A Filetta : Les concerts 2008

Dernière mise à jour : 19/12/2010

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2008 : Tous les concerts d'A Filetta


Avril

 8 Marseille
11 Suresnes
12 Claret


Mai

 2 Calvi
 9 Calvi
18 Calvi
23 Marseille
27 Paris
28 Paris
29 & 30 Pérouges
31 St Sébastien sur Loire


Juin

 6 Roubaix
 7 Roubaix
12 Calvi Jazz Festival
17 Calvi
25 Calvi
26 Calvi
30 Calvi


Juillet

4 & 5 Fougères
11 Wroclaw
12 Ostrava
16 Calvi
17 Propriano
19 Vilanova
21 London
23 Calvi
26 Boechout


Août
2 Calvi
5 Corbara
7 Propriano
8 Ajaccio
13 Calvi
19 Muratu
20 Calenzana
27 Calvi

Septembre
3 Calvi
9 Bastia
10-13 Calvi (XXes Rencontres)
21 Brie-Comte-Robert
27 Calvi

Octobre
5 Calvi

Novembre

14 & 15 Düsseldorf (Apocrifu)
29 Ste Geneviève des Bois
30 Wien

Décembre

 7 Montreuil
 8 Puteaux
 9 Chartres-de-Bretagne
12 Morlaix

Les concerts des autres années :

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Concerts 2008 : Les compte-rendus

Vendredi 11 avril, Suresnes, Théâtre Jean Vilar

Ce premier concert de 2008, organisé dans le cadre du Festival Chorus des Hauts-de-Seine, était intitulé Bracanà, titre du nouvel album dont la sortie est prévue le 29 mai.

Comme d’habitude, il débute en douceur par une berceuse géorgienne, Nana, puis Jean-Claude introduit les deux chants suivants : la Paghjella, chantée par Jean-Luc, Paul et Ceccè, et le 1901, est une création récente, dédiée à la Géorgie. De par sa composition, c’est aussi un hommage au chant géorgien. Deux extraits de « Médée » ensuite : la partie terminale du chant I, L’invitu, et le chant IV, U furore. Par une sorte de jeu de miroirs, ces deux chants se répondent autour du thème du rejet et de la folie de Médée.

Troisième temps de ce concert, peut-être le plus fort : deux chants de la Via Crucis, le Dies Irae et le Benedictus, puis U Sipolcru. Trois créations admirables qui touchent l’auditeur au plus profond de lui-même. On a plaisir à réentendre ces chants rarement entendus jusqu’à présent (sauf U Sipolcru, désormais un « classique » du groupe.) Le Dies Irae est d’une douceur étonnante. Nulle trace de colère divine mais une compassion infinie. Le Benedictus est un nouvel exemple de la richesse d’écriture de Jean-Claude. On est loin de la polyphonie traditionnelle dans ce morceau aux lignes mélodiques enchevêtrées tout en restant constamment simple. Ces deux chants sont enthousiasmants, émouvants… Un condensé de l’art d’A Filetta ! 

Le concert se poursuit avec les désormais habituels Scherzi veranili et Meditate, qui ne sonne plus du tout comme lors de sa création. Un exemple de la méthode de travail du groupe qui ne fige jamais les choses. Liberata et U cantu di l’acqua, extrait aussi du Via Crucis, complètent cette séquence.

Et vient déjà la dernière partie du concert, avec Figliolu d’ella, Cuntrastu, une monodie chantée par Jean-Luc, le Pater Noster du Requiem et pour finir, non pas le traditionnel Sumiglia, mais… U Lamentu di Ghjesu. Là encore on mesure le chemin parcouru depuis la première version (déjà très aboutie) de ce chef d’œuvre. Ce soir, c’est une version de référence que nous offrent Jean-Claude et ses amis.

Après un tonnerre d’applaudissements, nos amis entonnent le « Exorciso Te » de La folie du cardinal pour un premier rappel. Les applaudissements redoublent et le groupe revient sur scène. Jean-Claude annonce le chant suivant, une toute nouvelle composition évoquant le camp d’extermination de Treblinka. Initialement, ce chant devait conclure le programme normal, mais le groupe, répondant à une demande de chanter U lamentu di Ghjesù, avait décidé de garder Treblinka pour l’éventualité d’un rappel. Nous découvrons donc pour la première fois ce long chant très tendu mais tout en retenue, avec un bourdon très original conférant à ce morceau une atmosphère glacée.

L’année 2008 commence bien … Rendez-vous au prochain concert (L’Européen en mai) !

Samedi 12 avril, Claret



Photos : Françoise Coulomb


Mardi 27 mai, "L'Européen", Paris

Nous étions tôt devant "L’Européen" ce mardi 27 mai pour assister au premier concert parisien d’A Filetta pour 2008 (après une incursion dans les Hauts-de-Seine le 11 avril.)

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Le temps de retrouver les membres du groupe et quelques connaissances, de faire de nouvelles rencontres (je n’aurais jamais imaginé que les deux photos de moi publiées sur ce site me feraient reconnaître !), d’acheter le nouveau CD Bracanà (dont la sortie officielle semble retardée de quelques semaines), et nous découvrons la salle de l’Européen, ancien "Théâtre en Rond", de forme circulaire, avec ses murs et ses fauteuils rouges.

Le groupe fait son entrée et entonne la berceuse géorgienne Nana. Après les quelques mots de présentation de Jean-Claude, Ceccè, Jean-Luc et Paul chantent une Paghjella, suivie de U Cantu di L’Acqua, chant issu du Via Crucis. Le texte de Jean-Claude met en relief l'ambivalence de l'eau, symbole de vie mais aussi annonce de mort. Puis vient 1901, création récente à la mémoire de deux Géorgiens nés tous les deux en 1901 et ayant eu des destins parallèles. Un morceau d'une richesse et d'une beauté incroyables.

La deuxième partie du concert s’ouvre sur le Dies Irae. Ce morceau est, depuis que je l’ai entendu en concert en 2002, l’un de mes préférés (mais j’en ai beaucoup !).
Le chant de Noël géorgien Alilo précède le Benedictus. Un autre de mes préférés, entendu dans le film de France 3 sur le Via Crucis de Calvi. J’avais un jour suggéré à Jean-Claude de le reprendre en concert, c’est chose faite ! Vient ensuite un court extrait de L’Invitu. Une force incroyable émane de cette interprétation, bien qu’elle soit tout en finesse. Ce qui est extraordinaire avec Médée, c’est que ces chants, déjà proches de la perfection lors de leur création il y a onze ans, se bonifient avec les ans !

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Beati
, un des rares chants chantés « forte » (mais non sans finesse) par A Filetta, ouvre la troisième partie du concert, la plus grave, la plus recueillie, avec tout d’abord Treblinka, création récente du groupe. Une durée inhabituelle pour ce morceau sachant émouvoir sans aucune sensiblerie. C’était la deuxième fois que nous l’entendions, et – comme toujours avec A Filetta – la nouvelle écoute fait découvrir de nouvelles subtilités. Ici, outre le bourdon « oscillant », c’étaient les dissonnances dans l'aigu de Jean-Luc à la fin du morceau qui retenaient l’attention.
La nécessité de ne jamais oublier ce qui fut, la barbarie nazie, était encore le thème du Meditate. Après la version « jazz » de Calvi qui a pu parfois choquer, retour à la version a cappella de ce thème lancinant sur le thème du refus de l’oubli. Et le Rex du Requiem concluait cette partie.


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Un deuxième extrait de Médée, U Furore, ouvrait l’avant dernière partie. Puis Liberata  – encore un de mes morceaux préférés -, à la mémoire du jeune résistant Pierre Griffi, exécuté à Bastia par les fascistes, et un Scherzi veranili chanté avec une maîtrise parfaite.

Et déjà la fin du concert s'annonce, avec Figliolu d’ella, suivie d’une monodie humoristique, Cuntrastu, interprétée à la perfection par Jean-Luc. Un mélange de rugosité et de grâce. Magistral ! Et pour finir U Sipolcru concluait – déjà ! – le concert.

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Après les applaudissements enthousiastes du public, nos amis reviennent pour un rappel : La folie du cardinal, puis offrent au public un second rappel, Sumiglia. Epoustouflant. Là aussi, on a peut être entendu 50 fois ce thème en concert, et Jean-Claude et ses amis nous émeuvent toujours. Cette fois, c’est le petit temps supplémentaire entre les mots "aria" et "un affanu di morte" qui crée la différence.

Encore une magnifique soirée avec A Filetta, et un public à la fois attentif, recueilli et enthousiaste, laissant les chants se terminer complètement avant d’applaudir à tout rompre…


Mercredi 28 mai, "L'Européen", Paris


Certains trouveront peut-être que proposer le compte rendu du concert du 28 mai alors que vous avez eu sur ce même site celui du concert du 27 est pour le moins exagéré, voire inutile. Je vais donc essayer de rassurer ceux-là en essayant de me démarquer un peu des écrits précédents pour apporter un éclairage différent. Et puis, chaque concert d'A Filetta étant unique, on ne se lasse pas d'en parler...

Je passerai donc sur le détail du programme qui était le même que la veille à un chant près. En effet, comme il y a quelques années au Trianon (tiens, le même quartier que l’Européen !) A Filetta avait invité Gabriel Yacoub pour leur 1er rappel.
Rappelons qu’ils avaient enregistré ensemble deux chansons sur l’album de Gabriel après avoir collaboré avec Bruno Coulais sur « Le peuple migrateur ». Pour ce rappel, ils nous ont gratifié d’un très beau « Si c’était » où les chants corses soulignent à merveille la voix chaude et ample de Gabriel Yacoub. Un beau moment d’amitié partagée.

Mais je souhaiterais souligner certains points de ce concert qui m'ont particulièrement marqué.

Tout d'abord, le lieu. Cet écrin rouge qu'est l'Européen. Cette salle circulaire, la scène occupant un quartier de ce disque, répondait à l'arc de cercle formé par les 7 chanteurs. Cet effet de miroir contribuait à ce que l'on se sente encore plus avec eux.

L'acoustique de la salle est déjà excellente mais le son était encore rehaussé par un réglage remarquable de la sono. Seuls deux micros reprenaient les 7 voix en leur ajoutant une subtile réverbération, de telle sorte que les voix nous parvenaient à la fois en direct et en même temps légèrement amplifiées et réverbérées. Juste ce qu'il faut. J'ai rarement (peut-être même jamais) entendu aussi bien chaque chanteur.
Dans une salle où chaque voix est reprise au micro, on distingue bien chacune d'entre elles mais un peu au détriment de l'ensemble.
En église, où la réverbération naturelle est ample, on perçoit très bien l'ensemble, mais un peu au détriment de chaque voix individuellement.
A l'Européen, nous avions les deux. Avec cette sensation curieuse qu'il suffisait de regarder un chanteur pour détacher sa voix du groupe tout en gardant la perception aiguë de l'ensemble. Un régal.
Du coup, nous avons eu l'impression de redécouvrir certains chants, d'en capter les moindres subtilités (qui sont pourtant si foisonnantes dans les chants d'A Filetta).

La deuxième remarque que je voulais faire porte sur la qualité d'interprétation de ces chants. Rien de nouveau, allez-vous me dire, et vous auriez raison, mais il faudra toujours saluer avec un profond respect l'intensité et la sincérité de ces 7 chanteurs d'exception. On a toujours l'impression que ces chants viennent du plus profond d'eux-mêmes et sortent de leur ventre pour la première fois. Au bout de trente ans de carrière, c'est non seulement rare mais aussi tout simplement beau.
Dans ce programme parfait et si riche, je voudrais souligner quelques perles.

Nana qui ouvre le concert est d'une douceur infinie. On y ressent de manière extrême le travail qui a dû être le leur pour arriver à « retenir » le son à ce point, pour dire « tendrement des choses puissantes et puissamment des choses tendres ».

L'extrait de  L'invitu, qui, s'il me paraît un peu court (j'en voudrais toujours plus!) a été ce soir encore magnifique. Les trois parties de ce court extrait prenant toute leur valeur et leur force. D'autant que Jean-Claude a légèrement accéléré la première phrase musicale du final (thème de « U furore »). Ce qui a donné une respiration différente et bénéfique à l'ensemble, les quatre phrases se détachant chacune un peu plus :  la première avec Jean-Claude seul pour le thème sur un tempo pas trop lent donc. La deuxième, paroles à l'unisson à plusieurs voix aiguës avec tempo lent. La troisième sans Jean-Claude, les basses entrant en jeu, tempo lent. Et la quatrième avec Jean-Claude en contre-chant des voix de Jean-Luc et Paul, liées par le retour du bourdon, sur un tempo encore plus lent, presque ânonné.
Une merveille !

Benedictus, d'une modernité inouïe avec cette succession de chants scandés et de contre-chants complexissimes, chacun ayant apparemment une partition différente. Et un changement d'accord au milieu du morceau nous transportant encore un peu plus d’émotion.

Liberata que je n'avais encore entendu comme ça, tantôt caressant, tantôt puissant, tantôt déchirant. A signaler la partie de Jean-Claude, qui a abandonné le récitatif pour une espèce de mi-chemin entre le chanté et le parlé tout à fait judicieux. Personnellement, je préfère cette version !

Un mot rapide sur Sumiglia, ce chef d'oeuvre absolu, chanté en 3ème rappel, peut-être démarré un petit poil trop vite (si l’on veut être puriste !) mais tellement parfait, tellement sublime et émouvant après ! Un vrai morceau d'éternité...

Enfin, Treblinka. Cette merveille concoctée en quelques minutes par Jean-Claude pour compléter le disque ! Comment, par quelle magie ce chant nous révèle-t-il de façon si intense ce mélange de mort, de jours si sombres qui se succèdent sans fin, de douleur et d'espoir infime ?Le thème principal d'abord, qui se répète en une boucle scandée de cette voix ténue que sait si bien prendre Jean-Claude. Avec ces subtilités mélodiques (le fa remplaçant le ré à la fin du 2ème vers du couplet) qui soulignent le malaise de la condition des prisonniers.
Le bourdon à bouche fermée ensuite. Une nouveauté pour A Filetta. Tellement judicieuse ici  pour donner ce sentiment d'emprisonnement. Et cette manière au dernier couplet de scander ce bourdon comme si la vie s'échappait peu à peu.
Les contre-chants de Jean-Luc et Paul tirant vers la dissonance pour mieux nous faire ressentir que la folie des hommes est bien là.
Les ponctuations enfin, quelques notes aiguës échappées comme des cris de douleurs, des plaintes de désespoir, de raison égarée.
Décrit de cette manière, on pourrait penser que tous ces éléments illustrent, et que l'ensemble est déprimant ou lugubre. Il n'en est rien. Tout reste terriblement musical et les sensations que l'on a à l'écoute sont réellement épidermiques et non pas cérébrales. Et si ce n'est pas gai, ce n'est pas triste. Simplement BEAU.

A l'écoute de ce concert, on se dit qu'A Filetta est vraiment au sommet de son art et également en train de nous emmener encore vers de nouveaux sentiers inexplorés, comme ils avaient pu le faire avec Médée. Toujours plus loin, toujours plus beau, avec toujours cette générosité et cette sincérité qui les caractérisent.
Nous sommes prêts à les suivre...

Pierre Casanova


Sur le même concert, lire aussi le commentaire de Carole.

A Filetta bracaneghja à l'Europeanu

bracana
Quandu andate à stà à sente a Filetta, per esempiu ne una salla di spettaculu parigina, puderete pensà ch’ella ci manca qualcosa, diciaremu un quadru di chjesa corsa chi risaltarebbe i canti sacri. Ebbeh, u miraculu ghjè chi, a Filetta, u quadru, pare di avessilu strascinatu da a Corsica. Chjuvite una cria l’ochji è site subitu traspurtati à l’Uratoriu Sant’Antone a mezu a Citadella di Calvi.

A leghje u prugrammu, u cuncertu parerebbe una bulighjata - sta sera qui dissimu una bracanatura - di vechju è di novu. In vera, fubbe un ordine suttile chi tense contu di u strumente principale di u gruppu : a voce.

Perchè l’arte di a Filetta, ghjè l’arte di a voce. Cantatori sò ? Nò ! Sculpiscenu e vibrazione di u spaziu musicale cu e sò voce, cume u scultore maneghja u tagliolu. A certi mumenti, e sò voce si cumponenu pian pianinu è quasi à a perfezzione. Hai u sentimentu di un corpu solu chi canta cu una voce multiplice. Un’ hè per quessa chi a Terza, Paulu Giansily, tenia sempre Ghjuvanluca Geronimi da a cinta ?

Ghjuvanluca Geronimi sona straordinariamente.  Quandu ha cantatu solu un cunstrastu tra un omu è una donna gelosa cu passagi aspri è d’altri patetichi, forse a ghjente un ha micca capitu i cambiamenti di tonu , ma ellu !, i facia risaltà veramente bè.

U cantu sacru georgianu, Alilo, mi fece ancu sorte duie lacrime per via di u mischju di e voce chi riescinu à crià armoniche stupende chi parianu vene da u trafondu di l’anime o magaru direttamente da u paradisu.

Stu concertu m’ha rifiatatu.

A Filetta hè ammirabile perchè, forti d’avè studiatu è capitu a musica pulifunica tradiziunale, crianu (ricercanu) cumposizione uriginale di voce chi ghjovanu più che bè, quandu l’altri gruppi un facenu che interpretà u ripertoriu o s’elli cumponenu, sò canzone di stilu “folk” ò “pop”.

Texte extrait du site Cursichella : in piazza a u paese - http://blog.cursichella.eu/

Jeudi 29 & Vendredi 30 mai, Pérouges (Ain)



Samedi 31 mai, Saint-Sébastien sur Loire, "Les rendez-vous de la plage"

Le cadre - une plage le long de la Loire - était sympathique, mais quand nous avons vu la "Grande" scène encadrée par une baraque à bière, une autre petite scène et un bar à huîtres, nous avons commencé à nous inquiéter. La suite s'est avérée au-delà de nos craintes.

plage

Des conditions indignes pour n'importe quel artiste, à plus forte raison pour un groupe comme A Filetta dont le chant nécessite un minimum de concentration. 

Le concert a débuté face au public assis ou couché sur le sable, certains continuant leurs conversations, téléphonant, pique-niquant... La première moitié du concert s'est néanmoins déroulée dans des conditions passables.

intensite

Puis au fur et à mesure, ce fut un défilé incessant de gens passant devant ou au milieu du public, sans témoigner le moindre respect pour artistes et auditeurs. Le service d'ordre rapidement débordé, laissant faire et ne retrouvant de la fermeté que pour nous interdire le passage à la fin du concert pour aller retrouver le groupe...

defile

Bref, une fois n'est pas coutume, surtout après l'émerveillement de la soirée à l'Européen, nous sommes sortis énervés d'un concert d'A Filetta ! Le groupe prit le meilleur parti : celui d'en rire, et quitta la scène sans rappel et sans même dédicacer Bracanà...

rires

Samedi 7 juin, Roubaix, La Condition publique : "Apocrifu"


Présentation :
La Condition Publique accueille la création 2007 de Sidi Larbi Cherkaoui, juste avant sa tournée mondiale.


Une façon de boucler la boucle, après le succès de l'installation monumentale du chorégraphe, la "Zonmai", il y a tout juste un an. Dans cet "Apocrifu", Sidi Larbi Cherkaoui nous propose une réflexion sur la beauté et la vérité du corps opposé à l'ambiguïté de la parole et des livres saints, sur une musique sacrée d'une beauté prodigieuse, interprétée a capella par le groupe polyphonique corse A FILETTA (en concert également le 6 juin à La Condition Publique)

"Les apocryphes, ce sont les évangiles qui ont été rejetés par l'Eglise. Pour moi, c'est le symbole de tout ce qui est rejeté. J'ai voulu créer une danse, une sorte de communauté homéopathique où tout à sa place, où il n'y a pas de déchets".

Sur scène, Sidi Larbi Cherkaoui est accompagné de deux virtuoses, l'un issu de la danse classique, le japonais Yasuyuki Shuto du Tokyo Ballet, l'autre venant du cirque et de la danse contemporaine, le français Dimitri Jourde.

Le chorégraphe mêle ainsi intimement ces diverses pratiques plutôt que de les faire évoluer côte à côte. Interrogeant régulièrement sa double appartenance orient/occident, il aborde ici les thèmes religieux avec audace et pudeur.

Dans ce spectacle bouleversant, parfait mariage entre le chant et la danse, se dégagent une évidence, une concentration, une puissance tranquille qui nous empêche de détacher les yeux, comme hypnotisés par la technique magistrale des trois danseurs et la communion totale avec les polyphonies vocales.

Article de La Voix du Nord :

Un moment de grâce...

Après avoir accueilli « La Zonmai », installation monumentale et surprenante du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui en 2007, la Condition publique a présenté samedi soir sa dernière création, « Apocrifu » pour trois danseurs avec le chant a capella du groupe polyphonique corse, A Filetta

Une pièce qui forme le prologue d'une tournée mondiale et s'impose déjà comme un jalon majeur, par la profondeur du message et la beauté bouleversante de cette union étroite entre le corps et la voix.

Un chant s'élève. Il émerge du silence et de l'obscurité dans laquelle nous sommes plongés. Sur scène, un escalier impose sa délicate verticalité. Une passerelle abrite A Filetta, petit cercle intime de veilleurs célestes. Il y a aussi des livres. Des livres saints, en piles ordonnées ou posées au sol et qui dessinent un cheminement sinueux vers le sacré. Le danseur de formation classique, le japonais Yasuyuki Shuto, du Tokyo Ballet descend cet escalier, suivant habilement les méandres de ces voix qui s'élèvent. Rejoint ensuite par l'impressionnant danseur contemporain et circassien Dimitri Jourde et Sidi Larbi Cherkaoui

Apocrifu, c'est un chant religieux et rocailleux issu des profondeurs de l'âme, une danse abrupte et libre qui emporte et trace au sol un chemin de différence, l'apprentissage difficile de la connaissance. Dans ce ballet hypnotique, les mouvements et la voix se croisent, s'entrelacent au même rythme que le Coran, la Bible, le Sanheydrin confrontés subtilement par ces trois hommes en quête de sens derrière ces textes sacrés qui interpellent.

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Quête bouleversante du divin

Symboliquement, les danseurs se séparent de leurs chaînes tintinabulantes et ces corps d'hommes libérés peuvent alors être médium pour la foi, se sublimer pour transmettre la parole de Dieu portée par le chant pur et troublant d'A Filetta. Mais, sur scène, omniprésents, les livres saints libèrent ou oppressent, éclairent ou aveuglent. L'homme, ce croyant néophyte (ici personnifié par une marionnette confrontée tour à tour à chaque danseur), est condamné à chercher son chemin de vérité dans ce labyrinthe de mots, créé par Dieu ou inventé par l'homme pour asseoir un pouvoir.

Dans Apocrifu, quête bouleversante du divin, il n'y pas d'idéal simplifié. Sidi Larbi Cherkaoui réalise l'union sacrée entre le chant et la danse grâce à la technique irréprochable de ses interprètes. Il trace ce cheminement vers Dieu dans toute sa complexité, alliant intimement Orient et Occident, gravité et légèreté, conflit et apaisement, mouvement et voix, pour donner du sens à cette trinité subtile qui cherche sa voie. C'est beau, profond, magistral. Touché par la grâce

par Brigitte LEMERY


roubaix@lavoixdunord.fr


Jeudi 12 juin, Calvi Jazz Festival :

Daniele di Bonaventura invite A Filetta

Comme le faisait remarquer Daniele di Bonaventura en introduisant ses amis d'A Filetta, cette invitation du groupe balanin dans "son" oratoire de Calvi avait quelque chose de paradoxal.

 
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Daniele di Bonaventura

La veille, les membres d'A Filetta nous avaient dit qu'ils chanteraient deux ou trois chants avec Daniele. En fait, celui-ci a joué trois morceaux (captivants, dont le célèbre standard de jazz My one and only love) en solo, le reste du concert étant consacré à cette nouvelle rencontre stimulante entre le bandonéiste italien et A Filetta.

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Le groupe a chanté pour commencer Beati, puis Daniele les a rejoints pour Liberata, Rex, A l'orlu di l'abissi du Don Juan de Bruno Coulais que nous avons réentendu avec plaisir et enfin  U Sipolcru et U Cantu di l'Acqua.

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Mardi 17 juin, Calvi, Cathédrale St Jean-Baptiste


Ce soir, A Filetta retrouvait la Cathédrale pour un concert dédié au répertoire de Bracanà. Ce concert était enregistré par Jean-Bernard Rongiconi pour une diffusion par RCFM le soir de la Fête de la musique. Devant l'affluence - les spectateurs se pressaient déjà à l'entrée plus d'une heure avant le début du concert - nos chanteurs durent se faire aussi déménageurs pour installer des sièges supplémentaires dans la Cathédrale. Et sans doute aucun spectateur n'eut à regretter sa présence tant ce concert fut excellent de bout en bout.
 
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Comme c'est désormais la coutume, c'est la berceuse géorgienne Nana qui ouvre le concert. Une merveiille de douceur. Après les paroles de remerciements et d'introduction de Jean-Claude, la Paghjella chantée par Jean-Luc en seconda, Paul en terza et Ceccè en bassu. Puis U Cantu di l'Acqua, et un extraordinaire 1901. Plus on écoute ce chant, plus on en découvre tous les aspects. Les "mélismes graves" de Jean-Luc retiennent notre attention, jusqu'au final éclatant.




Après Dies Irae, Alillo, Benedictus, l'extrait de L'Invitu, Beati, Treblinka, Meditate, Rex, U Furore ouvre la 4e partie du concert. Ce chant devient de plus en plus dramatique au fil du temps. La fureur de Médée est palpable.




Lui succèdent Liberata et Scherzi Veranili, et pour finir la dernière partie, avec Figliolu d'ella, Cuntrastu et U Sepolcru. Après ce long et beau concert, A Filetta revient pour un rappel : La folie du cardinal.


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Que dire de plus par rapport au concert de l'Européen ? Ce répertoire est magnifique, un peu trop sombre pourront penser certains, et les sept chanteurs d'A Filetta le servent à la perfection. Quel engagement dans chaque note, dans chaque souffle ! Comme à chaque concert, les impressions varient subtilement au gré du placement dans la salle et de la forme des chanteurs. Ce soir, c'est la performance de Paul qui nous a époustouflés.
Maintenant, il nous faut patienter plus de deux mois avant de revoir un concert d'A Filetta. Dur, dur !

Vendredi 4 juillet, Fougères


U Lamentu d'u banditu chanté par Jean-Luc accompagné par Daniele di Bonaventura




U Sipolcru, toujours avec Daniele :




et enfin Liberata :



12 juillet, Ostrava


U Sipolcru en vidéo :
Ostrava - Sbor zpeváku A Filetta (Kapradina) ztvárnuje lidové vícehlasé zpevy korsických pastýru. Skupina, která existuje již tricet let sbírá vehlas všude po svete, a predevším díky ní se korsická polyfonie stala uznávanou a vyhledávanou odnoží world music.
Mercredi 16 juillet, Calvi, Cathédrale

Paul y était !

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Photo : Paul Parenti

Mardi 5 août, Corbara


Quatre magnifiques photos de Philippe Sarthou :

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Jeudi 7 août, Propriano

Cette représentation restera dans ma mémoire comme l'un des plus beaux concerts que j'aie jamais vu. Le fait que celui-ci se soit passé dans une église renforce l'effet d'intimité et d'élévation dans l'émotion ressentie, par la proximité du groupe et de son public.

L'acoustique naturelle de l'église était formidable, cela apportait un "plus" à l'ambiance sonore. J’ai été frappé par la perfection du groupe, mais pas étonné, car cette sensation se reproduit à chaque fois que je les vois en concert et à chaque sortie de nouvel album.

Les voir d’aussi près était impressionnant et très enrichissant. On peut, dans un premier temps, voir les expressions de chacun, laissant entrevoir les différentes mimiques et attitudes de chaque chanteur. On pouvait aussi voir la transmission des basses entre Maxime, Ceccè,  José et Jean, voir quand chacun reprenait son souffle, voir les visages et les expressions du groupe. Dans cette église résonnaient également les notions d’amour, de partage et de générosité.

Les chanteurs ont déployé une énergie puissante au cours cette représentation. Il y régnait pourtant une chaleur étouffante, insoutenable. Alors, que dire du professionnalisme du groupe, les voyant se déchaîner sur scène, ne laissant entrevoir aucun signe de fatigue, les chansons se succédant les unes après les autres et devenant à chaque fois de plus en plus puissante et intense en émotion...

C’était le troisième concert de « Bracanà » que j’allais voir. Les deux autres concerts se sont joués dans un théâtre, celui-ci était de loin le plus magique et le plus fort de tous. Chaque concert ayant eu pour moi sa particularité et son propre rapport avec le public, toujours basé sur l’amour, le respect et le partage.

Le concert était beaucoup plus subtil à mes yeux, pas pour dire que les autres ne l’étaient pas, mais je pouvais m’apercevoir de certaines choses que l’on ne perçoit pas de la même façon dans une grande salle. Cette subtilité résidait aussi dans la différence d’intensité du son qui est due à l'acoustique naturelle du lieu, ce qui offrait une immense richesse à chaque note, et une dimension tout autre à l'ensemble. Jean Claude paraissait possédé, en transe, sa gestuelle et ses expressions mythiques nous offraient un immense panel d'émotions. Les morceaux avaient déjà pris une autre dimension seulement trois mois après la sortie de l’album, même si certains de ces morceaux datent déjà de quelques années en arrière.

L’alchimie était au rendez-vous et le public a fait la rencontre des dieux et autres entités corses.

Tout un pan de l’histoire d’une terre nous a été contée par ces chants à la fois archaïques et contemporains. Un chant qui évolue grâce à A Filetta, sans perdre sa force et sa pureté, mais en la décuplant. Je suis sincèrement heureux de vivre cette époque, et voir comment ces précurseurs marquent l’histoire d’une terre au lourd patrimoine et ouvrent des portes aux générations d’aujourd’hui et de demain, tant ce groupe est fertile et ouvert.

Il y aura, cependant, un seul point négatif à ce concert. Un homme a commencé à prendre des photographies, à l'aide d'un appareil reflex numérique. Il a dans un premier temps oublié d'enlever le bip de sa mise au point, chose qui était insupportable et prenait le dessus sur le chant, cela étant dû  à l'acoustique du lieu. Il a commencé par prendre une dizaine de photos pendant 1901, faisant office de tour de chauffe, et a fini par prendre des photos pendant tout le chant de Dies irae. Un véritable cauchemar pour le public, consterné de cet affront, et martelé par le "bip" et le "clac" incessants de l'appareil... Les chanteurs sont restés concentrés malgré tout, alors que le photographe était tout prés d'eux. Moi j'ai décroché pendant la prise des photos, c'était vraiment perturbant. Je rêverais de pouvoir prendre des clichés du groupe, mais c'est une chose que je me défends de faire, pour le respect du groupe et du public.

Jean-Michel Ponthieux-Mondoloni 

 

Lundi 21 juillet, Londres


A FIletta rencontrait Dhafer Youssef à Londres ce 21 juillet. Une rencontre qui, espérons-le, aura des suites...
Voir les magnifiques photos de Suzan sur le site Tra noi et aussi en cliquant sur ce lien


Dimanche 26 juillet, Boechout


Quand les anges descendent sur terre


«Ce sera dur» me glisse Jean-Claude Acquaviva en marchant en direction du chapiteau où lui et les six autres chanteurs d'A Filetta se produiront. Cette scène se passe au festival Sfinks, près d'Anvers et cela n'est pas exactement les meilleures conditions pour un genre de musique qui date du onzième siècle : la polyphonie.
«Effectivement ce n'est pas une église» dis-je en blaguant, «où sont les clowns ?»
Jean-Claude est levé depuis quatre heures ce matin et il rit comme quelqu'un qui a une rage de dents.

Une heure plus tard. Un public d'environ un millier de personnes prend place dans le chapiteau quand les sept Corses, vêtus de noir, pénètrent sur le podium. Les échos d'autres musiciens et le brouhaha des festivaliers forment une irritante toile. Mais Jean-Claude sort de la poche de sa chemise un diapason et il le cogne contre sa pommette, après quoi son visage entreprend une remarquable transformation. Est-ce une grimace due à la douleur, ou à la passion ? Aussitôt les sept hommes commencent à chanter. Cela ressemble à des gémissements, on peut y reconnaître des gens Géorgiens, mais aussi des influences arabiques. Plus que tout c'est superbement envoûtant. Ma gorge se noue et si je regarde autour de moi, c'est la même chose pour les autres spectateurs.

Les échos, le brouhaha sont toujours audibles mais au gré de la représentation le chapiteau prend une autre dimension, où d'autres règles prennent place. Le public, les chanteurs eux-mêmes, personne n'entend plus le bruit en arrière plan. Il n'y a que les sept voix d'A Filetta qui donnent le ton. Entre les chants le public réagit par de nouvelles avalanches d'applaudissements. Devant moi, un homme s'étend sur le dos, et ferme les yeux tout en savourant. A côté de moi, je vois des larmes couler sur les joues d'une femme. Et moi ? Je constate que ma bouche reste régulièrement ouverte, et que j'ai la chair de poule

Le chant final. Les sept voix s'estompent jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un murmure audible. A ce moment là, j'en suis sûr : il y a des anges qui sont descendus sur terre. Reconnaissant, le public manifeste son enthousiasme. Tout aussi reconnaissant Jean-Claude et les siens reçoivent l'ovation des spectateurs.

A la fin du concert, je demande à Jean-Claude «Et alors, cela a été dur ?»
Il sourit largement. «Au début oui» admet-il, «mais il s'est alors passé quelque chose»
«Tu as raison» lui dis-je, «le ciel s'est entrouvert»

© Ep Meijer 2008
(texte emprunté à nos amis de Tra Noi qui assistaient au concert)


boechout
Photo : Suzan Lohez


Mardi 19 août, Murato



muratu


Dimanche 21 septembre, Brie-Comte-Robert



brie

Vendredi 14 et samedi 15 novembre, Düsseldorf


Sidi Larbi Cherkaoui (B) "Apocrifu"

Featuring a cappella Corsican songs by
A FILETTA APOCRIFU
German première

salut

He is considered one of the most exciting contemporary choreographers, a “charismatic dance prodigy”. Sidi Larbi Cherkaoui was born in Antwerp in 1976 to Belgian and Moroccan parents. His very productive last few years have enabled him to make a strong impact on the world of European dance. “Apocrifu” is another excellent work in which he impresses his audience with his incredible range of motion and his mastery of all styles of dance.
The different temperaments of dance in the main solos, original duets and pantomimes are as varied as the forgotten written and spoken tales brought to light on stage along with thousands of books.
The seven singers of the renowned Corsican group “A Filetta” accompany the action with their wondrous, beautiful and exotic songs, which are based on liturgical and poetic texts. “Apocrifu” is an event you won’t want to miss!

Co-production : De Munt / La Monnaie with Festival de danse de Cannes.


Im Rahmen des Internationalen Tanzfestivals NRW - 3 Wochen mit Pina Bausch

 
Er gilt als einer der interessantesten Choreografen der Gegenwart, hochproduktiv und als künstlerisches Multitalent gefeiert: Sidi Larbi Cherkaoui, als Sohn einer Belgierin und eines Marokkaners in Antwerpen geboren, machte als Mitglied des legendären Künstlerkollektivs Les Ballets C. de la B. um Alain Platel, das er im vergangenen Jahr verließ, auf sich aufmerksam. Die Fachzeitschrift „ballet-tanz" erkor ihn jüngst zum „Choreografen des Jahres“.

„Apocrifu“ verwebt Tanz und mittelalterliche Musik, a capella von sieben Sängern der renommierten korsischen Ensembles A Filetta vorgetragen. Genauso typisch für das Werk von Sidi Larbi Cherkaoui ist es, stets die verschiedenen kulturellen und spirituellen Traditionen zu befragen. Drei Tänzer, Dimitri Jourde, Yasuyuki Shuto und Sidi Larbi Cherkaoui selbst, agieren auf einer Bühne voller Bücher. Der Tanz, begleitet von den wunderschönen und eigenwilligen Gesängen, die auf liturgischen und poetischen Texten basieren, fasziniert mit ganz unterschied-lichen Tanz-Temperamenten.
Als Auftragarbeit der Brüsseler Oper im September 2007 uraufgeführt, gastiert „Apocrifu“ – der Titel referiert auf die apocryphischen Schriften der Bibel - erstmals in Deutschland. Die Kostüme stammen von dem renommierten belgischen Modeschöpfer Dries Van Noten.

apocrifu

Choregraphie: Sidi Larbi Cherkaoui;
Danseurs: Sidi Larbi Cherkaoui, Dimitri Jourde, Yasuyuki Shuto;
Chant: A Filetta;
Mise en scène: Herman Sorgeloos;
Lumières: Luc Schaltin;
Costumes: Dries Van Noten,
Marionnette: Filip Peeters;
Assistants: Nienke Reehorst, Satoshi Kudo;
Conseiller artistique: Guy Cools.
Son  A Filetta: Rémy Grasso

apocrifu
Nous avions très envie de voir ce ballet de Sidi Larbi Cherkaoui et avions donc fait le voyage jusqu'à Düsseldorf pour cette reprise d'Apocrifu après Bruxelles, Cannes et Roubaix.


La belle salle du Tanzhaus était comble pour cette deuxième séance en Allemagne.

Sur scène, un grand escalier rempli de livres. En bas, une pièce avec, au fond, encore des livres et un pantin assis. A l'étage, les sept chanteurs d'A Filetta vêtus de noir chantent U Sipolcru. Les danseurs entrent, des chaînes tintinabulantes autour des chevilles, et le Kyrie s'élève. Puis c'est le superbe 1901. Surprise, les trois danseurs entonnent... une paghjella bientôt reprise par les chanteurs. Puis vient Le Lac, suivi aussitôt par une monodie et le Benedictus, Sumiglia avec la voix du danseur japonais est suivi par un air joué sur une sorte de lyre par Sidi Larbi. A Filetta poursuit avec Figliolu d'ella, Makharia, Rex, Sub Tuum, un A l'Alivetu transformé par un double bourdon, l'un continu, l'autre avec des modulations, Ghmerto et pour finir U Lamentu di Ghjesù.


dimitri
Photo Herman Soorgeloos


Pour dialoguer avec les chanteurs d'A Filetta qui, loin de rester statiques, se déplacent sur la scène grâce à des petits micros HF, le chorégraphe a fait appel à deux danseurs très différents. Le Japonais Yasujuki Shuto, danseur classique, et le Français Dimitri Jourde, venu du cirque et de la danse contemporaine. Les trois danseurs aux styles différents mais tous excellents donnent vie à une chorégraphie fascinante de bout en bout, jusqu'à la conclusion tragique.


Apocrifu fait référence aux textes apocryphes rejetés par l'Eglise catholique et plus généralement à tout ce qui est rejeté. La chorégraphie évoque tour à tour ou simultanément la religion, la diversité des cultures, la violence, la vie, la mort, mais avant tout la puissance de l'écrit, de ces livres qui peuvent à la fois libérer et opprimer, éclairer ou aveugler ...  Après la première moitié du spectacle les danseurs se débarrasseront de leur chaînes.


larbi

De superbes moments tels celui où Sidi Larbi Cherkaoui et Dimitri Jourde, têtes collées l'une contre l'autre, dansent une ronde infernale, ou la scène où les trois danseurs l'un derrière l'autre lisent des livres en se mélangeant les bras, l'écriture de caractères japonais à même le corps du danseur, etc ; les temps les plus forts dans ce spectacle étant à mon sens ceux où les danseurs animent la marionnette (vêtue comme Sidi Larbi), notamment ce moment où celle-ci, assise sur Cherkaoui couché, s'anime on ne sait comment, ou encore Sidi Larbi Cherkaoui tombant dans l'exacte posture de la marionnette au sol, ou bien cette image fascinante de l'ombre du visage de Sidi Larbi sur le mur éclairé évoquant le profil de la marionnette...


pantin


A noter également que la chorégraphie évoque les arts du Zen, puisque le pantin est une marionnette de "bunraku", le théâtre japonais traditionnel et rituel, que l’épée utilisée sur la scène semble être un "katana" utilisé dans le kendô, art martial traditionnel japonais, et que la peinture sur le corps fait référence au sumi-e (lavis), autre art du zen.

On ne peut détacher les yeux de ce spectacle, comme hypnotisé par la formidable technique des trois danseurs et l'utilisation magistrale qu'ils en font. La communion avec les polyphonies est totale. Les voix des sept chanteurs d'A Filetta touchent chacun au plus profond de l'âme. 


larbi


A lire également, le compte-rendu d'Ep Meijer sur le site de Tra Noi :
http://www.tra-noi.net/recensies-apocrifuFR.phpl


salut
Les danseurs, les chanteurs et... la marionnette saluant le public.
Photo : Jean-Claude Casanova


salut


Samedi 29 novembre, Sainte-Geneviève-des-Bois


Pour un "concert de rentrée", comme disait Maxime après le concert, ce fut une prestation pleinement réussie. Pour tout dire, à mon avis, ce concert fut à la hauteur des deux soirées de l'Européen.


Après le froid glacial de l'attente de l'ouverture des portes du Théâtre Gérard Philipe de Ste Geneviève des Bois, nous nous sommes bien vite réchauffés dans la salle à l'écoute du chant d'A Filetta.


Le programme était celui de Bracanà, chanté presque intégralement, avec également quelques extraits du Requiem, et ce soir encore nos amis étaient au sommet de leur art. On connaît le répertoire quasiment par coeur, et pourtant, on est à chaque fois pris au plus profond de son être par ce chant.  Chaque concert est un nouveau choc, un nouvel émerveillement, une nouvelle émotion.
De cette merveilleuse soirée je retiendrai particulièrement 1901, Benedictus et Treblinka, et bien sûr le Sumiglia chanté en second rappel, mais tout le concert était du même niveau technique et émotionnel.


stege


Le public nombreux (on avait dû refuser du monde) ne s'y est pas trompé. Bien que composé en grande partie d'abonnés, il a longuement ovationné le groupe, et les ventes et dédicaces de Bracanà ont connu une grande affluence.
Ajoutons que la (légère) sonorisation était excellente, très naturelle (bravo Rémi !) et que, malgré les nombreuses toux entendues ça et là dans le public, nous avons bénéficié de conditions quasi idéales dans cette salle de théâtre.

Dimanche 7 décembre, Montreuil


africolor


Ce dimanche, A Filetta retrouvait Danyel Waro dans le cadre du festival Africolor.
Les 400 places du beau théatre de Montreuil étaient toutes occupées pour ce concert qui fêtait en quelque sorte la 20e édition du festival et des Rencontres de Calvi.

Et ce fut un concert sublime, extraordinaire, une énergie, une intensité  énormes, une rencontre au plein sens du terme entre deux hommes debout, deux "résistants", deux poètes.

Danyèl et ses musiciens entament le concert par deux morceaux rythmés par les percussions (roulèr, gros tambour, kayamm, instrument plat fabriqué à partir de tiges de fleurs de canne et rempli de graines de safran sauvage, bob, fait d’une corde tendue sur un arc et d’une calebasse comme caisse de résonance, une sorte de berimbau, toumba, triangle).

waro

Puis les 7 chanteurs d’A Filetta entrent sur la partie droite de la scène et entonnent L'Invitu. Quoi de plus étranger à la tradition du maloya que ce poème antique ? Contraste de style au départ vite estompé avec la reprise avec percussions de la ritournelle " ribombinu puru i scacani". Après un autre morceau, c'est A paghjella di l’impiccati où le groupe est bientôt rejoint par Danyel pour une sorte de psalmodie. Les styles sont très éloignés, pourtant les deux émotions se rejoignent et se marient parfaitement.

Nos amis prennent manifestement beaucoup de plaisir à se lancer dans le rythme, à reprendre les paroles en créole. Ils nous offrent aussi seuls quelques unes de leurs créations, Benedictus, Scherzi veranili, pendant une petite pause de leurs amis réunionnais qui reviennent bientôt. Une monodie chantée par Jean-Luc rejoint par Danyèl, Meditate accompagné par kayamm et bob. Puis c'est la danse et la transe, un extrait d'Himalaya, d'autres morceaux...

ensemble

Au-delà des petites imperfections techniques inévitables dans un tel contexte (le mélange des percussions et des voix a cappella de nos amis, munis de micros mais ne disposant pas, semble-t-il, de retours, n'était pas évident au départ), on sent un immense plaisir chez chacun des chanteurs et musiciens d'être là ensemble. Un plaisir communicatif, le public leur réservant une longue ovation suivie de trois longs rappels. Danyel annonce un chant que nous connaissons tous c’est… A merula, sorte de comptine bien connue des corses, et avec une prononciation parfaite, Danyèl égrène les différents couplets-parties du corps du malheureux volatile (e gambe, e cosce, u beccu, u capu...)
Un autre rappel, la salle est depuis longtemps debout, et c'est fini... Après cette grande chaleur, le froid nous attend à l'extérieur !


waro

Une attitude caractéristique de Danyel Waro dans "Po mwin Maloya"

Lu sur RFI Musique : La rencontre de Danyel Waro avec A Filetta


Le choc des îles

Quelques morceaux choisis :

 

"Dimanche 7 décembre, Africolor accueillait au Nouveau Théâtre de Montreuil en banlieue parisienne, une création au sommet : la rencontre entre le symbole du maloya, Danyel Waro, et les chantres de la polyphonie corse, A Filetta. Quand ils conjuguent leur talent et que leurs îles s’unissent, la prestation touche forcément au sublime. Question d’alchimie.


(...)

Dès les premières mesures, l’alchimie submerge les heureux voyageurs, et "les murs de la salle s’écroulent tranquillement". (...)

Danyel Waro et les corses d'A Filetta frottent leurs répertoires et leur patrimoine, pour un dialogue noué cœur à cœur. A de sublimes prières, soliloques intimistes et extatiques, succèdent des échappées sauvages – rayons de soleil fragmentaires – qui provoquent des spectateurs désespérément assis. Chacun raconte à l’autre son île, l’autre écoute, accompagne, accède à la beauté et au charme de ses secrets. La bande d’A Filetta, la main sur l’oreille, donne le répons à l’aventure murmurée ou clamée par Waro. Le Réunionnais, en retour, se laisse dériver sur les chants délicats et ciselés d’A Filetta.

Cette rencontre non préméditée, et finalement peu préparée – une seule semaine de résidence avant la première à la 20e édition des Rencontres Polyphoniques de Calvi – réserve une marge de surprise et de liberté, où se nichent la générosité et l’ampleur du projet. (...)

L’ambiance survoltée va crescendo dans la salle. Pour un peu, l’auditoire euphorique casserait ses fauteuils, quand la maloya-star virevolte, et bondit. Le solo d’A Filetta reçoit un triomphe ému. Au salut final, le public se lève comme un seul homme, pour acclamer ces héros. Les Corses quittent la scène, sur des pas de danse réunionnais.

Un seul mot pour achever cet hommage vaudra tous les discours : merci."


L'intégralité de ce bel article d'Anne-Laure Lemancel  ici :
http://www.rfimusique.com/musiquefr/articles/108/article_17460.asp

Lundi 8 décembre, Puteaux

Le lendemain, nous retrouvions A Filetta dans un contexte tout différent : dans l'église de Puteaux et sans Danyel Waro, pour le programme "Bracanà". Le froid vif n'avait pas découragé les Putéoliens et l'église était quasiment pleine pour ce concert. Pour tout dire, nous craignions un peu pour les voix de nos amis, mises à rude épreuve par le long concert un peu "physique" de la veille. Ils avaient en effet dû chanter d’une manière un peu inhabituelle pour eux et forcer quelque peu leur voix, malgré les micros, au milieu des percussions. Eh bien, ils étaient en pleine forme et leurs voix étaient parfaites !


Puteaux 010
De gauche à droite : José, Jean, Paul et Jean-Luc

Puteaux 019

 Jean-Luc
Puteaux 028
De gauche à droite : José, Jean, Jean-Claude, Paul et Jean-Luc

Puteaux 041
Ceccè et José
Puteaux 052
Jean-Claude avec Jean, Jean-Luc et Paul

Arrivés tôt, nous avons la chance d'être au premier rang. Des conditions idéales (de même qu'un public exemplaire, recueilli et enthousiaste) pour saisir toutes les nuances du chant de nos amis.

Encore un concert d'une belle intensité, dont je retiendrai particulièrement, faute de tout citer, l'admirable 1901, le Dies Irae et le Benedictus, Treblinka et enfin, la Paghjella di l'Impiccati chantée en monodie par Jean-Luc. Et les deux rappels : La folie du cardinal  et enfin Sumiglia.
Un début de fou rire provoqué par Paul, toujours prêt à plaisanter, nos amis étaient d'humeur joyeuse en ce qui sera pour nous notre dernier concert 2008.


MERCI A Filetta, et vivement 2009 !


separateur

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