U Fiatu Muntese est un groupe balanin de chants et polyphonies corses, composé de sept chanteurs et musiciens, créé en 1994. Ce jeune groupe très talentueux s'est produit au Théâtre de la Ville en 2000 et à plusieurs reprises lors des Rencontres polyphoniques de Calvi.
Accueillant des chanteurs venus des confréries de Balagne ou d'autres groupes, il était en 2005 composé de Jean-Marc Bandini, Didier Cuenca, Jean-Marc Fabrizy, Frédéric Giuntini, Alexandre Kazan et Ceccè Acquaviva.
Son répertoire mêle chants traditionnels a cappella et créations avec instruments (guitares et flûte). Il a deux disques à son actif : Animae et Parla u core, tous deux publiés en 1999. Pour l'avoir entendu à plusieurs reprises depuis quelques années, je peux affirmer que le groupe, déjà très prometteur en 2000, est en progrès constant. Son concert dans l'Oratoire de Calvi au cours des Rencontres 2005 était un pur enchantement.
Je pense notamment à L'Ecclésiaste de Jean-Claude Acquaviva, à O Mà avec un sublime contrechant de la terza, et à Corciu Paese. Nous attendons le prochain disque avec impatience.
Nous avons entendu U Fiatu Muntese pour son dernier concert de la saison 2006 à Pigna. Malgré le départ de Luc Kechichian, le groupe est toujours excellent tant dans la polyphonie traditionnelle que dans la création.
Le groupe - composé d'amateurs, rappelons-le - poursuit sa route et donne chaque année quelques concerts avec de nouvelles compositions. Un disque est en préparation.
La composition du groupe est à présent la suivante :
Jean-Marc Bandini, Albert Caddeo, Didier Cuenca, Jean-Marc Fabrizy, Frédéric Giuntini, Albert Caddéo, Stéphane Tailleu et Marcellu Duprat.
Vous voulez tout savoir sur l'Association "U Fiatu Muntese", on en parle dans ASSOCI, le magazine des associations.
Danielle Farsetti reçoit Jean-Marc Bandini, Gruppu U Fiatu Muntese. A voir ici.
U Fiatu Muntese a enregistré en début d’année 2013 son nouveau disque de compositions « Caminu » qui paraîtra le 5 décembre 2013.
Quinze titres qui sont le fruit d’un long chemin mais également le reflet de chacun des chanteurs et musiciens qui ont associé leur expérience et leur travail dans ce projet.
La forte identité du FIATU MUNTESE tient en grande partie de sa volonté, implicite mais inévitable, de créer, de s’exprimer et d’exister en tant que groupe. Témoignant de son identité et d’une certaine exigence dans le travail, tant au niveau mélodique, que harmonique et rythmique, les voix et les instruments acoustiques se mêlent naturellement pour former un choeur unique, dans lequel chaque note soutiendra l’équilibre de l’harmonie recherchée.
Ainsi s’exprime le FIATU, ce « souffle », cette « respiration » qui symbolise la vie. Ses chants, qu’ils soient monodiques, polyphoniques a capella ou instrumentalisés, ne peuvent renier la forte empreinte du chant traditionnel qui a façonné chacun de ses chanteurs et musiciens.
Animé de cette évidente volonté d'être, et cela, après un long parcours fait de restructurations et de recherche d'équilibre vocal, le FIATU MUNTESE a la joie de proposer ce nouvel album, synonyme de continuité mais aussi de renaissance.
Enregistré en début d'année dans l'acoustique du couvent de Corbara, son nouveau disque de compositions « Caminu », dont la sortie est programmée pour le 5 décembre dans les bacs, regroupe des créations originales, sur les textes de différents auteurs, notamment Marie-Josée Mambrini, Marcellu Acquaviva Franceschini, Fanfan Mattei et Petru Simone Agostini di u Pianellu.
Le groupe a su enrichir ses créations de sa vision de la musique, de rencontres avec des artistes d'horizons divers et des influences et références culturelles de chacun de ses membres.
Les instruments utilisés sont tous des instruments acoustiques pouvant se mêler aux voix : guitares, cetere (cistre traditionnel), flûtes, violon, percussions et tout ce qui passe entre les mains des musiciens et les inspire...
Quinze titres qui sont le fruit d'un long chemin mais également le reflet de chacun des chanteurs et musiciens qui ont associé leur expérience et leur travail dans ce projet.
Loin de renier leurs débuts avec le disque « Parla u core », les membres du FIATU MUNTESE montrent dans cette dernière expérience la maturité d'une formation forte de 19 ans d'existence qui a su garder intacte sa passion et son envie de la partager.
A cette occasion, des concerts gratuits seront donnés :
- Le Vendredi 6 Décembre à Pigna
(20h30 à l'auditorium)
- Le Samedi 7 décembre à Bastia
(21h en l'Eglise St Jean-Baptiste)
Dédicace à 17h au magasin Chorus à Bastia.
Jean-Claude Casanova : A l'Invitu nous connaissons et apprécions U Fiatu Muntese depuis de nombreuses années. C’est tout naturellement que j’ai demandé au groupe balanin de répondre à quelques questions, à l’occasion de la sortie de « Caminu ». C’est Jean-Marc Fabrizy qui répond, mais chacun des membres du groupe a pu intervenir.
Quels éléments retiens-tu du parcours du groupe depuis sa création en 1994 ?
Jean-Marc Fabrizy :
Il est à noter qu’il y a eu en parallèle le parcours de chaque chanteur avec des expériences très enrichissantes. C’est ce qui a en partie contribué à la maturité du groupe actuel. Certains membres ont chanté dans d’autres formations. Jean-Marc Bandini et Didier Cuenca ont fait partie du groupe Diana di l’Alba, Didier Cuenca chante avec la chorale du Golo.
Pour ma part, il m’arrive d’intervenir avec le groupe « A Cumpagnia ». Ce qui m’a amené à chanter à Rome (villa Médicis), en Suisse, en Sardaigne, en Sicile, quelques concerts en Corse et une résidence (inoubliable) avec le groupe Géorgien Shvanabada.
Notre discographie comprend :
Après ces trois disques en 1998 et 1999, plus rien pendant 14 ans. C'est long ! Comment expliques-tu ce délai ?
C’est long, effectivement. Il y a plusieurs raisons à cela :
Dans un premier temps, nous avons travaillé sur nos créations. Le groupe s’appuie sur les différentes influences artistiques de chacun de ses membres. Nos références étaient le répertoire traditionnel et les groupes du « Riacquistu».
Il y a eu aussi une volonté de proposer quelque chose de personnel, de trouver une identité. Ce qui n’est pas évident pour un jeune groupe. Au départ on reproduit ce que l’on entend, puis avec plus d’assurance, on crée. On crée parfois en se trompant. Après des tâtonnements, on trouve une voie artistique qui s’approche, qui tend vers ce que l’on croit être abouti à ce moment-là.
Dans un second temps, le groupe a connu plusieurs restructurations. Il faut à chaque fois retrouver un équilibre vocal, un son, une énergie… Ainsi, il y a eu quelques années de sommeil. La formation actuelle a deux ou trois ans. Certaines de nos créations sont assez complexes (dissonances harmoniques, jeux rythmiques…) et réclament un travail de mise en place qui, étant donné la fréquence de nos répétitions (due au fait que nous ne sommes pas professionnels), a nécessité beaucoup de temps.
Effectivement, tous les membres du groupe travaillent chaque jour de la semaine et, étant éparpillés un peu partout, vous vous retrouvez à Ponte-Leccia une fois par semaine pour répéter. U Fiatu Muntese, c'est une belle aventure artistique, mais avant tout une belle histoire d'amitié ?
C’est avant tout une belle histoire d’amitié. Une belle histoire de passion commune pour la musique. Le groupe n’existerait plus s’il en avait été autrement. J’ai évoqué précédemment la fréquence des répétitions. Le lieu a été choisi de par sa commodité géographique. On trouve un membre à Bastia, un à Ajaccio et le reste du groupe en Balagne.
Le groupe est pour moi un modèle d'équilibre et d'harmonie, que ce soit entre ses membres, entre création et tradition, entre chant a capella et accompagnement instrumental... Le fruit d'une longue recherche ?
Le fruit également d’une perpétuelle remise en question. Celui également du hasard qui a voulu que de temps à autre, on se retrouve sans musicien. Ceci n’est pas vraiment un souci puisqu’on éprouve autant de plaisir en polyphonie a cappella qu’en polyphonie accompagnée d’instruments.
Vous avez un fort ancrage dans la tradition, manifeste quand les deux guitaristes vous abandonnent et que vous donnez un concert a capella. Mais, dès l'origine, vous avez choisi de créer à partir des voix et des instruments acoustiques. C'est un choix délibéré ou le fruit du hasard ?
C’est ce qui se faisait à ce moment-là (chant-guitare).
Le modèle Canta u Populu Corsu ? Il est vrai que tous les groupes faisaient de même à cette époque...
Tout à fait. Canta, puis I Chjami Aghjalesi, I Surghjenti, A Filetta avec « Una tarra ci hè ».
Cela est dû également aux influences musicales des membres fondateurs du groupe. J’en profite pour dire un grand merci à toutes les personnes qui ont constitué le groupe à un moment donné ; Elles ont contribué à faire l’identité du groupe.
Une autre de vos particularités, c'est qu'il n'y a ni "chef", ni porte-parole du groupe. Une volonté de démocratie interne ?
La vision de chaque membre qui constitue le Fiatu Muntese a une telle importance que lorsqu’un sujet divise, on va immanquablement trouver un consensus. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. On peut retenir cette idée de démocratie interne.
Comment se passe la création ? J'ai noté que sur Caminu les textes étaient de Marie-Josée Mambrini (Cunfessione, Karma, L'Ave Maria, A Pasquale Paoli), François Mattei (Nelson Mandela, Cristu), Marcellu Acquaviva (Caminu, Chjerchji di vita, Torre storia, Fusti è sì, A l'ultimi ponti), Mannick (Cunnoscu battelli) et Petru Simone Agostini di u Pianellu (E S'ella fussi, Lasciatu). Peux-tu en dire plus sur ces auteurs ?
Ils sont bien évidemment essentiels pour nous. Sans texte, sans poésie, il n’est pas possible de créer quelque chose ayant un sens, une cohérence. Les différents styles poétiques nous enrichissent.
Marie-Josée Mambrini, ancienne membre du groupe, est la première personne qui a écrit pour le groupe. Elle signe la quasi-totalité des textes de l’album « Parla u Core ». Elle nous a encouragés à nos débuts et continue de le faire pour ce nouvel album.
Je précise que le texte « Je connais des bateaux » de Mannick a été traduit en langue Corse par Marie Josée Mambrini.
Marcellu Acquaviva a également beaucoup apporté à notre formation. Cet auteur expérimenté a signé bons nombres des textes du groupe A Filetta.
C’est d’ailleurs le frère de Jean-Claude Acquaviva.
C’est un grand honneur qu’il nous fait en acceptant de nous laisser mettre en musique quelques-unes de ses poésies remplies de sens cachés.
Petru Simone Agostini et Fanfan Mattei ont amené un côté plus populaire. Ce qui nous donne un album diversifié de par ses thèmes et styles d’écritures. Nous avons une pensée particulière pour Fanfan qui nous a quittés et à qui nous devons une infinie reconnaissance.
Effectivement, chaque auteur a son style propre, ce qui donne un disque très diversifié.
Les musiques sont-elles composées à partir du texte ou bien l'inverse ? Vous êtes plusieurs à composer; les deux Jean-Marc, Albert et Frédéric. J'imagine qu'il y a une phase importante de création collective une fois que la mélodie est écrite. Comment se répartit le travail ?
Normalement les musiques sont composées à partir du texte. Celui-ci a déjà sa musicalité et il est naturel de procéder ainsi. Ceci dit, on trouve des exceptions. Nous enregistrons parfois des phrases musicales qui nous traversent l’esprit. Nous essayons ensuite de les adapter à un texte. Après proposition d’un nouveau texte et d’une musique associée à celui-ci par un des membres du groupe, il y a évidemment une phase importante de création collective. On peut dire que bon nombre de nos chants sont arrangés par le Fiatu Muntese. Mais nous avons également le cas de figure où c’est un des membres qui signe les arrangements (sur notre dernier album, Didier Cuenca a arrangé Cristu, E s’ella fussi et A l’ultimi ponti).
Vous travaillez à l'oreille ou bien à partir de partitions ?
Essentiellement à l’oreille de par nos formations musicales. Nous sommes pour la plupart issus de la tradition orale. Un seul d’entre nous lit correctement la musique. C’est parfois difficile, car certains de nos chants demanderaient un passage par l’écrit afin de mieux comprendre certains mécanismes. C’est certainement notre prochain challenge.
Quels groupes vous ont influencés ?
Les groupes du « Riacquistu». Je pense à Canta u Populu Corsu, I Chjami Aghjalesi et A Filetta. On peut ajouter également des chanteurs tels que Carlu Rocchi, Antoine Ciosi, I fratelli Vincenti…
On a eu un peu tendance à les oublier et à considérer que seule la polyphonie était identitaire, mais on les redécouvre maintenant, et c’est heureux.
Quels autres genres de musique écoutez-vous ? Quelles influences et références culturelles reconnaissez-vous ?
La musique traditionnelle Corse qu’elle soit profane ou sacrée nous a considérablement influencés. Elle fait partie de chacun d’entre nous. Ce qui est intéressant, c’est de l’associer à d’autres musiques. Ces autres musiques peuvent provenir d’autres cultures plus ou moins voisines ou être extraite du répertoire classique. Influences classiques, musiques traditionnelles géorgiennes, sardes, tziganes... Tout ce que l'on peut écouter, apprécier. On l'intègre parfois inconsciemment et on le restitue parfois des années plus tard. C’est de cette mixité que nait notre créativité, le socle commun étant le répertoire traditionnel Corse.
A cela on peut ajouter l’interprétation du chanteur qui est déjà à mon sens une « recréation ».
Venons-en plus précisément à Caminu. 15 titres, dont 14 créations du groupe et une re-création, celle du traditionnel "Lamentu d'Antuninu l'Ulmisgianu". Pouvons-nous les commenter ensemble ?
1. Nelson Mandela
On peut y voir un signe, la date du décès de Madiba coïncide avec celle de sortie du CD .Le beau texte de Francescu Mattei récemment disparu est centré sur la paix et l'humanisme. La musique a été composée par Jean-Marc Fabrizy. Ce morceau d'ouverture dédié à Nelson Mandela plante tout de suite le décor : une belle mélodie, un arrangement vocal d'une grande finesse et une interprétation parfaite. On retiendra notamment le magnifique contrechant de Jean-Marc Bandini.
JMF : Ce texte touche l’universalité. Après le régime horrifiant de l’apartheid, après l’humiliation, les atrocités, les crimes contre l’humanité, ce que l’on peut retenir, c’est cette capacité qu’a eu cet homme à organiser la paix au lieu de céder à la haine. C’est à méditer… Ce chant est un hymne à la paix. Une leçon du « vivre ensemble ». Il a été écrit du vivant de Nelson Mandela. Ce qui est plutôt rare. On écrit la plupart du temps pour rendre hommage à une personne qui n’est plus, nous avait confessé Fanfan. J’ai lu « Un arc-en-ciel dans la nuit » de Dominique Lapierre et j’ai pu ainsi me rendre compte de l’exactitude de chaque mot choisi par l’auteur pour écrire ce texte. Ça a changé notre interprétation du chant.
2. Caminu
(Le Chemin) - Texte M. Acquaviva - Musique Jean-Marc Fabrizy. Un beau texte de Marcellu Acquaviva sur le thème de la mémoire et du parcours que constitue la vie.
Selon l’auteur, c’est une réflexion métaphysique sur le balancement perpétuel entre le mal vivre et l’espoir qui jamais ne renonce. Cela reflète bien le parcours que l’on peut avoir dans nos vies et peut également être transposé au parcours du groupe.
3. Cunnoscu battelli
(Je connais des bateaux) : Adaptation du très beau texte de Mannick traduit en langue corse par Marie-Josée Mambrini à l’initiative de Frédéric Giuntini, qui en a composé la musique. Le thème : les vicissitudes de l’amour, comparé à des bateaux soumis aux caprices des flots. Encore un exemple du parfait équilibre - pas si simple à obtenir - entre accompagnement musical (guitares et flûte) et polyphonie.
Pour la petite anecdote, le texte a été lu lors du mariage de Frédéric. Le thème principal est l’amour, dans ses moments de quiétude ou dans la tourmente. Les « cunnoscu battelli » martelés dans le texte créent un véritable dynamisme. La musique a été arrangée par Didier qui eut l’idée des « canons ». Ils renforcent l’idée de répétition voulue par l’auteur.
4. Cunfessione
(Confession) : Sur un air de tango composé par Frédéric, Jean-Marc Bandini invite à l’amour. Auteur : Marie-Josée Mambrini.
On reprend le thème précédent en s’inspirant du temps des sérénades. Le texte et la musique ont un coté populaire. L’accompagnement guitares-flûtes renforce ce côté et donne une couleur festive au morceau.
5. Karma
Ce magnifique morceau mélancolique composé par Frédéric sur un texte de Marie-Josée Mambrini s’inspire d’un fait réel : le sort tragique de Marc Linski et de son bateau Karma. Belle intervention de Celia Picciochi à l'alto se mêlant aux voix des basses.
L’alto apporte une ambiance sereine sur les couplets. Il nous fait visualiser le mouvement des vagues. Le refrain est plus tourmenté. Il rappelle le sort tragique de Karma et de son équipage. Ce titre peut faire penser à la relation particulière qui lie un insulaire et la mer, oscillant entre peur et admiration.
6. Chjerchji di vita
(Cercles de vie) : Le texte de Marcellu Acquaviva évoque le cercle, symbole du mouvement de la vie. Sur une musique de Jean-Marc Fabrizy, une belle intro de cetera pour le chant de Jean-Marc Bandini. Le morceau finit en instrumental avec la flûte de Didier et les deux cetere.
La fin du morceau, trouvée par nos instrumentistes, reprend cette idée cyclique. Elle donne un sentiment de continuité, d’un « espace-temps » sans fin.
7. U lamentu d'Antuninu l'Ulmisgianu
Ce lamentu évoque Antuninu d’Ulmetu qui, à la fin du XIXe siècle, avait vengé sa sœur séduite et abandonnée. Incarcéré à la prison de Bastia avant d’être déporté au bagne de Cayenne, Antuninu confia son lamentu à un co-détenu, un Peretti de Zicavu. C’est auprès du petit-fils de celui-ci qu’Antoine Ciosi recueillit ce lamentu. A l'origine, c’est un chant monodique, chanté par Canta et plus récemment par A Cumpagnia. Ici, U Fiatu Muntese en propose une interprétation polyphonique, avec une inspiration géorgienne pour le bourdon. Avec les voix des deux Jean-Marc qui se répondent, c’est pour moi un des sommets du disque.
Inspiration géorgienne effectivement pour le bourdon. Cette interprétation mêle deux cultures éloignées géographiquement mais tellement proches. J’ai eu l’occasion de faire une résidence avec le groupe géorgien Shvanabada. Une magnifique rencontre qui résonne et nous inspire encore aujourd’hui.
8. Torre storia
Composition d'Albert sur un texte de Marcellu Acquaviva sur les tours emblématiques du littoral corse, chargées d’histoire. Guitares et voix se mêlent dans un bel ensemble, très dynamique.
Après le Lamentu, ce morceau redonne du rythme au disque. Son dynamisme sur le plan vocal et instrumental nous fait basculer dans un autre univers.
9. L'Ave Maria
Les chansons sur la guerre de 1914-18 sont souvent très dramatiques; ici c'est une vision optimiste qui prévaut. Musique de Frédéric sur un texte de Marie-Josée Mambrini
Un exemple de chant arrangé par le Fiatu Muntese. Chaque membre du groupe a trouvé sa partie !
10. A Pasquale Paoli
On reprend les mêmes auteurs pour ce bel hommage à Pasquale Paoli !
Une application du thème de notre première chanson à la Corse. Cet immense personnage du siècle des lumières a tant donné pour son île. La chanson est un hymne à l’altruisme.
11. Fusti è sì
(« Tu fus et tu es ») :Encore un très beau texte de Marcellu Acquaviva en hommage à un poète. Musique de Jean Marc Fabrizy qui chante en solo, accompagné des guitares, de la flûte et du violon.
Dans cet album, Il nous a semblé intéressant de présenter quelques monodies, pour montrer que la polyphonie n’est pas la seule expression dans notre tradition.
12. E s'ella fussi
(« Et si c’était ») : Texte de Petru Simone Agostini, musique Jean-Marc Bandini et arrangements de Didier Cuenca. Pour ne pas oublier « les hommes de valeur qui ont ouvert la voie ». Il est question, si je ne m’abuse, de la vente des terres ? -
C’est en effet un des thèmes évoqués. Le phénomène est complexe et n’est pas propre à la Corse. Il demande une réflexion de chacun d’entre nous et un sursaut citoyen pour faire face à ce non-développement. Il est en partie responsable de la violence sous toutes ses formes que l’on connait de nos jours.
13. Lasciatu
(« Le legs ») : Introduit par la cetera et la flûte, encore un texte de Petru Simone Agostini sur le thème du legs des anciens. Musique de Jean-Marc Bandini, qui chante d’abord en solo avant d’être rejoint par les autres voix.
14. Cristu
(« Christ ») : très belle composition polyphonique, assez complexe, de Jean-Marc Fabrizy sur un texte de François Mattei. Arrangements de Didier Cuenca.
Le Christ historique y est évoqué.
15. A l'ultimi ponti
(« Au dernier pont ») : chanson composée à la mémoire de deux jeunes balanins ayant trouvé la mort dans un accident de moto. Texte de Marcellu Acquaviva, musique de Jean-Marc Fabrizy, arrangements de Didier Cuenca.
Coïncidence malencontreuse ou «hasard» bien orchestré d’un calendrier ? Hormis la tragique disparition du leader charismatique de la République Sud Africaine, le 5 décembre était aussi la date choisie pour la sortie nationale de l’album Caminu du groupe de polyphonies corses U Fiatu Muntese dont le premier titre s’intitule justement Nelson Mandela. Ce serait faire outrage à ces artisans discrets et patients, attachés à la qualité d’un travail sans artifices et à la maîtrise de leur art, que de leur prêter un dessein de com’ opportuniste. En ces temps où l’hydre brune et putride connaît un regain fâcheux sur l’île comme ailleurs, où certains semblent vouloir oublier que la Corse a mérité d’être classée comme une région «Juste» pour l’attitude de son peuple à l’égard de sa composante juive pendant la seconde guerre mondiale, et que l’emblème du drapeau insulaire est bel et bien la tête d’un More, qu’il est heureux de voir un jeune groupe rendre hommage au champion de la lutte anti-apartheid, à celui qui combattit sa vie durant toute forme d’ostracisme !
U Fiatu Muntese (Le souffle, brise des monts) signe avec Caminu (Chemin) un album de création savamment élaboré, riche d’années d’expérience musicale d’un groupe formé à la fois de voix qui s’accordent remarquablement et de musiciens habiles et inventifs, sachant tirer le meilleur des divers instruments acoustiques traditionnels : guitare, cetera, flûtes, violon, percussions. Les textes choisis par le groupe émanent d’une pléiade de poètes insulaires : poésie dépouillée et sobre, humour sous-jacent de Marie-Josée Mambrini (Cunfessione, Karma, l’Ave Maria), langue précise, élégante, souvent poignante de Marcellu Acquaviva Franceschini (Caminu, Chjerchji di vita, A l’ultimi Ponti). Les arrangements musicaux font preuve d’une belle inventivité et d’une véritable unité de style, même si parfois certaines influences transparaissent de A Filetta (E s’ella fussi) aux Enfants Terribles (Lasciatu, appel vibrant à la solidarité et au partage ). Mais qui saurait s’en plaindre ?
JEAN MATHIEU COLOMBANI
Source : http://www.journalzibeline.fr/
http://www.telepaese.tv/Nutiziale/Nutiziale/Nutiziale_du_19_Decembre_2013-zshFTiXlDCLien vers extraits vidéos
Retrouvez U Fiatu Muntese dans ma galerie photo !
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