L'association
U Svegliu Calvese est née
en juillet 1981 du constat de la perte progressive
d'identité de la ville, entre le côté
touristique de l'été et le
côté ville de garnison en hiver. Les
créateurs ont voulu renouer avec les traditions, faire
reprendre conscience aux Calvais de la richesse de leur patrimoine.
Si l'association
travaille quotidiennement sur le
terrain en organisant des stages de théâtre et en
encadrant la structure socio-éducative de La Tour Solaire,
qui propose aux enfants et adolescents calvais de nombreuses
activités (aide aux devoirs, ateliers de musique, dessin,
photo...), U Svegliu est connu avant tout pour les manifestations qu'il
organise depuis de nombreuses années, aux fêtes de
Pâques (les Passions) et en septembre (les Rencontres
polyphoniques).
Afin de perpétuer
l'héritage
des chants polyphoniques et de l'ouvrir à d'autres cultures
partageant la même expression polyphonique, U Svegliu
Calvese, sous l'impulsion de son président
Jean-Témir Kérefoff et de sa
secrétaire Dominique Bianconi (une ancienne du groupe Donnisulana
soit dit en passant), et en collaboration avec le groupe A Filetta, a
créé en 1989 les Rencontres de chants
polyphoniques de Calvi. Elle ne réunissaient à
l'époque que deux groupes, A Filetta et Su Cuncordu de
Orosei. A Filetta avait été reçu en
Sardaigne et avait souhaité recevoir le groupe Sarde en
retour en Corse.
A l'issue de ce concert sont nées ce qui
allait devenir les Rencontres. Il
se trouve que Jean Sicurani faisait partie des membres fondateurs du
Svegliu. A Filetta était alors un jeune groupe qui
répétait souvent à la
Poudrière. Des liens amicaux très forts se sont
rapidement noués.
Ces Rencontres sont
aujourd'hui un rendez-vous
musical d'une grande qualité où se croisent et
s'entremêlent les voix de chanteurs venus du monde entier :
mongols, inuits, tibétains, sud-africains, cubains,
sardes...
Au delà de son
envergure internationale,
cet événement met en valeur tout l'espace et
l'architecture de la haute-ville dont le cœur bat au rythme
de concerts, d'ateliers et de rencontres consacrés
à l'art du chant avec un grand C. Ainsi
chaque année depuis 1989 en septembre, dans la lumière
et la chaleur d'un
été languissant, la citadelle accueille des
chanteurs venus de tous horizons, qui, quatre jours durant, partagent le
plaisir
d'échanger leurs voix et leurs âmes...
En
1989, les chanteurs du groupe A Filetta entamèrent un
dialogue avec les chanteurs sardes d'Orosei. Le fil ainsi
tissé devait se poursuivre, et d'autres le saisirent qui
vinrent de Géorgie, d'Afrique du Sud, de Bulgarie,
d'Angleterre ou de Cuba.
Depuis,
d'année en année, les murailles de la citadelle
renvoient l'écho de ces voix, qui racontent la terre, les
océans, les montagnes et les étoiles, qui nous
disent l'histoire de peuples de souffrance, de peuples
d'espérance, de peuples à rêver. Calvi
devient alors le lieu de ce plaisir intense et de cette
émotion pure qui frappe en plein coeur quand des hommes
d'aujourd'hui se rassemblent, simplement pour chanter la fascinante
modernité de l'art polyphonique.
JC.
ACQUAVIVA
A noter que les Rencontres s'intitulent "Rencontres de chants polyphoniques", sans qu'elles soient réservées exclusivement à ce type de chant. Ce sont les Rencontres elles mêmes qui sont polyphoniques. Il n'est pas toujours nécessaire de comprendre ce qui se dit pour s'entendre...
Deux anecdotes, rapportées l'une par Jean-Claude Acquaviva, l'autre par Dominique Bianconi :
Une fin de soirée à 5 heures du matin à la Poudrière. Il y avait là un Géorgien, un Cubain, un Sarde et un continental, qui avaient tous un peu bu. Ils se parlaient chacun dans sa langue et donnaient le sentiment qu'ils se comprenaient. Après ils se sont engueulés un peu, sans aucune gravité, mais c'était surréaliste de les voir mener ce qui ressemblait à un véritable débat philosophique.Nous avons découvert les Rencontres de Calvi en
1999. Nous les avons retrouvées en 2002, puis à partir de 2004, nous avons eu la chance de ne manquer aucune édition. Parmi les nombreux souvenirs de ces journées
exceptionnelles, dont vous trouverez ci-dessous quelques traces, citons
la création d'Himalaya, l'enfance d'un chef
en 1999, la rencontre avec Antoine Ciosi en 2004, la
découverte des Voix de Géorgie...
Un grand merci à Gerda-Marie d'avoir bien voulu mettre à
ma disposition ses archives d'une grande richesse, ce qui m'a permis
de compléter les années "sans".
Via Stella a récemment diffusé un film de Frédéric Deret sur les VIIes Rencontres Polyphoniques, qui accueillaient, entre autres, Les Voix de Géorgie, Su Cuncordu de Orosei, un groupe bulgare et un groupe sud-africain.
U
Fiatu Muntese (Corse)
Yann-Fanch Kemener
(Bretagne)
Houria Aichi (chants
berbères)
Houria Aichi revivifie la tradition de la poésie populaire
chantée des Chaouis d'Algérie, paysans
berbères de l'Aurès.
Voix
de Géorgie (Géorgie)
Les chants géorgiens passent parmi les plus beaux du monde.
Tous les chants interprétés par les Voix de
Géorgie, groupe créé en 1986, le sont
dans la version originale qui leur a été transmise par leurs ancêtres.
"...ce
n'est pas l'instrument
exotique ou la pose de la main sur l'oreille qui donne sa force
à une musique; c'est plutôt la
sensibilité qui la guide, sa façon à
elle de raconter, témoigner le monde, la vie, l'humain, tout
ce qui par là-même lui donne cette force vitale.
La
réduire aux apparats de son décor, c'est
l'amputer de son entière substance, lui refuser sa pleine
existence."
Jean-François
Bernardini
A Madrigalesca
Tembang Sunda & Kachapi Sulin
Mercredi 15 septembre, Oratoire
Marilis Orionaa
Sabri Moudalal, Omar Sarmini et l'Ensemble Al-Kindi : le salon de
musique d'Alep
The Helping Hand Gospel Singers
Flying
Pickets
Tenores Antonia Mesina d'Orgosolo
The Helping Hand Gospel Singers
Premier concert pour A Filetta autour des
musiques de films de Bruno Coulais : de larges extraits,
complètement réarrangés pour le groupe
sans accompagnement musical, de Don Juan, Himalaya et du Libertin.
Performance remarquable sur des compositions qui sont loin
d'être faciles et dans un lieu pas forcément
approprié. La Cathédrale de Calvi, plus petite,
se prête mieux au chant tout en nuances d'A Filetta. Un petit
plantage sur La Mort de Don Juan. Cela arrive même aux
meilleurs !
Pour le deuxième concert, Jean-Claude avait
prévenu le public : ceux qui n'ont jamais entendu les Voix
de Géorgie allaient être soufflés.
Effectivement, tant l'aspect physique de ces douze géorgiens
en costume traditionnel (bottes de cuir, cartouchières et
poignard au fourreau) que la puissance de leur chant ont
enthousiasmé le public. Les géorgiens ont offert
un éventail de leurs capacités, avec des chants
religieux, des chants de mariage, de labour, de
célébration, de chasse, d’amour,
passant du plus tonitruant au plus doux.
Retour à Calvi ce mercredi pour un premier concert
à la Cathédrale du groupe féminin
Isulatine. Né en 1998, Isulatine
réunit
Antoinette d'Angeli, Elisabeth Andreani et Letizia Giuntini. Ces trois
jeunes femmes issues du jazz ou du chant traditionnel (Letizia a
vécu toute son enfance à Lumio à
côté du Carubbu cher à A
Filetta)…ont déjà chanté
ensemble dans différentes formations (Anghjula Dea) autour
d'une même passion pour le chant.
Comme le laisse présager le nom du groupe (Isula+latine),
leur répertoire témoigne d’une
volonté d’ouverture et se compose d'une palette de
chants d'horizons très différents. Leur concert
reprend en majeure partie les morceaux de leur album Sogni
d’Aprile enregistré en avril 2003, des
créations en langue corse et des chants traditionnels d'ici
ou d'ailleurs (un morceau jazz, une berceuse géorgienne, une
paghjella, une nanna).
Le soir, deux concerts : tout d'abord de nouveau Les Voix de
Géorgie. Le concert s’est terminé sur
… Dio Vi Salvi Regina chanté avec A Filetta !
Puis venait Okna Tsahan Zam (Kalmoukie). Autre moment
étonnant que de découvrir le chant diphonique
issu du chant mongol traditionnel.
À 18 h le groupe réunionnais Salem
Tradition se
produisait dans la Cathédrale. Ce groupe de trois chanteuses
et deux musiciens chantent le maloya, chant d’origine
africaine interdit encore récemment par les
autorités françaises. Du punch.
A 21h 30 dans la Cathédrale, A Filetta présentait
"Di Corsica Riposu, Requiem pour deux regards"
créé dix semaines plus tôt pour le
festival de St Denis. Une œuvre âpre, assez ardue
à la première écoute, avec des moments
de grâce comme dans Figliolu d'ella chanté
en trio par Paul, Jean-Luc et Jean et des moments d'extrême
tension comme le Rex Tremendae avec des dissonances
inhabituelles. Textes de Borges lus par la belle voix grave de
l'omniprésent Pierre Bertoni, que l'on a vu successivement
au cours de ces Rencontres chanter, déplacer des
barrières, aider une personne handicapée, animer
un atelier de chant, toujours avec le sourire.
C'était le tour des Albanais de Tirana. Concert
très intéressant. Les Albanais pratiquent une
polyphonie complexe à quatre voix : soliste
(l'équivalent de "a seconda") - le preneur " marrës
", le coupeur " prurës ", le repreneur " hedhës " -
et un bourdon " iso ". Gag : lors du débat, une traductrice
était chargée de relayer en albanais les
questions de l'auditoire et de traduire les réponses en
français. Or, le chanteur albanais répondait en
italien, ce qui fit dire à plusieurs personnes de l'assistance qu'elles
comprenaient l'albanais !
A 21h30 le Corou de Berra
, groupe des Alpes méridionales qui
mêle polyphonies et orchestre.
Enfin, Antoine
Ciosi clôturait la soirée,
prévue à l'origine sur la place d'Armes mais
transférée à l'intérieur de
l'église à cause du vent et de la pluie
annoncée (qui ne vint pas). Concert mémorable.
D'une part, Ciosi est un personnage d'une rare présence. Il
a enthousiasmé l'auditoire au cours d'un concert qui a
duré pas moins de 2 heures. D'autre part, ce concert a été chargé d'émotion : tout
d'abord quand Antoine Ciosi a avisé dans la salle la
présence de son vieux compère Dominique Vincenti,
qu'il a fait acclamer par le public ; ensuite, lorsqu'il a repris U
Ritrattu avec José d'A Filetta, qui se trouve être
l’arrière petit-fils d'a vecchja Maria de la
chanson, jeune veuve d'un soldat tué dans les
tranchées au début de la guerre de 14-18; enfin,
quand A Filetta au complet l'a rejoint sur scène. L'immense
admiration pour « celui qui fit découvrir
d’immenses poètes de langue corse aux jeunes
chanteurs » était palpable. « Dans sa
bouche, notre langue chante, danse, embrasse et surtout
espère », dira Jean-Claude.
Tout d'abord dans l'après-midi les plus courageux
s’étaient rendus sur les hauteurs de Calvi,
à Notre-Dame de la Serra, pour le discours du chef indien
Seattle et pour les 32 variations pour violoncelle composées
par Jean-Philippe Audin. Pendant ce temps, à l'Oratoire se
sont succédé les Géorgiens (qui
avaient troqué leur lourd costume contre des t-shirts des
rencontres polyphoniques), puis les stagiaires des cours d'initiation
dispensés par les confrères de St Antoine
Abbé et de St Erasme au sein desquels on a pu
reconnaître des chanteurs d'U Fiatu Muntese et de l'Alba.
A 18 h, l’Alba
justement présentait dans la
cathédrale le matériel de son album (toujours
à paraître) Cilva. Musique très
originale aux multiples influences. faire swinguer la polyphonie sans
la dénaturer, quelle performance !
Enfin à 21h30 ce fut l'heure de la clôture
intitulée “Calusgiule à
l’ultimu" (Etincelles pour finir). Avant
l'excellente prestation de Toto-Bona-Lokua, pratiquement
tous les invités se sont succédés :
Antoine Ciosi et A Filetta d'abord, avec des paroles très
fortes d'Antoine et de Jean-Claude pour dénoncer le racisme
et la xénophobie, les Voix de Géorgie, Tirana,
les kalmouks, Salem Tradition, l'Alba et A Filetta, revenue pour un
extrait d'Himalaya, deux extraits du Requiem (Rex et Figliolu d'Ella)
et un vibrant Sumiglia.
Seul bémol, deux
fâcheuses qui ont bavardé toute la
soirée pendant les chants. Une mise au point a
été nécessaire !
Autour de minuit,
quand les dernières notes de Gérard Toto, Richard
Bona et Lokua Kanza se sont éteintes, on était
partagé entre le regret que ce soit
déjà fini et l'intense bonheur d'avoir
vécu depuis le mardi des moments qui resteront pour toujours
dans nos mémoires…
Ces Rencontres ont vu le jour dans un contexte très difficile. Le financement et la programmation ont été bouclés in extremis, à telle enseigne que le programme n’était disponible que 10 jours avant l’ouverture. Alors que le Svegliu Calvese, dont on ne saluera jamais assez le travail admirable accompli par ses bénévoles, se débattait dans les problèmes de financement, deux élus de la Collectivité Territoriale dévoilaient le montant de la subvention accordée sans aucun débat à Michel Drucker pour son "Vivement dimanche" insipide à Calvi : plus de 100.000 euros. Sans commentaire…
(Trop) court concert d’accueil d’A Filetta, qui chante Beati, Kyrie, U Lamentu di Maria, L’Arditezza, deux chants d’Himalaya, un extrait du Libertin, Rex, Pater Noster et pour finir un Lamentu di Ghjesu bouleversant, avant d’accueillir le 1er invité de ces 17es rencontres : le groupe mongol Egschiglen. Après de nombreuses péripéties (perte et casse d’instruments pendant le voyage), ce groupe composé de 6 musiciens et une danseuse nous fait découvrir sa musique très virtuose, par les acrobaties vocales du khöömie (chant diphonique) mais aussi sur le plan instrumental sur cithare, basse et luth à deux cordes. Quelques aperçus de danse mongole où l’on sent une certaine parenté avec Bali par l’importance de la gestuelle des mains et des bras. Rythmes chaloupés des caravanes, cavalcades des chevaux, traditions chamanes sont également évoqués par cette belle musique loin du folklore.
Ce groupe à géométrie variable composé ce jour de Gigi Casabianca (chant), Nicole Casalonga (clavecin et chant), Anne Pellegrini (flûtes, dont la pivana) et Joëlle Tomasini (chant) présente un lien équilibré entre musique savante et musique populaire. Très belles voix, notamment de Gigi et Joëlle. Comme chaque année, les concerts de 18 heures donnent lieu à de passionnants échanges entre les groupes et Philippe-Jean Catinchi. Le public peut également poser des questions.
A 21h30, les chants d’A Filetta (U
Casticu, Figliolu d’Ella et A
Paghjella di l’Impiccati : la perfection)
accueillent Silvia
Malagugini et son groupe, la
Compagnie Nonna Sima.
La
démarche du groupe s‘apparente à
celle de Madrigalesca : mélange de « populaire
» et de « classique », de culture savante
et de tradition orale. Ces Mystères sont une rencontre entre
« Il Laudario di Cortona », recueil de laudes du
XIIIe siècle, Monteverdi, Stradella et les chants
traditionnels d’Italie du Sud, où des influences
multiples, notamment arabes, se font sentir.
Ça
débute au berimbau, on croirait entendre Nana
Vasconcelos, puis les deux hommes (Edmond Hurtrait et Fréderic
Lair) paraissent avec des bougies allumées qu’ils
disposent sur la balustrade. Le chant des deux femmes (Silvia et
Joëlle Faye) arrive du fond du chœur. Et nous
voilà embarqués dans l’histoire de
Marie, chant tour à tour baroque, arabisant, italien
populaire. Etonnant chant diphonique de Mathias Duplessy qui
joue
également de l’oud, de la guitare et des
percussions. Ovation méritée de l'auditoire.
Pour conclure la soirée, A Cumpagnia, composé de Nando Acquaviva, François-Philippe Barbalosi, Laurent Barbalosi, Claude Bellagamba, Jérôme Casalonga et Ceccè Guironnet, a peut-être pâti de l’heure tardive et de la programmation très riche de cette journée.
Le chant puissant du groupe de Pigna, enraciné dans la tradition tout en recherchant des formes innovantes, a néanmoins séduit le public.
Aux
Rencontres de 18h était
programmé le Warsaw
Village Band pour
un premier concert en formation restreinte : les trois femmes (Maya
Mayall Klezcz, violoncelle et chant, Magdalena Sabczak, cymbalum et chant, et Sylwia Mazura Swiatkowska, violon, suka et chant) ont
présenté leurs « voix blanches
» mêlées aux instruments traditionnels,
notamment le suka, violon se jouant avec les ongles.
Etonnant, frais, souvent très beau.
Une « musique du chaos
», prenant sa source dans les chants traditionnels mais
à travers un style personnel et actuel, comme l’a
très bien expliqué Maya, dans un
français excellent.
A 21h30 Pater Noster, Le Lac et U Furore chantés par A Filetta introduisaient Mahwash, grande chanteuse afghane accompagnée par l’ensemble Radio Kaboul. Pour ma part j’ai davantage apprécié les duos tabla/sitar de Prabhu Edouard et Ustad Khalil Gudaz que le chant.
Enfin,
le Quartet Bulgaria Slaveï a recueilli les ovations du public
enthousiaste. Ces quatre chanteuses (deux sopranos, une mezzo
et… une basse) au physique imposant ont non seulement des
voix admirables mais aussi un humour certain. Parées de
leurs costumes traditionnels aux couleurs éclatantes, elles
ont emballé le public. Leur répertoire puise dans
les chants religieux aussi bien que dans les chants traditionnels
profanes. Technique vocale parfaite.
Et
pour finir, elles ont annoncé « une surprise
pour nos amis d’A Filetta ». Et ont
entonné « A Violetta » dans un corse
parfait. La Cathédrale debout les a ovationnées !
A 18h le groupe marseillais Lo Cor de la Plana
mené par Manu Théron a
présenté son répertoire de chants
sacrés de Provence ou plutôt ses «
polyphonies trépidantes ».
Très
surprenant chant scandé,
trépidant effectivement, circulaire, parfois proche du rap,
sur des textes évoquant notamment la vie d’Alexis,
saint déchu, ou empruntant aux Noëls de Notre-Dame
des Doms. Décapant !
Le
soir, le temps
étant menaçant, le spectacle initialement
prévu sur la Place d’armes se déroulait
dans la Cathédrale.
Le
Cuncordu de Orosei (Patrizio Mura, Piero Pala, Massimo Roych,
Mario
Siotto et Gianluca Frau) présentait "Cola Voche" avec un
violoncelliste hollandais, Ernst Reijseger et un percussionniste
écossais, Alan Purves. Très étonnant
quant on connaît l’attachement des sardes au chant
traditionnel, ici subverti par le jeu complètement
dément du violoncelliste, qui utilise son instrument de
toutes les manières possibles (en accords comme une guitare,
en grattant les cordes avec une clef, en l’utilisant comme
une percussion…)
Pour finir, le Warsaw Village Band au complet a
enflammé la Cathédrale. Concert très
différent de celui de la veille, très
rythmé, avec des influences multiples. Le " bio techno"
polonais, sorte de transe cadencée par les percussions, les
violons nerveux et les voix fortes des chanteuses. Une fois de plus, le
public était debout.
A partir de 16 h, Pierre Bertoni présentait avec talent et humour les chants des Confréries, rejoints par Silvia Malagugini et son groupe et les Sardes du Cuncordu de Orosei dans l’Oratoire.
A 18h leur succédait U
Fiatu Muntese
(dont l’un des chanteurs est d’ailleurs membre
d’une Confrérie).
Depuis ses débuts en 1994, ce groupe devient meilleur chaque
année.
Ce concert du 17 septembre était magnifique,
mêlant chants a cappella et compositions avec instruments : O
Salutaris Hostia, Nannina
géorgienne, Perdono mio Dio, une
Paghjella, L'Ecclesiaste de J.C. Acquaviva, O
Mà, Corciu Paese, un tango..
Le
final
s’annonçait étonnant : 42 enfants de
Calvi devaient jouer sur la Place d’Armes «
Fantastica,
la Grammaire de
l’imagination », mise en scène
par Orlando Forioso sur la base de textes de Gianni Rodari. Et Paul
Giansily nous avait promis une surprise…
La
pluie battante a
malheureusement contraint les organisateurs
à modifier le programme en dernière minute :
à la Cathédrale, Lo Cor de la Plana et le
Cuncordu de Orosei précédaient A Filetta, pendant
ce temps les autres groupes chantaient à
l’Oratoire.
Après
d’excellentes
prestations des groupes
marseillais (encore plus délirant mais tout aussi talentueux
que la veille) et sarde, A Filetta nous a offert sa surprise : quelques
extraits de Si di Mè, avant de
présenter les chants du spectacle
théâtral.
Nous
étions
prévenus, mais la surprise fut grande de
découvrir A Filetta dans un registre tout à fait
nouveau pour le groupe : le comique. Fous rires du public en voyant Paul
déchaîné prendre la voix et les
mimiques d’une sorcière, du petit chaperon rouge,
d’un garçonnet… Tout le groupe
s’amusait visiblement en chantant l’histoire de
Pasqualinu-qui-perd-tout, évoquant tour à tour
Tarzan, le Père Noël et pour finir « le
plus fou des corses », Napoléon.
Après cette soirée animée, le
déluge qui s’est abattu sur Calvi, transformant
les rues de la citadelle en torrents, n’a même pas
réussi à doucher l’enthousiasme des
spectateurs.
Pour
conclure,
malgré les problèmes cités plus haut,
en dépit des intempéries, une réussite
éclatante, une programmation pertinente et audacieuse, avec, en fil conducteur, une création prolongeant et renouvelant
la tradition. Pour reprendre les termes de Jean-Claude Acquaviva :
« La tradition n’a de sens que si elle continue
d’être le reflet d’une
communauté qui avance». Il appartient maintenant
au public d’aider à pérenniser ces
Rencontres « en faisant progresser
l’idée qu’un vrai partage ne peut
trouver d’écho favorable dans ce qui pourrait
s’apparenter à une logique d’animation
».
Retrouvez mes photos dans la galerie en suivant ce lien.
Pour limiter le temps de chargement, les années suivantes sont chacune sur une page séparée(merci à Max pour ses explications)
1996 : 10 au
14 septembre
1997 : 16 au
20 septembre
1998 : 14 au
18 septembre
1999 : 14 au
18 septembre
2000 : 12 au
16 septembre
2001 : 11 au
15 septembre
2002 : 10 au
14 septembre
2003 : 16 au
20 septembre
2004 : 14 au
18 septembre
2005 : 13 au
17 septembre
2006 : 12 au 16 septembre
2007 : 11 au 15 septembre
2008 : 09 au 13 septembre
2009 : 15 au 19 septembre
2010 : 14 au 18 septembre
2011 : 13 au 17 septembre
2012 : 11 au 15 septembre
2013 : 10 au 14 septembre
2014 : 11 au 15 septembre
2015 : 15 au 19 septembre
2016 : 13 au 17 septembre
2017 : 12 au 16 septembre
2018 : 11 au 15 septembre
2019 : 10 au 14 septembre
2020 : 15 au 19 septembre
2021 : 14 au 18 septembre
2022 : 13 au 17 septembre
2023 : 12 au 16 septembre
2024 : 10 au 14 septembre
2025 : 16 au 20 septembre
2026 : 15 au 19 septembre
2027 : 14 au 18 septembre
2028 : 12 au 16 septembre
2029 : 11 au 15 septembre
2030 : 10 au 14 septembre
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