Les Rencontres Polyphoniques de Calvi

Année 2010

Dernière mise à jour du site : 14/04/2011

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XXIIèmes Rencontres de Chants Polyphoniques de Calvi
14 au 18 septembre 2010

À l'iniziu c'era a voce

  

 

U SVEGLIU CALVESE
La Poudrière / Citadelle
20260 CALVI

Tél : 04 95 65 23 57
Fax : 04 95 65 41 54
Mail : svegliu@gmail.com

Il y a peu de chose, finalement, qui sépare cette paraphrase de l'Evangile de Jean 1,1, que nous avons choisie comme sous-titre des Rencontres dès 1989, date de leur création, et la phrase d'Henri Gougaud, que nous avons mise en exergue de cette XXIème édition: "Plus beau qu'eux-mêmes est le chant des hommes. Rien ne dit plus bravement leur dénuement, leur foi, leur insoupçonnable grandeur".

En 1989, une rencontre modeste entre le groupe A Filetta et Su Cuncordu e Tenore de Orosei, que l'association U Svegliu Calvese avait organisée dans la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Calvi, venait sceller un partenariat, jusqu'alors informel, entre les chanteurs corses et une association culturelle au rayonnement régional, qui allait offrir, au fil du temps, un ancrage à ces "fils du vent". Ainsi naquirent les Rencontres de Chants Polyphoniques en une étroite collaboration, qui allait mener les deux partenaires sur bien des chemins de la création: de A Passione au Via Crucis, en passant par Médée ou Don Ghjuvanni in Commedia dell'Arte, l'un poussa, l'autre tira, selon les circonstances, et l'exploration des langages artistiques se poursuit encore...

En 1989, le sous-titre des Rencontres s'imposa: oui, "à l'iniziu c'era a voce, au commencement était la voix…" car c'était bien le début d'une aventure, avec ses espoirs, sa curiosité, sa fièvre et ses doutes, et c'était l'intuition que cette voix plurielle devait trouver des échos dans d'autres parties du monde. Si des voix pouvaient jaillir de nos montagnes, alors d'autres voix pouvaient s'élever d'autres montagnes, de plaines, de fleuves ou de mers que nous osions à peine imaginer... C'est ainsi que nous avons reçu des bulgares, des géorgiens, des amérindiens, des Inuits, des tibétains, des africains, des indonésiens, des néo-calédoniens, des réunionnais, des syriens, des marocains…

Que le monde est vaste, aujourd'hui encore ! Et combien de territoires restent encore à explorer ! Nous avons entendu des voix et des langues dont nous nous ne soupçonnions pas l'existence : combien ont été muselées, presqu'effacées par des régimes politiques coercitifs, par des choix économiques où l'humain avait bien peu de place. Mais il est arrivé que le terreau de la démocratie permette à ces voix, que l'on avait ensevelies comme un trésor caché, de s'épanouir et de nourrir notre propre humanité.

Vingt ans plus tard, notre curiosité est toujours intacte : au-delà de la curiosité, de l'émotion esthétique, c'est le désir de partage, c'est la recherche d'une vérité, c'est la foi en l'homme qui nous anime. Car à travers la voix, c'est une nudité tranquille, sans artifice et sans ostentation, qui s'exprime. Et c'est là que nous rejoignons Henri Gougaud :"Plus beau qu'eux-mêmes est le chant des hommes. Rien ne dit plus bravement leur dénuement, leur foi, leur insoupçonnable grandeur. "De 1989 à 2009, ce sont donc l'évangéliste et le conteur, qui élèvent la passerelle sous nos pas: deux hommes de la parole…

Avons-nous fait le tour du monde ? Presque… C'est dans ce "presque" que résident les perspectives: combien de kilomètres, d'hectares, d'années et d'hommes, ce "presque", recouvre t-il ? Qui saurait le dire ?

PROGRAMME

Mardi 14 - BASTIA
21h Théâtre de Bastia
A Filetta (Corse)
Ensemble Kodo(Japon - Ile de Sado)

Mercredi 15 - CALVI
18h Cathédrale :Trio Tzane (Polyphonies des Balkans)
21h30 Cathédrale : Francesca Breschi & Archaea String avec Riccardo Tesi, accordéon (Italie) Intrecci

Jeudi 16 - CALVI
18h Cathédrale : Naranbaatar Purevdorj, Baadma et Nasanjargal - Ganbold Le chant de la steppe (Mongolie)
21h30 Place d’Armes : A Filetta et Ensemble Kodo (Création – Corse/Japon)

Vendredi 17 - CALVI
18h Cathédrale : Aria Stisa (Les Pouilles - Italie)
21h30 Place d’armes : The Shin (Géorgie)

Samedi 18 - CALVI
15h30 - 18h Cantu à l’asgiu : Polyphonies corses profanes et sacrées, The Shin (Géorgie),
18h Cathédrale : Vitalba (Corse)
+ concert surprise !...
21h30 Place d'Armes : Walli Langa Group Chants du désert du Thar (Rajasthan)
22h30 Place d'Armes : Calusgiule à l’ultimu : clôture avec les participants aux Rencontres

Chaque soir les chants d'A FILETTA accueilleront les groupes invités

♦ Le concert du mardi 14 se déroulera à Bastia (Théâtre municipal) en collaboration avec le Centre Culturel de Bastia UNA VOLTA - Rue Cesar Campinchi, Tél : 04 95 32 12 81 et La Fabrique du Théâtre.
♦ Les autres concerts se dérouleront à Calvi, dans la citadelle (Cathédrale Saint Jean-Baptiste, Oratoire, Place d'Armes).
♦ Les Rencontres de 18h00 instaurent un climat propice aux échanges vrais entre les artistes et un public toujours curieux et désireux d'en savoir plus. Elles sont animées par Philippe-Jean Catinchi, journaliste au Monde

Prix des places :
♦ Bastia 21h et Calvi 21h30 : 23 € - Etudiant : 15 €
♦ Calvi 18h : 13 € / L’achat d’un billet pour le concert du soir, permet de bénéficier d’un tarif préférentiel d’un montant de 6 €, dans la limite des places disponibles
♦ Abonnement (concerts de 18h00 et de 21h30) : Calvi : 85 € / Bastia + Calvi : 97 €

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OUVERTURE des Rencontres avec l'ensemble KODO (Japon)

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En explorant les possibilités sans fin de la tradition de percussion japonaise, le « taiko », Kodo forge de nouvelles directions pour développer une vibrante forme de spectacle vivant. Le Taiko est quelque chose qui s’expérimente viscéralement dès lors que le son des percussions produit par le musicien voyage et résonne dans le corps du spectateur.

Depuis leurs débuts au festival de Berlin en 1981, la tournée « One Earth Tour » se poursuit et a fait découvrir l’expérience du taiko à 46 pays autour du monde dans le cadre de 3 300 représentations. Ils passent environ un tiers de l’année à l’étranger, un tiers en tournée au Japon et le dernier tiers chez eux à Sado Island à préparer de nouveaux spectacles.

Kodo s’efforce à la fois de préserver et de réinterpréter l’art vivant traditionnel japonais autant que de développer de nouveaux styles qui transcendent les genres et les frontières. Depuis 1988, Kodo a eu le plaisir d’inviter à Sado Island des artistes rencontrés lors de leurs voyages pour engager des collaborations musicales inédites présentées lors de leur festival annuel « Earth Celebration ».

Cette année c'est A Filetta qui est invité à Sado Island les 21 et 22 août prochain. C'est donc tout naturellement que l'invitation sera rendue en Corse le 14 à Bastia et le 16 à Calvi.

Mondomix revient sur la collaboration A Filetta et Kodo : article, photos, video, extraits de concert et interview :

ACTUALITE
Rencontre : Quand l’empire du soleil levant dialogue avec l’île de beauté

26/09/2010

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Après avoir tourné au Japon, les polyphonistes corses d’A Filetta ont invité l’ensemble Kodo pour faire découvrir au public des Rencontres Polyphoniques de Calvi leur étonnante création commune. Reportage et impressions.

Près de 10 000 kilomètres séparent la Corse de l'île de Sado, située au large de Niigata au nord est du Japon. Les différences entre les deux îles semblent innombrables mais elles ont au moins un point commun.

Chacune abrite des groupes d'hommes aux destins et engagements parallèles. Dans la région de Balagne au bord est de la Corse le groupe de polyphonie vocale A Filetta défend depuis 30 ans l'idée que la préservation d'un patrimoine ne peut s'opérer sans création, sans rester ouvert au monde. Egalement crée au début des années 80, l'ensemble Kodo a collecté, dans toutes les régions du Japon, des répertoires traditionnels, dans lesquels la percussion domine. Au long des années ils ont enrichi l'art ancestral du tambour taïko de pièces écrites pour eux par des compositeurs contemporains. A la même époque les deux ensembles ont crée leur propre festival pour montrer les multiples facettes de leur art, pour accueillir des artistes aux démarches voisines ou complémentaires. La première édition du festival Earth Celebration s'est tenue sur l'ile de Sado en 1988. Les Rencontres Polyphoniques de Calvi ont démarré en 1989.

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Sillonnant le monde les sens en éveil pour accompagner les artistes dont il s'occupe, Hisashi Itoh, l'agent de Kodo a, en rencontrant les chanteurs corses, été frappé par la similitude des deux parcours et s'est mis en tête de les faire se rencontrer. Après quelques brèves mises en contact des deux parties à Calvi en 2008 puis à Rome l'année suivante, l'idée d'une aventure commune a germée. Les uns se sont alors imprégnés du travail des autres à travers l'écoute de disques, le visionnage de vidéos.

Au printemps 2010 à la faveur de la venue d'une partie de l'ensemble Kodo pour participer à une création de ballet à l'Opéra Bastille, une première résidence commune a permis aux corses et aux japonais de créer l'ébauche d'un spectacle. En août dernier A Filetta est parti 3 semaines au Japon pour un programme chargé : petite tournée dans l'archipel, crochet en Corée du Sud et bien sûr répétitions intensives avec Kodo qui leur permirent de montrer trois répertoires différents au public du festival Earth Celebration.

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Une poignée de jours séparent le festival de Sado de celui de Calvi et sept percussionnistes sont venus présenter la création en Corse où l'on a pu apprécier la force de cette rencontre d'apparence improbable mais cependant très cohérente. Le chant pur et les numéros acrobatiques de taïko se répondent puis des nuances s’insinuent où aux frappes puissantes s’ajoutent un chant du soleil levant et le murmure d’une flute de bambou. Les pièces crées ensemble équilibrent les deux énergies et ouvrent une voie neuve.

C'est une intensité similaire et fondamentale qui s’élève des gorges des chanteurs corses et s’abat sur les peaux tendues des tambours japonais. Les quatre éléments sont invoqués le souffle de l’air, les crépitements du feu, les grondements de la terre et spectaculaires mouvements de l’eau qui depuis toujours nourrissent ces musiques insulaires d’âmes sœurs.

Benjamin MiNiMuM - © MONDOMIX

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Compte-rendu des XXIIes Rencontres

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Ces Rencontres sont dédiées à Jean Antonelli, membre du groupe A Filetta durant plus de vingt ans, disparu au printemps dernier des suites d'une longue maladie. Le groupe a tenu à lui rendre cet hommage.

Mardi 14 septembre, Bastia

Une ouverture (d)étonnante pour ces XXIIes Rencontres !
Hier soir, les percussions japonaises de l'ensemble Kodo ont fait trembler le théâtre de Bastia. Les huits musiciens de Kodo, héritiers d'une tradition ancestrale, ont abasourdi le public venu nombreux pour cette ouverture bastiaise. Que ce soit sur les petits tambours (shime-daiko), sur les tambours moyens (myado-daiko) ou sur l'énorme caisse (o-daiko), ils ont fait une véritable démonstration de virtuosité.
Leur art est également une performance physique, avec des postures et des gestes évoquant les arts martiaux. Pour le final, les percussionnistes ont été rejoints par A Filetta pour un aperçu de leur création commune qui sera donnée dans son intégralité jeudi soir.
Difficile de se faire une opinion tant ce que nous avons entendu est nouveau. Qui aurait imaginé un Benedictus introduit puis accompagné par les tambours ?
Pour finir, une composition très rythmée, avec des réminiscences de Muresca, a enthousiasmé le public et a été rejouée en bis.

Avant cela, les sept chanteurs ont donné quelques extraits de leur travail pour le théâtre : les trois premiers choeurs de Médée et une composition issue du Pessoa-ssion créé à Lörrach en juillet 2009.

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La fête des voix dès ce soir

Publié dans Corse Matin le mercredi 15 septembre 2010 :

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C'est parti pour une semaine de chants et de musique.
Enza Pagliari et Manu Théron seront encore là cette année. © Denis Derond

Après une ouverture très remarquée hier à Bastia, les Rencontres de chants polyphoniques rentrent pour ainsi dire chez elles, ce soir, en retrouvant Calvi. Et pour cette 22e édition, les organisateurs - U Svegliu Calvese et A Filetta est-il utile de le rappeler ? - poursuivent dans la voie qui a fait leur succès. Deux concerts chaque jour, à 18 heures et 21 heures. Un final rassemblant tous les participants. Un samedi après-midi convivial et festif dans les rues de la citadelle. Des expositions de photos et des dédicaces. Les chants de A Filetta pour accueillir public et invités.

Trois soirées sous les étoiles

Sans oublier, bien sûr, des artistes venus du monde entier mêler leurs voix sous les étoiles. Et des étoiles, on espère bien qu'il y en aura puisque cette année, ce ne sont pas deux, mais trois soirées qui sont programmées en plein air.

Dès jeudi, c'est sur la place d'Armes que l'on pourra aller applaudir chanteurs et musiciens. Avec un concert qui constitue à lui seul un petit événement. Ce soir-là, A Filetta et l'ensemble japonais Kodo présenteront en avant-première le fruit de leur travail commun, avec une création élaborée entre Paris et l'île de Sado au Japon. Dépaysement et harmonie garantis pour cette rencontre.

Des rencontres, il y en aura bien d'autres jusqu'à samedi. Avec d'abord ce soir, dans la cathédrale les deux premiers concerts calvais. A 18 heures, le trio Tzane nous fera découvrir les polyphonies des Balkans. A 21 h 30, c'est Francesca Breschi (une des chanteuses du groupe Giovanna Marina) qui associera sa voix aux cinq instruments à corde de l'ensemble Archea Strings et aux notes de l'accordéoniste Ricardo Tesi. Au cours de cette édition, on pourra également entendre les Géorgiens de The Shin, vendredi soir sur la place d'Armes et le groupe du Rajasthan Walli Langa, samedi en première partie de soirée. Et puis, il y aura les habitués, l'Italienne Enza Pagliari ou l'occitan Manu Théron, qu reviennent chaque année ou presque. Côté insulaires, en plus de A Filetta, qui fait presque partie des meubles, les Rencontres accueilleront le groupe Vitalba. Vous l'aurez compris, de beaux moments vous attendent, cette semaine dans la citadelle. Ne boudez pas votre plaisir.

Mercredi 15 septembre, Calvi

Belle ouverture calvaise pour ces XXIIes Rencontres, avec à 18 heures le concert du Trio Tzane. Ce groupe est issu de la rencontre de trois jeunes femmes : la crétoise Xanthoula Dakovanou, la turque Gül Hacer Toruk et la française Sandrine Monlezun.
Faisant fi des frontières, ce trio nous a fait voyager entre Macédoine, Turquie, Bulgarie et Epire. Elles interprètent des chants profanes et religieux orthodoxes, musulmans et catholiques. Bel exemple de l'ouverture chère aux Rencontres. Un moment de paix, de grâce et de beauté très applaudi par le public.

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Trio Tzane
© J.C. Casanova
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Une présence discrète mais remarquée dans l'assistance, celle de Dominique Bucchini, président de l'Assemblée territoriale. C'était, sauf erreur, la première fois qu'un responsable public de premier plan honorait les Rencontres de sa présence ("évidente", selon lui). Dominique Bucchini, passionné par le chant, a visiblement apprécié la prestation du trio.

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Dans le public qui se pressait en la cathédrale, on a pu remarquer la présence de Dominique Bucchini,
président de l'assemblée de Corse (et derrière lui, de quelques personnes proches de L'Invitu !) © D. Derond

Après les Balkans, notre voyage nous conduisait en Italie avec Francesca Breschi et Archaea Strings. Francesca Braschi était déjà venue à Calvi au sein du groupe de Giovanna Marini. Pour cette édition elle nous offrait une belle rencontre entre sa voix et les cordes (deux violons, une viole, un violoncelle et une contrebasse) du quintette Archaea Strings.
Francesca avait également invité un très grand musicien, Riccardo Tesi à l'accordéon diatonique dont les magnifiques interventions s'intégraient parfaitement à l'ensemble.
Une seule voix, celle de Francesca, mais pourtant, par moments, la magie des cordes laisait entendre une sorte de polyphonie vocale.
Francesca a interprété des morceaux issus d'un répertoire de chants populaires italiens, traditionnels et aussi contemporains, avec notamment un chant dédié au juge Falcone et des passages inspirés par l'Arménie, l'Albanie et la Corse : la Paghjella di l'impiccati fut le point d'orgue du spectacle.

Regarder la video sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=4A7mSFJxfcc"

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Francesca Breschi et Riccardo Tesi - © D. Derond

En introduction, A Filetta nous a fait redécouvrir des extraits de son requiem Di Corsica Riposu.
Des compositions très élaborées, une interprétation parfaite. Décidément, ces Rencontres commencent très fort !

Jeudi 16 septembre, Calvi

Le concert de 18 h accueillait un trio venue de Mongolie : Naranbaatar Purevdorj, Baadma et Nasanjargal Ganbold. La chanteuse Baadma est l'une des dernières détentrices de l'art du "chant long", forme chantée ornementale traditionnelle de Mongolie.
Les deux hommes ont montré les différentes techniques de chant diphonique : khöömei, shakhai et khakhiraa tout en jouant de la vièle à tête de cheval, du luth à long manche ("dombra") et du bishgur (hautbois mongol).

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© D. Derond

Et à 21h30, le vent souffle en rafales mais pas de menace de pluie. La Place d'Armes est bondée pour le concert très attendu d' A Filetta avec L' Ensemble Kodo. Une première mélodie s'élève, celle de la chanteuse de l'Ensemble Kodo, rejointe par une monodie de Jean-Luc. Puis les tambours prennent le relais sur un tempo d'enfer. Quelques airs d'A Filetta seul (L'Arditezza, Violetta) puis un Cuntrastu de Jean-Luc avec Kodo (flûte et percussions). Puis des roulements de petits tambours introduisent Benedictus. Après le premier couplet, le chant s'arrête et les tambours se déchaînent.

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© D. Derond
A dire vrai, à la première écoute bastiaise, ce Benedictus, que je tiens pour l'un des plus sublimes thèmes d'A Filetta, m'avait un peu choqué. Cette fois, cette version ne me déplaît pas, même si je préfère la version a capella. Puis vient un Beati revisité lui aussi par les percussions, une nouvelle monodie chantée par Jean-Luc se mêlant à un chant japonais, un Liberata auquel se mêlent les voix japonaises, puis les tambours se déchaînent.


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© Françoise Coulomb

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© D. Derond
Particulièrement spectaculaires les séquences avec l'énorme grosse caisse et celle où les trois tambours sont alignés sur l'avant-scène. Chacun est saisi par la transe qui émane de cette musique très physique, à la précision millimétrée. Il y a quelque chose d'implacable dans cette puissance que rien ne semble pouvoir arrêter.

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© D. Derond

A Filetta chante L'Impiccati (où l'on remarque que Paul est remplacé par Jean-Luc), Ghmerto, les tambours reviennent pour un final très enlevé avec Ùn nu a sò. Nos amis se déchaînent sur un morceau très rythmé avec une petite ritournelle dans laquelle on peut reconnaître quelques échos de la partie instrumentale de Trè (dans Una Tarra Ci Hè), et c'est déjà la fin...

L'avis de Pierre :

Que dire de ce concert phare des Rencontres, soutenu par une publicité très présente sur la radio locale et qui a réuni plus de 800 personnes sur la place d'armes de Calvi et environ 300 à Bastia ?
J'avoue être dans un drôle d'entre-deux pour donner mes impressions, tiraillé que je suis par des sentiments contraires.

Je m'explique :
Il est indéniable que les percussions de Kodo sont très impressionnantes. Puissance, rigueur, précision métronomique, engagement physique spectaculaire des musiciens. Cette musique menant à une espèce de transe japonaise ne peut assurément pas laisser indifférent.

Oui mais... on ne peut qu'être un peu déçu devant la grande similitude entre les spectacles du mardi à Bastia et celui du jeudi à Calvi.

Oui mais... les chants d'A Filetta étaient bien là, dans toute leur force et leur beauté.
Oui mais... la météo n'était pas avec nous en ce premier soir à l'extérieur. Le vent était de la partie et pas très compatible avec des prestations avec micros.

Oui mais... la rencontre fraternelle entre musiciens japonais et nos amis d'A Filetta était belle, surtout dans ce final où ils se sont tous retrouvés, se tenant par les épaules, à chanter et frapper sur les percussions dans une dernière envolée chaloupée.

Oui mais....
Oui mais, qu'en est-il de la fusion des deux musiques ?

Et c'est là que le jugement devient très difficile. Les structures musicales étant si éloignées, les ambiances de chacun si différentes, les cultures musicales à priori tellement opposées que nos oreilles ont forcément du mal à appréhender correctement cette tentative de fusion.
La première partie s'ouvre essentiellement sur un collage, une alternance de morceaux de percussions et de chants que nous connaissons bien de nos amis.

Puis un premier mélange s'opère, à mon avis peu concluant, coupant le Benedictus en deux (sacrilège !) par des percussions minimalistes, au demeurant fascinantes de précision et de coordination, et lui adjoignant Beati. A la suite, les chants de la chanteuse japonaise se mêleront à ceux de Jean-Luc pour un résultat inégal, fait de beaux instants et d'autres à la dissonance pas forcément bienvenue.

Puis Liberata se juxtapose au chant d'un des percussionnistes. Etait-ce à cause des conditions climatiques et d'un mauvais retour pour les chanteurs ? Ou bien était-ce vraiment voulu ? Toujours est-il que le mélange sonnait vraiment faux par moments.

Et enfin deux chants créés pour l'occasion (entrecoupés de moments percussifs à couper le souffle).
Comme souvent lorsqu'A Filetta collabore avec des musiques venues d'ailleurs, ce sont ces chants-là qui opéraient la meilleure osmose, avec de très beaux moments.

A l'heure où j'écris ces mots, je me dis que j'aimerais bien une troisième écoute pour pouvoir affirmer que la rencontre de ces deux cultures fut oui ou non réussie.

C'est peut-être que finalement, cela m'a bien plu....

Pierre Casanova

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© D. Derond

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Vendredi 17 septembre, Calvi

Le concert de 18 h était consacré à Enza Pagliara, venue l'an dernier avec le groupe Assurd. Cette année, elle était accompagnée de sa tante Annunziata Pagliara, de Francesco Maglietta, Franchina Lorfei et Rosaria Gaballo pour le projet "Aria Stisa".
Quatre chanteurs traditionnels non professionnels (membres de la famille d'Enza ou proches) pour retrouver le chant paysan des Pouilles dans une démarche ethno-musicologique de collectage. Chansons de lutte, chansons d'amour, chansons dramatiques (La Cecilia, Vincensino), ces quatre "seniors" nous ont fait un cadeau fabuleux en nous donnant toute leur vie en chansons et en nous invitant littéralement chez eux. Beau et émouvant, avec de très pertinentes explications de Philippe-Jean Catinchi.

Le compte-rendu d'Anne Marie :

C’est vendredi 17 septembre, il est 17 heures et nous attendons groupés sur les marches de la cathédrale Saint Jean Baptiste. Cette attente est un espoir d’émerveillement et de plaisir musical. Comme chaque fois lors de ces rencontres, nous ne serons pas déçus. Nous allons entendre Aria Stisa.

D’abord, il y a Enza Pagliara que nous avons déjà entendue dans le groupe Assurd en 2009 : elle nous présente sa démarche d’ethnomusicologue de collectage de chants traditionnels au sein de son propre village des Pouilles et de sa famille. C’est justement sa famille qui va interpréter ces chants.
Annunziata, Francesco, Franchina, Rosaria sont intimidés, mais je ressens leur fierté de nous raconter en chansons l’histoire des Pouilles, du village et de la famille. Il y a des chants de l’amour naissant, de l’amour trahi, de l’amour contrarié.il y a des chants de travail et de luttes paysannes contre un patron avare et sans cœur, des chants de village pour se moquer de son voisin .Ces chants sont quelquefois accompagnés de bruitages faits à la bouche (zon-zon) par Franchina

En les écoutant, plus que l’émotion musicale, c’est l’émotion humaine qui m’a saisie. Ce n’était pas un spectacle, pas du folklore. Il s’agissait d’hommes et de femmes comme nous chantant leur histoire avec une très grande générosité. D’emblée, ils nous ont associés à leur famille et nous ont invités à venir leur rendre visite chez eux. Leur présence chaleureuse a fait passer une onde d’empathie dans l’assistance. Ce soir là, nous étions ensemble, avons partagé ces instants.

Le lendemain soir, à la fin du tout dernier spectacle des XXIIèmes Rencontres de chants polyphoniques de Calvi, alors que nous rejoignions nos amis en haut des marches de la Cathédrale, nous avons croisé la route d’Annunziata, Francesco, Franchina et Rosaria qui nous ont fait le magnifique cadeau de chanter pour nous quelques chants dont un magnifique « Bella Ciao », le poing levé.
Merci aux Rencontres, merci à la Vie.

Anne Marie Casanova

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© Pierre Casanova

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© D. Derond
Le temps est clément ce soir pour le concert du groupe géorgien The Shin sur la Place d'Armes (moins pleine que la veille). Quelques chants d'A Filetta (dont un sublime Lamentu di Ghjesu), les six Géorgiens s'installent. Et c'est le choc. Une musique inclassable, inspirée de la polyphonie géorgienne mais aussi du jazz, du funk, de la fusion, du flamenco, de la musique indienne. Tout cela aurait pu constituer un patchwork décousu mais c'est frais, cohérent, swinguant... S"il n'y avait qu'un morceau à retenir, ce serait une version incroyable du Meeting of the Spirits de John McLaughlin avec le Mahavishnu Orchestra.
Ces artistes(*) virtuoses n'ont peur de rien !

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© J.C. Casanova

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© F. Coulomb

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© D. Derond
(*) Zurab J. Gagnidze, basse électrique, Zaza Miminoshviki, guitare et panduri, Claus Mathiesen, clarinette et flûte, Mamuka Gaganidze, percussions et chant, Bidzina Murgulia, chant, plus l'étonnant danseur Aleksandre Chumburidze.

Samedi 18 septembre, Calvi

La dernière journée des Rencontres est toujours une folle journée. 2010 ne déroge pas à la règle, d'autant que nous avions chioisi cette date (la seule possible, en fait) pour réunir les Amichi d'A Filetta autour d'une bonne table. Pour reprendre les termes de Laurent, ce fut "un repas chaleureux, on y parle différentes langues: français, allemand, néerlandais et (un peu) corse, on y rit beaucoup et le repas est succulent."

De retour dans la Citadelle, il nous faut faire des choix dans le programme très (trop ?) chargé de ce samedi : tout commence à l'Oratoire avec les Confréries, puis nous allons à la Cathédrale pour découvrir la chanteuse canadienne Kyrie Kristmanson. Une prestation pas désagréable mais, est-ce la langue anglaise, un peu décalée par rapport au reste du programme.

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Kyrie Kristmanson
© J.C. Casanova

Le compte-rendu de Pascale :

Elle s’avance calmement vers le centre de la nef, demande au public si tout va bien.
Petite silhouette réservée mais pas timide, son premier chant est à cappella ponctué par des frappes de main. Plus loin elle s’accompagnera d’une guitare ou d’une trompette. Un bassiste discret (un peu trop…) vient effleurer de temps en temps un de ses chants.
Kyrie Kristmanson swingue sur des rythmes folk, pop ou jazz, dans un style très épuré.
Elle chante en anglais essentiellement mais parle très bien le français.
Auteur-compositeur interprète, cette jeune femme, a de quoi épater un public venu nombreux la découvrir .
Seule excentricité du personnage : une toque de fourrure (qui gratte un peu).
On lui pardonne… Elle n’a que 20 ans !
A suivre.

Pascale Casanova

On file à l'Ecole de Musique pour entendre Francesca Braschi et Enza Pagliara, puis on se replie sur l'Oratoire pour Battista Acquaviva. Une voix étonnante ("voix de sifflet") au service de madrigali (E Sette galere) puis une polyphonie sarde (Diu vi salvi Maria) avec son père Nando.
Retour à la Cathédrale pour le concert de 18 h du groupe Vitalba. Trois polyphonies (Domine, Terzine et L'Anniversariu di Minetta) puis le groupe nous fait découvrir ses compositions, accompagnées aux guitares. Une très belle prestation, un groupe à suivre.

Place du Tribunal (un lieu qui gagnerait à être plus utilisé) nous attendait le trio Abdallah/Chemirani/Théron pour des Sirventès (chants contestataires, hérétiques et politiques d'Occitanie). Tout un programme !! Une belle prestation, avec les envolées de Manu accompagnées de l'oud et des percussions persanes. On aurait aimé les entendre plus longuement, mais l'heure du concert du soir approche... avec la pluie.

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Trio Abdallah/Chemirani/Théron
© J.C.Casanova

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Manu Théron
© F.Coulomb

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© D. Derond

La météo annonce quelques petites averses, mais vers 21 h c'est la vraie pluie qui arrive sur Calvi. Tous les spectateurs s'installent sur la Place d'Armes, enfilent leurs parkas, ouvrent leurs parapluies, mais la pluie tombe de plus en plus drue.

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pluie

© Françoise Coulomb

Un moment de flottement puis soudain, d'un mouvement spontané, les uns se précipitent vers l'Oratoire, les autres vers la Cathédrale. Comme les trois années précédentes, les artistes se produiront deux fois pour que tous les spectateurs voient l'intérgralité du spectacle.

Nous verrons ainsi successivement A Filetta (deux extraits d'Himalaya, Gloria et un phénoménal A L'Alivetu), Tzane (à deux chanteuses), Baadma, Francesca Braschi, Enza Pagliara, Kyrie Kristmanson, The Shin (sans instruments, donc très différents mais tout aussi excellents que la veiile), Manu Théron et enfin le Walli Langa Group du Rajasthan pour des chants du désert du Thar.

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Baadma - © Françoise Coulomb

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Tzane
© Françoise Coulomb

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A Filetta
© Françoise Coulomb

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The Shin
© Françoise Coulomb

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Walli Langa Group
© Françoise Coulomb

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Malgré les intempéries, une très belle soirée que l'on aurait aimé sans fin, malgré la fatigue accumulée pendant la semaine. Nous nous replions à regret vers la Cathédrale, et c'est le miracle : nous retrouvons l'ami Orlando disant aux chanteurs des Pouilles qu'il aurait aimé les entendre. Un temps d'hésitation, puis ils se mettent à chanter spontanément devant la Cathédrale, avec manifestement un grand plaisir. Françoise entonne Bella Ciao, leur visage s'illumine, et nous voilà tous en train de chanter Bella Ciao en frappant des mains! On ne pouvait finalement rêver plus belle manière de conclure ces Rencontres à la programmation audacieuse.

bella

© Françoise Coulomb

Par bonheur, j'avais mon magnétophone !

Bravo et merci à tous les artistes, aux techniciens et aux bénévoles du Svegliu, et à l'année prochaine pour la XXIIIe édition !

Le film de Laurent Billard (Films du Tourbillon) :


La galerie de photos des Rencontres 2010 est -------> ici.

Calvi : Quand le monde polyphonique chante d'une même voix

Publié dans Corse Matin le lundi 20 septembre 2010

Du Japon à la Corse en passant par la Mongolie, le Canada, le Rajasthan ou les Balkans. Le tour du monde vocal proposé par les XXIIe rencontres de chants polyphoniques de Calvi a encore une fois tenu toutes ses promesses. Débutées à Bastia mardi, elles se sont achevées samedi soir. Un final rendu chaotique à cause de la pluie mais que les artistes ont su sublimer. Morceaux choisis d'une semaine placée sous le signe de l'harmonie.

Un tsunami nommé Kodo

Avec leur rigueur légendaire les Japonais de l'ensemble Kodo frappent sur leurs percussions traditionnelles. Ils ont ouvert le bal au théâtre de Bastia en compagnie d'A Filetta dans un duo inédit. Avant d'ébranler les remparts de la citadelle calvaise de leurs rythmes puissants. Une soirée mémorable pour laquelle près d'un millier de personnes avaient trouvé refuge sur la place d'armes. Simplement sublime.

En réponse, Aria Stisa ou plutôt Enza Pagliara entourées de ses tantes a su marquer le temps pour une puissante interprétation. Venue des confins lointains de la Mongolie, la formation Le chant de la steppe a éveillé la curiosité. Leurs chants diphonique et long portés par la chanteuse Baadma sont une richesse insoupçonnée puisque l'interprète et une des rares détentrices de cet art aujourd'hui. Sans oublier l'Italienne Francesca Breschi et le Trio Tzane venus des Balkans. On retiendra la fraîcheur de Kyrie Kristmanson, jeune canadienne de vingt ans qui ose desserrer certains carcans étroits de la musique traditionnelle. On n'oublie pas le groupe The Shin et les voix de nos " frères " géorgiens. Mais aussi la révolte insolente du trio Abdallah, Chemirani, Théron, interprétant le Sirventès composé de chants hérétiques et contestataires d'Occitanie. Leurs paroles n'ont parfois pas pris une ride…

Coiffés de leurs turbans, souriants et joueurs, les membres du Walli Langa group venus du Rajasthan ont clôturé les rencontres. À tous ces invités, les insulaires Battista Acquaviva et le groupe Vitalba se sont joints fraternellement. Épaulés par leurs aînés d'A Filetta, sublimes de régularité et de passion.

La pluie, invitée surprise de cette ultime soirée a noyé la mise en scène sur la place d'armes. Mais le cœur du monde polyphonique n'a cessé de battre et résonner en la cathédrale et à l'oratoire Saint-Antoine. Les organisateurs ont justement paraphrasé cet extrait de l'Évangile de Jean : À l'iniziu, c'era a voce. La voix. Pour un départ sans retour vers la connaissance et l'acceptation de l'autre.

Ghjilormu Padovani

Cette année, nos amis de Tra Noi avaient eu l'excellente idée de demander à chacun d'entre nous de rédiger le compte-rendu d'un concert. Quelques-uns sont reproduits ci-dessus, mais vous en trouverez l'intégralité ainsi que des photos de ces Rencontres sur leur site.
C'est ici : https://www.tra-noi.net/nieuwFR.html

Toutes mes photos sont visibles dans la galerie photo .

lune

Les Rencontres 2011 se dérouleront du 13 au 17 septembre !



Calendrier perpétuel des Rencontres

(merci à Max pour ses explications)

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