Curbara est l'une des cinq communes du canton de L'Île-Rousse ou bassin de vie de L'Île-Rousse qui comprend les autres communes de L'Île-Rousse, Corbara, Monticello, Pigna, et Santa-Reparata-di-Balagna.
Curbara faisait partie de la piève d'Aregnu devenue pieve de Sant'Angelo jusqu'à la Révolution puis fut le chef-lieu du canton d'Ile-Rousse de 1789 à 1828.
Avec ses deux proches hameaux, U Borgu à l'ouest et Pietralta au nord, Corbara forme un bourg construit à une altitude moyenne de 273 mètres. Le village est bâti autour de l'église-collégiale A Nunziata. Il est pittoresque par ses places, ses fontaines, ses passages voûtés, ses lavoirs et ses nombreux édifices religieux : une collégiale, un oratoire et quatre chapelles dans le village même.
La Marine de Davia, à la fois station balnéaire et espace résidentiel privé est située sur le territoire de la commune.
La population occupe aussi d'autres hameaux sur la commune :
Carbunaghja et Curzo au NO et, en contrebas du village, Fogata à l'entrée de L'Île-Rousse.
Corbara est le berceau de la famille des Savelli de Guido, descendants des seigneurs de Balagne, qui achevèrent la construction du château vers 1375. Il fut démantelé au début du XVIe siècle par la république de Gênes. A la même époque, les Savelli restaurèrent le castel de Guido voisin, fondé en 816 par le prince romain Guido Savelli, comte de Balagne depuis sa victoire sur les sarrasins. C'est de la terrasse de ce château, en avril 1758, que Paoli annonça la création de l'Ile-Rousse.Sur une hauteur semblant surveiller la plaine, la chapelle San Pietru e San Paulu datant de la fin du 9eme siècle fut restaurée au Moyen-Age. A quelques lacets, sur un coteau bien exposé au midi, Corbara exhibe la splendeur d'un village typiquement méditerranéen. Placé sous la protection de sa paroisse de la Nunziata, ses quartiers étagés en amphithéâtre abritent des ruelles pavées aux passages couverts et le superbes maisons aux façades hautes. l'une d'entre elles, lite "A Casa di i Turchi", fut édifiée derrière la paroisse par vincent Franceschini, Consul de France à Mogador et frère de Davia.
On visitera l'agglomération en commençant par les quartiers des Casiesi et de Piazzavè (contraction de Piazza di Vecchia). Ce dernier est doté d'une chapelle Santa Lucia, remplaçant depuis 1685 une "chiesa vecchia" dont elle a conservé le chœur. Au pied du Guido, le quartier de Casalecchiella abrite une boulangerie artisanale, longtemps tenue par notre ami Guy Savelli, un passionné qui a réuni une fabuleuse collection d'objets retraçant l'histoire de notre île : livres, cartes postales, poupées anciennes, pistolets... Traces de vie éclairant le passé, ces objets sont rassemblés dans un musée gratuit et ouvert à tous. Tout près, la chapelle San Roccu fut édifiée en 1607 par le comte Vincenzino Savelli, porte croix du Pape, sur le site d'une tour défensive dite "Torra del Conte" jans l'actuel quartier de Torra. Elle veillait sur les quartiers de Villa di Mezzo et de Villa Suttana dominés par Pietralta, Guidu et Borgu, trois autres quartiers aux allures de villages.
Construit de 1640 à 1747, cet édifice dédié à la Nunziata fut élevé au rang de paroisse en 1810, à la place de Notre-Dame du lazio, jugée trop éloignée. Cette extraordinaire et fastueuse église baroque est dotée d'une façade à deux étages, ornée de pilastres et surmontée d'un fronton harmonieusement ondulé. Au-dessus de la grand' porte, on découvre une représentation du Saint-Esprit, entourée de deux niches renfermant l'Annonciation et l'Archange Gabriel le haut clocher carré à étages est surmonté d'une coupole hexagonale coiffée d'un lanternon. Dans un intérieur remarquable, elle renferme depuis 1746 une clôture du chœur et un Maître-autel en marbre blanc de Carrare de style baroque et d'une somptueuse beauté. Au-dessus de celui-ci, le maître Cortesi a représenté le Sauveur tenant sa Croix de la main gauche et brandissant de sa main droite un fais- ceau de verges à l'attention des profanateurs. Parmi ses nombreux trésors, on notera: une Madonna du 17'"", les stalles (cette église, annexe de la cathédrale d'Aleria érigée en collégiale en 1752, comptait 8 chanoines en 1770), une chaire en bois d'oli- vier de 1750, un orgue de facture italienne enfermé dans un buffet polychrome de 1750 (rénové en 1979), un petit bénitier orné des armoiries des Savelli et un baptistère du 15'"" provenant tous deux de l'ancienne église Santa Lucia, un tableau de St Augustin de la collection Fesch et une chape brodée d'or offerte vers 1640 par Joannes Daniele (cet enfant du pays, méde- cin et conseiller de Louis XIII, possédait une maison toujours visible au lieu-dit Piazza ail' Olmu).
Situé sur un sommet de 316 m offrant un vaste panorama sur toute la plaine, Guido aurait été fondé par le Comte Guido Savelli vers l'an 862. Pour chasser l'occupant maure. il dote son "nid d'aigle" d'un castel et y installe le siège de son administration et la capitale de son comté nommé Balagna en souvenir de la cité côtière disparue. Après l'incendie du village en 1478 par le comte Gianpaolo di Leca qui reprochait au seigneur Lanzalavo de Curbara d'être pro-aragonais, le château sera détruit par Gênes puis restauré par les Savelli en 1801. Anciens seigneurs devenus "Caporali" les Savelli comptent un grand nombre de célébrités: Nicolas Savelli, évêque de Tinos, aux Cyclades, le général-comte Jacques Savelli, gouverneur vers 1570 de Famagouste (Chypre), Venerio, qui éleva la chapelle San Giacumu à Guido en 1674, le notable André Savelli, qui reçut Pasquale Paoli venu l'entretenir de son projet de fondation d'un port aux iles-Rousses. Fondé au 14'" siècle par le comte Arrigo Savelli, le quartier du Borgu abritait un castel dit "de Curbara". Démantelé par Gênes en 1517, son ancienne salle d'armes abrite depuis 1710 une chapelle Notre. Dame des 7 Douleurs. Dotée d'une pieta, on peut Iire sur l'une de ses marches la réponse des disciples d'Emmaüs au Christ: "Tu es Peregrinus (étranger) soIus (seul) in Hierusalem".
Le bail emphytéotique entre la mairie de Curbara et le diocèse d'Aiacciu a été renouvelé pour une durée de 30 ans.
Ce jeudi 26 septembre Monseigneur Olivier de Germay, évêque d'Ajacio pour la Corse et Paul Lions, maire de Curbara, ont signé au couvent de Curbara en présence de nombreux élus le renouvellement du bail emphytéotique du superbe site entre le diocèse d'Aiacciu et la mairie de Curbara
"Aujourd'hui, c'est la volonté commune de restaurer le couvent, en y réalisant des travaux conséquents, qui s'est concrétisée. Et pour plus de sécurité administrative, on ne pouvait repartir qu'avec un bail emphytéotique" ajoute Paul Lions, le maire.
" Les toitures sont la priorité" précise Olivier de Germay."Les piliers du cloître ont déjà été restaurés. Le bâtiment du couvent devrait sous peu être classé monument historique. Cela permettra d'obtenir des subventions pour les travaux à venir".
Cependant, le bail emphytéotique ne comprend pas l'église, la sacristie et le clocher qui restent pleine propriété de la commune, " pour permettre d'avoir les subventions nécessaires, là où il y a urgence pour les travaux".
Un peu d'histoire.
La partie la plus ancienne du couvent a été édifiée en 1430, pour abriter un orphelinat. Puis en 1456, les franciscains ont créé le couvrent. En 1792, à la suite de la Révolution française, le bâtiment a été en partie détruit par les flammes et les religieux ont été expulsés jusqu'en 1850. C'est à cette époque que les dominicains s'y sont installés jusqu'à la séparation de l'Église et de l'État quand les religieux ont de nouveau été expulsés.
Au cours de la Grande Guerre, le bâtiment est devenu un centre d'internement pour civils ennemis allemands et austro-hongrois. Dans les cellules ont trouve encore, aujourd'hui, les vestiges artistiques de leurs passages. Les dominicains sont revenus en 1920. En 1923, le premier bail a été signé entre la commune et le diocèse, jusqu'en 1993, date à laquelle le bail a été renouvelé. Aujourd'hui, depuis 1990, la communauté des frères de Saint-Jean, occupe les lieux.
Riche de son patrimoine et chargé d'histoire, Corbara est l'un des plus vieux villages de Balagne. S'il a longtemps fait partie de la piève d'Aregnu, il dépend aujourd'hui des 21 communes qui forment le canton de L'Île-Rousse.
Situé sur le littoral et particulièrement touristique, il surplombe la mer Méditerranée et s'étend jusqu'au pied du mont Sant'Angelo. Ses hameaux typiques et ses rues pittoresques abritent une multitude d'édifices tant religieux que culturels.
Le couvent Saint-Dominique des frères de Saint-Jean de Corbara est l'un des lieux les plus emblématiques de la chrétienté corse. Véritable havre de paix, il a été fondé par les frères mineurs de l'Observance en 1456. Lors de la révolution française de 1789, les religieux sont chassés de cette ancienne abbaye. C'est en 1903 que le couvent est officiellement cédé à la commune de Corbara. Il redevient un haut lieu religieux en 1927 avec le retour de dominicains. Depuis 1992, ce sont les frères de Saint-Jean qui y sont installés.
Dans ce village balanin, les visiteurs peuvent également découvrir la chapelle Notre-Dame des Sept Douleurs et l'église de la Nativité de la Vierge. Ces différents édifices font de Corbara un immense musée religieux à ciel ouvert. Au cœur du village se trouve également le musée privé de Guy Savelli, un passionné d'histoire de la Corse et d'objets anciens. C'est au sein de son domicile que ce collectionneur accueille les visiteurs depuis les années 1990.
En solitaire, en couple ou en famille, Corbara ne laisse jamais personne indifférent. Les visiteurs repartent toujours avec un bout d'histoire balanine, en plus d'en avoir pris plein les yeux.
Par: Manon Reinhardt
Publié le: 24 août 2021
Considéré comme l'un des plus vieux villages de Balagne, Corbara possède une grande richesse tant religieuse que culturelle. Classée dans les Sites patrimoniaux remarquables, la commune travaille actuellement sur de nombreux projets afin de préserver son authenticité
Niché entre terre et mer, Corbara abrite un rare joyau patrimonial en Balagne. Ses rues pittoresques, son architecture mauresque et son hameau typique attirent grand nombre de touristes chaque année. Mais le village reste également très convoité pour les onze édifices religieux qu'il abrite. Un diamant brut que la municipalité ne cesse de tailler.
En effet, en 2017, ce village balanin devenait le premier de Corse à faire partie des Sites patrimoniaux remarquables (SPR). Selon le ministère de la Culture, ce programme national a été créé dans l'objectif de conserver les sites « dont la conservation, la restauration, la réhabilitation ou la mise en valeur présentent un intérêt public ». Depuis, six autres communes corses ont intégré le classement : Lama, Bastia, Speloncato, Forciolo, Bonifacio, et Ajaccio.
« Le SPR concerne la partie urbanisme et permet de préserver notre centre ancien, explique Caroline Le Gall, adjointe chargée de la culture, du patrimoine et de l'environnement au sein de la commune. C'est un règlement qui vient s'ajouter au plan local d'urbanisme (PLU) avec des préconisations qui sont inscrites et qui ont été étudiées avec l'architecte des bâtiments de France. Chaque fois que les habitants souhaitent changer des volets ou des fenêtres par exemple, il y a ce règlement auquel il faut se référer. Il y a également des consignes sur les couleurs et le choix des menuiseries. » Un agrément qui inclut la mise en place d'un plan de sauvegarde et de mise en valeur des bâtiments afin de ne pas dénaturer l'architecture du village.
« Un travail de longue haleine »
« Il s'agit d'un atout supplémentaire dans la valorisation du patrimoine, se félicite l'adjointe. Surtout, à Corbara, nous avons un patrimoine extrêmement important. Nous essayons un maximum de le mettre en avant. L'église collégiale Anunziata est classée au titre des monuments historiques, notre couvent Saint-Dominique est également inscrit. Tout cela représente un travail de longue haleine puisqu'il faut faire des demandes qui correspondent à autant de dossiers, attendre la validation du ministère de la Culture. Nous recevons également des subventions pour pouvoir restaurer les objets et les bâtiments. »>
Corbara dispose également d'un vaste patrimoine culturel. Le musée du Trésor, établissement communal ouvert depuis 2003, accueille environ 1 500 visiteurs par an. Au cœur du village, le collectionneur Guy Savelli retrace l'histoire de la Balagne dans sa maison privée qu'il a transformée en musée.
Restauration prévue pour le couvent
Depuis plusieurs mois, la municipalité travaille sur l'élaboration d'un grand catalogue qui proposera un inventaire de chaque objet et bâtiment patrimonial. Tout le mobilier a été répertorié dans une base de données. « Nous souhaitions vraiment le mettre en valeur et l'offrir à tous », confie Caroline Le Gall. Sa sortie est prévue pour la fin de l'année et sera mise à disposition dans le musée communal. Parmi les onze édifices religieux, le village compte l'église collégiale Anunziata, l'église Notre-Dame des Sept Douleurs, le couvent Saint-Dominique, deux chapelles privées et une confrérie. « Évidemment, ce sont des bâtiments anciens qui se dégradent et tout le mobilier aussi, donc nous sommes sans cesse en train de monter des dossiers pour financer leur entretien », poursuit-elle. Et un vaste projet est en préparation : la restauration d'une partie du couvent. Pour l'heure, seule la phase de diagnostic a été établie. Cette rénovation concernera la toiture, la façade et le clocher de l'édifice. Des travaux estimés à 750 000 euros. Des fonds publics comme privés ont été sollicités. La municipalité fait appel aux donations par la Fondation du patrimoine, au mécénat et au sponsoring. Une souscription a récemment été lancée.
Un permis de construire a également été déposé par la commune afin de bâtir une salle culturelle à côté de l'église collégiale Anunziata. Les travaux devraient débuter à la fin de l'année. Cet espace sera dédié à plusieurs activités mais il sera avant tout mis à disposition des habitants. « On espère avoir une partie qui complétera notre musée en organisant des expositions temporaires car nous avons constaté que cela fonctionnait très bien », précise Caroline Le Gall.
Dans la même lignée, les projets culturels de la municipalité sont nombreux. « Les animations organisées par le village sont très souvent tournées vers le patrimoine, souligne l'élue. Par exemple, notre spectacle sons et lumières qui a été mis en place depuis 2009 attire tous les ans entre 400 et 500 personnes par soir. Cette année, ce sont les vieilles pierres qui seront mises à l'honneur et ont été choisies comme sujet. » Si l'événement a traditionnellement lieu au mois de mai, Covid oblige, il a été reporté en septembre. Des initiatives qui s'inscrivent toujours dans la volonté de valoriser le patrimoine local. Corbara n'a pas fini d'éblouir ses visiteurs.
Source : Corse Matin
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