Ce
groupe, né en 1992,
hérite, comme tant d’autres, de la fibre
culturelle et identitaire, réhabilitée par les
années du "Riacquistu".
En 1999, ils
entrent dans la cour des grands avec leur premier album “I
soli ciuttati”.
De plaisir
partagé, la musique et le chant se font
expression.
Fin 2003 (du 23 novembre
au 6 décembre), ils enregistrent
leur deuxième album, "Cilva".
En août 2009 paraît "Radiche Suprane".
Et en novembre 2014 "A Parullaccia".
En mars 2017 sort le CD "Live in Lumiu", suivi en août du DVD du même concert.
Mars 2021 : Sortie de "À Principiu".
Nouvel album; Grilli, annoncé pour le 6 décembre 2024, avec un concert à Paris le 14 janvier au Studio de l'Ermitage.
Si la propension à l’ouverture est dans l’ADN de L’Alba, à l’occasion de sa dernière création, la transition est notable.
L’Alba a souhaité offrir dans son nouvel album concept paru chez Buda Musique, une esquisse de sa vision de la musique corse, de son identité et de ses influences multiples.
Le texte intitulé I GRILLI est utilisé comme matrice de ce travail, sa composition de trois couplets donnant naissance à des sous-ensembles de chansons interconnectées
(parfois le texte est chanté dans son intégralité, parfois un seul couplet suffit pour introduire un sous-ensemble, révélant ainsi des nuances musicales uniques).
L’objectif est de proposer une expérience immersive dans laquelle chaque chanson, tout en ayant sa propre identité, s’inscrit dans une création globale dont le texte I GRILLI est le fil conducteur.
La polyphonie, largement présente, occupe une place centrale dans la genèse de l’album, qui s’inscrit dans la continuité du travail de composition du précédent À PRINCIPIU.
Les deux premières séquences de trois pièces chacune préservent l’inspiration créatrice d’À PRINCIPIU, toujours favorisée par la position géographique de l’île, par son histoire
et par une approche musicale volontairement orientée vers d’autres horizons.
De la ligne de crête parcourue dans ce premier volet s’ensuit une capsule qui intègre des écrits appartenant à un lointain passé de l’Île de Beauté, puis c’est par un ensemble de compositions de style
« chant de cabaret corse » de la période du pré-riacquistu* (mouvement culturel, social et politique apparu en Corse dans les années 1970) que l’aventure se poursuit.
Une lecture sensible de Natale Valli (artiste emblématique de Corse du sud) introduit ce segment.
L’album se clôt sur une nanna (berceuse) et une série de pièces inclassables qui
illustrent parfaitement le travail de recherche du groupe. La langue, le choix des mots, entre nuances, métaphores et allégories, proposent de multiples niveaux de lecture et d’interprétations,
ce qui offre à chacun la possibilité de participer au projet.
Grilli est le sixième album du groupe, enrichi par une large participation féminine ainsi que par la présence d’invités de prestige
tels que Mokthar Samba, batteur percussionniste sénégalo-marocain, Gilles Chabenat, vielliste, Pierre Sangra, multi instrumentiste et Tarek Abdallah, oudiste égyptien.
Pour cette occasion, des musiciens et chanteurs talentueux de l’île ont également intégré le collectif. Ainsi, Grilli, qui signifie « grillons » en corse, donne le ton d’un nouveau prélude.
Premier album "I soli ciuttati" (1999)
Dépositaires
d’une tradition culturelle ancestrale, ils la revendiquent et
la subliment.
Ils souhaitent
transmettre,
partager, conserver ces
traditions, en
utilisant par exemple les instruments traditionnels que sont a cetera
et a pivana, mais ils ne s’en sentent pas prisonniers. Ils
construisent la tradition comme la tradition les construit. Ils aiment
à dire que leur tradition n’est pas
figée, mais au contraire vivante, en évolution,
en mouvement.
Les
sonorités, puisées aux sources
d’influences méditerranéennes,
surprennent et interpellent. Acoustique, sans surcharge, tout en
finesse, leur musique a grandi. Elle est totalement atypique dans
l’univers musical insulaire.
Derrière
les accords, derrière
l’harmonie, on sent l’évolution du
groupe. Chaque note est pesée, calculée,
travaillée. L’initié entend ce travail
et l’apprécie, le profane lui, se laisse
simplement porter par l’alchimie des sons.
Sur scène, une autre communion se prépare. Le
plaisir qu’ils éprouvent à jouer
ensemble est quasi-palpable. L’énergie circule. La
force qui se dégage de ce groupe, issue d’une
autre forme d’harmonie, envahit la salle et remplit le
spectateur d’émotion.
(texte
communiqué par Jean-François Vega)
Deuxième album du groupe
l'ALBA, "Cilva",
enregistré à Pigna du 23 novembre au 6
décembre 2003 et édité en...
décembre 2005, évoque une cité
imaginaire...
Cet album est l'aboutissement de quatre années
de travail, de recherche, de progression vocale et instrumentale.
Après avoir rodé leur musique dans les
différentes manifestations culturelles de l'île
(notamment aux Rencontres Polyphoniques de Calvi et au Festival du
vent), ces jeunes artistes présentent une musique
intemporelle, enracinée dans ses origines, et pourtant,
résolument ancrée dans leur époque,
résolument tournée vers l'avenir.
Les polyphonies
et les instruments traditionnels (cetera, violon, flûtes) se
mêlent à la clarinette, à la clarinette
basse, à l'accordéon, à la guitare
basse et à la batterie.
Un bel exemple de sublimation de la
tradition.
Extrait de la
présentation sur le site :
Cilva
(l'album)
Cilva* : la cité qui se trouve au-delà du miroir. Des tranches de vie, crues, dans leur réalité froide et dure. C’est cela qui fait de Cilva, plus une cité universelle qu’une cité imaginaire.
Chacun a sa propre Cilva. Pour l’une, ce sera la chambre dans laquelle elle reste enfermée. Pour l’autre ce sera l’univers convivial du café à l’heure de l’apéritif. Pour un troisième, ce sera la rue dans laquelle il a grandi...
ALBA nous décrit des instants que chacun de nous a pu vivre et connaitre un jour, des instants d’un quotidien qui peut paraître trivial mais que la musique sublime, qu’elle met en perspective et à qui elle rend sa profondeur. Le plus petit, le plus simple de ces moments de vie est porteur d’une grande leçon, latente la plupart du temps, et qui émerge parfois telle une illumination, qui donne un sens à tout. La musique est le vecteur de cette émergence, de cette prise de conscience des leçons de la vie. C’est ce qui fait que chacun de ces moments, chacun de ces messages, est porteur à la fois de son extrême singularité et de sa puissante universalité.
Dans ce disque, les chansons et les musiques forment une unité qui est elle-même message. De ce fait, on y trouve plusieurs niveaux de lecture, qui permettront aux âmes poétiques de lire entre les lignes, aux musiciens d’entendre entre les notes et d’identifier les connexions entre les chansons, sans laisser de côté le public le moins averti, qui sera touché par les mélodies et par la variété des styles, de la ballade à la musique tribale !
Six
musiciens composent à présent (mars 2012 ) le groupe ALBA.
L'identité d’ALBA
Ghjuvanfrancescu Mattei : chanteur de polyphonies originaire de Loretu di Casinca, passionné de musique, il connaît parfaitement le répertoire polyphonique traditionnel. Il a rejoint le groupe début 2012.
La Terza d’ALBA (voix la plus haute dans les
polyphonies)
Ceccè
Guironnet : travaille la musique à Pigna
et chante depuis l’enfance, joue des instruments à
vent traditionnels, inspiré de cette culture il donne ce son
particulier à la clarinette et clarinette basse.
Le souffle d’ALBA.
Cédric
Savelli : chanteur et instrumentiste à
cordes, frénétique du plectre et de
l’archet, voyage pour se nourrir de diverses
expériences.
Les cordes d’ALBA.
Eric
Ferrari : bassiste et contre bassiste, riche
d’un parcours scénique européen et
outre-Atlantique, il se tourne vers la Balagne apportant swing et
expérience.
L’assise d’ALBA.
Jean-François
Véga : guitariste,
chanteur, a écrit la plupart des musiques et textes de Cilva.
Les mots d’ALBA.
Sébastien
Lafarge : issu d’une famille de musiciens,
chante depuis dix ans avec l’Alba.
La voix d’ALBA.
Citons aussi ceux et celles qui ont partagé un temps l'aventure d'ALBA :
Benjamin Dolignon, Marie Manfredi, Laurent Lafarge, Antoine Sanchez, Eric Tibodo, Stéphane Serra, Thomas Moscardini et Marie-Jo Allegrini.
Le groupe a élargi ses sources et ses références, de nouveaux instruments font leur apparition pour apporter une touche d’originalité et marquer la différence avec le premier album. L’album tout entier donne à entendre une recherche musicale pointue et un énorme travail de préparation, d’affinage, pour que chaque chose soit à sa place.
Très originale, la musique de L'ALBA mêle
chant polyphonique et
instruments (guitare, percussions, basse, cetera, violon,
accordéon, flûtes, clarinette, clarinette basse).
A
l'écoute, l'héritage polyphonique du "Riacquistu"
est là, mais élargi à d'autres
influences méditerranéennes. Cela peut parfois
évoquer la musique klezmer, voire, fugitivement... quelques
échos de John Coltrane ou d'Eric Dolphy !
Un 3e album ("Radiche suprane") en préparation pour l'Alba.
Cet enregistrement est désormais disponible en CD (en Corse) sous le titre "Cilva live".
L'Alba était à Pedigrisgiu le
6 mars pour les derniers réglages avant
le concert à Furiani le 11.
Quelques images du concert
donné à Calvi le 12 avril 2009 (présentation de Radiche
Suprane) :
La sortie très prochaine de Radiche Suprane était l'occasion d'un tour d'horizon sur le groupe L'Alba.
Jean-François Vega :
Le
groupe l'Alba est né à la base de trois personnes : Marie Jo Allegrini,
Laurent Lafarge, le frère aîné de Sebastien, la voix principale du
groupe et moi.
L'idée de l'Alba nous est venue suite aux ateliers
chant de Giuventù in mossa (Jeunesse en mouvement) qui était
l'association des jeunes Calvais qui proposait plusieurs activités,
comme organiser des veillées traditionnelles sous le marché couvert,
des voyages, des randonnées et un tas de choses liées à l'éveil des
adolescents.
L'atelier était animé par Pierre Bertoni, qui
était le Président et le fondateur de cette association. À l'époque
Pierre n'était pas encore le Prieur de la Confrérie Saint Antoine Abbé
mais, étant Calvais et ayant grandi au sein de la Confrérie, il possède
une grande connaissance du chant traditionnel Calvais, Balanin et Corse.
Pour
ma part, en plus de l'atelier-chant je suis entré dans la
Confrérie - j'avais 14 ans - et donc je participais
au
répétitions, puis sont venus les cours de chant d'A Filetta
au
Carubbu à Lumio que je ne manquais jamais. J'étais alors collégien au
CEG de Calvi et Sébastien aussi; nous avons trois ans d'écart et avec
son frère Laurent, nous avons grandi ensemble. Ils sont tous deux issus
d'une famille de musiciens chanteurs, leur tante maternelle Maryse
Nicolai est bien connue de la scène insulaire, les parents sont de très
bons chanteurs. Les frères Lafarge sont forts d'une formation musicale
de bal, ils ont dû très vite savoir tout jouer sans état d'âme pour
faire danser les gens. Nous nous sommes élevés ensemble et c'est grâce
à eux que j'ai pu commencer à grattouiller quelques accords.
Laurent
et Marie Jo sont encore pour moi membres du groupe, ils ont toujours un
regard sur ce que nous faisons et sont de bon conseil.
Marie Jo, qui souffre d'une grave myopathie depuis sa naissance, est pour moi un
exemple de force et de courage, son combat contre la maladie me touche
profondément. La musique l'aide beaucoup, elle ne peut vivre sans,
c'est ce qui nous relie. Je pense à elle régulièrement, elle a marqué
ma vie jusqu'à présent, elle me rend combatif. Elle était le centre, le
coeur de l'Alba et pour moi elle l'est encore car elle m'a transmis
cette passion infinie de la musique.
Ensuite sont arrivées les
années Lycée et la connaissance de Ceccè et Benjamin qui ont connu le
groupe alors que Marie Jo et Laurent y étaient encore. Depuis 1992,
l'Alba comme tout groupe naissant, a été à géométrie variable, la liste
des différents amis et membres du groupe serait longue à dresser et ce
n'est pas d'un grand intérêt ici, car le plus important de notre
conversation est de faire une synthèse entre le passé du groupe et les
membres actuels.
L'arrivée de Ceccè et Benjamin a été une grande richesse, Ceccè amenant ses différentes flûtes traditionnelles (pifana, pirula, cialamella) et sa voix bien sûr. Clarinette et clarinette basse sont venues un peu plus tard. Lors de l'enregistrement de notre disque "I soli ciuttati" en 1997/98, il s'était fabriqué des clarinettes en roseau de plusieurs tonalités différentes puis, suite à une résidence créations avec le groupe parisien de musique contemporaine "Les enfants des autres" qui étaient aussi les musiciens du chanteur Nery avec qui nous avions travaillé aussi, deux d'entre eux étaient clarinettistes; je pense que c'est à ce moment là qu'il a voulu se mettre à jouer de ces instruments.
Quant
à Benjamin, c'est un véritable passionné de chants il a tout d'abord
apporté au groupe sa voix et la connaissance des chants de Haute
Balagne. Puis au cours du temps, il s'est mis à jouer de la guitare. Je
pense qu'il voulait à tout prix s'accompagner, car un chanteur qui ne
joue pas d'instrument est un peu seul. Là, il a comblé le manque, il
peut chanter où il veut, il lui suffit de sortir sa guitare. C'est un
adepte de musique cubaine et du Buena Vista Social Club.
Cédric, lui, est venu en 1996 avant l'enregistrement d'I soli ciuttati.
Notre rencontre a été tout d'abord un coup de foudre musical ; j'ai été
épaté de voir autant de talent sans prétention chez ce jeune homme.
Nous nous sommes rencontrés la première fois, c'était lors d'une soirée
dans la salle de Giuventù
in mossa
où nous nous retrouvions entre jeunes pour faire de la musique. J'étais
alors Vice-président de l'association, depuis nous ne nous sommes plus
quittés. Cédric a appris à chanter au sein de A Scola di Cantu
de Natale Luciani, il a grandi à Ajaccio, étant originaire de Calvi par
son grand-père. En fait, c'est lors de son retour aux sources que nous
nous sommes connus.
Cédric étant quelqu'un en pérégrination constante, c'est lui
qui a connu Éric dans le groupe Giramondu
où il l'invite à jouer avec nous sur notre disque Cilva. C'était
en 2002/ 2003. La suite est logique, il est encore avec nous, sa place
est fondamentale dans l'Alba, car sans la contrebasse, notre musique ne
peut pas se jouer.
Éric abondant de son passé de musicien, il a
tout d'abord joué avec le jazzman Lucien Ferreri, puis l'épopée Muvrini
pendant 11 ans où entretemps il part faire l'école de jazz de Los
Angeles, ensuite succès éphémère avec Giramondu. éric a
apporté la conscience et la constance musicale qui manquaient au
groupe.
L'Alba
est pour moi ma raison de vivre. Ce sont mes amis, mes frères, mes
associés, mes compagnons de route, la famille que j'ai choisie et
j'espère que nous ferons encore longtemps de la musique ensemble.
L'Invitu : Cilva
était un « concept album », sur le thème d’une cité imaginaire. Vous
récidivez en quelque sorte avec Radiche Suprane construit autour du
beau livre de Tomas Heuer.
Tout d’abord, comment passe-t-on
à un nouveau répertoire ? Cela n'a t-il pas été difficile de se
détacher de celui de Cilva ?
JFV : Tout d'abord la musique est un travail de longue haleine et de remise en question constante. Le répertoire de Radiche Suprane est né au fil du temps pendant nos répétitions hivernales dans notre studio de Pedigrisgiu en ne se détachant jamais du support principal qui est le livre de Tomas.
Se
détacher de Cilva a été facile car nous avions très envie de proposer
de nouvelles choses plus abouties et surtout mieux réalisées, au niveau
créatif, sonore et bien sûr visuel, grâce aux photos de Tomas qui
constituent l'ensemble de la pochette du disque.
Comment
est venue au groupe l'idée de faire ce disque ? Connaissiez-vous les
auteurs ? Avez-vous pris contact avec eux ? Si oui, comment jugent-ils
la musique mise sur les textes et photos ?
JFV : L'idée
de se disque est venue avec la découverte du livre, il y a de cela
quelques temps et suite à l'obtention de l'aide au phonogramme que
délivre la CTC, nous avons pu enregistrer ce disque.
Nous
connaissions Tomas et Santu, tous deux vivant à Olmi Cappella, et Dumè
Colonna nous l'avons connue cet été, car elle est originaire de l'Alta
Rocca, dans le sud.
Bien
entendu les contacts sont, et ont été plus faciles avec Santu et Tomas
d'un point de vue géographique ; Dumé Colonna a été plus difficile à
trouver, mais tous les trois ont apprécié notre travail et nos
musiques. Nous voulions être la continuité sonore de leurs créations.
Tous les textes tirés du livre sont de Santu Massiani et Dumè Colonna, mais certains sont des compositions du groupe. Qui a écrit les textes ?
Les photos qui nous plaisaient n'ayant pas de textes, nous y avons collé les nôtres. Cédric a écrit U celu, Di l'alba, U Tracciapiste, U clonu et Sta mane. Pour ma part je n'ai écrit que U carognu.
"Sta mane" a été un énorme choc pour tous ceux qui l’ont entendu. Et encore plus quand on en comprend les paroles. Vous vous êtes inspirés d’un Kyrie existant ou est-ce une création intégrale ?
Sta mane est une
création intégrale, texte et musique.
Comment
se passe la composition des morceaux ? D'abord le texte, après la
musique ? C’est toi qui écris tous les thèmes musicaux, mais je suppose
que chacun a son mot à dire ?
En
règle générale, lorsque l'un d'entre nous tient quelque chose de solide
il le soumet aux autres, et petit à petit les choses se construisent,
chacun de nous se greffe à la chanson, et bien sûr nous nous
enregistrons afin de savoir ce que l'on garde ou ce que l'on jette. La
musique est infinie et les possibilités ne peuvent se compter.
On
sent dans cet album une grande maîtrise, tant dans les compositions que
dans les voix et les instruments. Comment expliques-tu cette évolution
? Quelles sont vos influences musicales, vos sources d'inspiration ?
Qui s'occupe des arrangements ?
L'évolution
du groupe est normale, car nous nous devons d'être meilleurs jour après
jour, et le disque qui viendra ensuite de Radiche Suprane doit être
supérieur encore. Ce n'est pas être prosélyte que dire cela, c'est
juste être conscient que certes la musique est une passion, mais il
faut plus d'une vie pour en faire le tour - s’il est possible d'en
faire le tour - . Enfin pour ma part, la route est longue et il y a
tellement de choses à apprendre…
Nos
influences sont plus proches qu'on ne le pense, car nous avons tous
beaucoup écouté le fonds Quilici et nous nous sommes inspirés de
diverses monodies. Donc notre première source d'inspiration est le
chant traditionnel. Ensuite, grâce à notre instrumentarium nous
colorons nos chansons, prenant des chemins musicaux disparates, et les
arrangements se font avec l'ensemble du groupe.
Peux-tu nous parler de la
rythmique, très importante dans ce disque. Seulement des rythmes
impairs, d'où vient ce choix ?
Le choix de rythmes impairs pour nos chansons n'est en aucun cas un désir de complexité musicale ou une quête d'originalité. Nous nous sommes rendu compte que certaines polyphonies corses s'accompagnaient mieux avec des rythmes impairs ; il faut savoir que ces rythmes se retrouvent dans toute la Méditerranée, de la Mésopotamie jusqu'aux Balkans. Il y avait forcément des traces de ces différentes rythmiques en Corse, mais nous les avons perdues et rien ne prouve aujourd'hui que ces rythmes ont existé sur l'île. Enfin, il me plaît à songer qu'ils ont existé et qu'ils ont fait danser nos ancêtres.
Après Radiche suprane,
on vous sent capables de faire une foule de choses très différentes.
Dans quelle direction allez-vous aller ? Quels sont les projets de
l'Alba ? (d'ailleurs, faut-il dire "L'Alba" ou "Alba" ? )
L'avenir nous le dira, et on peut dire les deux : Alba ou L'Alba.
Les
rythmes impairs donnent justement à votre musique cette souplesse, ce
dynamisme dont se privent ceux qui ne connaissent que le binaire. Tu
évoquais aussi à Calvi les processions ?
Au
cours des processions avec la confrérie Saint Antoine Abbé de Calvi il
m'est arrivé de compter mes pas pendant que nous chantions, et souvent
sur une phrase chantée, je tombais sur un chiffre impair, c'est ce qui
m'a poussé à composer des chansons avec ce genre de rythmes.
Pour
en revenir aux sources d’inspiration, effectivement il faut peut-être
distinguer la partie vocale, à l’évidence issue de la tradition corse,
et la partie instrumentale beaucoup plus variée . Chacun écoute des
musiques différentes, selon son instrument ? Ou avez-vous des
références communes ?
Oui, nous écoutons tous beaucoup de musiques et dans tous les genres, allant de la musique ethnique, passant par la pop rock, le jazz, et d'autres; nous sommes très curieux et chacun aime faire découvrir aux autres ce qu'il a trouvé et qu'il trouve intéressant à faire écouter. Il y a des références communes et des goûts divergents. En majorité nous aimons les Beatles et Radiohead, il y a aussi le Taraf de Haïdouks, Titi Robin, Ravi Shankar, Jaco Pastorius, Thelonious Monk et j'en passe car la liste serait longue, mais pour ces derniers ce sont des références communes.
Vous commencez à être très connus et appréciés en Allemagne, vous y serez encore dans quelques jours. Avez-vous d’autres tournées prévues à l’étranger ? Et sur le continent ? Les Parisiens peuvent-ils espérer votre venue prochaine ?
Notre prochain départ en Allemagne est pour le moment la seule chose prévue à l'étranger dans l'immédiat. Les prochaines dates sur le continent sont pour février à Cannes, Mandelieu et Menton et rien encore de prévu sur Paris.
Les concerts de l'Alba sont maintenant sur une page dédiée !
Rappel : Le calendrier des concerts, c'est ici :
https://www.l-invitu.net/agenda.php#alba"
J'attendais
ce 7 septembre 2009 avec beaucoup d'impatience. Tout d'abord pour le
concert d'Alba. Un concert des "petits", comme les appelle
affectueusement l'ami Paul, est toujours un évènement. Et c'était aussi
l'occasion d'acquérir enfin "Radiche
suprane", longtemps attendu et difficile à trouver dans
les commerces, même en Balagne !
Avec
ce disque, Alba a vraiment franchi un cap. Le cap de la maturité sans
doute, même si l'enthousiasme juvénile est toujours présent. On sent
dans cet album une grande maîtrise, tant dans les compositions que dans
les voix, les instruments, les textes, tout est excellent.
Rappelons
que ce disque est inspiré du livre éponyme "Radiche Suprane" et notamment des
photos
de Tomas Heuer; trois des titres sont composés sur des textes de Santu
Massiani (I Fanali,
O sangue et
U fiore sunniò)
tandis que les textes de Soli,
L'ombra d'oru
et Se tù
sont de Dominique Colonna.
1. Soli
Pour
ce premier morceau, dédié au soleil, Alba reçoit le renfort de
l'excellent accordéoniste d'origine malgache Régis Gizavo et de Mokthar
Samba à la batterie. Benjamin, que l'on a peu l'habitude d'entendre
dans ces conditions, mène le chant avec aisance dans ce premier morceau
très différent de ceux qui vont suivre.
2. I Fanali
Un beau texte de Santu Massiani évoquant avec poésie rochers
et étoiles.
3. L'ombra d'oru
Une intro basse/guitare pour le chant de Ceccè et des autres membres du
groupe. Un chant d'une infinie douceur. Ecoutez comme Ceccè prononce :
"dolci è inzuccarati" !
4. U celu
Exposition du thème par Sébastien, puis tous les autres interviennent
pour une partie plus rythmée.
5. U clonu
Longue
intro de guitare basse pour ce morceau évoquant le clonage. Guitares et
clarinette basse s'enchevêtrent dans ce morceau au magnifique
arrangement.
6. O sangue
Encore un magnifique thème, exposé avec autorité, avec
Jean-François en voix principale.
7. Sè tu
Une
belle et lente intro de basse à l'archet, puis Sébastien expose le
thème, bientôt rejoint par les autres voix, puis le tempo s'accélère
dans ce morceau d'une belle complexité.
8. U carognu
Violon , clarinette et basse dominent ce thème dédié à
l'érable.
9. Di l'alba
D'abord la guitare et Sébastien, puis l'accompagnement
s'étoffe pour ce très beau morceau mélancolique.
10. Tracciapiste
Rythmé
par les guitares et la basse avec de belles interventions de la
clarinette, ce morceau au texte grave sur le destin ("lu ghjocu di u
maestru") est chanté par Sébastien.
11. Narodna
Instrumental évoquant fortement les Balkans. Violon et harmonium
installent le climat, rejoints par la clarinette.
12. U fiore sunniò
La cialamella de Ceccè introduit ce morceau rarement joué
en concert, semble-t-il. Une orchestration très soignée.
13. Sta mane
Le
sommet de ce disque. Ce texte dû à Cédric évoque un Dieu descendu sur
terre, s'excusant et finissant par se suicider "sous le poids du temps
perdu".
14. Razlilas
chanté par Anna Pavlovskaya.
15. Un bonus non cité sur la pochette : Aria qui n'est
autre que A mane arresu.
Ce
qui frappe à l'écoute de ce disque, c'est le soin extrême apporté aux
arrangements musicaux, toujours pertinents et subtils : une note de
clarinette, un coup d'archet, des arpèges de cetera, et toujours cette
basse rebondissante, assurant un tempo sans faille. Ce qui caractérise
Alba, c'est ce son si personnel, une instrumentation très originale
(clarinette, clarinette basse, violon, cetera, oud, harmonium, guitare)
alliée aux voix : Sébastien le plus souvent, mais aussi Jean-François,
Benjamin, Cédric et même Ceccè. Tout cela sur des rythmes très
personnels également, essentiellement des rythmiques impaires très
subtiles et très entraînantes à la fois.
Les membres du groupe
sont à la fois d'excellents chanteurs et des instrumentistes hors pair,
ce qui n'est pas si courant. Citons Eric Ferrari, dont la basse fournit
une assise solide et inventive, Cédric dont le violon fait merveille,
Jean-François et Benjamin à la guitare et à la cetera, sans oublier les
clarinettes de Ceccè et l'harmonium de Sébastien.
Ce disque
est vraiment de très haut niveau, et porte en lui une foule de
potentialités. On songe déjà à ce que pourrait être le suivant et on se
prend à rêver à des polyphonies comme Sta Mane,
à des thèmes inspirés du Maghreb, d'Andalousie ou des
Balkans, à
de folles improvisations du violon ou de la clarinette basse...
En tout cas, depuis 3 semaines Radiche
Suprane ne quitte plus mon lecteur de CD et mon iPod...
Un nouveau cap est franchi avec ce troisième album. Une instrumentation toujours plus subtile, des textes aux envolées lyriques et divines, dont certains écrits par Dominique Colonna et Santu Massiani, des voix qui nous transportent ailleurs, tout en nous replongeant au coeur des terres de Balagne. Benjamin Dolignon (Terza), Cécce Guironnet (Clarinette), Cédric Savelli (Guitare, violon et multiples instruments à cordes, Eric Ferrari (Basse), Jean-François Vega (Guitare et chant) et Sébastien Lafarge (voix principale) construisent la tradition comme la tradition les construit. Ils aiment à dire que leur tradition n’est pas figée, mais au contraire vivante, en évolution, en mouvement. Les sonorités, puisées aux sources d’influences méditerranéennes, surprennent et interpellent. Acoustique, sans surcharge, tout en finesse, leur musique a grandi. Elle est totalement atypique dans l’univers musical insulaire. Derrière les accords, derrière l’harmonie, on sent l’évolution du groupe. Chaque note est pesée, calculée, travaillée. L’initié entend ce travail et l’apprécie, le profane lui, se laisse simplement porter par l’alchimie des sons.
Le groupe Alba, en collaboration avec l'Université de Corse et Frequenza Mora, propose aux étudiants des
différentes UFR de l'Université de Corse, un concours doté d'un prix de 500,00€.
Il s'agira pour les participants de soumettre un ou plusieurs projets d'affiche pour
représenter le groupe et sa musique.
Un taxi pour Calvi
Polyphonie Corse ou symbole culturel profondément ancré dans l’esprit d’un peuple. Cédric Savelli, membre du groupe polyphonique l’Alba, nous parle de son univers polyphonique en nous faisant découvrir la Balagne.
A voir à l'adresse suivante :
http://mareterraniu.com/...
"A l'aube du XXIème siècle la musique corse fait sa mue. Après s'être longtemps ancrée sur des chants du passé, elle prend un nouvel envol pour s'ouvrir vers le monde et de nouvelles influences. Qui mieux que l'Alba réussit aujourd'hui cette synthèse ? Bâtie autour d'une base polyphonique, la musique de l'Alba s'affranchit des règles et les réinvente, introduit d'autres sonorités venues d'Inde, du Maghreb et plus largement de la Méditerranée. Dans ce groupe phare de la scène corse, instruments et voix s'harmonisent. Tour à tour, monodie et polyphonie entonnent un dialogue musical avec les instruments recueillis au fil des voyages de ce groupe itinérant. Ainsi les sonorités de l'harmonium se mêlent aux voix de Sébastien Lafarge, Cecce Guironnet et Jean-François Vega. La contrebasse stylée d'Eric Ferrari impulse une rythmique singulière soutenue par le violon mélodique et la cetera de Cedric Savelli.
Mezzovoce Mars 2011 - Mareterraniu productions
Et volià l'affiche ! Je suis particulièrement fier qu'une de mes photos (dans la partie inférieure) ait été utilisée pour cette belle réalisation d'Alex Negroni.
L'Alba se produit en concert dans l'émission Mezzo Voce proposée Par Paul Rognoni er François Karol
Réalisation Paul Rognoni
©mareterraniu francetélévisions
Sortie officielle de A Parulluccia, le nouvel album du groupe le 24 novembre.
Dédicaces le 26 novembre à partir de 15H00 chez Musica Vostra à Corte et le 29 novembre à partir de 17h00 chez Chorus à Bastia.
Plus de détails sur le disque en page "Disques".
Tous les détails sur le site du groupe : www.l-alba.com/
L'album "A Parulluccia" de L'Alba chroniqué dans Le Monde.
Mai 2015
Les musiciens chanteurs de L’Alba aiment à dire que leur tradition musicale corse n’est pas figée, mais au contraire vivante, en évolution, en mouvement. La musique de L’Alba est ouverte sur le Monde. Depuis près de dix ans, leur musique renoue avec la tradition instrumentale quelque peu oubliée des formations insulaires, en y injectant des tonalités et un style plus contemporain. Les musiciens du groupe introduisent d’autres sonorités venues d’Inde, du Maghreb et du surtout du pourtour méditerranéen. L’Alba est un groupe itinérant qui fait découvrir la Corse et sa tradition musicale lors de concerts où les spectateurs sont invités à se laisser bercer par la douceur méditerranéenne. « Un voyage musical dépaysant et pourtant intimement lié à l’île ».
Rencontre avec Jean François Vega-Albertini chanteur et guitariste du groupe.
Pouvez vous vous présenter ?
Je m’appelle Jean François Vega-Albertini, je suis chanteur et guitariste du groupe l’Alba.
La Corse c’est…
Le berceau où je suis né et jusqu’à ma mort une île qui continuera à me toucher ! Il me manque des mots pour la définir !
Quand a été créé le groupe ?
Il y a deux naissances : la 1er en 1992, où les jeunes adolescents que nous étions ont fondé un groupe issu de l’atelier chant polyphonique de l’association des jeunes de Calvi : « Giuventù in mossa » : La jeunesse en mouvement. Nous avons développé une vrai passion pour notre patrimoine musical. Cela nous a conduit en 2006 à faire le choix de devenir professionnels et de vivre de l’Alba. C’est pour moi la seconde naissance et la plus importante.
Qui sont ses membres ?
Il y a aux guitares basses et contrebasse Eric Ferrari. Ceccè Guironnet au chant et aux instruments à vent corses Pifana, Pirula, Cialamella, Chjarina mais aussi clarinette et clarinette Basse. Sébastien Lafarge au chant, harmonium indien et guitare. Ghjuvan Francescu Mattei chant et guitare. Lionel Giacomini au chant. Et moi, Jean François Vega-Albertini au chant et à la guitare.
Comment définir votre style ?
Nous faisons de la musique corse tout simplement avec des inspirations méditerranéennes. Une musique vivante, en évolution, en mouvement.
Justement quelles sont vos sources d’inspiration ?
La première source est le chant traditionnel monodique, c’est à dire à une seule voix, et polyphonique. Nous nous inspirons aussi de musiques méditerranéennes : celles de Turquie, de Grèce, d’Italie du Sud.
Quelle image de la Corse transmettez-vous dans vos chants ?
Nous n’avons pas la prétention de pouvoir donner une image de la Corse. Nous lui appartenons et non l’inverse. L’île et sa musique, cette façon de chanter étaient là avant nous et elles continueront à être présentes après nous. Parler d’authenticité et de vérité nous semble être une erreur. Nous espérons simplement que le temps d’un concert les gens voyagent avec nous sur l’île bercée par l’esprit méditerranéen.
Qu’est ce qui vous différencie des autres groupes ?
La polyphonie corse nous vient du fond des âges. Elle est toujours là, que l’on aime ou pas ça ne laisse personne indifférent. Nous essayons humblement d’être dans la continuité en tentant de créer une musique de la même teneur. C’est un challenge à chacune de nos créations musicales.
Quelle est votre actualité ?
Nous venons de sortir notre dernier album « A parulluccia » disponible sur notre site : www.l-alba.com. Nous avons débuté notre tournée estivale où nous présentons un répertoire varié de polyphonies et de chansons issues de nos trois derniers disques : Cilva, Radiche Suprane, et le dernier A parulluccia.
Des concerts à venir ?
Nous serons le 19 mai à Porto Vecchio, le 21 à Bonifacio et le 25 à Calvi.
Voir les dates des concerts en page Agenda, et les compte-rendus de concerts du groupe ici.
Novembre 2016 :
Un CD "live" sera bientôt disponible sur le site du groupe www.l-alba.com.
Mars 2017 :
Le nouvel album Live in Lumiu de l'Alba est disponible à cette adresse : http://l-alba.com/
Sortie du DVD LIVE IN LUMIU en vente sur la boutique en ligne du groupe :
http://l-alba.com/
Prochain concert à Paris le 6 février à L'ALHAMBRA Paris
Festival Au Fil des Voix
www.aufildesvoix.com
Le groupe L’Alba était en résidence d’artiste au centre culturel de l’Alb’Oru à Bastia. Un moment privilégié pour préparer leur concert de jeudi soir qui aura lieu au même endroit.
Par Anouk Passelac - Publié le 15/02/2018
Une musique inspirée de la tradition corse mais pétrie de nombreuses autres influences. Tel est le credo de L’Alba, qui sera en concert jeudi 15 février au centre culturel de l’Alb’Oru à Bastia.
Chant polyphonique, guitare, flûtes traditionnelles… mais aussi un harmonium indien, clarinettes, violon. Autant de moyens de déplier une palette large de sons et de couleurs, comme l’explique le guitariste Ghjuvan Francescu Mattei :
"La musique corse a toujours été dans l’ouverture. Il n’y a qu’à voir les influences dans les groupes des années 70, sud-américaines, nord-américaines ou irlandaises. L’Alba va chercher ses influences de part et d’autre de la Méditerranée".
Le batteur français-sénégalo-marocain Mokhtar Samba fait partie des invités. Il a joué avec des grands Youssou N’Dour, Salif Keïta ou Mori Kanté. « La première fois que j’ai entendu de la musique corse c’était à travers des polyphonies et ça m’avait vraiment touché. », avoue cet amoureux de la Corse.
Le concert débutera à 20h30 à l’Alb’Oru. L’Alba devrait enregistrer son troisième album à l’automne prochain.
Source : https://france3-regions.francetvinfo.fr
Février 2018
Interview de Ghjuvan Francescu Mattei sur Radio Paese :
https://www.dropbox.com/s/jidx3ja6k…/radiopaese3fev2018.m4a…
Octobre 2018
La composition du groupe a évolué depuis cet été, puisque l'un des ses créateurs, Jean-François Vega, a quitté le groupe, qui a intégré Laurent Barbolosi et Nicolas Torracinta.
La composition du groupe est actuellement la suivante :
Sébastien Lafarge : chant, harmonium
François Guironnet : clarinette, pivana, chant
Ghjuvan Francescu Mattei : guitare, chant
Eric Ferrari : guitare basse, chant
Laurent Barbolosi : violon, chant
Nicolas Torracinta : guitare, chant
Diana Saliceti reçoit Ghjuvan Francescu Mattei dans l'Altri menti :
Sortie de "À principiu" le 19 mars 2021.
Label : Budamusique - https://www.budamusique.com/
Booking : Crépuscule Productions - http://www.crepusculeprod.com
Quelques extraits :
Guarisce
Stranieru da l'internu
Indiferenti
Di punta à l'abbissu
Sò diventatu
Depuis plus d'un an, le groupe corse peaufine À Principiu, son troisième album studio, commencé avant l'épidémie. Le disque sort, enfin, le 19 mars prochain. L'occasion de demander à Ghjuvanfrancescu Mattei, l'un des artistes de l'Alba, comment on crée en période de Covid.
Publié le 17/03/2021
L'album, à l'origine, devait porter le nom de la première chanson de l'album. Guarisce, guérir. Et puis l'Alba a finalement opté pour À Principiu.
Guarisce, malgré son titre, était écrite avant l'arrivée de la pandémie mondiale. Et si l'album a vu le jour pendant la crise du Covid19, ce n'est certainement pas un album sur la crise du Covid19.
Alors plutôt que de regarder en arrière, l'Alba préfère se tourner vers l'avenir. "À Principiu, c'était mieux, sourit Ghjuvanfrancescu Mattei. L'idée d'un commencement, d'un nouveau départ, ça nous semblait convenir à merveille". On a essayé d'en savoir plus.
Avec ce nouvel album, les fans de l'Alba doivent s'attendre à quoi ?
Ils risquent d'avoir quelques surprises ! On a gardé notre base, évidemment, le chant polyphonique traditionnel, marié à des instruments contemporains et ethniques, venus de toute la Méditerranée. Ces influences-là, ils les retrouveront. Mais on a eu envie de s'aventurer plus loin dans les terres, au-delà des rivages. Certains morceaux nous ont emmenés au cœur de l'Afrique par exemple...
D'où vient cette soif d'explorer les musiques, renouvelée pour chaque album ?
On est six dans le groupe, et il y a un vrai travail d'écoute, de recherche musicale de notre part. Chacun amène ses envies, ses découvertes, et on tombe d'accord sur une direction. Mais sur cet album, on a aussi eu envie de se rapprocher plus encore des origines de la musique. D'où le choix du nom, À Principiu.
L'envie de faire cet album a eu raison des obstacles.
Revenons justement À l'origine de cet album...
On travaillait dessus l'année dernière, et puis comme tout le monde, on a reçu le coup de masse de la crise sanitaire. Et bizarrement, plutôt que de nous anesthésier, ça nous a donné un coup de boost. Le silence, l'arrêt du temps, nous ont permis de nous concentrer sur l'album, d'y consacrer toute notre énergie.
Mais comment on fait, en période de confinement, de couvre-feu, de restrictions ?
Il a fallu composer. Notre groupe a besoin de se retrouver, de partager un studio. On enregistre en live, même les arrangements sont élaborés en jouant tous ensemble, dans la même pièce. On fait tout ensemble, dans l'Alba. Alors quand il était interdit de se retrouver, c'était compliqué. On a essayé le numérique, mais ce n'est pas pareil. Mais comme tout le monde dans le groupe est professionnel, on s'est vite retrouvés dans notre studio, munis d'attestations de travail. Pour résumer, l'envie de faire cet album a eu raison des obstacles.
Qu'est ce qui aurait changé, à l'écoute de À Principiu, sans le Covid ?
Le son. On a pu apporter beaucoup de soin à l'enregistrement, aux prises de son. En temps normal, on est pressés par le temps, au moment d'enregistrer un album. Là on n'avait aucune date butoir. Le timing habituel, composition/album/ promotion/tournée, a volé en éclats. Notre principale chance, c'est d'avoir notre propre studio, et de pouvoir fonctionner comme on le voulait, sans dépendre de personne.
Avec le Covid, on n'avait aucune date butoir.
Comment on fait pour faire financièrement face à une année blanche, sur scène, lorsque l'on est professionnels de la musique ?
Le gouvernement a vraiment pris en considération le statut des intermittents, et cela nous a permis de travailler l'esprit tranquille. Même si on a dû faire face, c'est vrai, à une perte financière importante. On a dû annuler notre tournée d'été, un rendez-vous important pour tous les groupes corses. Il était pratiquement impossible de maintenir le moindre concert, les restrictions étaient trop importantes.
Comment vous compter présenter vos nouveaux morceaux vers le public, dans la période que l'on vit ?
On y a beaucoup pensé. C'est sur scène, en se frottant au public, que la musique prend vie, de manière presqu'organique. Mais on a eu de la chance. Les dates qui étaient prévues l'année dernière, en Belgique, À Paris, n'ont pas été annulées. Elles ont été maintenues, et décalées. C'est important pour nous. Mais la prochaine vraie étape c'est la Corse, bien sûr. Et on espère pouvoir rapidement annoncer des dates.
Et puis vous avez été signé par Buda musique, un label de musiques du monde distribué à travers le monde. Ca va aider à la promotion...
Ça faisait longtemps qu'on était dans les circuits des musiques du monde, avec des tourneurs qui nous suivaient, et quelques labels qui nous pistaient. On a envoyé le disque à Buda, qui a dit oui. Ça, c'est un vrai changement dans le cheminement de l'Alba.
Vous voyez cela comme une reconnaissance ?
Disons que c'est une forme de validation. On rentre dans ce circuit-là pas parce que l'on est Corse, c'est la musique qui prévaut. Ils s'en fichent, d'où on vient. Ils voient un album qui leur plaît, un produit qu'ils estiment pouvoir distribuer. Bien sûr, ça fait plaisir. Quand on fait de la musique, on a envie qu'elle soit entendue par le plus de gens possible. Et c'est un moyen de le faire.
À Principiu, c'est aussi un nouveau départ pour le groupe ?
C'est l'album de tous les départs, de tous les trajets, et de toutes les destinations. Et c'est vrai, c'est aussi l'album sur lequel on a expérimenté de nouvelles musiques, et de nouvelles manières de faire de la musique. Il y a une vraie diversité. Une paghjella version bar, où il ne manque que le bruit des verres, des rythmes très africains, presque trance, de la World music qui va se promener du côté de Peter Gabriel, des titres à la Charles Rocchi, et puis bien sûr les polyphonies auxquelles vient de mêler l'harmonium, pour la Balagne touch ! (rires)
Pour tous ceux qui redoutent les conséquences de la crise sanitaire sur la culture, vous êtes un vrai motif d'espoir, non ?
Je ne sais pas... C'est plus simple pour des musiciens que pour une troupe de théâtre, par exemple. On a pu faire l'album parce que l'on est autonomes. C'est fondamental. Ça nous a donné une liberté que tous les artistes n'ont pas. Alors disons plutôt que c'est un pied de nez à la crise sanitaire !
Sébastien Lafarge : harmonium, chant
François Guironnet : clarinette, pivana, chant
Eric Ferrari : guitare basse, chant
Ghjuvanfrancescu Mattei : guitare, chant
Nicolas Torracinta : guitare, chant
Laurent Barbolosi : violon, chant
Textes et musiques : l'ALBA
Invités : Claude Bellagamba et Jacqueline Bosseur-Acquaviva (auteurs), Mokhtar Samba (batterie), Louis Mhlanga (guitare/chant), Fanou Torracinta (guitare), Dédé Tomaso
Sébastien Bonifay pour Via Stella
Et l'article de #AuxSons, webmedia collaboratif, militant et solidaire :
Certains albums font avancer la musique. Ils ouvrent des voies, font émerger tout à coup des terres fertiles sur la mappemonde musicale, qui sans cesse redéfinit la géographie physique. à principiu est de ceux-là. Si cette propension à l’ouverture est dans l’ADN de L’Alba, groupe corse qui a connu plusieurs vies depuis son apparition sur la scène locale avant de se stabiliser ces dernières années, cette fois le coup de barre est remarquable.
Le quatuor insulaire, noyau autour duquel gravitent quelques musiciens réguliers, est là où on ne l’attend pas. La surprise, d’abord, dès le premier titre. Et encore, au fur et à mesure que les morceaux se suivent. Puis, tout à coup, on comprend. Tout s’éclaire : la Méditerranée n’est pas un espace qui sépare, divise Nord et Sud sur la carte, une frontière ; elle est un espace qui relie, où les identités se rencontrent. En Corse aussi, n’en déplaise aux esprits étriqués, aux pense-petits, auxquels cet album fait un magistral pied de nez musical.
La magie opère tout au long de ce voyage mi- réel mi-fantasmé, loin des stéréotypes : « De Gibraltar au Bosphore », situe Ghjuvanfrancescu Mattei, l’un des chanteurs et guitaristes de la formation ; des studios britanniques de Real World d’où pourrait être sorti Sò̀ diventatu au désert des Touaregs pour Guarisce, a t- on envie de compléter.
Cette ligne de crête parcourue d’un bout à l’autre de l’album passe bien sûr par l’Île de Beauté, centrale, fondamentale dans la démarche de L’Alba. Paghjella, intitulée ainsi en référence à ce chant traditionnel polyphonique entré au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2009, rappelle « la base du chant corse ».
Le respect des codes n’empêche pas de faire évoluer la matière. Les musiciens ont voulu prolonger ce qu’ils avaient déjà entrevu sur l’album précédent, A Parulluccia : l’accordéoniste Régis Gizavo « apportait ce qui manquait, un côté lumineux », explique Eric Ferrari, le bassiste. Tous deux s’étaient liés d’amitié lorsqu’ils jouaient ensemble par le passé.
La disparition tragique du virtuose malgache en 2017, sur son Île d’adoption, a profondément affecté le collectif. Impossible, impensable de ne pas évoquer son souvenir sur ce nouveau disque. Alors ils ont convié sur Stranieru da l’internu (« étranger de l’intérieur », en français) le guitariste zimbabwéen Louis Mlhanga avec lequel le natif de Tulear avait beaucoup collaboré. Cette chanson est aussi celle qui a permis de trouver la combinaison idéale en termes de mixage. Après plusieurs propositions qui ne les satisfaisaient pas, les membres de L’Alba ont envoyé à l’ingé son la photo d’un guitariste autour d’un feu, entouré de quelques amis : voilà l’ambiance qu’ils recherchaient, celle qu’ils vivent et aiment partager. Pour que chacun se sente intégré à la chanson, sans même saisir le sens des paroles.
Le message a été parfaitement compris, contribuant à la réussite de l’ensemble. Pour les restituer au mieux, au plus près, comme si vous étiez assis juste à coté, encore fallait-il savoir capturer ces instants si furtifs mais si essentiels, comme l’attaque des doigts de Mokhtar Samba, invité de luxe sur plusieurs titres, lorsqu’ils touchent les percussions. Faire ressentir le caractère sacré quasi mystique de Di punta à l’abbissu, enregistré dans l’église d’un village. S’imaginer au centre du cercle, entrainé par la rythmique d’U Tornaviaghju et ce son clair de mandoline, quelque part entre Naples et la Grèce, et pourtant si corse dans ce chant rappelant celui de Charles Rocchi. Tourner, encore, quand le jeu collectif des musiciens en osmose transporte sur les rives Sud de la Méditerranée, comme si les liens avec le chaabi étaient évidents – jusque dans leur dimension vocale ! Une bonne production libère les émotions autant qu’elle sculpte une esthétique, et les exemples ne manquent pas sur À principiu.
Tout ce pouvoir évocateur dont est gorgée chaque chanson passe aussi par la langue, les mots. Entre métaphores et allégories, l’écriture de L’Alba est « protéiforme » pour que chacun s’y retrouve. Elle joue la carte des nuances plutôt que des affirmations, propose plusieurs niveaux de lecture. « à principiu », que répètent tel un leitmotiv les chanteurs sur le dernier morceau de l’album et qui lui donne son titre, ne peut-il pas s’entendre comme « au départ » ou « en principe » ? Laisser une part de mystère au moment de prendre congé reflète, au fond, la philosophie de L’Alba, dont le regard se perd à l’horizon, libre.
Like most of the major islands in the Mediterranean, Corsica has had its share of invaders, conquerors, visitors and immigrants... All this turmoil makes for a unique culture with its own unique institutions, language and music. Most familiar of the musical part of that is the vocal music of the island, pulifunie, the polyphonic choral tradition that has had a resurgence since the 1960s and some of those choral groups have achieved some small international fame, as well as attention from contemporary composers.
On their fifth recording, À principiu, L'Alba straddle the old and the new, with strong vocal references to the traditional polyphonic singing and nods to contemporary folk and jazz. They embrace the many influences that have flowed through the island, from Arabic, North African, Italian and French inhabitants and visitors, as well as reaching out further to places like Greece, Portugal, Senegal and Zimbabwe... L'Alba are not here to recreate the past, but to remind us that past and present are separated by a very thin line and crossing it is both a challenge and a blessing.
L’Alba says that the Corsican musical tradition is not frozen in time but rather, it is in constant evolution and movement. The music of L'Alba, timeless and wide open to the world, takes on an ever-more Mediterranean orientation in its new album À principiu. Once again, L’Alba’s work sets it at the heart of the Corsican musical landscape: preserving the heritage of polyphonic voices but also absorbing new influences with a palette of sounds borrowed from the regional cultures from North Africa, Italy, Greece and Portugal.
À principiu, the group’s fifth album features prestigious guests (Senegalese-Moroccan drummer and percussionist Mokthar Samba, Zimbabwean singer and guitarist Louis Mhlanga, Corsican guitarist Fanou Torracinta) as well as very talented instrumentalists and singers from Corsica who have joined the collective for the occasion.
À principiu, meaning "in the beginning" in Corsican, takes the group to the beginning of a new artistic and human adventure.
Read the editor's full review and listen to some samples of the music.
L’Alba se plaît à dire que la tradition musicale corse n’est pas figée, mais au contraire, en évolution, en mouvement. Dans son nouvel album “À Principiu” qui paraît chez Buda Musique, la musique de L’Alba, prend une orientation toujours plus méditerranéenne.
L’Alba donne à nouveau à son travail une place de choix dans le paysage musical corse ; tout en conservant l’héritage des voix polyphoniques, le groupe intègre désormais de nouvelles influences avec une palette de sonorités empruntées à des cultures de région du monde telles que l’Afrique du Nord, l’Italie, la Grèce, le Portugal…
La démarche de création de l’Alba est guidée par sa volonté d’accompagner ses chants d’arrangements originaux à consonances méditerranéennes, tout en restant fidèle à la tradition culturelle ancestrale. Cette envie de travailler dans ce sens est née du constat de la proximité des identités vocales des peuples du bassin méditerranéen, notamment en terme de mélismes et, plus largement, d’esthétique. Caractérisé par ses compositions insufflant une énergie résolument positive, “À Principiu” a l’ambition de visiter des époques et des territoires plus variés allant de l’aire nord-africaine jusqu’à la Méditerranée orientale, empreints d’accents tour à tour traditionnels ou contemporains. C’est avec l’utilisation d’instruments tels que l’harmonium, la guitare acoustique ou électrique, le violon, les clarinettes, les flûtes, les mandolines, la basse, les percussions que les voix s’harmonisent, que les monodies et les polyphonies entonnent un dialogue musical inspiré de la circulation des peuples et de leurs échanges culturels.
Depuis sa professionnalisation en 2005, “À Principiu” est le cinquième album du groupe auquel ont participé des invités de prestige (le batteur percussionniste sénégalo-marocain Mokthar Samba, le chanteur et guitariste zimbabwéen Louis Mhlanga, le guitariste corse Fanou Torracinta …) mais aussi de très talentueux instrumentistes et chanteurs de l'île qui ont rejoint le collectif pour l’occasion, certains d’entre-eux, séduits par la nouvelle démarche, étant devenus des membres à part entière. Ainsi “À Principiu” qui signifie « au début » en corse, mène le groupe au début d’une nouvelle aventure artistique et humaine…”
Le respect des codes n'empêche pas de faire évoluer la matière. Les musiciens ont voulu prolonger ce qu'ils avaient déjà entrevu sur l'album précédent, “A Parulluccia” : l’accordéoniste Régis Gizavo « apportait ce qui manquait, un côté lumineux », explique Eric Ferrari, le bassiste. Tous deux s'étaient liés d'amitié lorsqu'ils jouaient ensemble par le passé.
La disparition tragique du virtuose malgache en 2017, sur son île d'adoption, a profondément affecté le collectif. Impossible, impensable de ne pas évoquer son souvenir sur ce nouveau disque. Alors ils ont convié sur Stranieru da l'internu (« étranger de l'intérieur », en français) le guitariste zimbabwéen Louis Mlhanga avec lequel le natif de Tulear avait beaucoup collaboré. Cette chanson est aussi celle qui a permis de trouver la combinaison idéale en termes de mixage. Après plusieurs propositions qui ne les satisfaisaient pas, les membres de L'Alba ont envoyé à l'ingé son la photo d'un guitariste autour d'un feu, entouré de quelques amis : voilà l'ambiance qu'ils recherchaient, celle qu'ils vivent et aiment partager. Pour que chacun se sente intégré à la chanson, sans même saisir le sens des paroles.Le message a été parfaitement compris, contribuant à la réussite de l'ensemble. Pour les restituer au mieux, au plus près, comme si vous étiez assis juste à côté, encore fallait-il savoir capturer ces instants si furtifs mais si essentiels, comme l'attaque des doigts de Mokhtar Samba, invité de luxe sur plusieurs titres, lorsqu'ils touchent les percussions. Faire ressentir le caractère sacré quasi mystique de Di punta à l'abbissu, enregistré dans l'église d'un village. S'imaginer au centre du cercle, entraîné par la rythmique d'U Tornaviaghju et ce son clair de mandoline, quelque part entre Naples et la Grèce, et pourtant si corse dans ce chant rappelant celui de Charles Rocchi. Tourner, encore, quand le jeu collectif des musiciens en osmose transporte sur les rives Sud de la Méditerranée, comme si les liens avec le chaabi étaient évidents – jusque dans leur dimension vocale ! Une bonne production libère les émotions autant qu'elle sculpte une esthétique, et les exemples ne manquent pas sur “À principiu”.
Tout ce pouvoir évocateur dont est gorgée chaque chanson passe aussi par la langue, les mots. Entre métaphores et allégories, l'écriture de L'Alba est « protéiforme » pour que chacun s'y retrouve. Elle joue la carte des nuances plutôt que des affirmations, propose plusieurs niveaux de lecture. « À principiu », que répètent tel un leitmotiv les chanteurs sur le dernier morceau de l'album et qui lui donne son titre, ne peut-il pas s'entendre comme « au départ » ou « en principe » ? Laisser une part de mystère au moment de prendre congé reflète, au fond, la philosophie de L'Alba, dont le regard se perd à l'horizon, libre.
(extrait du communiqué de presse)
Combien de fois ai-je remis À principiu de L'Alba sur la platine sans être capable d'écrire un mot ? Tout de suite senti l'accroche. De quel coin du monde arrivait ce petit objet rond dans sa pochette promo quasi anonyme ? Je déteste cet entre-deux que la photocopie qui l'accompagne n'éclaire qu'en la relisant plusieurs fois parce que les informations y sont noyées dans le laïus d'un pigiste bien obligé d'arrondir ses fins de mois. Il manque le véritable objet qui justifie l'achat plutôt que de se contenter de son fantôme dématérialisé, avec le livret, les paroles parfois, etc. Là c'est vraiment nul, même la vidéo avec entretiens et extraits a disparu pendant que j'écrivais mon petit compte-rendu. Et puis de toute manière je préfère toujours me reporter aux auteurs plutôt qu'à leurs thuriféraires. Jean-André Fieschi m'avait bien appris qu'il vaut toujours mieux lire un livre de Jean Renoir qu'un livre sur lui. Il y a bien celui, magnifique, sur son père Pierre-Auguste, mais c'est une autre histoire.
Ici on peut d'abord penser à l'Inde, à la Roumanie, je raconte n'importe quoi, y connaissant si peu. En 1975 je jouai pourtant de la guimbarde sur un 33 tours des Fédérations de la Corse du PCF à la demande de mon maître, originaire de Bastelicaccia. On comprend évidemment vite qu'ils sont corses. C'est qu'ils ont de sacrées belles voix. Qui cela ? Comment savoir ? J'épluche la page, ravi par l'écoute. L'orchestre est du niveau. C'est rudement bien. Les chants polyphoniques révèlent l'évidence. Les guitares électriques se mêlent aux instruments traditionnels du pourtour de la Méditerranée... Ghjuvanfrancescu Mattei à la guitare, Éric Ferrari à la basse, Ceccè Guironnet aux instruments à vent, Sébastien Lafarge à l'harmonium, et puis aussi Laurent Barbolosi au violon, Fanou Toracinta et Antoine Chauvy à la guitare, Petrughjuvani Mattei qui chante avec presque tous les autres, Dédé Tomaso... Je glane les infos sur la Toile...
Invités, le percussionniste Mokhtar Samba souligne ce voyage autour de Mare Nostrum, ou encore le guitariste zimbabwéen Louis Mlhanga, sur la onzième et dernière chanson, montre que L'Alba s'enfonce désormais dans les terres ensoleillées. Comme j'ai du mal à me repérer au milieu de ce fouillis de lignes, j'abandonne l'idée de comprendre qui est qui, qui joue quoi et où, je m'abandonne et je remets ça. Juste la musique. Le chant. Une histoire entre hier et aujourd'hui, entre ici et là-bas, toujours plus loin. La musique est espéranto.
Compositeur de musique, cinéaste, écrivain, etc.
Bagnolet - France
C’est au son d’un blues du désert touareg que le voyage commence : percussions africaines, flûte pastorale et des chants… corses ! La langue de l’île de Beauté s’identifie plus clairement sur le titre suivant : Indiferenti. Mais cette fois, le violon pleure sur un tango d’Europe centrale. En découvrant qu’Orient et Occident ne font qu’un dans ce concept insulaire effaçant les frontières, on se dit que le monde est petit. Et que la Corse est grande.
À Principiu appartient à ces crus musicaux bercés d’humanité, de saveurs et de senteurs provenant d’un peu partout. Loin de la brutalité, des horreurs et de la sauvagerie, L’Alba nous convie au banquet de la beauté du monde. On ne va pas s’en priver.
Nouvel album pour le groupe l’Alba.
Vendredi 19 mars est sorti À principiu, le nouveau disque du groupe l’Alba. Ghjuvanfrancescu Mattei, membre du groupe, nous parle de ce nouvel opus.
Nous ne cessons de le répéter, penser les musiques traditionnelles comme quelque chose de figé est une erreur. En perpétuelle évolution elles ne cessent de se transformer, un pied ancré dans le passé (en essayant toujours à en être le plus respectueux et le plus proche possible dans une recherche ethnomusicologique presque), un pied cherchant un autre présent et ce qui pourrait ressembler au futur.
La preuve une nouvelle fois avec l'ensemble L'Alba qui fait rejoindre dans leur cinquième album : chant polyphonique corse et éléments mélodiques et rythmiques des musiques méditerranéennes (la Grèce, l'Afrique du Nord, l'Italie...).
Un groupe composé de Sébastien Lafarge (harmonium, chant), Eric Ferrari (guitare basse, chant), Nicolas Torracinta (guitare, chant), Laurent Barbolosi (violon, chant), Ghjuvan Francescu Mattei (guitare, chant), François Guironnet (clarinette, pivana, chant) pour qui la fibre identitaire et culturelle n'est pas une façon de se replier sur soi.
Pour ce faire l'ensemble s'est entouré d'amis, parce que la musique c'est une affaire d'amitié aussi, comme le guitariste Fanou Torracinta, le chanteur et guitariste zimbabwéen Louis Mhlanga et le percussionniste Mokthar Samba.
Une façon de toujours se renouveler (ce que fait le groupe depuis ses débuts il y a presque 30 ans), d'élargir les possibilités, et de renaître (à principiu signifie "au début" en Corse). Forcément les repères esthétiques se font moins évidents, avec quand même la Méditerranée comme point de convergence. Et qu'importe justement ces repères, reste la musique, ce chant, ces expressions, ces phrasés mêlés, ces mélodies qui semblent tout pouvoir porter et s'envoler loin.
Un beau voyage en terre de communion, en terre de partage...
Par: Jacques Paoli
Publié le: 29 avril 2021 par Corse Matin
Une propension à l'ouverture a porté le groupe à l'écriture de son troisième album studio. Comme un nouveau départ, tout en nuance
Il est dans les bacs depuis quelques semaines et, faisant fi du contexte sanitaire, ce nouvel album initie un nouveau départ. Celui de l'ouverture musicale sur la Méditerranée et au-delà. Le groupe L'Alba ne trahit pas ses bases de chant polyphonique traditionnel, mais s'enrichit d'instruments contemporains et ethniques, venus de toute la Méditerranée, ainsi que d'influences plus lointaines, jusqu'au cœur de l'Afrique. C'est dire si ce nouvel album, le troisième en studio, se veut différent. Surprenant.
Un pari osé que le groupe a relevé en mettant à profit une période de confinement qui, dans son paradoxe le plus profond, a été bénéfique à la réflexion comme le confie, Ghjuvan Francescu Mattei : "Nous avons pu nous consacrer au travail de création, aux arrangements et au son, en prenant notre temps. Le confinement a suspendu le temps, il a ralenti le rythme de la vie, dans le bon sens du terme, parfois..."
Le titre initial de l'album devait être Guarisce (le titre de l'une des chansons de l'album), mais considéré au final comme trop évocateur de la pandémie, alors même que ce titre évoque la guérison d'un homme par quelqu'un de bienveillant.
Il fallait casser avec un éventuel amalgame, et donner à ce nouvel opus toute sa dimension. Le choix s'est donc porté sur À principiu, un départ, un éternel recommencement, une projection vers l'avenir, la résolution d'insuffler une énergie positive. Une part de mystère demeure. Il y a là un peu de l'ADN du groupe.
À principiu, c'era un associu : le groupe L'Alba y puise sa création. Une association pour la défense et la promotion de la langue et la culture corse, à travers le chant.
À principiu, d'un groupe à la dimension professionnelle, qui évolue, intégrant de nouvelles influences, une nouvelle accroche.
À Principiu, plus qu'un titre, un état d'esprit, une volonté délibérée de confronter la langue corse et sa culture à d'autres sources inspirations, au-delà du cercle méditerranéen, au cœur de l'universalité. L'Alba, c'est un collectif d'artistes qui s'enrichit, mutuellement, et nous emporte pour un beau voyage en terre de partage. Prouvant si besoin est, que la culture corse n'est pas figée. Le paysage musical corse, s'en trouve enrichi.
Certains albums font avancer la musique. À principiu se veut de ceux-là et le message semble avoir été parfaitement compris.
En témoigne une sortie officielle, saluée avec enthousiasme. Le journal Le Monde a souligné "Un métissage musical séduisant, cousu d'élégance et de délicatesse", Mediapart salue "Une histoire entre hier et aujourd'hui, entre ici et là-bas, toujours plus loin. La musique est espéranto". Autant de retours positifs qui confortent les artistes de L'Alba dans la pertinence de leurs choix musicaux, entre guitares électriques et violons bohèmes, de l'accordéon musette à l'harmonium, qui subliment une écriture protéiforme, où se décline en plusieurs cercles de lecture, la place de l'homme dans la société.
Un autre "principiu", abstrait, coloré, polymorphe, s'exprime aussi à travers la couverture de l'album, sur la base d'une peinture de Béatrice Brisset.
Une résolution aussi. Celle d'avoir la plus probante visibilité en confiant l'album à Buda Musique qui fait la part belle aux musiques du monde.
Tous les voyants sont au vert avec la sortie de cet album qui, au-delà de la musique et du chant, est un espace de liberté, dans un contexte où elle a tant de mal à s'exprimer. Il manque la scène, les spectacles, le public. L'Alba se veut optimiste et prêt à porter le plus grand nombre au début d'une belle aventure culturelle et humaine. Simu à principiu !
De retour au Spaziu Natale Rochiccioli, les membres du groupe L'Alba, livreront ce samedi soir sur la scène cargésienne le premier rendu de leur travail d'une semaine de création.
Un nouveau concert dans la veine des précédents, fidèle au moteur des membres de la formation musicale : l'exploration dans son universalité des sonorités et des voix notamment méditerranéennes. Si leur précédent album, A Principiu, était "une invitation au voyage", le concert que les artistes donneront au public prend une autre dimension "il y a toujours le voyage d'une rive à l'autre de la Méditerranée, mais nos récentes créations ou les anciens morceaux que nous avons retravaillés et réarrangés pour ce nouveau concert iront au-delà, permettant un poste d'observation de la société", précise le musicien Ghjuvan-Francescu Mattei.
Création et exploration
Une nouvelle aventure musicale, artistique mais aussi politique qui a poussé les membres de la formation musicale à orienter différemment leur production.Un travail de fond qui marque l'évolution du groupe : "Les bases de notre création, c'est-à-dire le lien entre les peuples, et notre façon de chanter sont toujours présents. Toutefois, la venue de nouveaux artistes nous a permis d'en enrichir l'interprétation", précisent les musiciens.
Sur scène, les sonorités des instruments classiques ou traditionnels insulaires se mêleront à d'autres plus surprenantes. Un travail entrepris il y a un an par les artistes de L'Alba "continuellement en phase de création et d'exploration", dont l'aboutissement ne pouvait avoir lieu qu'au sein du Spaziu Natale Rochiccioli : "Nous avons à cœur d'effectuer nos résidences de création à Carghjese (...) malgré le travail de préparation réalisé en amont de la résidence de création, le véritable point de départ du concert est Carghjese".
Un concert qui s'exportera dans le sud-ouest de la France où les artistes se produiront au mois de février, une semaine durant, avant de revenir sur les scènes insulaires. Viendra ensuite une tournée européenne. Le concert évoluera et s'affinera encore avant l'enregistrement et la sortie du nouvel album, le cinquième du groupe, à l'horizon 2024.
Pour suivre l'actualité du groupe : l-alba.com
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