Avril
8 Marseille
11 Suresnes
12 Claret
Mai
2 Calvi
9 Calvi
18 Calvi
23 Marseille
27 Paris
28 Paris
29 & 30 Pérouges
31 St
Sébastien sur Loire
Juin
6 Roubaix
7 Roubaix
12 Calvi Jazz
Festival
17 Calvi
25 Calvi
26 Calvi
30 Calvi
Juillet
4 & 5 Fougères
11 Wroclaw
12 Ostrava
16 Calvi
17 Propriano
19 Vilanova
21 London
23 Calvi
26 Boechout
Septembre
3 Calvi
9 Bastia
10-13 Calvi (XXes
Rencontres)
21 Brie-Comte-Robert
27 Calvi
Octobre
5 Calvi
Novembre
14 &
15 Düsseldorf (Apocrifu)
29 Ste Geneviève des Bois
30 Wien
Décembre
7 Montreuil
8 Puteaux
9 Chartres-de-Bretagne
12 Morlaix
Les concerts des autres années :
Ce premier concert de 2008, organisé dans le cadre du Festival Chorus des Hauts-de-Seine, était intitulé Bracanà, titre du nouvel album dont la sortie est prévue le 29 mai.
Comme d’habitude, il débute en douceur par une berceuse géorgienne, Nana, puis Jean-Claude introduit les deux chants suivants : la Paghjella, chantée par Jean-Luc, Paul et Ceccè, et le 1901, est une création récente, dédiée à la Géorgie. De par sa composition, c’est aussi un hommage au chant géorgien. Deux extraits de « Médée » ensuite : la partie terminale du chant I, L’invitu, et le chant IV, U furore. Par une sorte de jeu de miroirs, ces deux chants se répondent autour du thème du rejet et de la folie de Médée.
Troisième temps de ce concert, peut-être le plus fort : deux chants de la Via Crucis, le Dies Irae et le Benedictus, puis U Sipolcru. Trois créations admirables qui touchent l’auditeur au plus profond de lui-même. On a plaisir à réentendre ces chants rarement entendus jusqu’à présent (sauf U Sipolcru, désormais un « classique » du groupe.) Le Dies Irae est d’une douceur étonnante. Nulle trace de colère divine mais une compassion infinie. Le Benedictus est un nouvel exemple de la richesse d’écriture de Jean-Claude. On est loin de la polyphonie traditionnelle dans ce morceau aux lignes mélodiques enchevêtrées tout en restant constamment simple. Ces deux chants sont enthousiasmants, émouvants… Un condensé de l’art d’A Filetta !
Le concert se poursuit avec les désormais habituels Scherzi veranili et Meditate, qui ne sonne plus du tout comme lors de sa création. Un exemple de la méthode de travail du groupe qui ne fige jamais les choses. Liberata et U cantu di l’acqua, extrait aussi du Via Crucis, complètent cette séquence.
Et vient déjà la dernière partie du concert, avec Figliolu d’ella, Cuntrastu, une monodie chantée par Jean-Luc, le Pater Noster du Requiem et pour finir, non pas le traditionnel Sumiglia, mais… U Lamentu di Ghjesu. Là encore on mesure le chemin parcouru depuis la première version (déjà très aboutie) de ce chef d’œuvre. Ce soir, c’est une version de référence que nous offrent Jean-Claude et ses amis.
Après
un tonnerre d’applaudissements, nos amis entonnent le
« Exorciso
Te »
de La folie du cardinal pour un
premier rappel. Les applaudissements redoublent et le groupe revient
sur scène.
Jean-Claude annonce le chant suivant, une toute nouvelle composition
évoquant
le camp d’extermination de Treblinka. Initialement, ce chant
devait conclure le
programme normal, mais le groupe, répondant à une
demande de chanter U lamentu di
Ghjesù, avait décidé de
garder
Treblinka pour
l’éventualité d’un rappel.
Nous découvrons donc pour la première fois ce
long chant très tendu mais tout
en retenue, avec un bourdon très original
conférant à ce morceau une atmosphère
glacée.
L’année
2008 commence bien … Rendez-vous au prochain concert
(L’Européen en mai) !
Nous étions tôt devant "L’Européen" ce mardi 27 mai pour assister au premier concert parisien d’A Filetta pour 2008 (après une incursion dans les Hauts-de-Seine le 11 avril.)
Le temps de retrouver les membres du groupe et quelques connaissances, de faire de nouvelles rencontres (je n’aurais jamais imaginé que les deux photos de moi publiées sur ce site me feraient reconnaître !), d’acheter le nouveau CD Bracanà (dont la sortie officielle semble retardée de quelques semaines), et nous découvrons la salle de l’Européen, ancien "Théâtre en Rond", de forme circulaire, avec ses murs et ses fauteuils rouges.
Le groupe fait son entrée et entonne la berceuse géorgienne Nana. Après les quelques mots de présentation de Jean-Claude, Ceccè, Jean-Luc et Paul chantent une Paghjella, suivie de U Cantu di L’Acqua, chant issu du Via Crucis. Le texte de Jean-Claude met en relief l'ambivalence de l'eau, symbole de vie mais aussi annonce de mort. Puis vient 1901, création récente à la mémoire de deux Géorgiens nés tous les deux en 1901 et ayant eu des destins parallèles. Un morceau d'une richesse et d'une beauté incroyables.
La
deuxième partie du concert s’ouvre sur le Dies
Irae. Ce morceau est, depuis que je
l’ai entendu en concert en 2002, l’un de
mes préférés (mais j’en ai
beaucoup !).
Le chant de Noël géorgien Alilo
précède le Benedictus.
Un autre de mes préférés, entendu dans
le film de France 3 sur le Via
Crucis de
Calvi. J’avais un jour suggéré
à Jean-Claude de le reprendre en concert, c’est
chose faite ! Vient ensuite un court extrait de L’Invitu. Une force incroyable
émane de cette interprétation, bien
qu’elle soit tout en finesse. Ce qui est extraordinaire avec
Médée, c’est que
ces chants, déjà proches de la perfection lors de
leur création il y a onze
ans, se bonifient avec les ans !
Beati,
un des rares chants chantés
« forte » (mais non sans finesse)
par A
Filetta, ouvre la troisième partie du concert, la plus
grave, la plus recueillie, avec tout
d’abord Treblinka,
création récente
du groupe. Une durée inhabituelle pour ce morceau sachant
émouvoir sans aucune sensiblerie.
C’était la deuxième fois que nous
l’entendions, et – comme toujours avec A
Filetta – la nouvelle écoute fait
découvrir de nouvelles subtilités. Ici, outre
le bourdon « oscillant »,
c’étaient les dissonnances dans l'aigu de Jean-Luc
à la
fin du morceau qui retenaient l’attention.
La
nécessité de ne jamais oublier ce qui fut, la
barbarie
nazie, était encore le thème du Meditate.
Après la version
« jazz » de Calvi qui a pu
parfois choquer, retour à
la version a cappella de ce thème lancinant sur le
thème du refus de l’oubli. Et le Rex
du Requiem
concluait cette partie.
Un
deuxième extrait de Médée, U Furore,
ouvrait l’avant
dernière partie. Puis Liberata
– encore
un de mes morceaux préférés -,
à la
mémoire du jeune résistant Pierre Griffi,
exécuté à Bastia par les fascistes, et
un
Scherzi veranili chanté
avec une maîtrise
parfaite.
Et déjà la fin du concert s'annonce, avec Figliolu d’ella, suivie d’une monodie humoristique, Cuntrastu, interprétée à la perfection par Jean-Luc. Un mélange de rugosité et de grâce. Magistral ! Et pour finir U Sipolcru concluait – déjà ! – le concert.
Après
les applaudissements enthousiastes du public, nos amis reviennent pour
un rappel :
La folie du cardinal, puis offrent
au
public un second rappel, Sumiglia. Epoustouflant.
Là aussi, on a peut être entendu 50 fois ce
thème en concert, et Jean-Claude et
ses amis nous émeuvent toujours. Cette fois, c’est
le petit temps supplémentaire entre les
mots "aria" et "un affanu di morte" qui crée la
différence.
Encore une magnifique soirée avec A Filetta, et un public à la fois attentif, recueilli et enthousiaste, laissant les chants se terminer complètement avant d’applaudir à tout rompre…
Certains trouveront peut-être que proposer le compte rendu du concert du 28 mai alors que vous avez eu sur ce même site celui du concert du 27 est pour le moins exagéré, voire inutile. Je vais donc essayer de rassurer ceux-là en essayant de me démarquer un peu des écrits précédents pour apporter un éclairage différent. Et puis, chaque concert d'A Filetta étant unique, on ne se lasse pas d'en parler...
Je passerai donc
sur le détail du programme qui était le
même que la veille à un chant près. En
effet, comme il y a quelques années au Trianon (tiens, le
même quartier que
l’Européen !) A Filetta avait
invité Gabriel Yacoub pour leur 1er rappel.
Rappelons
qu’ils
avaient enregistré ensemble deux chansons sur
l’album de Gabriel après avoir
collaboré avec Bruno Coulais sur « Le
peuple migrateur ». Pour ce rappel,
ils nous ont gratifié d’un très beau
« Si
c’était »
où les
chants
corses soulignent à merveille la voix chaude et ample de
Gabriel Yacoub. Un
beau moment d’amitié partagée.
Mais je
souhaiterais souligner certains points de ce concert qui m'ont
particulièrement
marqué.
Tout d'abord, le lieu. Cet écrin rouge qu'est l'Européen. Cette salle circulaire, la scène occupant un quartier de ce disque, répondait à l'arc de cercle formé par les 7 chanteurs. Cet effet de miroir contribuait à ce que l'on se sente encore plus avec eux.
L'acoustique de
la salle est déjà excellente mais le son
était encore rehaussé par
un réglage remarquable de la sono. Seuls deux
micros
reprenaient les 7 voix en leur ajoutant une subtile
réverbération, de telle
sorte que les voix nous parvenaient à la fois en direct et
en même temps
légèrement amplifiées et
réverbérées. Juste ce qu'il faut. J'ai
rarement
(peut-être même jamais) entendu aussi bien chaque
chanteur.
Dans une salle
où
chaque voix est reprise au micro, on distingue bien chacune d'entre
elles mais
un peu au détriment de l'ensemble.
En église,
où la
réverbération naturelle est ample, on
perçoit très bien l'ensemble, mais un peu
au détriment de chaque voix individuellement.
A l'Européen,
nous avions les deux. Avec cette sensation curieuse qu'il suffisait de
regarder
un chanteur pour détacher sa voix du groupe tout en gardant
la perception aiguë
de l'ensemble. Un régal.
Du coup, nous
avons eu l'impression de redécouvrir certains chants, d'en
capter les moindres
subtilités (qui sont pourtant si foisonnantes dans les
chants d'A Filetta).
La deuxième
remarque que je voulais faire porte sur la qualité
d'interprétation de ces
chants. Rien de nouveau, allez-vous me dire, et vous auriez raison,
mais il
faudra toujours saluer avec un profond respect l'intensité
et la sincérité de
ces 7 chanteurs d'exception. On a toujours l'impression que ces chants
viennent
du plus profond d'eux-mêmes et sortent de leur ventre pour la
première fois. Au
bout de trente ans de carrière, c'est non seulement rare
mais aussi tout
simplement beau.
Dans ce programme
parfait et si riche, je voudrais souligner quelques perles.
Nana qui
ouvre le concert est d'une douceur infinie. On y ressent de
manière extrême
le travail qui a dû être le leur pour arriver
à « retenir » le son
à
ce point, pour dire « tendrement des choses
puissantes et puissamment des
choses tendres ».
L'extrait
de L'invitu,
qui, s'il me
paraît un peu court (j'en voudrais
toujours plus!) a été ce soir encore magnifique.
Les trois parties de ce court
extrait prenant toute leur valeur et leur force. D'autant que
Jean-Claude a
légèrement
accéléré la première phrase
musicale du final (thème de « U
furore »). Ce qui a donné une respiration
différente et bénéfique à
l'ensemble, les quatre phrases se détachant chacune un peu
plus : la première
avec
Jean-Claude seul pour le thème sur un tempo pas trop lent
donc. La deuxième,
paroles à l'unisson à plusieurs voix
aiguës avec tempo lent. La troisième
sans
Jean-Claude, les basses entrant en jeu, tempo lent. Et la
quatrième
avec Jean-Claude en contre-chant des voix de Jean-Luc et Paul,
liées par le
retour du bourdon, sur un tempo encore plus lent, presque
ânonné.
Une merveille !
Benedictus, d'une modernité inouïe avec cette succession de chants scandés et de contre-chants complexissimes, chacun ayant apparemment une partition différente. Et un changement d'accord au milieu du morceau nous transportant encore un peu plus d’émotion.
Liberata que je n'avais encore entendu comme ça, tantôt caressant, tantôt puissant, tantôt déchirant. A signaler la partie de Jean-Claude, qui a abandonné le récitatif pour une espèce de mi-chemin entre le chanté et le parlé tout à fait judicieux. Personnellement, je préfère cette version !
Un mot rapide sur Sumiglia, ce chef d'oeuvre absolu, chanté en 3ème rappel, peut-être démarré un petit poil trop vite (si l’on veut être puriste !) mais tellement parfait, tellement sublime et émouvant après ! Un vrai morceau d'éternité...
Enfin,
Treblinka.
Cette merveille
concoctée en quelques minutes par
Jean-Claude pour compléter le disque ! Comment, par quelle
magie ce chant nous
révèle-t-il de façon si intense ce
mélange de mort, de jours si sombres qui se
succèdent sans fin, de douleur et d'espoir infime ?Le
thème principal d'abord, qui se répète
en
une boucle scandée de cette voix ténue que sait
si bien prendre Jean-Claude.
Avec ces subtilités mélodiques (le fa
remplaçant le ré à la fin du
2ème vers du
couplet) qui soulignent le malaise de la condition des prisonniers.
Le bourdon à
bouche fermée ensuite. Une nouveauté pour A
Filetta. Tellement judicieuse
ici pour donner ce
sentiment
d'emprisonnement. Et cette
manière
au dernier couplet de scander ce bourdon comme si la vie
s'échappait peu à peu.
Les contre-chants
de Jean-Luc et Paul tirant vers la dissonance pour mieux nous faire
ressentir que
la folie des hommes est bien là.
Les ponctuations
enfin, quelques notes aiguës échappées
comme des cris de douleurs, des plaintes
de désespoir, de raison égarée.
Décrit de
cette
manière, on pourrait penser que tous ces
éléments illustrent, et que l'ensemble
est déprimant ou lugubre. Il n'en est rien.
Tout reste
terriblement musical et les sensations que l'on a à
l'écoute sont réellement
épidermiques et non pas cérébrales. Et
si ce n'est pas gai, ce n'est pas
triste. Simplement BEAU.
A l'écoute de
ce
concert, on se dit qu'A Filetta est vraiment au sommet de son art et
également
en train de nous emmener encore vers de nouveaux sentiers
inexplorés, comme ils
avaient pu le faire avec Médée. Toujours plus
loin, toujours plus beau, avec
toujours cette générosité et cette
sincérité qui les caractérisent.
Nous
sommes
prêts
à les suivre...
Pierre Casanova
Quandu
andate à stà à sente a Filetta, per esempiu ne una salla di spettaculu
parigina, puderete pensà ch’ella ci manca qualcosa, diciaremu un quadru
di chjesa corsa chi risaltarebbe i canti sacri. Ebbeh, u miraculu ghjè
chi, a Filetta, u quadru, pare di avessilu strascinatu da a Corsica.
Chjuvite una cria l’ochji è site subitu traspurtati à l’Uratoriu
Sant’Antone a mezu a Citadella di Calvi.
A leghje u prugrammu, u cuncertu parerebbe una bulighjata - sta sera qui dissimu una bracanatura - di vechju è di novu. In vera, fubbe un ordine suttile chi tense contu di u strumente principale di u gruppu : a voce.
Perchè l’arte di a Filetta, ghjè l’arte di a voce. Cantatori
sò ? Nò
! Sculpiscenu e vibrazione di u spaziu musicale cu e sò voce, cume u
scultore maneghja u tagliolu. A certi mumenti, e sò voce si cumponenu
pian pianinu è quasi à a perfezzione. Hai u sentimentu di un corpu solu
chi canta cu una voce multiplice. Un’ hè per quessa chi a Terza, Paulu
Giansily, tenia sempre Ghjuvanluca Geronimi da a cinta ?
Ghjuvanluca Geronimi sona straordinariamente. Quandu ha cantatu solu un cunstrastu tra un omu è una donna gelosa cu passagi aspri è d’altri patetichi, forse a ghjente un ha micca capitu i cambiamenti di tonu , ma ellu !, i facia risaltà veramente bè.
U cantu sacru georgianu, Alilo, mi fece ancu sorte duie lacrime per via di u mischju di e voce chi riescinu à crià armoniche stupende chi parianu vene da u trafondu di l’anime o magaru direttamente da u paradisu.
Stu concertu m’ha rifiatatu.
A Filetta hè ammirabile perchè, forti d’avè studiatu è capitu
a
musica pulifunica tradiziunale, crianu (ricercanu) cumposizione
uriginale di voce chi ghjovanu più che bè, quandu l’altri gruppi un
facenu che interpretà u ripertoriu o s’elli cumponenu, sò canzone di
stilu “folk” ò “pop”.
Texte extrait du site Cursichella : in piazza a u paese - http://blog.cursichella.eu/
Le cadre - une plage le long de la Loire - était sympathique, mais quand nous avons vu la "Grande" scène encadrée par une baraque à bière, une autre petite scène et un bar à huîtres, nous avons commencé à nous inquiéter. La suite s'est avérée au-delà de nos craintes.
Des conditions indignes pour n'importe quel artiste, à plus forte raison pour un groupe comme A Filetta dont le chant nécessite un minimum de concentration.
Le concert a débuté face au public assis ou couché sur le sable, certains continuant leurs conversations, téléphonant, pique-niquant... La première moitié du concert s'est néanmoins déroulée dans des conditions passables.
Puis au fur et à mesure, ce fut un défilé incessant de gens passant devant ou au milieu du public, sans témoigner le moindre respect pour artistes et auditeurs. Le service d'ordre rapidement débordé, laissant faire et ne retrouvant de la fermeté que pour nous interdire le passage à la fin du concert pour aller retrouver le groupe...
Bref, une fois n'est pas coutume, surtout après l'émerveillement de la soirée à l'Européen, nous sommes sortis énervés d'un concert d'A Filetta ! Le groupe prit le meilleur parti : celui d'en rire, et quitta la scène sans rappel et sans même dédicacer Bracanà...
Après avoir accueilli « La Zonmai », installation monumentale et surprenante du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui en 2007, la Condition publique a présenté samedi soir sa dernière création, « Apocrifu » pour trois danseurs avec le chant a capella du groupe polyphonique corse, A Filetta
roubaix@lavoixdunord.fr
Daniele di Bonaventura invite A Filetta
Comme le faisait remarquer Daniele di Bonaventura en introduisant ses amis d'A Filetta, cette invitation du groupe balanin dans "son" oratoire de Calvi avait quelque chose de paradoxal.
Cette représentation restera dans ma mémoire comme l'un des plus beaux concerts que j'aie jamais vu. Le fait que celui-ci se soit passé dans une église renforce l'effet d'intimité et d'élévation dans l'émotion ressentie, par la proximité du groupe et de son public.
L'acoustique naturelle de l'église était formidable, cela apportait un "plus" à l'ambiance sonore. J’ai été frappé par la perfection du groupe, mais pas étonné, car cette sensation se reproduit à chaque fois que je les vois en concert et à chaque sortie de nouvel album.
Les voir d’aussi près était impressionnant et très enrichissant. On peut, dans un premier temps, voir les expressions de chacun, laissant entrevoir les différentes mimiques et attitudes de chaque chanteur. On pouvait aussi voir la transmission des basses entre Maxime, Ceccè, José et Jean, voir quand chacun reprenait son souffle, voir les visages et les expressions du groupe. Dans cette église résonnaient également les notions d’amour, de partage et de générosité.
Les chanteurs ont déployé une énergie puissante au cours cette représentation. Il y régnait pourtant une chaleur étouffante, insoutenable. Alors, que dire du professionnalisme du groupe, les voyant se déchaîner sur scène, ne laissant entrevoir aucun signe de fatigue, les chansons se succédant les unes après les autres et devenant à chaque fois de plus en plus puissante et intense en émotion...
C’était le troisième concert de « Bracanà » que j’allais voir. Les deux autres concerts se sont joués dans un théâtre, celui-ci était de loin le plus magique et le plus fort de tous. Chaque concert ayant eu pour moi sa particularité et son propre rapport avec le public, toujours basé sur l’amour, le respect et le partage.
Le concert était beaucoup plus subtil à mes yeux, pas pour dire que les autres ne l’étaient pas, mais je pouvais m’apercevoir de certaines choses que l’on ne perçoit pas de la même façon dans une grande salle. Cette subtilité résidait aussi dans la différence d’intensité du son qui est due à l'acoustique naturelle du lieu, ce qui offrait une immense richesse à chaque note, et une dimension tout autre à l'ensemble. Jean Claude paraissait possédé, en transe, sa gestuelle et ses expressions mythiques nous offraient un immense panel d'émotions. Les morceaux avaient déjà pris une autre dimension seulement trois mois après la sortie de l’album, même si certains de ces morceaux datent déjà de quelques années en arrière.
L’alchimie était au rendez-vous et le public a fait la rencontre des dieux et autres entités corses.
Tout un pan de l’histoire d’une terre nous a été contée par ces chants à la fois archaïques et contemporains. Un chant qui évolue grâce à A Filetta, sans perdre sa force et sa pureté, mais en la décuplant. Je suis sincèrement heureux de vivre cette époque, et voir comment ces précurseurs marquent l’histoire d’une terre au lourd patrimoine et ouvrent des portes aux générations d’aujourd’hui et de demain, tant ce groupe est fertile et ouvert.
Il y aura, cependant, un seul point négatif à ce concert. Un homme a commencé à prendre des photographies, à l'aide d'un appareil reflex numérique. Il a dans un premier temps oublié d'enlever le bip de sa mise au point, chose qui était insupportable et prenait le dessus sur le chant, cela étant dû à l'acoustique du lieu. Il a commencé par prendre une dizaine de photos pendant 1901, faisant office de tour de chauffe, et a fini par prendre des photos pendant tout le chant de Dies irae. Un véritable cauchemar pour le public, consterné de cet affront, et martelé par le "bip" et le "clac" incessants de l'appareil... Les chanteurs sont restés concentrés malgré tout, alors que le photographe était tout prés d'eux. Moi j'ai décroché pendant la prise des photos, c'était vraiment perturbant. Je rêverais de pouvoir prendre des clichés du groupe, mais c'est une chose que je me défends de faire, pour le respect du groupe et du public.
Jean-Michel Ponthieux-Mondoloni
He
is considered one of the most exciting contemporary choreographers, a
“charismatic dance prodigy”. Sidi Larbi Cherkaoui was born in Antwerp
in 1976 to Belgian and Moroccan parents. His very productive last few
years have enabled him to make a strong impact on the world of European
dance. “Apocrifu” is another excellent work in which he impresses his
audience with his incredible range of motion and his mastery of all
styles of dance.
The different temperaments of dance in the main
solos, original duets and pantomimes are as varied as the forgotten
written and spoken tales brought to light on stage along with thousands
of books.
The seven singers of the renowned Corsican group “A
Filetta” accompany the action with their wondrous, beautiful and exotic
songs, which are based on liturgical and poetic texts. “Apocrifu” is an
event you won’t want to miss!
La belle salle du Tanzhaus était comble pour cette deuxième séance en
Allemagne.
Sur scène, un grand
escalier rempli de livres. En bas, une pièce avec, au
fond, encore des livres et un pantin assis. A l'étage, les sept
chanteurs d'A Filetta vêtus de noir chantent U Sipolcru. Les
danseurs entrent, des chaînes tintinabulantes autour des chevilles, et
le Kyrie
s'élève. Puis c'est le superbe 1901.
Surprise, les trois danseurs entonnent... une paghjella bientôt reprise
par les chanteurs. Puis vient Le
Lac, suivi aussitôt par une monodie et le
Benedictus,
Sumiglia
avec la voix du danseur japonais est suivi par un
air joué sur une sorte de lyre par Sidi Larbi. A Filetta poursuit avec Figliolu d'ella, Makharia, Rex, Sub
Tuum, un A
l'Alivetu transformé par un double bourdon, l'un continu,
l'autre avec des modulations, Ghmerto
et pour finir U Lamentu
di Ghjesù.
Pour
dialoguer avec les chanteurs d'A Filetta qui, loin de rester statiques,
se déplacent sur la scène grâce à des petits micros HF, le chorégraphe
a fait appel à deux danseurs
très différents. Le Japonais Yasujuki Shuto, danseur classique, et le
Français Dimitri Jourde, venu du cirque et de la danse
contemporaine. Les trois danseurs aux styles différents mais tous
excellents donnent vie à une chorégraphie fascinante de bout
en
bout, jusqu'à la conclusion tragique.
Apocrifu
fait référence aux
textes apocryphes rejetés par l'Eglise catholique et plus généralement
à tout ce qui est rejeté. La
chorégraphie évoque tour à tour ou simultanément la religion,
la diversité des cultures, la violence, la vie, la mort, mais
avant tout la puissance de l'écrit, de ces livres qui peuvent à la fois
libérer et opprimer, éclairer ou aveugler ...
Après la première moitié du spectacle les danseurs se débarrasseront de
leur chaînes.
De
superbes moments tels celui où Sidi Larbi
Cherkaoui et Dimitri Jourde, têtes collées l'une contre l'autre,
dansent une ronde infernale, ou la
scène où les trois danseurs l'un derrière
l'autre lisent des
livres en
se mélangeant les bras, l'écriture de caractères japonais à
même
le corps du danseur, etc ; les temps les plus forts dans ce
spectacle
étant à mon sens ceux où les danseurs animent la marionnette
(vêtue comme Sidi Larbi), notamment ce moment où
celle-ci, assise sur Cherkaoui couché, s'anime on ne sait comment,
ou encore Sidi Larbi Cherkaoui tombant dans l'exacte posture de la
marionnette au sol, ou bien cette image fascinante de l'ombre du visage
de Sidi Larbi sur le mur éclairé évoquant le
profil de la marionnette...
Pour
un "concert de
rentrée", comme disait Maxime après le concert, ce fut une prestation
pleinement
réussie. Pour tout dire, à mon avis, ce concert fut à la hauteur des
deux
soirées de l'Européen.
Après le froid glacial de l'attente de
l'ouverture des portes du Théâtre Gérard Philipe de Ste Geneviève des
Bois, nous nous sommes bien vite réchauffés dans la salle à
l'écoute du chant d'A Filetta.
Le programme était celui de Bracanà,
chanté presque intégralement, avec également quelques extraits du
Requiem, et ce soir encore nos amis étaient au sommet de leur art. On
connaît le répertoire quasiment par coeur, et pourtant, on est à chaque
fois pris au plus profond de son être par ce chant. Chaque
concert est un nouveau choc, un nouvel émerveillement, une nouvelle
émotion.
De cette merveilleuse soirée je retiendrai particulièrement 1901, Benedictus et Treblinka, et bien
sûr le Sumiglia
chanté en second rappel, mais tout le concert était du même niveau
technique et émotionnel.
Le
public nombreux (on avait dû refuser du monde) ne s'y est pas trompé.
Bien que composé en grande partie d'abonnés, il a longuement ovationné
le groupe, et les ventes et dédicaces de Bracanà ont connu une grande
affluence.
Ajoutons
que la (légère) sonorisation était excellente, très naturelle (bravo
Rémi !) et que, malgré les nombreuses toux entendues ça et là dans le
public, nous avons bénéficié de conditions quasi idéales dans cette
salle de théâtre.
Ce dimanche, A Filetta retrouvait Danyel Waro dans le cadre du festival
Africolor.
Les 400 places du beau théatre de Montreuil étaient toutes occupées
pour
ce concert qui fêtait en quelque sorte la 20e édition
du festival et des Rencontres de Calvi.
Danyèl et ses musiciens entament le concert par deux morceaux rythmés par les percussions (roulèr, gros tambour, kayamm, instrument plat fabriqué à partir de tiges de fleurs de canne et rempli de graines de safran sauvage, bob, fait d’une corde tendue sur un arc et d’une calebasse comme caisse de résonance, une sorte de berimbau, toumba, triangle).
Puis les 7 chanteurs d’A Filetta entrent sur la partie droite de la scène et entonnent L'Invitu. Quoi de plus étranger à la tradition du maloya que ce poème antique ? Contraste de style au départ vite estompé avec la reprise avec percussions de la ritournelle " ribombinu puru i scacani". Après un autre morceau, c'est A paghjella di l’impiccati où le groupe est bientôt rejoint par Danyel pour une sorte de psalmodie. Les styles sont très éloignés, pourtant les deux émotions se rejoignent et se marient parfaitement.
Nos amis prennent manifestement
beaucoup de plaisir à se lancer
dans le rythme, à reprendre
les paroles en créole. Ils nous offrent aussi seuls quelques
unes de leurs créations, Benedictus,
Scherzi veranili,
pendant une petite pause de leurs amis réunionnais qui reviennent
bientôt. Une monodie chantée par Jean-Luc rejoint par Danyèl, Meditate
accompagné par kayamm et bob. Puis c'est la danse et la transe, un
extrait d'Himalaya,
d'autres morceaux...
Au-delà
des petites imperfections
techniques inévitables dans un tel contexte (le mélange des percussions
et des
voix a cappella de
nos amis, munis de micros mais ne disposant pas,
semble-t-il, de retours, n'était pas évident au départ), on
sent un immense
plaisir chez chacun des chanteurs et musiciens d'être là ensemble. Un
plaisir communicatif, le public leur réservant une longue ovation
suivie de trois longs rappels. Danyel
annonce un chant que nous
connaissons tous c’est… A
merula,
sorte de comptine bien
connue des corses, et avec
une prononciation parfaite, Danyèl égrène les
différents couplets-parties du corps du
malheureux volatile (e gambe, e
cosce, u beccu, u capu...)
Un autre rappel, la salle est depuis longtemps debout, et c'est fini...
Après cette grande chaleur, le froid nous attend à l'extérieur !
Une attitude caractéristique de Danyel Waro dans "Po mwin Maloya"
Lu sur RFI Musique : La rencontre de Danyel Waro avec A Filetta
Le choc des îles
Quelques morceaux choisis :
"Dimanche 7 décembre, Africolor accueillait au Nouveau Théâtre de Montreuil en banlieue parisienne, une création au sommet : la rencontre entre le symbole du maloya, Danyel Waro, et les chantres de la polyphonie corse, A Filetta. Quand ils conjuguent leur talent et que leurs îles s’unissent, la prestation touche forcément au sublime. Question d’alchimie.
(...)
Dès les premières mesures, l’alchimie submerge les heureux voyageurs, et "les murs de la salle s’écroulent tranquillement". (...)
Danyel Waro et les corses d'A Filetta frottent leurs répertoires et leur patrimoine, pour un dialogue noué cœur à cœur. A de sublimes prières, soliloques intimistes et extatiques, succèdent des échappées sauvages – rayons de soleil fragmentaires – qui provoquent des spectateurs désespérément assis. Chacun raconte à l’autre son île, l’autre écoute, accompagne, accède à la beauté et au charme de ses secrets. La bande d’A Filetta, la main sur l’oreille, donne le répons à l’aventure murmurée ou clamée par Waro. Le Réunionnais, en retour, se laisse dériver sur les chants délicats et ciselés d’A Filetta.
Cette rencontre non préméditée, et finalement peu préparée – une seule semaine de résidence avant la première à la 20e édition des Rencontres Polyphoniques de Calvi – réserve une marge de surprise et de liberté, où se nichent la générosité et l’ampleur du projet. (...)
L’ambiance survoltée va crescendo dans la salle. Pour un peu, l’auditoire euphorique casserait ses fauteuils, quand la maloya-star virevolte, et bondit. Le solo d’A Filetta reçoit un triomphe ému. Au salut final, le public se lève comme un seul homme, pour acclamer ces héros. Les Corses quittent la scène, sur des pas de danse réunionnais.
Un seul mot pour achever cet hommage vaudra tous les discours : merci."
Le lendemain, nous retrouvions A Filetta dans un contexte tout différent : dans l'église de Puteaux et sans Danyel Waro, pour le programme "Bracanà". Le froid vif n'avait pas découragé les Putéoliens et l'église était quasiment pleine pour ce concert. Pour tout dire, nous craignions un peu pour les voix de nos amis, mises à rude épreuve par le long concert un peu "physique" de la veille. Ils avaient en effet dû chanter d’une manière un peu inhabituelle pour eux et forcer quelque peu leur voix, malgré les micros, au milieu des percussions. Eh bien, ils étaient en pleine forme et leurs voix étaient parfaites !
Arrivés tôt, nous avons la chance d'être au premier rang.
Des conditions idéales (de même qu'un public exemplaire, recueilli et
enthousiaste) pour saisir toutes les nuances du chant de nos amis.
Encore un
concert d'une belle intensité, dont je retiendrai particulièrement,
faute de
tout citer, l'admirable 1901, le Dies
Irae et le Benedictus,
Treblinka et enfin, la Paghjella di
l'Impiccati chantée en
monodie par Jean-Luc. Et les deux rappels : La folie du
cardinal
et enfin Sumiglia.
Un début de fou rire provoqué par Paul, toujours prêt à plaisanter, nos
amis
étaient d'humeur joyeuse en ce qui sera pour nous notre dernier concert
2008.
MERCI A Filetta, et vivement 2009 !
http://www.afiletta.com
Pour joindre directement A Filetta :
Contact A Filetta :
contact.afiletta@gmail.com
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