Speloncato est une commune de Balagne, l'une des dix-neuf communes du Canton de Belgodère, adhérente à la Communauté de communes di E Cinque Pieve di Balagna, en limite du Parc naturel régional de Corse.
La commune s'étage sur près de 1 300 m de dénivelée, depuis la plaine du Reginu au nord, jusqu'au Monte Tolu au sud, lui conférant une orientation générale nord.
La chaine du Monte Tolu marque la limite du Parc naturel régional de Corse à l'intérieur duquel se trouve la vallée voisine du Giunssani. En amont du hameau de Reginu, le fleuve Reginu est barré par la retenue d'eau de Codole, une réserve d'eau de plus de 6 millions de m³ destinés à l'irrigation agricole et à l'approvisionnement domestique en saison estivale. Seule la partie orientale du barrage appartient à la commune, la partie Sud appartenant à Feliceto et le reste à Santa-Reparata-di-Balagna.
Le climat est fonction de l'altitude et de l'exposition : climat mésoméditerranéen à oliviers au nord, en fond de vallée, et climat montagnard à végétation arbustive au sud, aux environs du Monte Tolu. Du village au col de Battaglia (1099 m - Pioggiola), les flancs de la montagne pauvre et aride, offrent des paysages de cistes ras et de calicotomes épineux, au milieu desquels poussent quelques hellébores.
Au cours du XXe siècle, de nombreux incendies ont mis à mal la végétation arborescente jusqu'alors dominante sur la commune, notamment l'ancien système agroforestier à base de châtaigniers, amandiers et arbres fruitiers.
Le village de Speloncato est bâti sur un piton rocheux culminant à 553 m d'altitude, dominant la vallée du Reginu. Il tire son nom du fait qu'il est bâti sur des grottes (spelonche) creusées dans le sous-sol.
La commune comprend deux hameaux : Dom'altu, à flanc de coteau, et Regino (Reginu), situé au bord du fleuve Reginu.
Speloncato a été occupé dès l'époque néolithique comme l'attestent de nombreux vestiges sur plusieurs sites du territoire communal.
A cette époque, la fertile plaine qui s'étend au Nord du village était déjà en partie cultivée.
C'est prés de celle- ci que s'est développé l'habitat en période de paix, notamment au lieu-dit Giustiniani.
A cet endroit un village se développe à partir de l'âge du bronze et à l'époque romaine il est doté de thermes au lieu dit "I Bagni" (les bains).
La fin de l'époque romaine voit une longue période d'insécurité en Corse et le village perché de Speloncato se développe à partir de cette époque.
Cette dualité (village perché de défense, village de plaine plus facile économiquement) va durer jusqu'au XVI° siècle.
Le XVI° siècle fut particulièrement tragique pour la Corse (peste, guerres, ...) et les habitants de Giustiniani se réfugièrent petit à petit à Speloncato, abandonnant leur village de plaine. Ils gardèrent toutefois leur paroisse, c'est ainsi qu'aujourd'hui encore, Speloncato est doté de deux églises.
Du XVII° au XIX° siècle, Speloncato continu de se développer, son économie, principalement basée sur les cultures du blé et de l'olivier, lui permet de prospérer et au début du siècle le village compte plus d'un millier d'habitants.
La première guerre mondiale, puis les impératifs de l'économie moderne ont dépeuplé le village ensuite, il n'y avait plus qu'une centaine d'habitants dans les années soixante.
Aujourd'hui Speloncato, grâce au tourisme et à la renaissance de l'agriculture identitaire, connait un regain d'activités et sa population est aujourd'hui stabilisée autour de deux cents habitants.
La visite de Speloncato commence par le village lui même, c'est un lieu de refuge depuis des millénaires (on y a retrouvé du mobilier d'époque néolithique). On y remarquera un souci défensif caractéristique; passages voûtés, dédale de ruelles étroites aux maisons hautes qui, il y peu de temps encore, ne comportait pas de fenêtres au rez-de-chaussée.
Au sommet du village, dominé par le quartier de la Cima, on admirera la vue s'étendant par delà la plaine du Regino jusqu'à la mer. A cet endroit s'élevait jadis un château féodal, construit au X° siècle.
On remarquera au loin vers l'Ouest, la "Petra Tafunata", le rocher percé, à travers lequel le soleil apparaît au coucher, peu après l'équinoxe de printemps et peu avant celui d'automne.
Enfin on s'attardera particulièrement sur l'église San Michele, édifice baroque du XVII° siècle. Eglise de la piévanie de Tuani au XVII°, elle est promue collégiale au XVIII°. On y verra les tabernacles en bois sculpté du XVII° et surtout les orgues, récemment restaurés, et leur tribune, œuvre d'un Speloncatais au début du XIX°.
Dans la crypte en sous-sol on pourra découvrir le tympan monolithique de granite, sculpté en bas-relief. Datant du X° siècle, il provient de l'ancienne église de San Stefanu de Giustiniani qui a aujourd'hui totalement disparu.
Quand à l'église se trouvant sur la place du village, Santa Catalina du XVII° siècle également, elle fut jadis l'église des habitants de Giustiniani, qui conservèrent toutefois leur église paroissiale dans l'ancien village de Giustiniani et ce jusqu'au milieu du XVIII° siècle. Elle fut ensuite le siège de la confrèrerie et elle abrite aujourd'hui l 'école, la mairie et la poste et sera bientôt dotée d'une salle polyvalente.
On pourra découvrir "I Bagni", les thermes romains du Regino, et le site de l'ancien village de Giustiniani en parcourant un sentier de promenade (2 heures 30 de marche) partant de Speloncato (-> page randonnées).
Il descend vers la plaine en empruntant le chemin traditionnel qui reliait le village aux zones cultivées.
Par endroits empierré et même dallé, ce sentier fut emprunté quotidiennement pendant des siècles par les villageois allant travailler la terre. Deux chapelles se dressent sur son parcours : "San Roccu", probablement du XVI° siècle, devait protéger le village de Speloncato des épidemies de peste. Plus bas, "San Filippu" du XVIII° siècle reste assez bien conservée.