Né en 1987 à Gyumri (Arménie), Tigran Hamasyan appartient probablement à la catégorie des surdoués. A l'âge de 11 ans il compose «Colours Of Paradise», un premier be-bop aux métriques complexes Repéré à 13 ans par Chick Corea ou Avishai Cohen lors du festival de Jazz d’Erevan, il obtient en 2006 (à 19 ans) le premier prix de piano du Thelonious Monk Institute of Jazz. Il entre à l'Université de Californie du Sud à Los Angeles où il commence à étudier en profondeur et en parallèle le jazz contemporain et la musique arménienne. La même année il publie son deuxième album, New Era, accompagné de François Moutin et Louis Moutin, avec l'apparition de Vardan Grigoryan au duduk. Il s'installe à New York en 2008.
En 2009, il enregistre Red Hail, un album au carrefour du jazz, du metal et du folklore arménien, avec son nouveau quintet de jeunes musiciens Aratta Rebirth : Areni Agbabian (voc), Ben Wendel (ts), Charles Altura (g), Sam Minaie (b) et Nate Wood (d). Ils se produisent dans plusieurs grands festivals internationaux, de Montréal à Nice en passant par Vienne ou Rotterdam (North Sea Jazz Festival). Il accompagne Dhafer Youssef sur son CD Abu Nawas Rhapsody et au Festival Jazz Sous Les Pommiers en mai 2010.
En juin de la même année, Tigran Hamasyan signe avec le label Verve. Il enregistre en septembre 2010 à Paris l'album solo A fable, pour lequel il est lauréat des Victoires du jazz 2011 dans la catégorie album international de production française.
Il se produit en 2011 dans de grands festivals comme Jazz in Marciac, Montreux, Montréal pour la 3e année consécutive, ainsi qu'au Tokyo Jazz Festival, en Arménie, au Royaume-Uni (Queen Elizabeth Hall) ou encore en Allemagne.
Si « A Fable », précédent album ’avait confirmé dans le rôle de grand compositeur et grand claviériste de jazz, Shadow Theater le propulse dans un univers aux sonorités plus proches de Red Hail, mais qui déborde de toutes parts des carcans stylistiques. Pour s’en aller débusquer l’émotion dans les pistes les plus biscornues des crêtes les plus rêches. Dans son théâtre d’ombres, c’est tout un univers tendre et délicatement mélancolique que Tigran dessine, avec ses compositions garnies de recoins et de surprenantes relances.
Avec un septième album studio intitulé Mockroot, le pianiste de jazz est de retour. Invité du Live Le Figaro, il présente trois de ses nouveaux morceaux, notamment Kars, Out of Nowhere et Lilac.
Voici déjà plusieurs années que Tigran Hamasyan s'est fait remarquer dans le circuit du jazz mondial. Ses prestations au sein de plusieurs grands festivals ont montré sa virtuosité. Pianiste d'exception, il est, à 27 ans, un musicien contemporain notamment grâce à sa manière d'harmoniser dans ses compositions les différents styles qui l'ont traversé. «J'aime tous les genres de musique, à condition qu'ils me touchent», explique-t-il au Live du Figaro. «Je ne me restreins pas. Le plus important c'est de garder une ligne de composition et l'improvisation. Développer constamment une idée et avoir une vision pour celle-ci».
De la pop qu'il chantonnait enfant, au jazz qu'il a découvert à l'âge de 7 ans puis au classique qu'il a étudié à l'école, Tigran Hamasyan a tiré une ouverture d'esprit et une faculté de synthèse étourdissantes.
«Le folklore musical arménien fait partie intégrante de moi. C'est le langage musical que je parle. J'ai l'habitude de m'exprimer dedans avec toute sa complexité. Même si j'écris des mélodies qui sonnent comme des chansons traditionnelles, elles n'en sont pas. C'est juste que j'écris dans ce style, dans ce langage».
Très élégant et subtilement rock'n'roll a parfois presque des allures de vieux sage. Peut-être la fréquentation de plusieurs grands aînés lui a-t-elle conféré cette maturité assez stupéfiante. En 2006, il a reçu le grand prix du Thelonious Monk Institute of Jazz, sous la présidence d'un de ces géants: Herbie Hancock. Sa technique folle et toujours au service de sa musicalité faisait le sel des compositions de son quatrième album, A Fable, le premier à paraître sur le prestigieux label Verve sorti en 2011.
«Il y a des choses qu'on ne peut pas faire au piano, il faut les chanter»
Le pianiste surdoué en est désormais à son septième album, il s'est également mis au chant: «J'ai chanté sur mes trois ou quatre derniers disques. Il y a des choses qu'on ne peut pas faire au piano, il faut les chanter. C'est devenu un aspect de ma musique, mais il y a des projets qui ne nécessitent que le piano».
Chez ce prodige, ce n'est pas seulement la technique qui impressionne, mais sa façon de plonger littéralement dans les notes, de les tenir au bout de ses doigts et de les faire virevolter dans un ébouriffant ballet. Tigran Hamasyan respecte le passé, mais n'est jamais encombré par lui, considérant ses multiples influences sans jamais y opérer de hiérarchie, ce qui fait de lui un jeune homme de son époque.
Le pianiste sera le 3 mars au Trianon et le 10 avril à la Philharmonie de Paris en duo avec Brad Mehldau. «Nous nous étions rencontrés à la balance à Montréal où nous avons décidé ce que nous allions jouer. Il y a des morceaux de Brad que j'adore et il aime un des miens. Nous avons essayé quelques trucs du compositeur arménien Komitas».
Source : Le Figaro (avec trois extraits vidéo sur la page) : www.lefigaro.fr
Tigran Hamasyan signe son premier album chez ECM "Luys i Luso"
À l'occasion de la commémoration des cent ans du génocide arménien de 1915, le pianiste revisite le répertoire de la musique liturgique arménienne sur "Luys i Luso".
Le jeune prodige du piano n'a de cesse de se réinventer et de rendre hommage à la culture arménienne. Son jazz, Tigran Hamasyan le façonne et l'improvise en s'inspirant des musiques classiques ou contemporaines, des airs traditionnels aux rythmes de l'électro ou du rock comme sur ses deux albums précédants "Shadow Theater" et "Mockroot". Pour son premier album chez ECM, "Luys i Luso" (Lumière de Lumière), le pianiste nous plonge au coeur de la musique religieuse et classique de son pays d’origine seulement accompagné du chœur arménien Yerevan State Chamber Choir.
Tigran Hamasyan a sélectionné des hymnes et sharakans (des chants liturgiques de l’Arménie) ainsi que des chants de Grigor Narekatsi, Nerses Shnorhali, Mesrop Mashtots, Mkhitar Ayrivanetsi, Grigor Pahlavuni, Komitas et Makar Yekmalyan, les arrangeant pour voix et piano. Ces musiques couvrant une période du 5e jusqu’au 19 e siècle trouvent une expression nouvelle et dramatique grâce à la force d’imagination et d’improvisation du pianiste.
Par Annie Yanbékian @annieyanbekian Journaliste, responsable de la rubrique Jazz-Musiques du Monde de Culturebox
19/10/2015
Pour son dernier album "Luys i Luso", le pianiste arménien Tigran Hamasyan s'est immergé dans la musique religieuse de son pays, parcourant des œuvres datant du Ve au XXe siècle. Il a réalisé un travail d'écriture et de réarrangement pour chœur et piano ponctué de phases d'improvisation. Un disque vibrant et envoûtant qu'il présente en France avec le Chœur national de chambre d'Erevan. Rencontre.
Première collaboration avec le label de jazz ECM, "Luys i Luso" - "Lumière dans la lumière", en arménien classique - a été réalisé avec des chanteurs du Chœur de chambre d'Erevan dirigé par Harutyun Topikyan. Tigran Hamasyan a réarrangé quatorze pièces religieuses : hymnes, cantos ainsi que "sharakans", "une forme de blues que l'on trouve dans la musique sacrée arménienne", selon les termes du pianiste. Les œuvres les plus anciennes remontent au moine Mesrop Machtots (362-440), le fondateur de l'alphabet arménien, et les plus récentes à Komitas (1869-1935), prêtre, ethnomusicologue, compositeur et arrangeur.
Les musiques de "Luys i Luso", dont la sortie a été précédée par une tournée internationale, prennent une résonance particulière en cette année du centenaire du génocide arménien. Actuellement en France, Tigran Hamasyan et les chanteurs qui l'accompagnent se produisent ce lundi soir à Angoulême, puis à Paris, Nîmes et Marseille.
- Culturebox : Depuis quand nourrissiez-vous le projet de réaliser un disque autour de la musique sacrée arménienne ?
- Tigran Hamasyan : Depuis le moment où j'ai découvert cette musique, ainsi que la musique folklorique arménienne, à l'âge de 14 ans, je n'ai jamais cessé d'en écouter. Mais je considérais que c'était quelque chose de trop élevé, trop grand pour moi, alors je m'occupais plutôt de musique folklorique. J'adorais et continuais d'écouter certaines mélodies, "sharakans". Récemment, j'ai arrangé une pièce sacrée pour l'album "A Fable" et une autre pour "Shadow Theater". Mais pendant très longtemps, j'écoutais cette musique sans vraiment comprendre ce que je pourrais en faire. Je voulais réaliser quelque chose de sérieux autour de ça.
- Quand le déclic s'est-il produit ?
- Ce n'est qu'il y a trois ans environ que j'ai décidé de me consacrer sérieusement à ce projet. C'était vraiment étrange. Je ne sais pas comment c'est venu. Je suppose que cette idée était arrivée à une sorte de maturité dans mon esprit. J'étais prêt à me lancer.
- L'aboutissement de ce projet n'est donc pas lié au centenaire du génocide arménien que l'on commémore cette année...
- Pas vraiment. Quand j'ai commencé à travailler dessus en 2013, je ne pensais pas qu'il sortirait en 2015. Mais finalement, tout a coïncidé.
- Vous avez enregistré ce disque avec le Chœur de chambre d'Erevan. Est-il le plus important chœur d'Arménie ?
- Non, il en existe trois à Erevan. Ils sont tous formidables. Chacun possède sa particularité. J'ai choisi ce chœur parce que je cherchais des chanteurs qui n'auraient pas uniquement une formation en musique classique, qui ne seraient pas issus de cet univers. Je voulais des voix féminines, et surtout masculines, qui pourraient chanter à la façon dont on interprétait traditionnellement la liturgie, mais aussi de la musique contemporaine.
- Et vous les avez trouvées dans ce chœur.
- Dans ce chœur, pas mal d'hommes possèdent des voix assez crues, brutes, même s'ils ne sont pas habitués à interprêter de la musique contemporaine. C'est drôle, parce que quand je suis rentré en Arménie pour ce projet, je me suis mis en quête de ce type de voix, de groupe. J'ai appelé un ami, Arthur Shahnazarian, qui est compositeur, musicologue et professeur. Je lui ai parlé de mon projet et du type de voix que je recherchais. Il m'a dit : "Aujourd'hui, j'enregistre un chœur masculin de musique sacrée arménienne ! Viens au studio, tu pourras l'écouter." Deux heures plus tard, j'étais au studio, j'ai écouté ces chanteurs et je me suis dit que je pourrais travailler avec eux. Ce n'était pas tout à fait ce que je voulais car ces chanteurs conservaient quelques influences classiques, mais j'ai adoré leurs voix.
- Comment s'est passé le travail avec ces chanteurs et chanteuses ?
- Je n'avais jamais travaillé avec un chœur auparavant. J'avais travaillé avec des voix que j'avais rajoutées en overdub, durant le mixage. Dans ce projet spécifique, il s'agissait d'écrire pour un chœur. C'est tout à fait différent et j'ai appris énormément. Mais avant même de me rendre à la première répétition, je savais que ce serait un sacré défi. J'adorais l'idée d'un travail collectif, avec tous ces chanteurs. Les répétitions se sont échelonnées sur six mois, ponctuées par de petits breaks. Chaque jour, nous travaillions sur les parties les plus difficiles du point de vue rythmique et du point de vue de l'improvisation qui était quelque chose de nouveau pour eux.
- Quelles étaient les principales difficultés d'un tel projet ?
- Le challenge réside dans le fait qu'il y a d'un côté de la musique écrite, et de l'autre le piano qui fait tout le temps quelque chose de différent. Quoi qu'il se passe, le chœur doit garder le contrôle et chanter ce qui est écrit. Or, les variations dans le jeu du piano suscitent aussi des variations dans la dynamique du morceau. Il a fallu du temps aux chanteurs pour incorporer cet aspect. Une autre difficulté réside dans le fait qu'il y a des sections ouvertes à l'improvisation pure. La manière dont se déroule chacune de ces sections va déterminer, dans la partie écrite suivante, comment le chœur va chanter et comment je vais jouer. Enfin, le chœur a dû travailler les quarts de ton, ce qui n'est pas évident quand on a fait le conservatoire où tout doit être carré !
- Quand on se penche sur les différents compositeurs dont vous reprenez des œuvres, on constate que presque tous étaient des religieux, voire, pour certains, des catholicos (des chefs de l'église arménienne) !
- Exactement. L'un d'entre eux, Nersès Shnorhali (il a vécu au 12e siècle, ndlr), portait ce surnom car "Shnorhali" signifie "comblé de grâce, de talents". Je parlais de lui avec le prêtre principal de la région de Gyumri (la ville d'origine du pianiste, ndlr). Nous parlions justement de la façon dont de tels personnages avaient changé un tas de choses. Comment un catholicos d'Arménie peut-il être le plus incroyable des compositeurs ! En plus de ça, il a réalisé beaucoup de réformes dans la liturgie et la messe arméniennes.
- On ne trouve presque pas d'information sur Mkhtar Ayrivanetsi, du moins en faisant des recherches sur internet avec l'alphabet occidental...
- Mkhtar Ayrivanetsi était aussi un religieux qui officiait au monastère de Geghard qui s'appelait autrefois Ayrivank. Il a grandi là-bas. Il a écrit beaucoup de pièces sacrées, hymnes, poèmes. Très peu d'œuvres sont parvenues jusqu'à nous, mais elles sont très populaires dans ce type de répertoire car d'une grande modernité.
- Parmi les compositeurs les plus proches de nous dans le temps, qui était Makar Yekmalian ?
- C'était surtout un arrangeur, contemporain de Komitas, mais un peu plus âgé. Il a arrangé la sainte messe arménienne, "badarak". C'était formidable pour l'époque, mais aujourd'hui encore, dans la plupart des églises, on joue cet arrangement. Ce n'est pas mon préféré, c'est très classique, avec des harmonies écrites à la manière de Wagner. C'est joli mais daté. Yekmalian et Komitas se sont écrit des lettres. Dans l'une d'elles, ce dernier lui demande : "Pourquoi fais-tu ce genre d'arrangement ? Tu ne peux pas juste prendre une harmonie et la mélanger avec la mélodie. Tu dois déterminer les harmonies à partir de la mélodie." C'est ce qui faisait le génie de Komitas. L'harmonie vient de la mélodie, tout part de là.
- Avez-vous un souvenir particulier d'enregistrement à nous raconter ?
- Le dernier jour de studio, nous devions enregistrer le chant sacré "Nor Tsaghik" de Shnorhali, un morceau compliqué. Juste au moment de commencer, il y a eu une panne d'électricité. Nous avons attendu une heure, deux heures, rien. Nous avons appelé la compagnie d'électricité mais personne ne savait quand le courant reviendrait. Nous avons décidé de sortir dans les alentours du studio. Nous savions qu'il y avait une église du 17e siècle tout près. Nous avons marché avec le chœur et toute l'équipe du studio. Je crois que c'était le 10 octobre, il y a un an. Ça a été une expérience fascinante. Quand nous sommes entrés dans l'église, nous nous trouvions dans un état d'esprit assez étrange que je ne pourrais expliquer. C'était comme s'il y avait eu une intervention de Dieu. Nous nous sommes d'un seul coup demandé : "Nous enregistrons de la musique sacrée, comment se fait-il que nous ne l'ayons pas enregistrée dans une église ?" Il nous restait au moins un morceau pour réparer ça ! Cette dernière séance s'est passée comme une expérience méditative. À un moment, certaines filles du chœur chantaient pendant que nous nous promenions dans l'église, contemplant l'architecture et les ornementations. Nous sommes rentrés au studio et une demi-heure plus tard, l'électricité est revenue...
(voir la recension dans "Disques du mois")
6 novembre 2017
« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.
Impressionnant pari que de jouer en solo dans le vaste auditorium de la Seine musicale, nouveau lieu culturel situé sur l’île Seguin à Boulogne. C’est pourtant celui qu’a relevé le jeune Tigran Hamasyan, pianiste d’exception dont le corps suit les nuances de son instrument, pénétrant imperceptiblement l’âme du public avec une mélodie « New Baroque » ou un « Someday my prince will come » aux accents angoissants…
Ce 14 octobre, peu avant le concert, il nous a fait part de ses souvenirs et de ses élans du moment. Coup de projecteur sur cet enfant prodige du jazz.
Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?
J’ai grandi à Gyumri, la deuxième plus grande ville d’Arménie, puis nous avons déménagé avec ma famille à Erevan, la capitale, où je suis resté jusqu’à mes 16 ans. Mon oncle est sans aucun doute la personne qui m’a le plus influencé musicalement. J’avais à peine 4 ans lorsqu’il m’a fait découvrir le jazz. Il m’a permis de trouver ma voie. Il écoutait Herbie Hancock, Miles Davis, des artistes soul comme Marvin Gaye, James Brown… il se nourrissait essentiellement de jazz et de funk. Mon professeur de musique, Vahag Hayrapetyan, a également été très important dans mon parcours, il m’a initié à l’improvisation. C’est un pianiste incroyable, il m’a enseigné les bases du bebop. C’est encore mon oncle qui m’avait parlé de lui, il a été un vrai guide dans ma vie de musicien. Mon père, quant à lui, était un grand fan de rock. Il collectionnait un tas de disques et dépensait parfois tout son salaire pour s’offrir le dernier album de Led Zeppelin. Donc j’ai grandi aux sons du rock, du jazz et de la soul.
Mes goûts se sont bien sûr élargis avec le temps. En ce moment par exemple, j’écoute en boucle un morceau troublant, « Lonely world » de Moses Sumney, un jeune artiste californien : une fusion pop vraiment intéressante. Et je réécoute sans m’en lasser l’album Now he sings, now he sobs de Chick Corea. J’en étais dingue, et le virus me reprend…
Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?
J’aimerais jouer dans la ville de Kars, actuellement en Turquie, c’est le lieu d’où viennent mes ancêtres. J’y ai été une fois mais j’ai joué dans un hôtel, il était impossible de se produire au conservatoire ou ailleurs. La prochaine fois je voudrais vraiment faire un concert dans un lieu de musique.
As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs?
Il y a un lieu à Paris que j’aime beaucoup : c’est la Péniche Anako. J’y ai vu de nombreuses cultures différentes se côtoyer, j’ai assisté à des concerts d’une grande qualité. Je sais qu’ils sont en difficulté et que la Ville de Paris veut récupérer l’endroit, et pour ma part j’espère vraiment qu’ils ne seront pas contraints d’arrêter leurs activités. C’est un lieu culturel qui doit continuer de promouvoir toutes ces musiques et d’offrir un espace d’expression aux jeunes talents.
05/09/2020
Le jazzman arménien a sorti vendredi 28 août un nouveau projet discographique, puissant et intense, dans lequel il explore son monde intérieur et son processus créatif.
l y a trois ans et demi, Tigran Hamasyan nous livrait, dans le somptueux album The Ancient Observer, le regard qu'il portait sur le monde. Avec The Call Within, il se tourne cette fois vers l'intérieur, vers son propre monde onirique, cédant à l'appel des profondeurs pour explorer son cheminement de création artistique. Sorti vendredi 28 août 2020 sur le label Nonesuch Records, The Call Within a été enregistré en trio avec le bassiste new-yorkais Evan Marien et le batteur suisse Arthur Hnatek.
Le pianiste de 33 ans, qui signe les dix morceaux de l'album, embarque l'auditeur dans un voyage sonore et musical intense au cœur d'un monde intérieur "aussi réaliste à ses yeux que le monde physique", selon le texte de présentation du label. "Le moment de la création inconsciente est le moyen de se sentir conscient", estime ainsi le musicien qui abat les frontières du jazz, comme il aime à le faire, pour proposer une musique qui n'appartient qu'à lui. Une musique vibrante, volcanique, imprégnée de rock, de metal et de folklore arménien, et dans laquelle des polyrythmies, mesures impaires et tempos haletants alternent avec des phases plus apaisées, poétiques, éthérées, comme une vague sonore et cinématique en perpétuelle mutation.
Et comme à son habitude, Tigran Hamasyan utilise sa propre voix, juvénile et tendre, contrepoids de flots de sons électrisants. Parfois son chant sans paroles semble nous parvenir d'un lointain monastère d'Arménie, parfois le pianiste siffle délicatement, parfois il glisse de discrètes percussions vocales... Il chante enfin avec des paroles, en arménien, dans l'hypnotique Newlyweds, l'avant-dernier morceau du disque.
Parmi les thèmes qui ont inspiré ses compositions : des légendes folkloriques chrétiennes et pré-chrétiennes de son pays, la poésie, l'astrologie, l'art rupestre et le design ancien, la géométrie, la cartographie, précise le texte de présentation du disque. "Des secondes, longues de manière indicible, de désir, de réalisation subliminale et surtout de joie, emplissent le corps alors qu'une œuvre d'art, un poème ou une mélodie naissent dans ce monde sans raison apparente, afin seulement que l'humanité découvre ce qui est invisible : le mystère divin", écrit Tigran Hamasyan.
Pour donner corps aux différentes palettes sonores du disque, des invités interviennent sur certains morceaux : la chanteuse Areni Agbabian, complice de longue date du pianiste et qui chantait déjà à ses côtés dans le quintette Aratta Rebirth, le violoncelliste Artyom Manukyan (qui a lui aussi déjà travaillé avec Hamasyan) dans Our Film, mais aussi le guitariste américain de metal Tosin Abasi, du groupe Animals As Leaders, dans Vortex.
Tigran Hamasyan : "Our Film" (Hamasyan), avec Areni Agbabian et Artyom Manukyan)
Sur sa page Facebook, Tigran Hamasyan a expliqué le 28 août que la plus grande partie du disque, mais aussi des précédents, était le résultat d'un long processus d'écriture entamé en 2004 : "Maintenant je me sens presque triste / nostalgique de voir tout ce processus arriver à sa phase finale, même si je vais aussi éprouver un sentiment de satisfaction sachant que vous pourrez en apprécier la récolte." Cette confidence suscite d'ailleurs une question : si un cycle de création d'une quinzaine d'années s'achève avec ce disque, que nous réserve le pianiste pour la suite ? On a déjà hâte de le savoir.
Annie Yanbekian
Rédaction Culture
France Télévisions
Lire ma chronique de ce disque sur la page "Disques".
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