Le village de Murato (Muratu en langue corse), chef-lieu du canton du Haut-Nebbiu, se situe dans un chapelet de villages formant un demi-cercle surplombant la plaine de la Conca d'Oru et le golfe de Saint Florent. La commune est traversée par la rivière du Bevinco. Sur le versant le plus ensoleillé de sa vallée a été construit le village.
L'ubac est vert, boisé. Face au village se situe la forêt d'Avillani sur le flanc nord du Battagliole (941 m). Le bas de la vallée est occupée par une grande châtaigneraie. Plus haut et à l'Est, la forêt de Galghete « à cheval » sur Murato et Rutali.
Une partie de celle-ci est englobée dans la forêt territoriale de Stella couvrant les hauteurs du massif de Stella. Muratu, aujourd'hui se sont 629 habitants (recensement 2014) l'hiver, et 1.000 habitants l'été répartis sur plusieurs quartiers : Muratu Supranu, quellu Suttanu, Padulaccio, Cucinaja, Albarelle, Couvento, Milelli, Peru, San Giovanne, Costa di a Fornu, Campatile, Castagne, U Mucale, Poggiola, et du hameau de Patronale.
On y retrouve toujours la fameuse pierre du Nebbiu. Elle est mise en valeur dans pratiquement toutes les anciennes bâtisses mais aussi les toits en lauze (e teghje). Un village qui permettait, autrefois, à ses habitants les moins fortunés de pouvoir bénéficier des infrastructures mises à leur disposition gratuitement. Fours, lavoirs, ponts génois, moulins, glacière (témoins de la vie d'hier et d'aujourd'hui) ont été rénovés dont quelques uns ont retrouvé une certaine utilité. Murato, est d'ailleurs connu pour la qualité de son pain, de ses canistrelli mais surtout de sa châtaigneraie très sucrée (farina pisticcina).
Origine et dictons
Jusqu'au XIX ème siècle, le toscan « Murato » s'écrivait aussi « Morato ». Le nom peut avoir deux sens : soit "muré", on imagine des maisons avec un système défensif, soit tourné vers la montagne, invisible de la mer.
On surnomme les habitants " Muratinchi, Pulentoni " car Muarto est renommé pour la pulenta faite à partir des châtaignes locales.
Ce dicton peut avoir également une autre signification, plutôt figurée : Les habitants des localités voisines ( Rutalais, Rapalais, etc ...) appelleraient les Muratais "Pulentoni" car ils les considèreraient comme un peu lourdauds. Il existe un autre dicton qui confirme ce sens figuré : " In Muratu, ancu u prete hè addisperatu" ("A Murato, même le curé est désespéré).
L'église San Michele (Saint-Michel)
Isolé à 475 mètres d'altitude, cet édifice roman de style pisan est daté du XIIème siècle (vers 1140). La légende veut qu'il ait été bâti par des anges en une nuit. Il était idéalement situé pour servir de point de rassemblement pour les populations environnantes isolées.
Le charme de Saint Michel tient autant à sa grâce et à son équilibre qu'au choix de son implantation sur un site enchanteur (Le site de Lourinion est signalé sur la carte de la Corse dessinée par Ptolémée, vers 150). En 1839, Mérimée évoquait Saint-Michel (San Michele di Muratu) comme « la plus élégante et la plus jolie église qu'il ait vu en Corse ».
Ce qui frappe d'emblée dans cette édifice religieux, c'est sa polychromie : la serpentine (ou chloritite) de la rivière du Bevincu se détache avantageusement sur la pierre calcaire de Saint-Florent.
L'église présente de remarquables motifs naïfs que l'on retrouve sur ses murs et qui sont étonnants par leur fantaisie et leur variété : les modillons représentent des personnages (homme et femme) ainsi que divers animaux. L'édifice est ceinturé d'une frise formée de petites arcades aux bases sculptées de motifs divers : gerbes de blé, pièces, main coupée, ciseaux. Présentes sur chaque façade, les étroites fenêtres-meurtrières sont ornées de remarquables linteaux, frises et entrelacs de serpents. L'une des fenêtres-meurtrières de la façade sud est constituée d'une architrave d'un seul bloc, creusée d'un petit arc, et décorée d'un plat-relief de deux serpents entrelacés, la gueule ouverte, faisant face à deux oiseaux. Dans les angles supérieurs sont disposées des étoiles entrelacs. Les modillons au-dessus représentent l'un un batracien bicéphale et l'autre une fleur stylisée. La fenêtre-meurtrière de l'abside est du même modèle que celles des façades latérales. Elle n'est pas sculptée mais incrustée de pierres sombre qui forment deux rosaces et une sorte d'arc de décharge.
Le clocher-porche carré soutenu par de lourdes colonnes appareillées clair et sombre, a été surélevé au XIXe siècle (ce qui a rompu un peu l'équilibre du bâtiment). Sous les arches du clocher, trois arcatures animent la façade, au-dessus de la porte principale. Ces arcatures doubles, de largeurs différentes, sont appareillées en alternance de claveaux clairs et sombres. L'arcature de droite est moulurée de plusieurs tores. Les modillons sont sculptés d'animaux, rappelant ceux qui ornent la façade de l'église de la Trinité d'Aregno.