Après, il faut pouvoir le porter sur scène. C'est l'inconnue. Le public qui nous connaît depuis 30 ans dans un répertoire polyphonique, va-t-il accrocher ?"
Au printemps 2020, la crise sanitaire a interrompu les déplacements, les concerts et les répétitions. Confiné, même à distance, le groupe a eu le temps de mûrir le projet musical d'I Balconi. Ses douze chansons écrites par Marcel Acquaviva, Jean-Claude Acquaviva et Pierrot Santucci, évoquent l'altérité, le contemplatif, le Cap Corse et son parc marin, l'amour, la poésie argentine, la rumeur, ou encore la transhumance par Caprunale.
"I Balconi, les balcons, ce sont les appendices de nos demeures sur lesquels on est à la fois chez nous et connectés à l'extérieur, reprend Jean-Claude Acquaviva. Lorsque nous étions confinés, privés de liberté, nos balcons permettaient de discuter avec nos voisins, de chanter. Pour nous, c'est le retour de l'air, de la lumière, du contact avec les autres. On a trouvé cela intéressant de retenir cette idée d'un cheminement de l'obscurité à la lumière."
La transmission d'une culture vocale
Le nouvel album d'A Filetta fait écho aux opus des années 1980 avec des chansons mythiques comme A Muntagnera ou le Pagliaghju d'Ostriconi. À l'époque, enregistrer des albums de polyphonies était un pari audacieux car novateur. A Filetta a construit son succès international grâce à ce registre, à partir de 1989.
Depuis sa formation en 1978, une soixantaine de chanteurs est passée par A Filetta.
Certains ne sont restés que quelques mois, d'autres sont toujours là. Le collectif s'est nourri de l'apport de chacun et vice versa. Avec le recul de ses 45 ans d'âge, la formation a été une sorte d'école du chant corse, avec l'exigence et la qualité que requiert le monde professionnel.
"C'est important de se renouveler, estime Jean-Claude Acquaviva. Cela ne fait que renforcer cette idée qu'A Filetta est une construction pérenne. A Filetta a sa vie propre, elle a ses ambitions, ses rêves, ses pratiques, et petit à petit, les gens passent par ce groupe. Maxime, Paul et moi approchons de la soixantaine. Il est vrai aussi que nous voyons arriver avec plaisir des jeunes qui adhérent à cette musique. Ce n'est pas toujours une musique facile. Ce sont parfois des musiques intimistes, ce n'est pas toujours spectaculaire, ni très éclatant. De voir que des jeunes sont là, c'est une satisfaction. On se dit qu'il y a encore des gens pour la porter, la perpétuer."
Le Bastiais Jean-Dominique Bianco est le dernier des six membres à avoir intégré le groupe. Il l'a rejoint grâce au concours de son ami Petru-Antò Casta, dans la formation depuis 2017. Pour les deux trentenaires, cet album est donc le premier.
"A Filetta cherchait un chanteur à la suite du départ de Jean Sicurani, relate Jean-Dominique Bianco. J'étais à l'époque en duo avec Jean-Vincent Servetto. J'étais déjà passionné de polyphonies, et ayant déjà interprété plusieurs morceaux d'A Filetta, j'ai sauté sur l'occasion. J'ai été accueilli de la plus formidable des manières. Tout le monde m'a mis à l'aise, cela s'est fait de façon naturelle."
Ancien agent de la fonction publique territoriale, Petru-Antò Casta apprécie toujours autant sa vie de chanteur professionnel. "Sortir enfin un album, c'est un plaisir que je n'avais encore jamais connu malgré sept années au sein du groupe. Mes débuts avec A Filetta, c'était à la suite d'un post sur Facebook, le groupe cherchait un chanteur, moi je voulais changer d'activité professionnelle. J'ai franchi le pas et j'espère faire cela le plus longtemps possible. Il faut être disponible et impliqué, composer avec des déplacements fréquents, ce n'est pas qu'un amusement."
Le plus ancien des jeunes, c'est François Aragni, membre de l'ensemble depuis dix ans : "Je suis rentré parce que Jean-Claude m'a contacté, il savait que j'aimais A Filetta. Il m'a demandé si je voulais intégrer le groupe, j'étais électricien, j'ai dit : ''Pourquoi pas tenter l'aventure.'' J'avais déjà participé à des albums, notamment avec Vitalba, groupe dont je faisais partie depuis le début."
De solides piliers et du sang frais. C'est ainsi que la formation musicale balanine perpétue une tradition du chant corse, devenue populaire au-delà des frontières de l'île. Tant que la transmission fonctionnera, l'avenir est assuré.
I BALCONI chroniqué sur ORF, la radio nationale autrichienne !
Merci à Albert Hosp pour l'intérêt porté à ce nouvel album.
Emission disponible via ce lien et reproduite ci-dessous :
28. November 2023, 17:30
A Filetta, eines der ältesten und nach wie vor besten Vokal-Ensembles aus Korsika, hat ein neues Album herausgebracht: I Balconi. "Wenn wir auf unsere Balkone hinaustreten", schreibt Bandleader Jean-Claude Acquaviva, "machen wir den ersten Schritt aus unseren abgeschlossenen und abgezirkelten Welten hinaus". Ein Balkon ermöglicht den schnellen Blick ins Weite, oder, wenn er im Getümmel der Stadt keine Fernsicht ermöglicht, wenigstens die Gewissheit, dass wir nicht allein sind.
Die Spielräume ermöglichen stets gute Aussichten, also treten neben den erfahrenen Korsen einige Kolleg:innen aus Senegal und Bolivien auf den Balkon, um ihre gleichfalls neuen Tonträger zu präsentieren.
Mit A Filetta, Maher Cissoko und Los Ruphay
Playlist
Komponist/Komponistin: Mario P.Gutiérrez
Album: Kimsa Pachanaka - The Three Seasons Of The Andes
Titel: Phulurunas
Ausführende: Los Ruphay
Länge: 03:35 min
Label: ARC Music EUCD2965
Textdichter/Textdichterin, Textquelle: Marcello Acquaviva
Komponist/Komponistin: Jean Claude Acquaviva
Album: I Balconi
Titel: U cecu di Buenos Aires
Ausführende: A Filetta
Länge: 04:28 min
Label: DEDA 45410011
Textdichter/Textdichterin, Textquelle: Marcello Acquaviva
Komponist/Komponistin: Jean Claude Acquaviva
Album: I Balconi
Titel: A´ a sbunurata
Ausführende: A Filetta
Länge: 03:31 min
Label: DEDA 45410011
Komponist/Komponistin: Maher Cissoko
Album: Kora World
Titel: Sunset
Ausführende: Maher Cissoko
Länge: 04:00 min
Label: ajabu 53
Komponist/Komponistin: Mario P.Gutiérrez
Album: Kimsa Pachanaka - The Three Seasons Of The Andes
Titel: aus: Lupi Pacha
Ausführende: Los Ruphay
Länge: 02:00 min
Label: ARC Music EUCD2965
Textdichter/Textdichterin, Textquelle: Marcello Acquaviva
Komponist/Komponistin: Jean Claude Acquaviva
Album: I Balconi
Titel: Valentina
Ausführende: A Filetta
Länge: 03:20 min
Label: DEDA 45410011
Produit par DEDA/A Filetta, Tǔk Music/Paolo Fresu et Daniele Di Bonaventura.
Sortie en avant-première en Corse : début juillet 2017
Sortie au niveau national et international prévue à la rentrée 2018
Que peuvent bien avoir en commun Aimé Césaire, immense poète et dramaturge martiniquais figurant au Panthéon des personnalités ayant fait le XXème siècle, homme politique important (maire de Fort-de-France et député de Martinique) formé aux grandes écoles de la République et Jean Nicoli, modeste instituteur ayant enseigné dans le Haut-Sénégal (l'actuel Mali) à la fin des années 20 avant de rentrer en Corse pour y devenir l'un des chefs de la résistance durant la seconde guerre mondiale ?
Rapprocher ces deux penseurs lumineux empreints d'humanisme, c'est tout simplement une volonté affirmée de rappeler encore et encore que derrière la grandeur de ces hommes que l'on se plaît à célébrer pour leurs engagements et leur sacrifice, il y a l'idée pour et par laquelle ils vivent et meurent : celle d'un monde plus juste, plus libre, plus respectueux des différences, plus équitable et plus solidaire.
Nous avons demandé à des auteurs corses d'aujourd'hui d'être, par leur plume, à la confluence de la pensée de ces bâtisseurs que furent Nicoli et Césaire, pour nous éclairer sur leurs parcours idéologiques, philosophiques mais aussi poétiques.
Corses et italiens, polyphonistes et jazzmen, tous musiciens enracinés, voix, trompette et bandonéon, voulons mettre en relief les idéaux mais aussi les rêves de ces « princes des nuées » en proposant une musique métissée qui n'est celle de personne précisément parce qu'elle est celle de tous.
Nous avons eu la chance d'entendre à plusieurs reprises ce nouveau répertoire en concert (en 2014 à Cologne et aux Rencontres de Calvi, puis en 2016 au Mans et à Rouen) et étions très impatients d'en avoir un enregistrement. C'est chose faite pour ceux qui se trouvent en Corse (ou qui y ont des amis), le reste du monde devra encore patienter un peu plus d'un an si mes informations sont exactes !
Tout d'abord un petit rappel s'impose : Octobre 2006, « L'aghja », un petit théâtre ajaccien, fête ses 20 ans. Pour l'occasion, Francis Aiqui, son directeur, metteur en scène et passionné de jazz, décide de réunir jazzmen et polyphonistes corses : c'est la rencontre entre A Filetta d'une part et Paolo Fresu, André Jaume, Daniele di Bonaventura et Philippe Biondi ; un vrai coup de foudre qui donnera naissance au projet « Mistico mediterraneo » avec Paolo et Daniele. Après ce succès et quelques dizaines de concerts, tous décident de poursuivre la route commune. Cette fois il s'agit d'un travail musical et vocal intitulé « Danse, Mémoire, Danse ». Ajoutons que Paolo et Daniele continuent depuis lors leur collaboration, leur duo ayant enregistré « In maggiore ».
Ce nouveau disque, qui porte en exergue les paroles de Primo Levi : "Se comprendere è impossibile, conoscere è necessario", est un jalon très important dans les trente-neuf années d'existence du groupe.
Tout d'abord, sur le plan musical, nous avons ici plus qu'une rencontre, mais enfin la véritable création en commun que nous appelions de nos voeux après Mistico mediterraneo. Il faut dire qu'avec des créateurs de la trempe de Paolo Fresu et de Daniele di Bonaventura, il suffisait en quelque sorte d'attendre le moment opportun... De vraies compositions signées Paolo Fresu, Daniele di Bonaventura, Jean-Michel Giannelli et Jean-Claude Acquaviva autour de textes rédigés préalablement par Marcellu Acquaviva, Jean-Yves Acquaviva, Ghjuvanteramu Rocchi et Jean-Claude.
Les textes, justement, n'ont peut-être jamais eu autant d'importance. Nous avons là un disque politique au sens noble du terme. Lors de la présentation du disque, Jean-Claude disait "Mon rêve, c'est que les gens achètent cet album pour lire les textes". Les treize textes qui évoquent, à travers les vies de Jean Nicoli et Aimé Césaire, les valeurs humanistes et progressistes auxquelles le groupe est viscéralement attaché, sont magnifiques.
1 - I vostri sguardi (Marcellu Acquaviva/Paolo Fresu)
Dès ce premier morceau l'auditeur est soulevé de terre ! Un grondement de bandonéon introduit les voix qui exposent "les regards pénétrants" de ces deux personnalités ; au troisième couplet l'ambiance change avec l'arrivée "planante" de Paolo, puis, sur une douce syncope des voix et de la trompette, on quitte le sol, le rythme s'accélère pour revenir au thème initial. "Isulani, u mare ùn v'hà pussutu tene/In le rete di quelli ch'ùn sanu vede l'altru (Insulaires, la mer n'a pu vous enfermer dans ces filets qui séparent les hommes)"... Ces vers pourraient être également mis en exergue de l'album.
2 - Quellu chì
(Marcellu Acquaviva/Jean-Michel Giannelli)
"Celui qui fit un rêve", une musique de Jean-Michel Giannelli sur un texte de Marcellu Acquaviva, avec de beaux passages instrumentaux de Paolo et Daniele après le 2e couplet et à la fin du morceau.
3 - Sciume
(Jean-Claude Acquaviva/Jean-Michel Giannelli)
Les effets électroniques de Paolo bientôt rejoints par les voix introduisent Sciume (Ecumes), évoquant l'eau, l'océan, les îles, le doute, l'exil...
4 - U viandante
(Marcellu Acquaviva/Jean-Claude Acquaviva)
Un morceau très rythmé sur "l'homme errant" qui permet aux deux instrumentistes de se déchaîner sur la fin. Jamais la polyphonie corse n'a autant swingué !
5 - Da a pieve di Carbini (Marcellu Acquaviva/Daniele di Bonaventura)
Un texte magnifique dit superbement par Jean-Claude, évoquant, de Carbini aux noires Amériques, l'esclavage et le massacre de ceux qui ont su dire non. Au bout, l'espoir...
6 - In sempiterna (Jean-Yves Acquaviva/Jean-Yves Acquaviva)
A ses enfants, Jean Nicoli exécuté le 30 août 1943 par l'occupant fasciste, laissera ces quelques mots admirables :
« A mes enfants, Tout à l'heure je partirai. Si vous saviez comme je suis calme, presque heureux de mourir pour la Corse et pour le parti. Ne pleurez-pas, souriez-moi. Soyez fier de votre papa. Il sait que vous pouvez l'être, la tète de Maure et la fleur rouge, c'est le seul deuil que je vous demande. Au seuil de la tombe, je vous dis que la seule idée qui, sur notre pauvre terre, me semble belle, c'est l'idée communiste. Je meurs pour notre Corse et pour mon Parti »
Jean-Yves Acquaviva a su éviter la paraphrase en créant un poème qui reprend l'esprit de la lettre de Nicoli. Paolo et Daniele font un écrin au chant de François et des autres chanteurs pour ce morceau poignant.
7 - A mio pena s'hè mondu (Jean-Claude Acquaviva/Daniele di Bonaventura)
Sur une composition de Daniele au piano (son Kyrie eleison), un morceau recueilli. Daniele double au bandonéon et Paolo s'envole...
8 - Human (Paolo Fresu)
Le seul instrumental du disque, un duo trompette/bandonéon composé par Paolo.
9 - Vintera (Jean-Yves Acquaviva/Jean-Claude Acquaviva)
Le soleil après la tempête, un beau morceau sur l'espérance, quasiment sur un rythme de valse emmenée par le bandonéon de Daniele.
10 - Africa (Jean-Yves Acquaviva/Jean-Claude Acquaviva)
Stéphane introduit ce très beau chant sur l'Afrique "où naquit toute l'humanité".
11 - Fiori d'Algeria (Ghjuvanteramu Rocchi/Paolo Fresu)
En référence à Jean Nicoli, Ghjuvanteramu Rocchi, qui a été lui-même instituteur en Algérie, évoque, avec une humanité extraordinaire, les années passées là-bas, et des lendemains où "les enfants célèbreront avec ceux d'Algérie l'amitié et la joie et le chant".
12 - Un'antra isula (Jean-Yves Acquaviva/Daniele di Bonaventura)
Un morceau très dynamique (la Tarantella d'autunno de Daniele) sur deux îles, l'île paradisiaque et l'autre île, faite d'injustice et de racisme. Daniele est impérial au bandonéon, de beaux échanges avec Paolo.
13 - Alba impedita (Jean-Claude Acquaviva/Daniele di Bonaventura)
Un thème d'une extrême délicatesse (on reconnaît le Corale instrumental de Mistico mediterraneo) introduit par le bugle et le bandonéon puis repris par les voix qui s'enchevêtrent. Quelle beauté !
14 - La costruzione delle cose (Jean-Claude Acquaviva/Paolo Fresu)
Un morceau étonnant, le thème presque primesautier contrastant avec le texte "et dire qu'il n'y a pas très longtemps encore ici, battait la guerre".
Et sur les mots : "Et dire que si nous étions justes/L'horreur n'aurait jamais été" s'achève ce disque lumineux.
Ces premières impressions après trois écoutes ne sauraient épuiser le sujet tant il y aurait à dire sur ce disque exceptionnel. Il faut souligner encore une fois la beauté des textes (notamment ceux de Marcellu Acquaviva) et la richesse des arrangements, et en particulier l'immense intelligence musicale de Paolo et Daniele.
Danse Mémoire, Danse è il nuovo disco dell'ensemble corso A Filetta con Paolo Fresu e Daniele Di Bonaventura
“Raccontare, raccontare finché non muore più nessuno. Mille e una notte, milioni e una notte”.
Così scriveva l'Elias Canetti del Libro contro la morte, volume incompiuto, epigrammatico, “disordinato” e “minimo”, eternamente in fieri, scritto per i morti, di cui noi tutti inevitabilmente viviamo, per salvarli o sottrarli, ancora per qualche istante, dalle fauci ingrate dell’oblio; un libro scritto in buona parte per opporsi alla prevaricante violenza del potere, che afferma se stesso, annientando gli altri.
E raccontare, ricordare, rievocare, è proprio uno degli obiettivi di questo mirabile Danse Mémoire, Danse ad opera dello straordinario gruppo vocale polifonico corso A Filetta, di nuovo in collaborazione, dopo lo splendido e fortunato Mistico Mediterraneo (ECM Records, 2011), con il sempre più poetico e misurato Paolo Fresu alla tromba, al flicorno e agli effetti, oltre che alla produzione (lirici, luminosi, radianti e fantascientifici i suoni dei suoi calibrati ottoni), e l’ottimo Daniele Di Bonaventura alle orchestrali morbidezze màntiche (non nel senso dell’antica arte della divinazione) del suo bandoneón.
Il primo dei due è Aimé Césaire (1913-2008), straordinario poeta surrealista e drammaturgo martinicano, discendente antillano caraibico di schiavi africani, politico importante – militante del Partito Comunista Francese, cha lascia dopo i fatti d’Ungheria del 1956 (c’erano già le condizioni per capire), deputato all’Assemblea Generale Francese, sindaco di Fort-de-France (capitale della Martinica) per quasi sessant’anni –, grazie al quale la Martinica diventerà nel 1946 un Dipartimento d'oltremare della Francia, così entrando a tutti gli effetti a far parte dell'Europa; autore di emblematici drammi e poemi, che hanno raccontato (come nel più noto Diario del ritorno al Paese natale del 1939) la drammatica sorte e le lotte degli schiavi nelle colonie francesi d’oltremare; ideatore (tra le due guerre) con il celebre politico ed intellettuale senegalese Leopold Senghor (il primo Presidente del Senegal libero e indipendente), conosciuto all'École Normale Supérieure di Parigi, del fondamentale concetto di “negritudine”, nozione che voleva comprendere e valorizzare, soprattutto agli occhi dei giovani studenti neri, i tanti valori spirituali, artistici, filosofici dell'Africa nera, continente dalle immense ricchezze storiche e culturali, non certo culla di una sorta di specie subumana, ma semmai terra ancestrale di tutti noi.
Un nobile tentativo, quello della “negritudine”, di mettere in evidenza tutta una serie di meriti e pregi (artistici, morali, intellettuali, culturali) specifici della razza nera (purtroppo si ragionava ancora in questi termini, o vi si era costretti), da contrapporre con orgoglio, ma senza spirito di rivalsa (in una logica di apertura tra i due mondi), al denigratorio ed ipocrita sguardo bianco.
Il secondo dei due è invece Jean Nicoli, che negli anni Venti del secolo scorso fu “semplicemente” un maestro elementare nell’Alto Senegal (l’odierno Mali), prima di tornare in Corsica (sua terra natale) e diventare uno dei capi della resistenza durante la seconda guerra mondiale.
Una meritoria attività “banditesca”, la sua, per la quale viene giustiziato il 30 agosto 1943 dall’occupante fascista, non prima di aver lasciato ai figli queste ammirevoli parole: "alle quattro verrò fucilato. Abbiate in mente un papà felice e sorridete con orgoglio per la strada. Muoio per la Corsica e per il partito. In segno di lutto portate entrambi una bella testa di Moro e un grande garofano rosso".
“È con un sospiro che me ne andrò, calmo e sereno, a navigare in altri mari, in altri cammini, in altri mondi, a cercare altre prove”, recitano le parole (tutte appositamente scritte da una serie di contemporanei autori corsi, ed espressamente dedicate alle due esemplari vicende biografiche) di uno dei momenti più coinvolgenti dell’album, il “lacrimosa” Per sempre.
Formatosi in alta Corsica nel 1978 in epoca di folk revival, su principale impulso del vocalist e compositore Jean-Claude Acquaviva, tutt’oggi leader dell’ensemble, il sestetto A Filetta è espressione profonda della tradizione musicale corale della piccola isola tirrenica, che si vuole francese e italiana, corsa ed europea, mediterranea e mondialista, non certo indifferente.
Nella loro ultra raffinata arte polifonica per sole voci maschili, complesso intreccio di voci basse, tenorili e a “chitarra”, c’è qualcosa di intensamente “antico”, quasi fervidamente e ieraticamente monastico, tardo medioevale (anche se ovviamente non stiamo parlando di canto monodico e nemmeno religioso in questo caso), e poi certo di rinascimentale, soprattutto di colto e popolare insieme; ed ancora, più in generale, potremmo dire che vi alberga un deciso carattere mediterraneo (nell’ambito di una sofisticata tecnica canora, che in alcuni momenti sfiora il sostenuto melisma, a riecheggiare è anche la pulviscolare Africa araba), tirrenico in specie (oltre che occitano): il trallalero ligure non sembra poi così lontano, così come i più “diseducati” cori provenzali (pensiamo al Corou de Berra), o ancora certi appassionati modi di portare il canto, che hanno contraddistinto e contraddistinguono alcune grandi voci del canto popolare sardo degli ultimi anni (pensiamo ad Andrea Parodi, Elena Ledda, Franca Masu) – ed è forse qui che si innesta alla perfezione il felice connubio con il gallurese, altrettanto isolano ovviamente, Paolo Fresu, jazzista finissimo, musicista a tutto tondo e di mondo, che però non ha mai voluto tagliare, e comprensibilmente, il cordone ombelicale, che lo lega indissolubilmente alla propria amata terra d’origine.
In una formula, gli A Filetta sono coraggiosi sperimentali innovatori e al contempo rigorosi custodi ed eredi della plurisecolare tradizione della polifonia corsa.
La straordinaria intonazione, la perfetta armonizzazione delle parti in stratificati castelli armonici, l’ordine formale, l’assoluto controllo e l’equilibrio d’assieme che i sei raggiungono, anche in fasi di più accentuata drammaticità, appartengono ad una colta ed antica scuola, che con le loro composizioni, in impeccabile ed intrepido equilibrio tra antichità e modernità, recuperano e reinventano ammirevolmente.
Una scuola che qui si apre ancor di più al mondo e alle sue tribolate vicissitudini (passate e presenti), armonizzando alla perfezione, nelle loro accezioni più ampie, jazz e polifonia, all’insegna di una cameristica ed elegante musica meticcia, che non è di nessuno, perché appartiene a tutti. “Corsari”.
Être profondément corse ne signifie pas ne voir que le bout du nez de son île. Depuis sa création à la fin des années 70, le chœur polyphonique A Filetta porte sur le monde un regard ouvert et attentif aux rêves et aux peines du reste du monde. Insulaires mais non pas solitaires, les chanteurs ont créé des alliances bien au-delà des eaux qui les entourent, le Réunionnais Danyel Waro ou les Japonais de Kodo ne sont que des exemples des artistes, étrangers à leur culture, avec lesquels ils firent un bout de chemin. Partenaires fidèles, le Sarde Paolo Fresu (trompette, bugle et effets) et l’Italien Daniele di Bonaventura (bandonéon, piano) partagent cette approche. Après de nombreux concerts et un premier album, Mistico Mediterraneo (2011) qui ont scellé leur l’amitié, les huit musiciens nous présentent une nouvelle création commune. Pour Danse mémoire, danse, ils s’appuient sur l’exemple et les écrits de deux hommes dont les vies se sont confondues avec leurs justes combats. Descendant d’esclave, homme politique et grand poète martiniquais, Aimé Césaire et l’instituteur, militant communiste et résistant corse Jean Nicoli ont dénoncé les méfaits de la colonisation et plus largement les excès des classes dominantes sur les populations dominées.
Écrits par des poètes corses contemporains, les 14 chants, ici assemblés, traduisent l’essence des engagements de ces deux hommes et en soulignent l’universalité. Ce nouveau répertoire s’ouvre sur I vostri sguardi (Vos Regards) dont les premiers vers sont « Vos regards pénétrants allaient bien au-delà que ce que l’homme voit, arrimé à son sort » et se clôt avec La Costruzione Delle Cose (la construction des choses) dont les derniers vers proclament : « Et dire que si nous étions justes, l’horreur n’aurait jamais été ».
Tout du long, l’équilibre entre la majesté des chants à six voix, le souffle aérien des cuivres et la poésie nostalgique du bandonéon tendent vers la perfection. Les compositions abouties, les arrangements recueillis, les timbres harmonieux offrent un espace de réflexion idéal au grand rêve humaniste qu’ils portent. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz
Eravamo già stati conquistati da Mistico Mediterraneo, l’album Ecm che univa il gruppo vocale còrso A Filetta alla tromba e al flicorno di Paolo Fresu e al bandoneon di Daniele di Bonaventura. Oggi fortunatamente la collaborazione si è rinnovata e Danse Mémoire, Danse è uscito anche in Italia dopo la realizzazione in Francia. Tre poli musicali con una sensibilità comune attraverso il lavoro sulle voci e sugli strumenti. L’ispirazione del disco è legata a due figure patriottiche come Aimé Cèsaire e Jean Nicoli, isolani orgogliosi e ostili al colonialismo con i versi in còrso e le musiche scritte da Fresu e Di Bonaventura.
Dal misticismo e dal mondo antico del disco precedente si passa a un' atmosfera attuale pur legata alla prassi secolare della polifonia dell’isola. Una prassi esecutiva quasi teatrale delle voci ben supportate dagli strumenti. A Filetta svetta con i suoi racconti in musica, ma Fresu e di Bonaventura sanno quando e come entrare nella costruzione dei brani: il risultato è una coesione delle tre eccellenze a partire dall’iniziale I vostri sguardi. Segnaliamo anche Sciume con l’elettronica a richiamare l’organo, il contrappunto di U Viandante, l’inno A mio pena s’hè mondu, Un’antra isula. Ma è tutto il progetto che funziona alla perfezione e che, impegni permettendo degli artisti, dovrebbe girare in molte tappe dal vivo.
Michele Manzotti
Danse Mémoire Danse è il secondo capitolo della collaborazione tra il gruppo polifonico corso A Filetta, il trombettista PaoloFresu ed il bandoneonista Daniele Di Bonaventura.
L’album arriva a 7 anni di distanza dal primo, uscito nel 2011 per la Ecm con grande rilievo in tutto il mondo. L’incontro tra Fresu e Di Bonaventura poi si svilupperà parallelamente fino ad arrivare alla realizzazione di In Maggiore, uscito nel 2015 sempre per la Ecm. E’ con grande soddisfazione che il progetto approda quindi alla Tǔk Music, nella sezione Tǔk Voice dedicata alle voci, e sarà pubblicato il 23 novembre.
Alla profonda dimensione spirituale che pervade Mistico Mediterraneo e i suoni della Corsica, del Mediterraneo e del continente africano si aggiunge questa volta una forte connotazione politica: Il disco è infatti dedicato a due figure di intellettuali che si sono battuti contro le ingiustizie: Aimé Césaire, poeta, drammaturgo e importante politico della Martinica, fu il primo ad usare il termine ‘negritudine’, e Jean Nicoli, maestro elementare in Senegal e rientrato in Corsica per unirsi alla resistenza. Due figure solo apparentemente lontane, entrambi isolani affezionati alla loro terra natìa e uomini del rifiuto: respingono chiaramente il colonialismo e le sofferenze inflitte ai più deboli. Comunisti, denunciano i misfatti del capitalismo che frantuma uomini e civiltà.
E’ intanto doveroso notare che nei precedenti dischi di Sade Mangiaracina (Le Mie Donne dedicato ad alcune coraggiose attiviste come Rosa Parks o Malala Yousafzai) e l’intenso Oltremare di Raffaele Casarano (con la splendida title track che parla di migranti e non solo), l’impegno politico e civile è divenuto una necessità e acquistato una presenza sempre più rilevante nella visione dell’etichetta Tǔk Music.
Corsi e italiani, polifonisti e jazzmen, tutti musicisti radicati, voci, tromba e bandoneon, concorreranno a mettere in risalto gli ideali ma anche i sogni di tali “principi dei nembi” proponendo una musica meticcia che non appartiene a nessuno perché, appunto, è di tutti.
L’opera di copertina è di Antònello Silverini, uno dei principali illustratori de La Lettura del Corriere della Sera e collaboratore de Il Sole 24 Ore, La Repubblica, Panorama, L’Espresso e The Boston Globe.
Ha realizzato copertine per Fanucci (Doris Lessing, Philip Dick), Einaudi (Ian McEwan) e locandine di film importanti (Viva la Sposa di Ascanio Celestini).
21 novembre 2018
Danse Mémoire Danse è il secondo album nato dalla collaborazione tra il gruppo polifonico corso A Filetta, il trombettista Paolo Fresu ed il bandoneonista Daniele Di Bonaventura, e sarà pubblicato il 23 novembre. Il disco è dedicato a due figure di intellettuali che si sono battuti contro le ingiustizie: Aimé Césaire, poeta, drammaturgo e importante politico della Martinica, e Jean Nicoli, maestro elementare in Senegal e rientrato in Corsica per unirsi alla resistenza.
L’ensemble vocal corse A Filetta, le trompettiste italien Paolo Fresu et le bandonéoniste/pianiste italien Daniele Bonaventura ont déjà collaboré en 2011 sur un premier album, intitulé Mistico Mediterraneo. Les voici de nouveau réunis pour célébrer la mémoire de deux grands hommes du XXème siècle : le Martiniquais Aimé Césaire, descendant d’esclaves, poète, dramaturge, homme politique, et le Corse Jean Nicoli, instituteur qui enseigna dans le haut Sénégal (actuel Mali) dans les années 20, avant de revenir en France et entrer en résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Les deux hommes ne se sont pas connus mais ils portèrent la même soif de justice, et prirent part à des combats similaires. Ils aimèrent notamment passionnément l’Afrique et condamnèrent les ravages du colonialisme.
Danse Mémoire, Danse leur rend hommage, et à travers eux, ravive l’idée d’un monde plus juste, équitable, parce que l’idée est fragile et tend trop vite à s’éteindre. Les voix du chœur A Filetta déchirent ces « filets conçus pour séparer les hommes » dans des chants bouleversants qui résonnent comme l’espoir de l’après tempête. Dans un très beau livret, les textes corses sont traduits en français, italien et anglais, pour une lecture complète de l’œuvre. « Toi le poète issu d’une lignée d’esclaves, et toi dont l’idéal fut le bonheur commun », « Bien qu’insulaires la mer n’a pu vous enfermer »…
Les instrumentistes soutiennent moins le chant qu’ils ne lui répondent, avec une sorte de délicatesse attentionnée. La trompette de Paolo Fresu vient s’étendre sur une rythmique vocale, le bandonéon de Daniele Bonaventura plante un décor, s’efface, puis se joint aux cordes vocales. Des silences ouvrent des voies d’improvisations, dont l’éclosion a quelque chose de gracieux. Le chœur reste le cœur de cette musique mélancolique, poignante, qui semble tournée vers l’horizon d’un paysage marin, ouvert, et porteur de toutes les espérances.
Le reportage de France 3 Via Stella (13 juillet 2017) ;
Sortie le 25 août 2015 (World Village WVF 479097).
Castelli...
Les châteaux…
Edifices du passé, lieux de mémoire dominant l’Histoire, mais aussi châteaux en Espagne, châteaux de sable ou de cartes… impermanence.
Ce nouveau CD, résonne comme autant de questionnements sur le rêve, la nostalgie, l’illusion, l’utopie, le sens de la vie : que reste t-il de tout ce que vous m’aviez dit ? Que reste t-il de tout ce que nous avons construit ou peut être même que nous pensions avoir construit ? Est-il encore des interstices à découvrir, des espaces à imaginer, d’autres édifices à concevoir ? Sans doute, mais avant tout, demeure ce que nous sommes, tout simplement… Borgès le dit joliment en écrivant : « Au fond, je suis tout ce que j’ai perdu » !
A Filetta poursuit sa route et articule patiemment son œuvre au fil de rencontres artistiques enrichissantes qui ont modelé ce nouveau recueil.
"Castelli" rassemble des extraits de créations diverses entreprises depuis 2008. Au fil de pièces sacrées et profanes écrites pour le théâtre, la danse et le cinéma, on y croise autant Shakespeare et Fernando Pessoa que des anonymes, tous étant animés d'une même vision humaniste.
Le "teaser" de l'album :
Enregistré en juin 2015 au Carubbu, Castelli est le premier disque d'A Filetta dans sa nouvelle formation. Après une année dans le groupe, force est de constater que François et Stéphane se sont parfaitement intégrés et ont réussi non seulement à s'approprier le répertoire très étendu mais à le chanter avec émotion et talent. Stéphane a une voix très pure, François une tessiture étendue et une puissance vocale remarquable. Quant aux "anciens", ils sont comme le bon vin. La voix de Paul n'a jamais été aussi belle et puissante, les graves de Maxime si profonds, la voix de Jean si sûre, celle de Jean-Claude si agile. Sans parler de ses immenses qualités de compositeur !
La pochette - une pyramide de six hommes sur une mer déchaînée - suscitera très certainement des discussions. Mais place au chant :
1 - Infine (Jean-Claude Acquaviva)
L'un des quatre morceaux créés pour le téléfilm Disparus. De belles et originales variations sur "M'aviate dettu", le texte de Jean-Claude. Les six voix s'entremêlent, se répondent... On pense parfois aux "collages" où Bruno Coulais utilise la voix de Robert Wyatt. Etonnant et magistral !
2 - Letterella
(Jean-Claude Acquaviva)
Créé pour Puz/zle de Sidi Larbi Cherkaoui, ce morceau plein d'allégresse — "C'est en toi que chante mon chemin"... — fait désormais partie du répertoire habituel d'A Filetta.
3 - Notte tana
(Petru Santucci/Jean-Claude Acquaviva)
Une autre création pour Puz/zle,, sur un texte de Petru Santucci. Une nuit magnifique, très douce !
4 - Ave maris stella
(Texte liturgique/Jean-Claude Acquaviva)
Une création pour Songs of Lear de Shakespeare monté par la compagnie polonaise Teatr Pieśń Kozła
(vue à Pigna dans le cadre des Rencontres de Calvi 2009). Cette hymne dédiée à la Vierge peut sembler assez surprenante dans l'écriture. A réécouter !
5 - In ogni addiu (Jean-Claude Acquaviva)
Autre création pour Disparus, très belle, à la fois lyrique et recueillie. Un des sommets du disque à mon avis.
6 - Guardiabanda (Fernando Pessoa/Jean-Claude Acquaviva)
Création pour Pessoassion, présenté à Lörrach en 2008 et jamais entendu depuis. Une redécouverte donc ! Ça commence comme un chant traditionnel, puis l'écriture se complexifie, mettant en valeur toutes les voix.
7 - Gradualia 29/12 (Texte liturgique/Jean-Claude Acquaviva)
Un extrait de la messe du 29 décembre, en commémoration de l'accident d'avion de 1962 au Renosu. Ce Gradualia, introduit par un beau bourdon, est composé sur les paroles de l'antienne "Ecce sacerdos magnus" qui évoque saint Thomas Becket, .
8 - Dormi (François Vincenti/Dominique Vincenti)
Une jolie berceuse des frères Vincenti.
9 - Ùn nu a sò (Fernando Pessoa/Jean-Claude Acquaviva)
Autre morceau créé pour Pessoassion, depuis longtemps au répertoire du groupe. Et cela se sent : tout en étant d'une écriture fort complexe, elle paraît évidente !
10 - In bocca à Diu (Jean-Claude Acquaviva)
Troisième création - très courte - pour Disparus.
11 - Introit 29/12 (Texte liturgique/Jean-Claude Acquaviva)
Un autre extrait de la messe du 29 décembre. Celui-ci fait écho à la liberté de parole de Becket face à Henri II.
12 - Maroccu biancu (Jean-Claude Acquaviva)
Création pour Puz/zle. Habituellement chanté avec Fadia Tomb El-Hage, c'est Paul qui assure la voix principale.
13 - Si spera (Jean-Claude Acquaviva)
Quatrième et dernier extrait - très court également - de la musique de Disparus. Ces quatre morceaux sont tous composés à partir du texte "M'aviate dettu" de Jean-Claude.
14 - Tbiliso (Petre Gruzinski, Jean-Claude Acquaviva/Revaz Laghidze)
Un vibrant hommage à la Géorgie et à sa capitale Tbilissi.
Des compositions souvent complexes servies par une exécution parfaite. En conclusion, un nouveau chef d'oeuvre à l'actif d'A Filetta. Un conseil : un certain niveau sonore est nécessaire pour apprécier pleinement l'assemblage des voix. Mais c'est peut-être la conséquence du poids des ans chez le rédacteur de cette chronique !
(World Village/ Harmonia Mundi)
Robin Denselow, Thursday 27 August 2015
This is a stirring, gently edgy reminder that Corsica produces some of the most subtle and remarkable vocal music in Europe. A Filetta consists of six men who specialise in the complex, three-part polyphonic songs that have long been a part of the island’s musical tradition, but were in danger of dying out until revived during the nationalistic and cultural upheavals of the 1970s. That’s when the group started, performing religious songs and then traditional folk ballads, though they have now expanded their range to original material influenced by the old styles, with musical settings by founder member Jean-Claude Acquaviva. This set starts with a brooding, gently spooky piece from a French TV drama, moves on to a throbbing, quietly thrilling dance song, a delicate, hymnal-like piece written for a Polish Shakespearean project at the Edinburgh fringe, and laments for an air crash. A quietly compelling set.
Si les voix d'A Filetta résonnent avec l'intensité de leur terre natale, le groupe actif depuis plus de trois décennies s'est aussi fait remarquer par ses collaborations qui concourent à élargir son horizon musical, comme le résume son nouvel album Castelli. Entretien avec Jean-Claude Acquaviva, un des cofondateurs de cette formation au rayonnement international.
RFI Musique : Votre nouvel album donne à entendre les chants que vous avez créés lorsque vous avez été sollicité pour intervenir dans des projets artistiques au cinéma ou au théâtre. Qu'est-ce qui vous intéresse dans ce travail de commande ?
Jean-Claude Acquaviva : Ce disque est une image assez fidèle de notre façon de fonctionner depuis des années : on a des répertoires que l'on crée spontanément et d'autres qui naissent de rencontres avec d'autres artistes, d'autres genres : le compositeur Bruno Coulais, le chorégraphe Larbi Cherkaoui, des chanteurs divers de La Réunion, du Liban, de Géorgie... Pour moi, la commande peut être intéressante parce qu'elle nous force à sortir de nos formats, à faire que notre polyphonie puisse permettre de chanter un petit peu tout. Par exemple en 2008, on a travaillé avec un metteur en scène allemand sur des textes de Fernando Pessoa, et il y avait un chœur qui durait 22 minutes. Une telle durée a capella, évidemment, c'est compliqué, et ça nous amène à inventer de nouvelles routes, à être expressif d'une autre façon, à trouver des moyens de tenir sur le plan de la tension et de la dramaturgie, ce que ne nous permettait pas de faire les schémas traditionnels. En ce sens, on s'est éloigné de la tradition tout en gardant ce qui nous semble essentiel : d'abord la langue, l'ornement, le timbre, le placement de voix, la polyphonie...
Comment se sont constitués ces liens avec d'autres genres artistiques ?
C'est tout simple. Une rencontre génère une autre rencontre. Lorsqu'on a travaillé en 1997 avec Jean-Yves Lazennec, pour la tragédie antique Médée, Bruno Coulais a entendu ce qu'on avait fait. Il était en train d'écrire une musique de film pour Jacques Weber qui adaptait le Don Juan de Molière et il nous a demandé si on était partant. Dès que nous avons terminé cette collaboration, un metteur en scène italien nous a proposé de travailler avec lui pour le théâtre. Puis, quelque temps après, lors d'un concert, on rencontre un danseur de la compagnie de Cherkaoui qui nous dit que ce chorégraphe était passionné par notre musique et quelques mois après il nous a contactés pour travailler avec les ballets de Monte-Carlo… C'est comme ça que le groupe s'est construit. Pour nous, l'altérité est essentielle. Si nous étions restés dans notre tradition, on aurait peut-être été de super chanteurs traditionnels, mais nous n'aurions jamais fait le chemin que nous avons accompli, chemin que nous avons non pas subi mais que nous avons voulu, tout simplement parce que nous étions curieux de l'autre. La musique ne me semble intéressante que parce qu'elle ouvre des portes. On pourrait la faire à titre conservatoire, mais notre démarche serait tout autre et ce n'est pas celle qui nous intéresse.
Cette diversité de projets que vous menez est-elle aussi une façon d'inscrire les polyphonies dans les musiques actuelles ?
Il y a une polyphonie traditionnelle d'origine, celle à laquelle on se réfère. Nous l'avons beaucoup fait évoluer par rapport à notre façon d'être, nos goûts, notre personnalité, nos rencontres aussi. Mais nous n'avons jamais été très préoccupés par le fait de vouloir absolument intégrer cette polyphonie dans ce qu'on pourrait appeler la modernité. Notre musique a évolué au gré de nos rencontres, elle s'est complexifiée, enrichie de l'autre. Pour nous, chanter avec un orchestre symphonique, ou un orchestre de jazz ou une chanteuse libanaise, c'est aussi moderne et passionnant que de chanter un air traditionnel que l'on pratique depuis notre plus tendre enfance. On ne se pose pas la question de la frontière. Nous avons toujours dit que notre tradition n'existait que pour être dépassée, renouvelée et il nous faut pour cela faire des compositions que la mémoire retiendra ou pas. On est dans cette logique de partage, parce que notre musique ne peut pas demeurer celle qui reflétait une communauté passée. La Corse évolue, le monde évolue, et notre musique évolue aussi. Et il en a toujours été ainsi. Ce qu'on appelle la tradition n'est jamais que la résultante de plein de courants qui se sont succédé, affrontés, enchevêtrés, et qui nous ont donné des musiques restées comme un héritage.
Vous avez participé il y a quelques années à l'album de Danyel Waro, figure du maloya. Y-a-t'il une similitude entre les combats culturels de La Réunion et de la Corse ?
Les îles – La Réunion, la Corse, la Sardaigne, la Sicile… – ont une façon de percevoir le monde, une géographie qui ont généré des caractères particuliers. Le maloya, qui est une sorte de blues réunionnais, a un fonctionnement assez proche de notre tradition polyphonique, qui est sociale : chanter ensemble au sein d'une confrérie, dans une messe, un mariage, lors d'une fête, lors de certains travaux de la campagne. C'était vraiment ce qui caractérisait notre musique. Et même si elle a évolué, parce que les modes de production ont évolué, elle continue à avoir cet ancrage social, cette façon de dire les choses à sa manière. Et à ce titre, La Réunion dit des choses un peu comme nous, ne serait-ce que dans l'opposition, du moins la confrontation, avec l'état central, jacobin, qui n'accorde pas beaucoup d'intérêts aux spécificités de ces régions, de ces peuples. Je me sens militant, mais pas d'une Corse aux Corses. Je me sens militant d'une façon de vivre le monde, de penser le rapport à l'autre.
Liens:
[1] http://www.rfimusique.com/artiste/maloya/danyel-waro
[2] https://www.facebook.com/afiletta.officiel
[3] http://www.rfimusique.com/musiquefr/articles/108/article_txt_17460.asp
La Revue musicale de Matthieu Conquet
Emission Ce qui nous arrive en musique
04.09.2015
« Ô cœur de ma fortune, Tu es fortune en mon cœur » nous disent Jean-Claude Acquaviva et les cinq autres chanteurs d'A Filetta. A Filetta, l'ensemble vocal Corse, un groupe formé depuis 1978 sur ces mots « Non ti scurdar di a filetta » recommandation des anciens faite aux jeunes pour qu'ils n'oublient pas leurs fougères, et le lien à leur terre.
A Filetta évolue depuis plus de 30 ans « entre modernité et tradition » (pardon pour l'horrible lieu commun) entre sacré et profane, entre enracinement et voyages. Là où leur disque précédent portait sur la tradition du Culte des morts en Corse, sur le requiem, le programme ici est constitué de différentes collaborations, du côté du théâtre, du cinéma ou de la danse comme ici : la pièce « Letterella » que vous entendiez est tirée de leur travail dans « Puz/zle » en 2012 avec le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui.
A cette occasion l'ensemble Corse dialoguait avec la chanteuse libanaise Fadia Tomb El-Hage : mélismes, ornementation et virtuosité qui trouvent toute leur place entre passages disons « en chœur » et soli.
On entend aussi au milieu du disque « Guardiabanda » le gardien de troupeau, une pièce adaptée d'un texte de Fernando Pessoa. A Filetta familier des adaptations de textes littéraires ou poétiques, que ce soit pour la scène et la musique (je pense à différents projets autour de textes de Sénèque, Shakespeare ou Primo Levi). Suggérons au passage de travailler un jour à partir de Saint Augustin, lui qui parlait du 'jubilus', de la « capacité expressive de la joie par la musique vocale, sans paroles », toute en syllabes comme ici... Le titre de ce nouvel enregistrement "Castelli" les Chateaux, est sans doute à prendre à double sens, à la fois d'édifice historique et de construction éphémères, château de sable ou de cartes. « Que reste-t-il de tout ce que nous pensons avoir construit ? » A Filetta s'interroge, chante et joue à merveille de ses silences.
A Filetta fait partie de ces groupes qui ont fait rayonner dans le monde les viriles polyphonies corses, chant profond de l'âme insulaire. Sans le parti pris pop d'I Muvrini, mais en misant, sous la houlette de Jean-Claude Acquaviva, chef du choeur depuis bientôt quarante ans, sur les rencontres pluridis-ciplinaires, du rap marseillais aux chants du Caucase. Ces dernières années, leurs saisissantes voix graves ont ainsi accompagné pièces de théâtre (Pessoa, Shakespeare), chorégraphies (Puz/zle, de Sidi Larbi Cherkaoui) et téléfilms. Ces « châteaux » (castelli) en compilent divers extraits, ainsi qu'une berceuse des frères Vincenti, des textes liturgiques commémoratifs et un hymne à Tbilissi. A l'écoute, ce recueil est pourtant beaucoup moins hété-roclite qu'il n'y paraît. Les six voix d'hommes, en partie renouvelées dernièrement, sont en symbiose et insufflent à leurs lentes modulations une douceur presque féminine qu'on ne leur a pas toujours connue. On ne découvre rien, mais on cède au plaisir simple et à la beauté apaisée de ces harmonies épurées.
CD World Village/Harmonia Mundi.
07/09/2015
Anne Berthod - Telerama n° 3426
Inattendue (mais qui s'en plaindra ?), la sortie de la bande-son de "Puz/zle", publiée par Eastman.
Ce double CD est la re-création sonore, enregistrée à Anvers avec des sons additionnels provenant d'une représentation à Utrecht, du spectacle de Sidi Larbi Cherkaoui. On retrouve bien sûr les voix d'A Filetta, celle de Fadia Tomb El-Hage, la flûte et les tambours taiko de Kazunari Abe et la musique électronique d'Olga Wojciechowska.
CD1
1 - Lost Reflection
2 - Partenza Astuta
3 - Prayer Song
4 - Breathing with Colors
5 - Relation
6 - Erasing Memories
7 - Notte Tana
8 - Inna Moussa
9 - Inside the Holy Whale
10 -Treblinka
11 - The Echo of Dragon Singing
12 - Melting into Unknown
CD2
1- Yawno Tito
2 - Amano Morio
3 - Le Lac
4 - Inn al Baraya
5 - Ororo Pinne
6 - Tookami
7 - Maroccu Biancu
8 - Lacrymosa
9 - Letterella
10 - Media
11 - U Sipolcru
12 - Collected Grief
13 - L'anniversariu di Minetta
14 - O Successores
Le commentaire de L'Invitu :
Un grondement électronique ouvre le premier CD (et le spectacle) : Lost Reflection, composé par Olga Wojciechowska. Cela évoque par moments So Sprach Zarathoustra de Strauss, probablement les "reflections" du titre. "Mente spremuta", ce sont les premiers mots de Partenza Astuta chanté par A Filetta et Fadia Tomb El-Hage. Une rencontre à la fois étonnante et évidente. Une longue introduction de flûte et un morceau presque "immobile", Prayer Song. Breathing with Colors instaure un climat aérien, magnifique. Relation est encore un morceau de flûte. Erasing Memories est encore un morceau très réussi d'Olga Wojciechowska. La voix de Jean-Luc introduit Notte Tana, une belle composition de Jean-Claude sur un texte de Petru Santucci, avec Fadia et tout le groupe. L'hymne byzantin à Moïse Inna Moussa, est chanté par Fadia accompagnée du bourdon d'A Filetta. Magnifique. Les sons du spectacle (murs qui s'effondrent, pierres qui roulent) introduisent Inside the Holy Whale, un des très beaux moments du spectacle, avec les danseurs sautilllant sur place. C'est une version inédite - et magnifique - de Treblinka que nous entendons ici puisque Fadia se joint aux chanteurs d'A Filetta. The Echo of Dragon Singing est joué à la flûte par Kazunari Abe, puis le premier CD se conclut par le beau Melting into Unknown composé par Olga Wojciechowska.
Un roulement de tambour introduit Yawno Tito, chanté par Fadia avec un bourdon d'A Filetta, puis le climat change radicalement avec Amano Morio, ancien chant syrien scandé par le tambour et les voix d'A Filetta. On retrouve Le Lac de Bruno Coulais dans une version inhabituelle puisque, outre Fadia, on y entend la flûte de Kazunari, qui introduit également Inn al Baraya, chant traditionnel libanais chanté par Fadia accompagnée des voix d'A Filetta. Magique ! Changement radical de climat avec le chant japonais (chanté en langue Ainu) Ororo Pinne puis une composition de Kazunari Abe, Tookami. Un chant très doux succède à cette pièce percussive, Maroccu Biancu, auquel succède le magnifique Lacrymosa du Requiem. Le très rythmé Letterella succède à ces deux pièces méditatives, avec Fadia et les percussions. Media est une espèce d'intermède fait de voix radiophoniques lointaines, U Sipolcru auquel se mêlent la flûte de Kazunari et la voix de Fadia est pour moi une réussite absolue. Si je devais formuler une légère critique, la fin inhabituelle du morceau ne me paraît pas mieux que l'originale. Collected Grief d'Olga Wojciechowska est également un des sommets de l'album. C'est assez rare d'entendre de la musique électronique qui vous prend aux tripes et qui vous poursuit longtemps comme celle-ci. Une vieille connaissance, L'Anniversariu di Minetta de Tavagna, que l'on écoute toujours avec un grand plaisir, d'autant que cette version est encore plus riche que celle enregistrée sur Intantu. Et vient - malheureusement - la fin de l'album, O Successores d'Hildegard von Bingen chanté - merveilleusement - par Fadia Tomb El-Hage.
La rencontre de ces personnalités si différentes était une gageure. On ne peut que louer l'intuition de Sidi Larbi Cherkaoui, qui avait pressenti que la rencontre entre la voix de Fadia et A Filetta serait magique. Pour reprendre ses termes, "au-delà des langues différentes, leurs sons respectifs s'entrelacent. A certains moments, les voix se soutiennent ; à d'autres, elles sont complémentaires ou s'opposent, pour se rejoindre en une voix hybride mais harmonieuse. Fadia et A Filetta s'écoutent et se répondent de manière organique, dans un échange constant de maîtrise et de richesse".
Kazunari Abe apporte à la fois un élément aérien avec sa flûte et terrestre avec ses tambours. Enfin, la musique électronique d'Olga Wojciechowska est d'une beauté confondante. Tous ces talents réunis auraient pu se neutraliser. Au contraire, leur interaction est une formidable réussite.
Fin 2012, la formation balanine édite - ou plutôt réédite - un CD qui était inclus dans son coffret anniversaire « Trent’anni pocu, trent’anni assai » paru en 2010.
Ce CD, qui s’intitule « Pè a scusa », est composé de 8 chants dont 3 inédits (« A’ Sergiu » ; « Lisboa, noite triste » et « Tango dell’assenza »).
Verbatim : « Ceux qui n’ont pas le coffret DVD nous demandaient sans cesse : où pouvons-nous trouver ces chansons ? C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de faire paraître le CD isolément en attendant le nouvel ouvrage du groupe qui, lui, sera enregistré ce printemps ! » confient les chanteurs.
Durée totale : 31' 02
1-Liberata
Il s’agit du générique du téléfilm de Philippe Carrese tourné en Corse et qui met en lumière les relations entre corses et occupants italiens durant la seconde guerre mondiale. Cette chanson a été depuis « convertie » en polyphonie, mais il s’agit ici de la version originelle pour voix unique et piano.
2-Fiure
Chanson extraite de l’album « Una tarra ci hè », édité en 1994.
3- A’ Sergiu
Chanson inédite écrite par Michel Frassati à la mémoire de Serge Martinelli, décédé accidentellement en combattant un incendie en Balagne. Michel avait été l’instituteur de Serge à Nesce.
4- Tango dell’assenza
Chanson d’amour écrite par la chanteuse sarde Franca Masu et mis en musique par Daniele di Bonaventura (bandonéon).
5- Ma dì ciò ch’è tù voli
Chanson extraite de l’album « In l’abbriu di e stagione » paru chez Kallisté en 1987.
6- Cun tè
Chanson extraite de « Cun tè » édité par Kallisté en 1984.
7- Mare eternu
Chanson extraite de l’album « In l’abbriu di e stagione ».
8- Lisboa, noite triste
Chanson écrite et composée par Jorge Fernando, auteur compositeur lisboète et extraite de son album «Vida ».
Sur Liberata : Raoul Duflot-Verez, pianoLe commentaire de L'Invitu :
Ce "demi-disque" aurait aussi pu s'intituler "Intantu" si le titre n'était pas déjà pris. Demi, mais non des moindres, tellement on a plaisir à réentendre les morceaux issus des disques vinyls des années 80 qui ne seront probablement jamais réédités, ainsi que les nouveautés qu'étaient, à l'époque de la sortie du DVD, les magnifiques Tango dell’assenza et Lisboa, noite triste.
« Ce qui ne meurt pas ne vit pas » (V. Jankélévitch)
Lorsque le chant évoque la mort, ne célèbre-t-il pas la vie ?
En Corse, la tradition a consacré une place importante au culte des morts.
Le groupe A Filetta a essayé à sa façon de contribuer à la sauvegarde du patrimoine oral insulaire en intégrant notamment des influences nouvelles.
Aujourd’hui ces chanteurs, qui se refusent à être les gardiens d’un quelconque temple, cultivent par le truchement de leurs compositions, l’idée d’une tradition prolongée, renouvelée et ouverte, qui serait bien ancrée dans la mémoire mais dont les développements seraient sans complexes. Exercice difficile, sans doute, mais exercice indispensable à la permanence d’un rêve : celui d’entretenir leur enthousiasme tout en n’altérant pas leur sincérité.
Di Corsica riposu, « Requiem pour deux regards » est une création commandée par le Festival de Saint-Denis en 2004. Il s’agit d’un requiem en latin, à sept voix, ponctué de textes narrés ou chantés en plusieurs langues - corse, français, italien - issus de la littérature moderne. En outre, quelques pièces pour bandonéon créées pour ce requiem s’insèrent dans ce parcours qu’effectuent les sept voix de la terre vers le cie.
Après plus de trente ans d'existence, A Filetta signe avec ce nouvel album l’un de ses plus ambitieux et captivants projets.
Le commentaire de L'Invitu :
Composé à la mémoire de Nicolas Acquaviva et Nicolas Mancini, disparus voilà tout juste dix ans, ce Requiem est dédié à Jean Antònelli, '"qui donna les plus belles années de sa vie au souffle du groupe". Deux choses frappent à la première écoute : la profondeur et la puissance des basses, et l'extrême qualité des compositions et de l'interprétation. De ce point de vue, ce Requiem prolonge Médée, avec de complexes et subtiles compositions où chaque voix est mise en valeur. Une fois encore, partant de modèles traditionnels, Jean-Claude nous offre de magnifiques créations, riches et complexes sans être compliquées, avec des harmonies inhabituelles. Le bandonéon de Daniele di Bonaventura remplace avantageusement le violoncelle de la version initiale.
Après cette première écoute du CD, nous attendons avec impatience la scène des Bouffes du Nord.
Rendez-vous au 25 avril !
01 Di Corsica Riposu
02 Miserere
03 Notte Tralinta
04 Subvenite
05 Requiem
06 Kyrie
07 Dies Irae
08 Tuba Mirum
09 Rex Tremendae
10 Lacrymosa
11 Figliolu d'Ella
12 A'Mente
13 M'Aviate Dettu
14 Meditate
15 Domine
16 Nanzu À Sanctus
17 Sanctus
18 Pater Noster
19 Nanzu À Agnus Dei
20 Agnus Dei
21 Altrunimu
22 Lux Eterna
23 Libera Me
24 Da Cirone
25 In Paradisum
"Esquisses de la Corse : lyrique et éclatante, la trompette de Paolo Fresu se faufile entre les voix des chanteurs d’A Filetta, le groupe que l’on peut tout autant qualifier de pionnier que de gardien de la tradition au royaume des polyphonies corses. Alliage homogène entre patrimonial et expérimental, plusieurs compositions du groupe sont l’œuvre de son fondateur Jean-Claude Acquaviva, qui le dirige depuis plus de trente ans. L’occasion nous est également donnée d’assister à une saisissante démonstration de bandonéon italien par le virtuose Daniele di Bonaventura, qui en réinvente l’usage en se lançant dans des solos imaginatifs et des duos envoûtants avec Paolo Fresu, enveloppant voix et trompette dans un sens de la formule quasiment orchestral."
(texte de présentation sur le site du groupe)
Sketches of Corsica, the Mediterranean and the wider world abound in this fascinating collaboration between lyrical Italian jazz improvisers Paolo Fresu, Daniele di Bonaventura and vocal ensemble A Filetta. “Mistico Mediterraneo” is the first documentation of an alliance that has been gathering momentum for a few years already; it is also the ECM debut of the Corsican singers.
In October 2006, Fresu and Italian bandoneonist Daniele di Bonaventura, along with two other jazz improvisers (saxophonist André Jaume and percussionist Philippe Biondi), were invited by stage director Francis Aïqui for a celebratory event in Ajaccio’s L’Aghja theatre, establishing a basis for further collaboration. Over the last four years the musicians have fine-tuned the song cycle now known as “Mistico Mediterraneo”.
Source : ECM Records
Lire les premiers commentaires sur la page consacrée à Paolo Fresu.
Le commentaire de L'Invitu :
Remarque préliminaire : les fans d'A Filetta seront peut être déroutés par le "son ECM", cette forte réverbération caractéristique de nombre de productions de Manfred Eicher. Passé le moment de surprise, on finit par l'oublier tant la prise de son est bonne. Chacune des voix est bien identifiable, même quand les instruments jouent en même temps.
1. Rex tremendae
(Jean-Claude Acquaviva)
Le bandonéon de Daniele, bientôt rejoint par les basses, installe l'assise du morceau, puis Jean-Claude expose le thème. Et, surprise, le son "trafiqué" via harmonizer et delay de la trompette de Paolo surgit de nulle part. Plus loin, Paolo utilisera son instrument dans un style plus traditionnel – carrément davisien, diront certains - pour revenir à l'électronique sur la fin, rejoint par Daniele. Gageons que ce Rex séduira tous les auditeurs. Moi qui connais et apprécie ce morceau depuis sa création et qui avais émis quelques réserves sur la version entendue en concert avec Jaume et Biondi, je trouve que la création extraordinaire qu’est le Rex de Jean-Claude est ici magnifiée encore par Paolo et Daniele.
2. Liberata
(Jean-Claude Acquaviva)
C'est encore Daniele qui introduit ce morceau en instaurant un climat mélancolique. Après l'exposé de Jean-Claude et la première intervention du groupe arrive bientôt Paolo, accompagné par Daniele sur une improvisation à la fois swinguante et tendre. Un régal ! Le grand musicien de jazz qu’est Paolo Fresu ne joue jamais deux fois la même chose. Son solo est très différent de ceux entendus en concert : ici plus aérien et détendu, à Calvi plus rythmique. Comme le Rex précédent, ce Liberata fera date. D’ailleurs, l’autre soir au concert d’A Filetta, je me suis surpris à attendre l’arrivée de la trompette !
3. Da tè à mé
(Jean-Michel Giannelli/Petru Santucci)
Une création de Jean-Michel Giannelli. C'est A Filetta au complet qui débute, rejoint par Paolo à la fin du premier couplet. Le thème prend bientôt la forme d'une valse avec l'arrivée de Daniele, puis le groupe reprend, accompagné par les deux musiciens et revient à la valse sur la fin, avec de belles envolées de trompette. Etonnant ! Un thème que l'on n'oublie plus après l'avoir entendu.
4. Le lac
(Bruno Coulais)
Introduction de Paolo aux effets électroniques, rejoint par le rythme des doigts de Daniele sur son bandonéon, puis A Filetta entonne le mantra tibétain composé par Bruno Coulais pour Himalaya : "Om Taré Tûraré Tûré Soha", toujours accompagné par la trompette harmonisée de Paolo et les notes de Daniele.
5 Dies irae
(Jean-Michel Giannelli)
Cette composition de Jean-Michel Giannelli figurait sur Passione. Ici, elle est Introduite par le bugle et le bandonéon, puis les voix se mêlent au son du bugle de Paolo et du bandonéon de Daniele dans un ensemble très cohérent.
6 Gloria
(Bruno Coulais)
Une re-création un peu folle du Gloria du Libertin. Daniele tapote son bandonéon, Paolo improvise un thème très rythmique, bientôt accompagné par Daniele. Les basses d'A Filetta entonnent le Gloria, rejointes par les autres voix, avec planant au-dessus les notes aériennes de Paolo qui utilise ensuite ses "diableries" électroniques, harmonizer, delay… Le thème le plus fou du disque.
7 Corale
(Daniele di Bonaventura)
Changement radical de registre avec la magnifique composition de Daniele, Corale. Un duo bandonéon/trompette dans lequel l'entente des deux musiciens italiens est remarquable.
8 La folie du cardinal
(Bruno Coulais)
A Filetta cette fois sans les deux instrumentistes pour cet extrait de la musique composée par Bruno Coulais pour Le Libertin. Un morceau très "second degré", magnifiquement interprété Mais c’est un truisme de le dire !
9 U Sipolcru
(Jean-Claude Acquaviva)
Paolo joue une longue introduction au thème d’U Sipolcru, les voix font leur entrée. Paolo ponctue de quelques interventions toujours pertinentes.
10 Scherzi veranili
(Jean-Michel Giannelli)
A Filetta est ici accompagné par le bandonéon sur cette composition de Jean-Michel Giannelli figurant déjà sur Bracanà. Là encore, l'instrument apporte une dimension supplémentaire au morceau.
11 Figliolu d’ella
(Jean-Claude Acquaviva)
Une assez longue introduction instrumentale de Daniele rejoint par Paolo dans laquelle on reconnaît bientôt les accords de Figliolu d'ella, et c'est Paul qui prend la suite, rejoint par Jean-Luc puis par Maxime. Paolo revient, le son très réverbéré dans ce morceau évoque une cathédrale...
12 Gradualis
(Daniele di Bonaventura/Jean-Claude Acquaviva)
Une autre composition de Daniele, sur un texte de Jean-Claude. Magnifique intervention de Paolo à la trompette bouchée, puis les voix s'envolent. On est presque frustré par la relative brièveté de ce morceau, que l'on aurait aimé plus développé. Rendez-vous au prochain concert !
13 Sanctus
(Daniele di Bonaventura)
Pour finir, un magnfique duo, plein de recueillement, entre Daniele et Paolo sur une composition de Daniele. Peut-être un des plus beaux morceaux de ce disque magnifique.
Les amateurs de jazz et de Paolo Fresu devraient être conquis par cette rencontre inouïe entre trompette, bandonéon et polyphonie corse. Les amateurs de polyphonies traditionnelles, quant à eux, éprouveront peut être à la première écoute davantage de difficultés pour entrer dans cet univers, même si le groupe nous a accoutumés à ses rencontres audacieuses. Pour aborder ce disque sans préjugés, il faut tenter d’oublier les versions originales a capella et considérer que l’on écoute de nouvelles créations.
Malgré la diversité des répertoires (compositions de Jean-Claude Acquaviva, Jean-Michel Giannelli et Daniele di Bonaventura), Mistico Mediterraneo est un ensemble cohérent. Une vraie rencontre où chacun est à l'écoute des autres. Une œuvre originale et attachante. On souhaite une continuation à cette belle rencontre, avec peut-être encore plus d'audace dans les improvisations. Pour dire les choses clairement, on imagine déjà ce que pourrait être le prochain CD, avec notamment Meditate et Ritus entendus en concert, et aussi - soyons fous ! - un CD du duo Paolo Fresu/Daniele di Bonaventura !
Note : Nous avons été exaucés avec In maggiore !
Première écoute
: un enchantement
total
La Nana géorgienne, qui remplace désormais Makharia en ouverture des concerts, est encore un modèle de douceur avec la voix de Jean-Claude soutenue par un magnifique contrechant de Paul.
Meditate a beaucoup évolué depuis sa création en 2003. Un foisonnement d'échos de voix scandant les paroles de Primo Levi : "Meditate... Scolpitele nel vostro cuore..."
Dès les premières notes de Liberata (Alba...), on est parcouru de frissons. Le chant se fait tantôt caressant, tantôt puissant, tantôt déchirant. Ici, à l’inverse des concerts, Jean-Claude récite le texte avant de chanter. Ne cherchez pas à suivre le texte imprimé, A Filetta déstructure le texte, utilisant syllabes et sonorités pour créer une assise rythmique et mélodique, un peu comme le feraient des jazzmen avec le scat. Personnellement, j’ai une (très) légère préférence pour la version donnée à "l’Européen", et j’ai encore en mémoire celle de Calvi, avec le sublime solo de Paolo Fresu ! Mais on se situe à un niveau très, très élevé.
Les Scherzi veranili, sur un texte de Petru Santucci et une musique de Jean-Michel Gianelli, permettent notamment de mieux entendre la belle voix grave de Ceccè.
La deuxième monodie, Cuntrastu, est en fait une sorte de chjam' è respondi entre un mari un peu coureur et une épouse très jalouse. Jean-Luc la chante avec un art qui n’appartient qu’à lui, mélange incomparable de rugosité et d’élégance. Sa façon de phraser, de prendre appui sur les syllabes est inimitable.Chœur
I :
L’invitu
Chœur II : L’arditezza
Chœur III : U casticu
Chœur IV : U furore
Durée
totale : 46 minutes 30
Enregistré début 2005 au Couvent de Marcassu, I Catari
Cette création émouvante, unique, universelle, est vraiment une œuvre novatrice, avec de lointains échos des chants du bassin méditerranéen, notamment de Géorgie, tout en prenant ses racines dans le chant corse traditionnel. C'est aussi une charnière dans le parcours d'A Filetta.
Les chants II et III retracent l'épopée et les vicissitudes des Argonautes, alors que dans les chants I et IV, le choeur exprime essentiellement la condamnation de la monstruosité de Médée, transgressant la norme humaine.
"Jason est fils d'Eson, roi d'Iolkos en Thessalie. Pélias, frère d'Eson, s'est emparé du trône et a envoyé son neveu en Colchide. Il lui restituera son titre de roi à la condition expresse qu'il ramène la Toison d'Or. Il s'agit de la peau d'un bélier grâce auquel Phrixos est parvenu à s'enfuir en traversant la mer Egée. Il a sacrifié l'animal et a offert la peau de ce bélier à Aietès, roi de Colchide, qui l'a accueilli chez lui.Médée et
Jason s'enfuient, emportant avec eux le jeune
frère de Médée Absytos. Médée l'assassine, le
démembre et jette un à un ses membres sur la route pour freiner la
progression de son père qui les poursuit.
De retour à Iolkos, Jason réclame son dû, mais Pélias lui
refuse le trône. Alors Médée va inventer une ruse terrible pour se
débarrasser de l'usurpateur. Elle parvient à convaincre les filles de
Pélias qu'elle est capable de rajeunir leur père. Pour ce faire, elle
se
saisit d'un bélier, le découpe en morceaux, le jette dans un chaudron
bouillant, et il en ressort un agneau vivant. Les filles de Pélias font
subir le
même sort à leur père, mais rien ne ressortira du chaudron.
Les citoyens d'Iolkos, indignés, révulsés, chassent
Médée et Jason qui se refugient à Corinthe, chez le roi
Créon. Ce dernier, craignant des représailles, exige de Jason qu'il
répudie Médée et épouse sa propre fille Créuse. C'est
là que se noue la tragédie,le matin même des noces de Jason avec
Créuse :
"Dieux du
ciel, Dieux de la mer, venez et bénissez ces noces royales. Et
vous aussi, peuples de la Terre, venez à nous selon le rite. Quant à
elle,
l'étrangère, qu'elle parte dans la nuit sans un mot, qu'elle parte à
l'aventure comme une qui s'est fait enlever par un homme de passage
(*)".
1.
L’invitu
est en quelque sorte
l'ouverture de l'œuvre. Ce chant s'ouvre sur les noces de Jason avec
Médée la magicienne, fille du roi de Colchide Aiètès. Eprise
de Jason, elle a
utilisé sa magie pour aider celui-ci à conquérir la Toison d'Or. Le
choeur invoque d'abord les dieux, évoque l'amour de Jason ("Maestri
in celu...") et invite
enfin Jason
à se
libérer de Médée ("Picca ti da roza a Caucasica") et
à
épouser une Grecque. Suit une ritournelle étonnante ("Ribombinu
puru i
scaccani") avant l'invocation du départ de Médée : "Qu'elle
s'en
aille ("Quella, a si porti a notte senza mancu una parolla"),
passage où
l'on reconnaît des échos du thème de U Furore.
"L'invitu" est prodigieux. Subtilité, invention,
émotion, harmonies
magnifiques, technique vocale sans faille, mariages des timbres,
écriture
audacieuse et riche, tout est parfait ! Une musique dense qui raconte
Medea mais bien
d'autres choses encore, et nous emporte très loin.
"Sans doute était-ce une audace démesurée que celle qui animait ces marins présomptueux. Ils ont voulu dompter les flots, l'empire maritime, à l'aide d'une barque fragile, bousculant ainsi l'ordre du monde. Désormais, l'ailleurs n'est plus ailleurs et nous voilà privés d'horizon. Ce navire était criminel, les dieux furent impitoyables, le châtiment terrible. Et pourquoi ce voyage, pourquoi ce périple ? Pour la Toison d'Or, mais aussi pour une femme plus dangereuse encore que la mer, Médée...(*)"
2.
L’arditezza,
chanté ici, comme le chœur suivant, dans sa version
intégrale, évoque l'audace des Argonautes partis défier la
mer.
"Nulle force au monde, ni incendie ni ouragan ou machine de guerre, n'a la violence d'une femme abandonnée, n'a son ardeur et sa haine. Dieux du ciel, vous qui êtes repus de vengeance, ayez pitié. Les Argonautes, ces audacieux, ont tous payé. Mais laissez vivre en paix le conquérant des mers, épargnez Jason, il ne faisait qu'obéir aux ordres. (*)"
Ce chant, sur un texte d'une modernité étonnante, est peut-être celui qui rompt le plus avec le chant traditionnel, avec des phrases très longues, des passages qui semblent suspendus en l'air.
3.
U casticu
a pour sujet le châtiment de ces
audacieux "Rei tutti,
culpiti tutti".
"Où peut donc aller la
magicienne ensanglantée ? Sur quels chemins de malheur l'emporte sa
fureur d'un
autre temps ? Elle a les yeux hagards et la tête haute pour continuer à
défier le roi. Est-ce là l'attitude d'une femme qu'on vient de bannir
?"
"Créon avait
concédé
quelques heures à Médée pour qu'elle puisse embrasser une
dernière fois ses enfants. Elle a mis à profit ces quelques instants
pour
assouvir sa vengeance : elle offfe une parure matrimoniale maudite à
Créuse, la jeune épouse, qui s'embrase en la revêtant. La maison de
Corinthe est incendiée et le tyran Créon périt dans les
flammes.
Enfin, elle brise et annule ses noces avec Jason en égorgeant de ses
propres mains
les enfants qui les unissaient, laissant Jason vivant face à sa
douleur, à
ses doutes, à ses remords. Quant à elle, elle retrouve sa virginité
et en même temps sa légitimité de princesse colchidienne en
s'envolant sur le char du
soleil, son illustre aïeul
(*)."
U casticu donne l'impression de revenir à un chant plus proche de la tradition, mais c'est pour mieux la transcender. Dans certains développements, c'est même probablement le plus innovant des quatres chants.
4. U
furore, enfin, évoque la fureur de Médée répudiée et
bannie qui sacrifiera ses enfants à sa vengeance. Beaucoup plus moderne que le second, beaucoup
plus court que les trois
chœurs précédents, c'est aussi le seul chœur rythmique, et
c’est celui qui, paradoxalement, est le plus déstructuré, avec des
voix qui traduisent la folie de Médée. On remarquera que le thème
d'U Furore est déjà évoqué dans L'Invitu
et
dans U Casticu.
(*) Ce texte, présenté entre guillemets, est celui que dit Jean-Claude Acquaviva lors des concerts.
Le résultat - comme souvent lorsque se mêlent les traditions méditerranéennes - est une invitation au voyage. La poésie des textes de Sénèque résonne naturellement dans le lyrisme de la langue corse. La polyphonie saisit cette émotion, l'amplifie, la précise et la restitue avec une extraordinaire justesse. En outre, l'architecture harmonique du chant polyphonique parvient à merveille à rendre le volume du spectacle vivant pour lequel ces textes ont été composés.
Medea est un chef d'œuvre qui fera date. Il faut noter que cette œuvre, loin d'être figée, est en continuelle évolution. Ainsi, les spectateurs de Seclin ou de Paris en octobre 2006 ont pu noter l'introduction d'une clochette au début de U Casticu, ou d'autres subtils ajustements.
Pour aller plus loin, on se reportera aux interviews de Jean-Claude dans lesquelles il donne de multiples explications sur la genèse de l'œuvre, la façon de travailler du groupe, l'importance de Médée dans le parcours d'A Filetta, etc.
"Où va-t-elle la
Ménade couverte de sang
Où court-elle tête baissée l'amoureuse sauvage ?
Quel crime prépare-t-elle,
Furieuse et déchaînée ?"
A lire dans le
n°83
de Corsica (août 2006), l'article d'Elisabeth Milleliri "MEDEA made in
Balagna".
Article tiré
du premier numéro
de Balagnews :
Squaaly
La
musique du film coproduit et
diffusé par France 3 qui a pour thème la Résistance en Corse sur CD
2 titres
1 –
Liberata (piano : Raoul
Duflot-Verez), enregistré
à Paris
2 - Liberata a
cappella,
enregistré au Carubbu.
Ci-dessous reproduit un entretien de Jean-Claude Acquaviva avec Pierre-René Worms (RFI Musique) à l'occasion de la sortie de Si di mè :
25 ans déjà qu'A Filetta communique la ferveur de ses chants polyphoniques corses à travers le monde. Avec Sì di mè, leur nouvel album produit par leur ami Bruno Coulais, avec lequel ils avaient enregistré la B.O. du film Himalaya, ils renouent avec une musique où les instruments prennent autant d'importance que les voix. Un retour aux sources.
Que signifie Sì di mè ?
JC A
: La traduction qui me paraît la
plus exacte est "Tu es
des miens, de ma famille". C'est le sens de l'hospitalité des Corses.
Nous avons
ici une façon de concevoir le rapport à l'autre comme un rapport de
proximité, de solidarité, de partage. Ce n'est pas le fait qu'on ait
des
chromosomes particuliers, mais nous sommes une petite communauté en
Corse. On se
connaît tous. C'est ce qui fait notre force et notre faiblesse. On est
tous de la
tribu de quelqu'un. C'est souvent pesant. Si di mé
s'adresse autant
à ceux qui chantent avec nous sur le disque, qu'à ceux qui écoutent
le disque, parce qu'on a sans cesse ce sentiment d'être des frères.
La pratique de la
polyphonie est-elle liée à l'établissement d'un
lien social ?
Absolument.
C'est peut-être ce qui explique sa force et le fait qu'elle
ait
trouvé une nouvelle raison d'exister. Parce qu'il faut bien réaliser
que,
jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, cette polyphonie était rurale.
Aujourd'hui, cette société n'existe plus et pourtant cette musique
trouve
une nouvelle raison d'être et a trouvé une nouvelle fonction sociale.
La
paghjella (le chant polyphonique par excellence), qui était il y a 50
ans le chant
des travailleurs de labeur, est aujourd'hui celui des lycées et des
fêtes de
famille.
Dans ce nouvel album,
vous accompagnez vos chants de musique. C'est
nouveau pour vous
?
On a toujours eu un double répertoire. Un purement polyphonique, l'autre qu'on appelle, d'une manière un peu arbitraire, les chansons. Ces dix dernières années, on a beaucoup travaillé sur le vocal et aujourd'hui, on sort un album qui fait intervenir l'instrumentation. Cela n'enlève rien à notre travail et l'on fait des polyphonies en rythme alors qu'elles sont traditionnellement très libres. Il y a un rythme interne, celui de la parole. Ici, on présente une polyphonie qui se couche sur une rythmique.
Cette rencontre avec Bruno Coulais a vraiment fait évoluer votre travail ?
Nous disons souvent, lorsque nous présentons les chansons de Bruno que nous interprétons, qu'il est devenu beaucoup plus qu'un partenaire. C'est un grand frère que l'on aime servir parce que lui, aime se servir de nous. Il a fait des musiques qui lui ressemblent. A aucun moment, il n'a voulu faire de la polyphonie corse et en même temps, il a utilisé notre personnalité vocale. Cela nous a permis d'explorer de nouvelles pistes, notamment celle qui tend à lui donner une nouvelle rythmique. On a généralement des rythmes plus orientaux que ceux de la musique "pulsée" occidentale.
Le fait d'avoir côtoyé grâce à lui Akhenaton, à l'occasion de la B.O. de Comme un aimant, a-t-il fait évoluer votre démarche ?
Nous
avons vu dès le début avec le rap, des liens de parenté
évidents. Car ce qui importe dans la tradition orale, ce n'est pas la
musique que
l'on met sur les paroles, ce sont les paroles elles-mêmes. Et le rythme
de notre
musique est celui de la parole. C'est en ce sens que le rap est proche
de nous. Dans le
rap, on s'adresse à quelqu'un. Et nous chantons de la même façon. Il
y a toujours cette espèce de son projeté où l'on prend l'autre
à témoin, on l'invite à écouter. Il y a également le
fait que le rappeur défend les mêmes valeurs que nous, des valeurs de
justice, de solidarité, d'équité, de partage. On a souvent une
même vision du monde selon laquelle tout est régit par l'efficacité
économique et financière.
Fidélité aux racines,
ouverture sur le monde, c'est A Filetta ?
Plus que fidélité aux racines, c'est avoir des racines. Dès lors que l'on en a, on n'a pas besoin de prouver qu'on y est fidèle. Cela ne nous empêche pas d'être ouvert sur le monde, de replacer notre chant dans sa matrice. Notre tradition est faite des chants du Maghreb, des chants berbères, de polyphonies que l'on retrouve en Albanie, en Sardaigne, en Géorgie. Pour nous, il est important de rester ouvert sur le monde. Parce que si, à un moment donné, on dit : "La tradition est là, elle a tel contour", elle devient objet de musée. La tradition n'a de sens que si elle continue d'être le reflet d'une communauté qui avance.
Entretien avec Pierre-René Worms RFI Musique reproduit sur
5
– Trà Noi
Marcellu
Acquaviva / Jean-Claude Acquaviva
– Bruno Coulais, 2001
Un hommage rendu par Marcellu Acquaviva à Antò Francescu Filippini,
poète corse, mort en exil à Rome, dont l'engagement pour la défense
de l’italianité du corse lui valut bien des souffrances et des
déchirements lorsque éclate la guerre de 39 – 45.
Chanté
en solo par
José : une première ! Beau contrechant de
Jean-Luc.
6 - Dormi
Jean-Claude
Acquaviva / Jean-Claude
Acquaviva – Bruno Coulais, 1996
Une berceuse à peine rock avec Paul en lead vocal !
7 -
Tbilissi
Jean-Claude
Acquaviva / Jean-Claude
Acquaviva – Bruno Coulais, 1997
Cette chanson interprétée par Guram Tamazashvili est un hymne d’amour
adressé à la capitale géorgienne Tbilissi.
11 – A
L’Altru
Mondu
François
Vincenti / Dominique
Vincenti
Arrangeurs : Jérôme Ciosi - Bruno
Coulais
« Il fallait beaucoup
de pudeur, d’intelligence et
de sensibilité pour évoquer la mort d’un jeune garçon sans
« sombrer » dans le pathos.
C’est ce que fait ici
admirablement
François Vincenti : un chant d’amour des cieux vers la
terre ; une
poésie émouvante grâce à la simplicité et à la
justesse de chaque mot. »
Antòine Ciosi, par sa voix aux accents douloureux autant
que rassurants donne
à cette prière la force de la sincérité. Le deuxième
couplet chanté par Jean-Claude dégage une émotion sans pareille.
12 -
Memorie
Antòn’
Francescu Filippini /
Jean-Claude Acquaviva – Bruno Coulais, 2001
Un poème en forme de testament laissé par le poète A. F.
Filippini :
« De tant de
vie, il ne me reste en
mémoire
Qu’une pauvre
image ; de tant
d’amours
Un nom ou
deux ; et de l’enfant
turbulent
Que je fus, le seul
souvenir d’une
blessure »
Un regard désabusé porté
sur le
temps et sa fuite ; une vision empreinte d’une grande humilité
que seul
l’âge, peut-être, sait conférer !
Une performance vocale et expressive phénoménale de Jean-Claude, une
mise
en place parfaite des voix, un texte d'une rare beauté : un des sommets
de ce
disque qui en compte beaucoup …
14 - A Dì Ti
Di Tù
Jean-Claude
Acquaviva / Jean-Claude Acquaviva – Bruno Coulais, 1996
"Une
petite fille vient de perdre son père dans des
circonstances tragiques. Sa marraine, elle-même handicapée, lui offre
ces
mots pleins de vie et d'enthousiasme. C'est l'histoire simple de cette
chanson qu'ont
commandés l'affection et l'amour."
Le répertoire de Sì di mè a été présenté lors quelques concerts, à Cannes le 1er décembre 2006, à St Germain-en-Laye le 15 mai 2007 ou à Lorient le 16 mai 2007. Lire notamment les compte-rendus des concerts d'Evreux et de St Germain-en Laye en page "concerts".
Le meilleur disque pour qui voudrait avoir un aperçu des concerts du groupe.
1 - U
Casticu
Extrait du choeur III de “Médée” de Sénèque. Il
évoque le châtiment atroce de ces audacieux qui avaient bravé la mer
(« Et celui qui fut à l’origine de tout, qui convoitait tant
la
Toison d’or, il fut mis à bouillir dans un
chaudron… »)
2 – Paghjella
Chant traditionnel à quatre voix évoquant le poète
Pampasgiolu.
3 – L’Arditezza
Extrait du choeur II de “Médée”. Il évoque
l’audace des Argonautes, ces marins présomptueux qui pensaient pouvoir
« abolir l’ailleurs ».
4 - Makharia
Chant géorgien chanté tout en retenue
5 – Paghjella di
l’Impiccati
Composé par Ghjuvan-Teramu Rocchi et Jean-Claude Acquaviva, cette
paghjella
déjà présente sur Una Tarra Ci Hè (il est d’ailleurs
intéressant de comparer les deux versions) relate la répression qui
s’abattit sur le Niolu après la défaite de Ponte Novu : les
troupes françaises se sont livrées à un massacre, la plus jeune
victime, Marcu Maria, n’avait même pas quinze ans…
6 – A Canzone di
a Malata
Une rareté dans le répertoire d’A Filetta : une monodie recueillie
dans la vallée du Marsulinu chantée ici par Jean-Luc Geronimi
évoquant la douleur devant la souffrance d’une jeune fille malade.
7– Cose viste
Texte satirique d’Antòn Francescu Filippini qui porte un regard moqueur
sur
l’évolution des mœurs (« j’ai vu mettre des manteaux aux
chiens et se déshabiller des jeunes filles »)
8 – U Sipolcru
Déjà présent dans Passione, ce chant de la Passion évoque la
mise au Sépulcre du Christ.
9 – Trà i Debbii
Maiò
Version a cappella de la composition de Marcellu Acquaviva et Bruno
Coulais pour le Don
Juan de Jacques Weber
10 – E Loche Autre extrait de Don Juan
11 – Kyrie
Création du groupe : un petit bijou de concision, une mise en
place au
millimètre.
12 –
L’Anniversariu di Minetta
Reprise magnifique du morceau de Tavagna : “Pour ta mémoire et sa
lumière chère à mon coeur, je veux vivre intensément chaque
instant concédé et le vivre pour toi”.Version chargée
d’émotion.
13 – Sub Tuum Création récente sur un texte liturgique.
14 – Caracolu di
Brame
Troisième extrait du Don Juan.
15 – Sumiglia
Morceau emblématique du groupe, qui clôt chacun de leurs concerts
depuis une
bonne quinzaine d’années, ce chant créé en 1988 est
« un hommage rendu à celui qui jusqu’à son dernier souffle
s’est identifié à cette terre qui nous a engendrés ;
c’est un hymne à l’altruisme, au don de soi. »
Les Corses d’A Filetta célèbrent vingt-cinq années d’existence par un album riche en symboles. Chants profanes ou sacrés, matériau inédit ou tradition revisitée, musique de scène ou de plateau, Intantu est l’offrande d’un peuple de bergers et de pêcheurs, d’un monde ouvert sur la curiosité et la découverte ravie. On est loin du militantisme des prémices, là où la sauvegarde du patrimoine primait tout. Mais on est bien proche de la nature profondément voyageuse des îliens.
Aujourd’hui, les polyphonies des sept de Balagne courent de vallons en monts, donnant au mot communication un sens hiératique, digne et austère. Mais aussi, pour peu qu’on s’en donne la peine, une émotion chatoyante, nuancée, et riche de profondeur rieuse.
C. Larrede, Les Inrocks, 30/11/2001
Intantu, sorti en 2002, est le septième album d’A Filetta, onzième si l’on compte les bandes originales sorties durant les trois années précédentes en collaboration avec Bruno Coulais (Don Juan, Himalaya, Le Libertin, Le peuple migrateur). Le groupe venu de Balagne officie depuis déjà plus de vingt ans à ce moment-là, et sa distribution a changé plusieurs fois. On retrouve dans Intantu : Jean-Claude Acquaviva, Paul Giansily, Jean Sicurani, Maxime Vuillamier, Jean Antònelli, José Fillipi et Jean-Luc Geronimi.
C’est le premier album du groupe sorti chez Virgin, et sa sortie est accompagnée d’un documentaire sur la chaîne franco-allemande Arte. En ce sens, Intantu a sans doute permis au grand public de découvrir A Filetta, propulsant le groupe jusqu’à devenir la référence absolue et incontestée du chant polyphonique corse au niveau international. Ce qui est intéressant, encore plus a posteriori, c’est que ce disque semble condenser tout ce qu’A Filetta était, est, et sera. Non pas dans un sens restrictif impliquant que ce géant de la musique méditerranéenne ne pourrait plus nous surprendre, mais plutôt parce que le choix du répertoire qui compose cet opus marque de manière intemporelle le chemin entrepris par le groupe dès 1978.
En effet, contrairement à ses précédents albums qui étaient tous organisés autour de thématiques définies, Intantu mélange des œuvres passées, originales ou traditionnelles, des extraits de musique de film, un morceau géorgien, polyphonie d’arrangement traditionnel ou d’écriture contemporaine, autant que monodie. Toute la palette est présentée, prête à être magnifiée, revisitée, approfondie dans les disques et créations qui suivront. C’est là justement qu’A Filetta va marquer le milieu de la musique vocale traditionnelle en France. On trouve dans Intantu la « recette » qui inspirera le contenu de nombreux disques qui sortiront par la suite. Bien entendu ils ne sont pas les seuls à opérer cette ouverture et ce mélange, ils s’inscrivent en plein dans une vague de « nouveau langage » musical entrepris dès les années soixante dans les différentes régions de France où survit et renaît un intérêt pour les musiques traditionnelles, mais Intantu marque la première exposition d’un large public à une œuvre aussi aboutie.
C’est justement dans ce « large public » que je me situe en 2002, j’ai une culture musicale principalement construite autour des musiques urbaines, même si je suis dans lo Còr de la Plana depuis déjà presque deux ans. Je balbutie la musique traditionnelle. Mais j’ai un certain bagage en hip hop français, et je connais A Filetta pour leur participation à la bande originale de Comme un aimant, film réalisé par Akhenaton. Tout du moins, je reconnais le style, les voix. Quand Intantu sort, je suis tout d’abord interpellé par la pochette, je reconnais au premier coup d’œil la griffe de Tous des K, collectif responsables d’absolument tous les disques de Hip Hop marseillais à cette époque. Ayant cédé à l’appel de l’emballage, je plonge dans cet univers vocal dépouillé. Le disque s’ouvre sur le bourdon grave de U casticu, une pièce issue de Médée. La fragilité et la finesse du chant principal porté par Jean-Claude Acquaviva contraste avec l’idée que l’on pourrait se faire du chant corse. Petit à petit la polyphonie se construit dans un enchevêtrement de voix aux nuances d’interprétation qui ont fait la marque de fabrique d’A Filetta, les passages de monodies merveilleusement ornementées, portées par Jean-Luc Geronimi ponctuent les interventions plus soutenues du chœur. Dès le premier morceau, je me suis retrouvé embarqué dans une écoute captivante, confronté à des émotions que je retrouve intactes dix-sept ans après au moment d’écrire ces lignes. Chaque morceau évoque en moi souvenirs et émerveillement devant l’écriture et l’interprétation, la variété et la richesse musicale. Avec une préférence pour A paghjella di l’impicati, titre déjà enregistré dans l’album Una tarra ci hè, Intantu reste pour moi un des disques, tous styles confondus, qui ont le plus marqué ma vie d’auditeur et de musicien.
Rodin Kaufmann
Source : http://lenouveaupavillon.com/
1 – U
Sipolcru
Création de Jean-Claude souvent
reprise en concert. Sur une
basse continue se déploie le chant de Jean-Claude. Intense tension
dramatique pour
ce premier chant qui finit dans un souffle sur « è
mi
n’avvegu… »
2 – L’Orme Sanguine
Chant du Via
Crucis de
Ruglianu sur un texte du
XVIIIème siècle. On remarquera que certains passages évoquent
le Diu Vi
Salvi Regina.
3 – U Lamentu di Maria
Reprise de cette
magnifique création
déjà entendue dans Una
Tarra Ci
Hè.
4 – Dies Irae
Orgue et violoncelles
introduisent ce chant de la
messe des défunts sur une musique de JM Giannelli. Une curiosité dans
le
répertoire d’A Filetta.
5 – U Lamentu di Ghjesù
Reprise d’une grande
intensité de cette
magnifique création. On remarquera la transposition dans un registre
beaucoup plus
aigu du chant du soliste (Jean-Claude)
6 - Ghmerto
Un des morceaux
emblématiques d’A
Filetta, ce chant géorgien est souvent chanté en concert. Une
construction
en spirale, un mélange de douceur et de puissance.
7 – A Sintenza
Création de Jean-Claude, d’une grande intensité dramatique. Il faut
le voir en concert, son visage grimaçant exprimant toute la souffrance
« de celui qui souffre en silence ». Jean-Luc en
terza.
8 – U Dubbitu
Création de Marcellu
Acquaviva-Franceschini /
Jean-Claude Acquaviva. On retrouve le climat musical d’Una Tarra Ci Hè.
9 – A l’Alivetu
Création de Jean-Claude. Une longue plainte d’une intense tension
dramatique. Un des sommets de ce disque.
10 – Lamentazione di Jeremiae
Arrangements d’A
Filetta des lamentations
chantées lors de l’Office des ténèbres de la Semaine Sainte de
Calvi
11 – Tecco
Arrangements d’A
Filetta
12 – Alleluia
Jean-Claude Acquaviva /
Jean-Michel
Giannelli
Avec ce neuvième album, les Corses d’A Filetta retrouvent au plus près l’expression des confréries, ancêtres mutualistes, et lieu de chant usuel au xième siècle. Juste avant de s’affranchir de l’oecuménisme qui semble actuellement nimber les divers groupes de polyphonies corses, force est de constater que les dix hommes du groupe proposent ici, à travers cantiques ancestraux ou compositions originales, de purs instants de magie en nappes. Compilation liturgique des déchirements d’un peuple, Passione s’avère aussi archaïque et permanent qu’un langage inédit. Le chant, stratifié et mouvant, riche de mille tessitures et d’autant d’ondoiements, surgit du passé rocailleux, sombre et tendre à la fois. L’usage très particulier qui est fait dans les polyphonies du chant principal (jamais vraiment prédominant) et de la tierce, comme un écho voilé, prolonge le mystère d’un art vocal énigmatique et séduisant. Les voix, ici exclusivement mâles, surgissent du tréfonds des gorges et des mémoires. Et A Filetta embrasse toutes les traditions d’une Méditerranée ouverte à de multiples influences, aussi bien latines qu’arabes.
C. Larrede, Les Inrocks, 30/11/1996
A
signaler également en 1997, une curiosité : la participation d'A
Filetta au
disque consacré aux orchestrations inédites de Maurice Ravel sur des
chants
traditionnels corses, en compagnie d'Anna Rocchi, de Gigi Casabianca,
de
François-Philippe Barbalosi et de Graziella Venturi. Paul et Maxime en
solo chacun
sur deux morceaux.
Merci à Jean-Mathieu Canniccioni de m'avoir fait découvrir ce disque.
Le premier chef
d’oeuvre d’A Filetta est dans sa majeure partie un disque de chansons,
avec
instruments. Il présente également quelques polyphonies. On retrouve
ici
tous les chanteurs de Ab Eternu auxquels s’est joint Pierre Bertoni.
A mon avis leur premier disque pleinement réussi, que l’on prend
plaisir
à réécouter.
1 – E’ Puru Simu
Quì
Ouverture
du disque avec un
quasi-hymne. Très dynamique.
2 – Una
Tarra Ci
Hè
Encore
une composition de
Jean-Claude, belles sonorités de guitare.
3 – A Paghjella di
l’Impiccati
Une
paghjella de
création relatant un épisode de la « pacification »
du Niolu par les troupes françaises après la défaite de Ponte Novu.
Une grande émotion se dégage de ce chant. A comparer à 'L'Impiccati"
(avec instruments) sur O Vita...
4 – Trè
Climat
moyenâgeux pour
cette composition de Jean-Claude : « ils étaient
trois : un
vieux moine, une ombre et un roi ».
5 –
Malanni
Sur
un texte de Ghjacumu
Fusina, un lamentu moderne relatant l’existence d’un
chômeur.
6 – Sò
l’Omu
Texte
de Marcellu Acquaviva,
musique de Jean-Claude.
7 –
Fiure
Texte
de Marcellu Acquaviva,
musique de Jean-Claude.
Une ballade d’une grande douceur chantée par
Jean-Claude.
8
– A Muntagnera
Texte
de Marcellu Acquaviva, musique
de Jean-Claude.
La vie des bergers à travers les épisodes de la transhumance du
Falasorma
vers le Niolu. En passant par le col de Caprunale, bien connu des
randonneurs, où,
dit-on, on pouvait monter en calèche à la fin du XIXe siècle, la
fontaine du Tassu, le repos à Mirindatoghja…
La première composition de Jean-Claude, dont la musique a servi pour Induvinella sur le premier disque du groupe.
9 – A l’Acula di
Cintu
Autre
évocation du Niolu que
cette création de Jean-Claude.
10 – U Lamentu di
Maria
Une
des plus belles créations
polyphoniques de cette époque.
Remarquables, les silences ...
11 – Da
Grande
Très
jolie chanson sur le
thème de l’imaginaire enfantin.
12 – L’Ombra
Murtulaghju
Marcellu
Acquaviva /Jean-Claude
Acquaviva
“Furieux s’est fait le vent d’hiver... Par les champs une ombre est
passée »
13 – Eo
Sai
Balade
pleine de tendresse
composée par Jean-Claude Acquaviva
La couleur
sonore de ce disque est donc très
différente de celle d’aujourd’hui, avec un net décalage vers le
grave. En outre, les voix sont plus fondues entre elles, plus
difficiles à
identifier.
En conclusion, un très beau disque, peut être un peu monocorde, avec quelques pépites comme U Lamentu di Ghjesù et Sumiglia. S’expriment déjà les immenses qualités d’écriture de Jean-Claude, notamment dans l’Agnus Dei di i Defunti et le Tantum Ergo. Le meilleur reste cependant à venir…
1 – Salutaris
Hostia
Traditionnel d’U Mucale, près de Calenzana.
2 – Violetta
A Filetta donne ici son interprétation de ce
« classique »
de la polyphonie, chanté notamment par Voce di Corsica et les Chœurs de
Sartène.
3 – U Ballu di Larenzu
Création de Jean Antònelli
4 – Requiem
Traditionnel de Rusiu.
5 – Kyrie
Traditionnel d’Ascu .
6 – Anima
Création de Marcel et Jean-Claude Acquaviva .
7 – U Lamentu di
Ghjesù
Création de GD Marcotorchino, Toni Casalonga, Nando Acquaviva et Roccu
Mambrini,
créé en 1982 lors de la Passion de Calenzana. Un des morceaux les plus
émouvants du répertoire d’A Filetta, que l’on retrouvera encore
dans Ab Eternu et Passione,
8 – A Muresca
Traditionnel .
9 – A’ u Vechju
Pueta
Traditionnel.
10 – Paghjella
Traditionnel .
11 – Pueta
Création de Jean-Claude sur un texte de Rinatu Coti.
12 – Suda Sangue
Traditionnel de Calvi .
13 – A’ Vende
Hè
Composition de Jean-Claude.
14 – Dio Vi Salvi
Regina
La version d’A Filetta de l’hymne corse .
(*)
Anima
Di l'aghje
Au delà de
ces aires
éparpillées depuis les plaines jusqu'aux montagnes, au-delà de ces
espaces où battait, jadis, le c&olig;ur d'une société rurale, il y a le
symbole d'une volonté nouvelle, d'un jour nouveau où un certain sens du
commun s'éveillera en nous
La
Violetta
Ma di ciò che
tu voli
Aujourd'hui les moments de réflexion et de mesure sont rares ; seuls
pourtant, ils
permettent de percevoir le poids réel des choses simples de la vie, de
rappeler
l'inestimable prix des valeurs humaines de pardon et de paix... Le
texte se veut alors
clairière d'espoir.
Mare eternu
La mer, par
l'immensité de son étendue, par le mystère de ses abîmes, a
été et demeure pour l'homme une source de fascination. Ces quelques
lignes
lui sont dédiées, à elle et à tous ceux, marins ou autres
enfants de la réalité ou de la légende, qui sous ses révoltes
périrent.
Oggi
Quelques masures sculptées
par le temps, quelques arbres courbés par le vent... C'est tout ce
qu'il reste
d'un village endormi dans les ténèbres de l'histoire. Dans ces
ténèbres où pourtant le murmure d'une âme égarée
vient à chaque crépuscule heurter notre présent et combattre
l'oubli.
Pé 'ssu dumane
Poursuivre le
rêve d'une Nation, n'est-ce pas le droit et peut-être le devoir de tout
homme
épris de dignité ?
Pueta
Sintenza par
té
(A Bobby Sands) Faudra-t-il voir encore longtemps
des hommes se
mêler à la mort pour que l'on comprenne que leurs actes ne sont que les
effets de causes profondes qui ont pour nom l'injustice ou
l'incompréhension
?
U mulatteru
A
canzona di a vita chi va
Cum'e tutti i zitelli
L'imbasciadori
Maestru parlami in corsu
O ghitarra meia
Passanu i mesi
Sonnii zitillini
Sta notte he natale
U ventu
Un acillucciu
Voca vuchina
Aghju coltu
Est-il vain de cueillir dans les élans de l'Histoire, les fleurs d'un
avenir plein
de foi et d'espoir, même si l'on demeure quelquefois incompris ?
Criaturella
Ce chant est destiné à nos enfants, qui bâtiront, si nous savons leur
en communiquer le désir, un monde de dignité et d'amour sur cette terre
qui
est la leur.
Cumpagnu
Chant dédié à Jean Antònelli, un temps emprisonné.
"Le compagnon emprisonné témoigne de la permanence de la quête
d'identité et d'espérance."
Cun tè
De grands poètes, tels Aragon, ont magnifié la femme. A notre
manière plus humblement, nous voulons tenter ici de rendre hommage à
toutes
les femmes combattantes de la liberté et plus largement à toutes celles
qui, en butte à l'oppression et à la mort, continuent à symboliser
la force de la vie.
I mufrini
Voici dix ans, les enfants d'un petit village de montagne, l'Oretu di
Casinca, chantaient
leur foi à travers la Corse. Nous sommes de ce pays, nous voulons y
grandir, y
apprendre et y vivre. Leur invite élargie à tous les enfants du monde
reste
plus que jamais d'actualité.
I pescadori è u mare
Loin des clichés idylliques d'une Corse littorale, uniquement vouée au
tout
touristique et aux barcarolles sirupeuses, existe une autre Corse, plus
vraie, moins
paradisiaque il est vrai: c'est celle de tout un peuple, c'est celle
des pêcheurs
condamnés à survivre dans une société de plus en plus
dépersonnalisée. Ce chant, inspiré par un texte de Pablo Neruda sur
ce thème, est aussi pour nous un témoignage d'ouverture sur la
Méditerranée.
U mare è u fiume
Tout comme le ruisseau de cette fable, se jetant dans la mer... notre
peuple, au
même titre qu'une multitude d'autres peuples, apporte depuis la nuit
des temps, sa
contribution originale à l'Universel.
U ventu scemu è a
vechja serena
Un soir de décembre à Bastia. Il fait très froid. Le vent, notre
Libecciu, aggrave la température !
Dans une rue de la vieille ville, une pauvre petite vieille femme,
sortie pour effectuer
quelques courses, rentre chez elle. Le vent souffle en tempête. Courbée
en
deux, elle avance péniblement... et le drame arrive. Elle est jetée
à terre, ses provisions éparpillées, sa belle coiffure
défaite. Elle est blessée à la tête. Le poète
présent intervient aussitôt. Il relève la vieille femme et la conduit
chez elle. Il reste avec elle longtemps ! Pendant ce même temps le vent
déchaîné souffle de plus en plus fort. Il semble attendre sa proie...
La vieille femme, ayant repris ses esprits, défiant son ennemi, se
signe sans
arrêt !!
Versu di u vignaghjolu
Vogliu
(*)
A megliu sta
Profiter des choses
essentielles que la vie nous apporte chaque jour, et ainsi
rester pleinement soi-même. tel est le thème de cette chanson, preuve
supplémentaire de la nécessité pour l'individu "d'être" pour
s'épanouir et vivre.
L'impiccati
Les
peuples ont de la mémoire. Le peuple Corse comme les autres.
En 1774, la tragédie se noue dans le Niolu. Les troupes du roi de
France
arrêtent et torturent des patriotes, dont un adolescent de 15 ans. Ce
moment
douloureux de notre histoire ne laisse ici personne indifférent bien
que deux
siècles se soient écoulés.
L'orida
bestia
"L'orrida
bestia", c'est
le fascisme et son cortège de privations et de sang... le fascisme qui,
malheureusement aujourd'hui comme hier, demeure, par delà océans et
frontières, la honte de la conscience universelle.
Mandulina
O Dume' o Muame'
Parce
que nous avons avec force la certitude de voir un jour
tous les travailleurs unis dans la lutte pour la reconnaissance de
leurs
droits.
O terra
Cet hymne à notre terre,
celle des hautes
montagnes couronnées de neige, porte en lui tout l'amour d'un peuple
refusant une
agonie programmée, et puisant dans l'histoire la force de bâtir son
avenir.
O vita, o vita
Survienne
une catastrophe, une mauvaise année ou une
mort naturelle, la vie reprend toujours ses droits avec force. Ce
chant, expression du
renouveau de la Corse et de son peuple, est un véritable hymne à la
vie.
Paghjella
Cette
"paghjella" qui était chantée dans les
vallées de Castagniccia sous l'occupation italienne, nous indique
l'état
d'esprit de résistance de notre peuple, à une époque où le
fascisme triomphait.
Ti chjami
C'est
par la poésie que les individus, les peuples et les nations
ont toujours pu, même aux plus noirs moments de leur existence, trouver
des raisons
d'espérer en des lendemains meilleurs.
U negru fiume
La prise de
conscience n'est lumineuse que dans les livres. En réalité, elle est un
cheminement difficile, hésitant. Les faits de Résistance rapportés
par l'histoire ressemblent rarement à ce qu'ils furent au quotidien.
Demeurant
à hauteur d'homme, en sont-ils moins admirables ?
Vai puru
L'homme, en proie au doute et
au
découragement, oublie que la route menant à un peu plus de bonheur est,
bien souvent, plus proche et plus simple qu'il n'y
paraît.
(*)
A u vechju
pueta
La
polyphonie est le support de la tradition chantée en Corse. Celle-ci,
sur un air
traditionnel, est un hommage aux poètes détenteurs d'une richesse
inestimable et interprètes de la Corse profonde.
A'a
riscossa
La répression a conduit bon
nombre de patriotes corses derrière les
barreaux. Ce chant est un appel à la solidarité populaire seule garante
de
la victoire pour demain.
Euskadi
Ce chant est une ouverture
sur le monde actuel.
Ailleurs qu'en Corse, en Irlande, en Amérique du Sud... d'autres
peuples sont
opprimés et souffrent de perdre leur identité et leur liberté:
celui-ci est dédié au peuple basque.
Farandula
Ce chant traditionnel nous
invite à danser
au son des violons et autres guitares et banjo. Il est l'expression
même de la
fête populaire que l'on rencontrait en Corse au gré des foires, des
fêtes de village. C'est également pour nous un cri de joie et
d'espérance pour que la Corse de demain retrouve le "sens de la fête"
qu'elle est malheureusement sur le point de perdre.
Induvinella
Cette chanson nous fait vivre
l'aventure d'un
petit enfant corse qui, de retour dans son village, découvre jour après
jour un trésor qui lui avait été caché : la langue
corse.
Particularité : à l'origine, c'était A Muntagnera qui devait figurer sur le disque. Mais Marcellu Acquaviva avait écrit le texte pour Canta, et la musique de Jean-Claude a été utilisée avec d'autres paroles.
L'acillucciu
L'enfant, souvent plus
sensible aux choses de la
nature, se laisse bercer par le chant d'un oiseau. Et ce chant le
transporte dans un
autre monde où la méchanceté et le profit sont
absents.
Machje
Ce poème est tout un symbole.
En effet,
alors que notre maquis brûle chaque année un peu plus,, nous en
possédons malgré tout un autre qu'il sera beaucoup plus difficile de
brûler : c'est notre culture, notre désir d'être corse qui nous
permettra un jour de retrouver notre dignité.
Ste mane
qui
Partout dans le monde, des
millions d'hommes et de femmes sont exploités.
C'est pour tous les travailleurs, avec l'espoir qu'un jour ils
retrouveront leur
liberté et leur dignité, que nous avons fait cette
chanson.
Terra
brusgiata
Chaque été, ce sont des
milliers d'hectares qui en Corse sont la proie
des flammes. Ce chant est le cri de cette Terre Corse qui après avoir tant
donné, refuse de se laisser mourir.
U pagliaghju
d'Ostriconi
Aujourd'hui comme hier, le
chant s'empare de l'évènement. Près
de la plage d'Ostriconi, merveilleux site en bordure de mer, la finance
internationale,
par l'expropriation des terres en vue de la construction d'un complexe
touristique,
enlève à un berger corse la possibilité de gagner sa vie : on le
chasse, sa cabane est détruite... Mais des jeunes amis du berger
reviennent sur
les lieux et reconstruisent la cabane du berger.
Vogliu esse
Ce chant est à la fois cri
d'espoir et affirmation de tout un peuple, qui, refusant l'aliénation dans laquelle
il se trouve, désire retrouver la liberté si chère à ses
ancêtres.
(*) Un grand merci à Gerda-Marie Kühn pour ces pochettes et pour les
textes!
1981, présentation du 1er album d'A Filetta à Corte: Michel Frassati (2ème en partant de la droite), Stéphane Casalta (4ème en partant de la droite) et Jean-Claude Acquaviva (5ème en partant de la droite, lunettes et cheveux frisés), Bernardu Pazzoni, Filippu Mariotti et Jean Sicurani à gauche ...
Trois vidéos sur A Filetta
:
Excellent document filmé d'un concert enregistré pendant les tournées "Una tarra ci hè" de 1995, malheureusement plus disponible.
Documentaire de Don Kent, avec un entretien avec Franck Tenaille.
Tout simplement
indispensable.
http://www.afiletta.com
Pour joindre directement A Filetta :
Contact A Filetta :
contact.afiletta@gmail.com
A Filetta : témoignages
Actualité et archives
Chants : les textes des chants
Concerts avant 2006
Concerts 2006
Concerts 2007
Concerts 2008
Concerts 2009
Concerts 2010
Concerts 2011
Concerts 2012
Concerts 2013
Concerts 2014
Concerts 2015
Concerts 2016
Concerts 2017
Concerts 2018
Concerts 2019
Concerts 2020
Concerts 2021
Concerts 2022
Concerts 2023
Discographie : tous les disques en détail
Repères chronologiques : A Filetta de 1978 à aujourd'hui
Parole : Les mots d'A Filetta (interviews, entretiens…)
Galerie photo
haut de page accueil plan du site page précédente