Le chanteur, oudiste et compositeur Dhafer Youssef (ظافر يوسف), de son vrai nom Dhafer bin Youssef bin Tahar Maarref est né le 19 novembre 1967 à Téboulba (Tunisie).
Il commence dès l'âge de dix ans par chanter des airs traditionnels dans les réunions familiales, mariages, etc., dans son village natal. Remarqué pour la qualité de sa voix, il devient également un virtuose de l'oud et acquiert une certaine notoriété et se voit invité plusieurs fois sur Radio Monastir.
Il se passionne pour le jazz moderne et part pour l'Europe. Il s'installe d'abord à Vienne (Autriche) entre 1989 et 1999. Il y rencontre Renaud Garcia-Fons, Nguyen Lê, et vit depuis à Paris. Sa musique est nourrie de traditions soufies, de lyrisme arabe, d'influences multiculturelles et d'une instrumentation puisée dans le jazz et l'improvisation. Cette influence s'est faite sentir depuis son premier opus, Musafer, où il joue dans son propre groupe baptisé Ziryab, du nom du célèbre musicien andalou, puis dans son deuxième trois-titre (1996) où il s'illustre par sa vocalisation, notamment sur le morceau El Hobb el Hindi (L'Amour indien), ainsi que dans un album composé pour une pièce de théâtre à Vienne ; on en retiendra notamment le titre Galbi ala Galbak, un hymne à sa mère.
Parmi ses collaborations notables figurent des duos avec Paolo Fresu, Nguyên Lê, Bugge Wesseltoft, Omar Sosa, et d'autres encore... dont A Filetta en 2008, ainsi qu'avec le Trio Joubran, avec qui nous avons pu le voir à Calvi en septembre 2011.
Musicien accompli (oud, piano, ...) et chanteur, Dhafer Youssef propose une musique poétique et profonde, entre musique orientale, jazz et électronique. Il a réalisé plusieurs albums remarquables. "Le chanteur et virtuose tunisien réalise l'improbable pari de juxtaposer sans les trahir les caractéristiques ancestrales, mystiques et hypnotiques du soufisme de l'Islam au jazz électrique." (Time Out). Des albums tels que Malak (1999), Electric Sufi (2001) & Digital Prophecy (2003) en sont de formidables illustrations.
1996 : Musafer
1998 : Malak (Enja Records ENJ-9367 2)
2001 : Electric Sufi (Enja Records ENJ-9412 2)
2003 : Digital Prophecy (Enja Records ENJ-9439 2)
2006 : Divine Shadows (Jazzland Records)
2007 : Glow (Material)
2010 : Abu Nawas Rhapsody (Jazzland Records)
2013 : Birds Requiem
2016 : Diwan of Beauty and Odd
2018 : Sounds of Mirrors
Deux extraits d'un concert mémorable à Coutances dans le cadre du festival Jazz sous les Pommiers :
Les Ondes Orientales :
Odd Elegy :
Nourri de soufisme et d'électro-jazz, l'oudiste tunisien Dhafer Youssef signe un album à son image : libre et inspiré. Il est en concert cette semaine à Paris.
Anne Berthod - Télérama n° 3333 - 30/11/2013
Il a intitulé son disque Birds Requiem, en hommage à sa mère, qui s'est éteinte alors qu'il venait de le composer. En revanche, il a finalement renoncé au titre du morceau qui lui était dédié, Hymn To The Absent :
« Trop direct, trop triste, trop intime, estime Dhafer Youssef, je n'aime pas les lamentations. »
Ivresse mystique
En effet, il n'y a rien de funèbre dans le huitième album du vocaliste et oudiste tunisien. Il s'agit d'un requiem à la fois grave et lumineux, introspectif et aérien.
Nulle lamentation non plus dans les mélismes lancinants de sa voix si singulière, dont les aigus stupéfiants évoquent une sorte de gémissement céleste. Sur le morceau en question, il chante, ou plutôt il étire, de façon assez expérimentale, les vers bachiques d'Abu Nawas, l'un de ses auteurs de prédilection. Il l'a rebaptisé Sweet Blasphemy, clin d'oeil à l'audace du poète arabo-persan du VIIIe siècle, qui prônait l'ivresse mystique autant que la tolérance la plus hédoniste. « Mon amour pour le vin est le fil qui me permet de rester entre profane et sacré sans jamais tourner le dos ni à l'un ni à l'autre », explique-t-il, en pointant le leitmotiv du disque : « L'histoire de la gorgée de vin où se réincarne une âme, celle de ma mère, qui me donne la force de transformer cette gorgée en pensée de bonheur. »
"Mon rapport à la religion est resté musical"
La réincarnation ? Elle est au coeur du soufisme, qui l'inspire depuis le début de son parcours, commencé dans une medersa. Initié, enfant, à la litanie coranique par son grand-père, le petit Dhafer allait souvent chanter à la mosquée, de préférence quand elle était vide, « pour la résonance ». Il enregistra même un appel à la prière pour le muezzin du quartier. « Ma jeunesse m'a marqué, mais mon rapport à la religion est resté musical. Dans le soufisme, c'est le mysticisme qui m'inspire, pas la foi. Et si Dieu existe, c'est par la voix que j'essaie d'aller vers lui : elle est ma porte ouverte sur le monde. »
Amours scandinavesMusicien autodidacte, Dhafer Youssef a trouvé ses marques en Europe, à la croisée du lyrisme oriental et du jazz contemporain. Au-delà de Vienne et de Paris, villes de rencontres (les pianistes Omar Sosa et Tigran Hamasyan, le guitariste Nguyen Lê, le trompettiste Paolo Fresu...), il a entretenu des complicités fécondes au sein de la scène norvégienne, notamment avec le trompettiste Nils Petter Molvaer, pionnier du nu jazz. « Je partage avec eux cette histoire divine qu'est l'improvisation. » Renouant aujourd'hui avec ses amours scandinaves, il s'éloigne de l'électro-jazz pour aller vers l'épure, parce qu'il « faut apprendre à jouer moins pour raconter plus ».
Il y a trois ans, ce musicien globe-trotteur est retourné s'installer en Tunisie avec sa compagne, « pour vivre un changement historique ». Aux journalistes qui lui ont reproché là-bas ses textes blasphématoires, il répond qu'il ne fait pas de politique : « Un artiste qui ne dit pas ce qu'il pense est un idiot. Mais ma révolution, c'est ma musique. Il faut rendre la religion à Dieu, la patrie au peuple, et la musique au musicien. » La sienne n'en est pas moins mystique. En live, improvisée « à 40 % », elle exprime une émotion fervente.
Des arabesques, certes, mais surtout un chemin vers l'épure.
©Shiarz Fradi
Source : Les Dernières Nouvelles du Jazz - 28 octobre 2013
À l’occasion de la sortie de son dernier album « Birds requiem » nous avons rencontré Dhafer Youssef. Le joueur d'Oud et chanteur Tunisien est revenu pour nous sur sa vision de la musique, sur son chant et sur ses inspirations Soufie ou plutôt devrions-nous dire mystiques.
Naviguant entre la France, la Tunisie, l'Autriche, la Turquie ou la Norvège, c'est un Dhafer Youssef citoyen du monde serein et tranquille que nous avons rencontré.
Que représente cet album pour toi dans ta discographie ?
DY : C’est un moment de mon évolution personnelle. Chaque album est une étape. Je le trouve que c’est l’album du commencement de ma maturité. Comme artiste et surtout comme être humain. Un artiste n’est pas divisé entre son travail d’artiste et son travail d’être humain. Les deux se confondent. Cet album est arrivé à un moment où je me suis senti obligé de travailler avec ces musiciens-là. Mais je ne suis pas dans une démarche où je fais un album par besoin de me justifier en tant qu’artiste.
Tu évoques une dimension cinématographique de ton travail. Pourquoi ?
DY : Je pense ma musique comme évocatrice d’images. En tout cas c’est comme cela que je compose, en voyant des cènes qui se passent dans un théâtre ou dans un film. Mais il y a une suite dans l’album, une sorte de leitmotiv.
Quelles étaient les images que tu avais en tête ?
DY : Je sortais d’une période où ma mère était en très mauvaise santé. Du coup j’étais très mélancolique. Pas triste mais j’étais en train de dire au revoir à ma mère sans réellement savoir si elle allait me quitter demain ou après-demain. Cela m’a donné une force incroyable. Un peu comme si je prenais l’humanité de ma mère pour me renforcer. Un peu comme boire chaque gorgée de vin, chaque goutte de bonheur que je voulais dédier à ma mère mourante. Mais en même temps je ne voulais pas vraiment lui dédier l’album parce que je sentais que je l’avais déjà fait.
Quand tu écris Hymn to the absent, c’est en référence à ta mère ?
DY : Depuis le moment où tu as eu le master, j’ai changé le titre. Il s’appelle maintenant Sweet blasphemy (Doux Blasphème). Mais je ne voulais pas être trop direct dans cet hommage à ma mère. Je ne veux pas évoquer directement et imposer une idée ou des images à celui qui écoute. Je veux qu’il se sente libre d’imaginer ce qu’il veut.
Il pourrait donc n’y avoir aucun titre à tes morceaux ?
DY : Exactement . mais pourquoi ce titre ? J’étais inspiré par un livre d’Elik Shafak ( écrivaine turc). Elle a écrit beaucoup de livres très intéressants et notamment « Soufi mon amour » qui s’inspire notamment de Roumi, le prédicateur persan ( 1207-1273) qui est à l’origine du soufisme. Je chante dans ce titre un texte d’Abbû Nouwâs qui parle du vin.
D’où le caractère blasphématoire ?
DY : Je suis né en Tunisie, un pays musulman, qui prend la voie de le devenir de plus en plus. Pourtant ma foi n’est pas seulement islamique, mes rêves ne sont pas l’Islam ou la religion en elle-même. Je vis sur ce fil étroit entre le monde de ma famille, de ma nation et l’autre partie qui est mon monde intérieur.
Tu parles de la distinction entre religion et mysticisme ?
DY : Pour beaucoup je fais juste de la musique soufie avec un peu de jazz, de classique, d’orient etc… Mais au final je ne suis pas Soufi, même si cela m’intéresse énormément. Et cela même si l’idée de ce disque est dédiée à un maître soufi. Mais je ne suis pas au service de ce maître. Je me sens très libre. Ce qui m’intéresse dans le soufisme ce n’est pas la religion mais la mystique. C’est cela qui m’intéresse chez Coltrane par exemple. Je me fiche de savoir si c’est spirituel ou pas, je veux juste que les gens s’en fassent quelque chose de très personnel, très intime, mystique ou pas.
Dans ma vie de tous les jours je suis quelqu’un de très nerveux, je cours partout, je passe ma vie à bouger. Mais dans la musique c’est une deuxième nature qui s’exprime. Dès que je joue je passe dans un état second. Dans la vie nous avons toujours besoin de nous revendiquer. On est toujours en compétition avec les autres. Mais avec la musique je n’ai jamais ressenti cela. La musique est pour moi, source de zénitude.
Il y a dans l’album une vraie rencontre, celle avec Hüsnü Selendirici, le clarinettiste
DY : C‘était pour moi une vraie révélation. C’est pour moi, la voix de Dieu. J’ai entendu parler de lui il y a quelques années, ensuite j’ai eu l’occasion de l’écouter et ce fut pour moi un vrai choc. Il a un trio qui s’appelle Taksim Trio. C’est une sorte de maître aussi pour moi. Il a un son incroyable qui fait que tout le monde pense qu’il joue de la clarinette basse. Sa clarinette et ma voix parviennent, je pense à créer un son unique. On est un peu comme des hirondelles qui s’envolent ensemble.
Ta voix est incroyable. Tu montes dans des aigus hallucinants. Est-elle enregistrée en l’état ou y a t-il du mixage ?
DY : Non, il n’y a rien. C’est celle que tu entends en concert.
Comment arrive t-on à une telle liberté vocale ? Tu travailles beaucoup ta voix ?
DY : Oui lorsque j’étais jeune. Mais maintenant je dois avouer que je ne le fais plus. Par contre je fais attention, à bien dormir, à bien m’alimenter.
Comment as-tu appris à chanter ?
DY : Je viens d’une école coranique et ensuite j’ai fait des chants islamiques. J’ai aussi fait pas mal de mariages avant de suivre ma propre voie. Je suis allé au conservatoire durant 1 an. Il y avait un professeur de chant. J’ai quitté la salle au bout d’une heure. Tout simplement parce que les professeurs essayaient de m’enseigner quelque chose qui me faisait physiquement mal. Ce que je chante aujourd’hui, dans les notes très aigues me vient naturellement, sans aucune souffrance.
Mais c’est dans les Madrassas que tu as acquis cette liberté vocale ?
DY : C’est surtout parce que j’ai commencé tôt. A 5 ans je savais déjà que je serai chanteur. La voix c’est très sain pour moi. Lorsque je chante je ne pense pas, je n’ai plus aucune barrière psychologique ou technique.
Tu signes un album très méditatif et pourtant en plein milieu il y a un morceau très rock noisy (39th Gülay). Pourquoi ce parti pris ?
DY : C’était quelque chose que je voulais avoir sur ce disque. Ma première rencontre avec Hüsnü et Aytac c’était en Allemagne en 2011 dans le cadre d’une carte blanche. La rencontre avec Hüsnü a été très importante. Il fallait que j’écrive quelque chose d’influence Turque et la rencontre a très bien pris. Nous avions fait en live quelque chose d’encore plus rock. Mais cela fait partie de ma personnalité. J’ai besoin de bouger même si j’ai l’air d’être zen en musique, j’ai besoin de l’énergie rythmique, aussi.
Tu es un peu citoyen du monde, tu as vécu partout et tu joues avec des musiciens du monde entier, comment ta musique est elle perçue chez toi, en Tunisie ?
DY : Il y a un an j’ai eu l’occasion de jouer en Tunisie à Carthage avec la même formation plus des cordes. Il y avait une audience de 10.000 personnes. Mais, cela dit, en 16 ans je n’y ai joué qu’une dizaine de fois.
Tu étais libre de chanter ce que tu veux ?
DY : C’est assez difficile. Il y a une sorte de pression. Mais je suis libre et les gens savent que je suis athée et du coup il y a bien sûr des gens qui n’aiment pas cela.
Tu es vraiment athée ! Pourtant on a le sentiment que ta musique parle de Dieu
DY : Je suis athée dans le sens où je ne me reconnais dans aucun Dieu particulièrement. Mais je crois en l’âme. Pour moi le soufisme ou même le bouddhisme ouvrent le Dieu en toi. La force d’aimer les autres avant de s’aimer soi-même. Ce qui me motive avant tout c’est la tolérance.
Tu parles beaucoup de ta mère dans tes chansons. Ta mère devait être fière de ton parcours ?
DY : Quand j’étais enfant, je passais beaucoup de temps avec ma mère et nous écoutions la radio. J’avais une relation très forte avec elle. Elle est décédée maintenant, mais la chose la plus importante de sa vie était que je réussisse bien la mienne. Et du coup c’est moi qui suis fier pour elle.
Tu as joué vraiment avec beaucoup de monde, y a t-il quelqu’un qui a marqué ta carrière ?
DY : C’est vrai j’ai joué avec beaucoup de monde et sans langue de bois je dois dire que tous ont été importants. Mais je suis un leader de groupe. Ce qui veut dire que j’ai une relation très multiple avec les musiciens avec qui j’ai joué. Le père, le leader, le manager, l’home d’affaires etc….Mais s’il y a vraiment quelqu’un qui a marqué ma vie, c’est Nguyen Lê. C’est grâce à lui que j’ai pu rencontrer beaucoup de musiciens et notamment Paolo Fresu. C’est grâce à Nguyen que j’ai rencontré Markus Stockhausen, c’est grâce à lui que j’ai rencontré Chris Jenning, Sanders etc…. C’est quelqu’un d’important pour moi parce qu’il est non seulement un mai mais aussi un professeur et un maître.
L’autre rencontre a été celle avec Jon Hassell. Rencontre courte mais fondamentale pour moi.
Il faudrait aussi que je cite Bugge (Wesseltoft) ou encore Nils Peter Molvaer.
Le jazz c’est important pour toi ?
DY : Tu sais je ne suis pas jazzman, je suis pas soufi, je fais de la musique qui est en moi. Mais le jazz est important dans ma culture musicale. C’est essentiellement avec des jazzmen que je joue. Parce que je retrouve avec eux la même idée de base la même conception de l’improvisation etc…. Avec les jazzmen il y a une liberté divine qui fait que nous ne reproduisons jamais la même chose. C’est l’esprit jazz : être free, agir et réagir avec les autres.
L’improvisation c’est quelque chose d’important
DY : Je vis l’improvisation. Ce disque est écrit au maximum à 60% . Le reste est improvisé. C’est fondamental. On pourrait parler de Miles Davis qui est une vraie influence. Miles c’est comme Bach ou comme Coltrane, c’est une inspiration essentielle. Miles est pour moi un chanteur et un leader. Tu as des choses à apprendre toute ta vie de Miles. C’est pour moi le plus grand soufi. Cela dit en ce moment j’écoute beaucoup de musique classique. Arvo Pärt par exemple.
Dans mes projets qui me tiennent à cœur, j’ai été invité par le London Symphony pour écrire et jouer avec eux le 24 avril à Londres. J’ai composé 50 minutes. La première moitié sera justement Arvo Pärt. Comme je sis totalement autodidacte et que je ne sais pas écrire la musique, cela me prend beaucoup plus de temps que pour un autre musicien. Mais je prends mon temps et surtout je travaille avec un arrangeur.
Autre projet, plus proche de nous, nous allons faire l’ouverture de Sons d’Hiver en février avec le quintet et un orchestre à cordes.
Propos receuillis par Jean-Marc Gelin
HuffPost Maghreb | Par Rebecca Chaouch Publication: 26/11/2013
Envie d’ailleurs? Envie de vous reposer l’esprit? Laissez-vous transporter par le dernier album de Dhafer Youssef, une harmonie de sons et de musiques, une fusion entre l’ancestral et le contemporain.
Un album mélancolique
Le chanteur-compositeur tunisien Dhafer Youssef a sorti son sixième album le 28 octobre 2013 sous le label OKeh.
"Birds Requiem", enregistré en grande partie en Suède (avec quelques enregistrements à Istanbul, en Turquie), témoigne d’une rencontre vibrante entre l’oud et la voix de Dhafer Youssef, la clarinettiste turc Hüsnü Senlendirici et les jazzmen norvégiens Nills Petter Molvaer et Eivind Aarset.
Le qanun (instrument à cordes pincées de la famille des cithares) d'Aytaç Dogan, le piano de Kristjan Randalu, la contrebasse de Phil Donkin ainsi que la batterie de Chander Sardjoe complètent ce beau mélange des genres.
"Le nom de Birds Requiem s’est imposé à moi en réécoutant les enregistrements. (…) J’ai eu cette vision d’oiseaux qui tournoient harmonieusement dans le ciel", explique l’artiste tunisien.
Présenté en quatre parties ("Birds Canticum," "Fuga Hirundinum," "Archaic Feathers" et "Whirling Birds Ceremony"), l’album est aussi un requiem pour un être cher à Dhafer Youssef:
"J'étais auprès de ma mère lorsqu'elle est morte et le disque est devenu la musique d'une vie qui passe: de la naissance à tout ce qu'on vit, avec ce que ça comporte de bonheur et de malheur. L'album a été inspiré par le fait d'envisager ma vie après elle, comme si elle m'avait transmis quelque chose pour aller plus haut. Je pense à elle dans chaque moment de bonheur..."
Concernant son style musical si particulier, ses origines arabes sont toujours aussi présentes.
Un univers unique
"Je pense ne m’être jamais éloigné de mes origines, même si c’est l’impression qu’on peut avoir en écoutant mes albums. (…) Je ne réfléchis pas à rendre ma musique plus ou moins orientale. Ma façon de jouer fait partie de mon identité… si je devais en avoir une", précise Dhafer Youssef.
Ses premiers pas dans la musique, Dhafer Youssef les a faits via des appels à la prière, initié depuis tout petit par son grand-père au récital coranique en Tunisie, où il est né.
Depuis, au gré des voyages, des rencontres et des expériences, il a su créer un univers mêlant musique traditionnelle arabe, sonorités électroniques et jazz. L’oud (très répandu dans les pays arabes, en Turquie, en Grèce et en Arménie) toujours sous le bras.
La Tunisie, bien sûr, ne le quitte pas non plus. Interrogé par Mondomix sur la situation actuelle dans son pays d’origine, le chanteur à la voix enchantée déplore un ras-le-bol général:
"Il y a un côté médiocre dans la politique en Tunisie, cela fatigue tout le monde. La culture souffre dès que la religion entre dans la vie publique. Beaucoup de jeunes veulent sortir, voir des films, des concerts, lire des livres, voyager, avoir une vie digne. C'est ça qui est en danger aujourd'hui...".
Bertrand Bouard pour Mondomix, 08/11/2013
Après vingt ans d'une vie de musicien vagabond, Dhafer Youssef est retourné s'installer dans son pays natal, à Tunis. C'était en 2010, peu de temps avant le début de la révolution qui allait emporter le dictateur Ben Ali. « C'est très excitant d'assister aux changements radicaux lorsqu'ils se produisent, confie-t-il. Ce sont des évènements qu'on lit d'ordinaire dans les livres d'histoire. Là, on les vit, ce qui est génial et dur à la fois ». Enfant de Téboulba, une petite ville de la côte où il s'initia à la pratique du chant, à l'école coranique, et développa une expertise précoce du oud, Youssef s'était résolu à quitter la Tunisie à la fin des années 80, seule solution pour parfaire son éducation musicale. Il mit le cap sur l'Autriche, le seul pays à ne pas exiger de visa, et ne regarda plus jamais en arrière.
C'est à Vienne qu'il découvrit le jazz, tomba en pamoison devant les disques du label ECM, ceux de Jan Garbarek en particulier, et échafauda le singulier syncrétisme qu'il explore depuis maintenant deux décennies. Incantations (Birds Requiem) en constitue un magnifique développement, sur lequel son oud converse aussi bien avec les jazzmen norvégiens de ses précédentes aventures, comme le trompettiste Nils-Petter Molvaer, qu'avec deux musiciens turcs gitans, le joueur de qanun Aytac Dogan et le clarinettiste Husnu Senlendiric. Elégiaque, flottant par instants sur des trainées de nuages menaçants, ponctué de lentes montées et de quelques explosions, l'album a été puisé à une source douloureuse.
« J'étais auprès de ma mère lorsqu'elle est morte et le disque est devenu la musique d'une vie qui passe : de la naissance à tout ce qu'on vit, avec ce que ça comporte de bonheur et de malheur. L'album a été inspiré par le fait d'envisager ma vie après elle, comme si elle m'avait transmis quelque chose pour aller plus haut. Je pense à elle dans chaque moment de bonheur, à chaque gorgée de vin... »
L'autre thématique de l'album provient d'une inspiration plus... légère. « Quand je chantais avec le clarinettiste, je pensais aux hirondelles, qui volent en même temps, en harmonie... ». Tous ceux qui l'ont entendu le savent : Dhafer Youssef possède une voix sidérante, un lamento d'une grande spiritualité qui frappe l'auditeur au cœur, à l'estomac plutôt. « Sincèrement, je ne sais pas sur combien d'octaves je chante. Ce qui m'intéresse, c'est de jouer la note que je sens, de façon directe, sans feux d'artifices. La technique, c'est un mélange, je chante avec le ventre, la cage thoracique, la gorge... Je m'en sers pour réagir à ce que jouent les autres musiciens, improviser, comme dans le jazz. » Quant à la situation actuelle en Tunisie, marquée par le pouvoir contesté du parti islamiste Ennahda, le musicien, guère pratiquant de son propre aveu, concède un certain désenchantement : « Il y a un côté médiocre dans la politique en Tunisie, cela fatigue tout le monde. La culture souffre dès que la religion entre dans la vie publique. Beaucoup de jeunes veulent sortir, voir des films, des concerts, lire des livres, voyager, avoir une vie digne. C'est ça qui est en danger aujourd'hui... ».
Bertrand Bouard
En concert le 29 novembre au Théâtre des Bouffes du Nord dans le cadre du festival Worldstock et le 12 février au Théâtre de Rungis, pour le Festival Sons d’hiver
Dix ans après Digital Prophecy, le vocaliste et oudiste tunisien retrouve le trompettiste norvégien Nils Petter Molvær, pionnier du « nu jazz », et renoue avec ses amours scandinaves pour un disque qui oscille, encore, entre profane et sacré. Moins électro que par le passé, il y prolonge l'esthétique jazz du précédent Abu Nawas Rhapsody. Mais s'il module toujours les vers mystiques du lettré soufi, ce n'est pas pour en exalter l'ivresse bachique : cette fois, Dhafer Youssef tend vers l'épure.
Là où le pianiste Tigran Hamasyan et le contrebassiste Chris Jennings n'étaient que tourbillons, son équipe norvégienne, elle, déploie des aurores boréales planantes, dépouillées, sur des tempi en suspension. Tout n'est qu'apesanteur : l'oud, introspectif et grave, le piano, évanescent, la trompette, qui joue la pause et installe des atmosphères de vieux films, jusqu'au guitariste, très rock sur deux titres, qui distille ailleurs des effets électro ascétiques. La clarinette, elle, se fait l'écho stupéfiant de la voix mutante de Dhafer Youssef : de ce timbre nasal quasi surnaturel, il repousse encore les limites, tient la note lors de mélismes aigus, lancinants, qui touchent au divin. Une musique d'ambiance qui marie ferveur et sérénité, minimalisme et profondeur. — Anne Berthod (Télérama n°3329)
LE MONDE | 27.11.2013 | Par Patrick Labesse
« C'est là que le voyage a commencé, le début de mes rêves. » Remontant une ruelle de la médina, où le soleil, encore chaud, fin octobre, à Tunis, se fraye un chemin entre les murs blancs, Dhafer Youssef puise dans ses souvenirs. Le vocaliste et joueur d'oud (luth oriental) vient de refermer la lourde porte en bois derrière laquelle sommeille la pierre d'un patio aux arcades élégantes. L'entrée du centre culturel Bir Lahjar, où il avait donné son premier concert en Tunisie, en 1989.
Depuis, il a développé une belle carrière, jalonnée de voyages (France, Liban, Syrie…), de partages musicaux (Wolfgang Puschnig, Paolo Fresu, Nguyên Lê, Bugge Wesseltoft, Omar Sosa…), de concerts et d'albums. Enregistré avec un septet de haut-vol, dont l'enchanteur clarinettiste turc Hüsnü Senlendirici (Taksim Trio) et le trompettiste norvégien Nils-Petter Molvaer, Birds Requiem est le 7e enregistrement publié sous son nom. Une proposition au souffle épique, tissant jazz et mysticisme oriental, qu'il présente vendredi 29 novembre à Paris.
« Lorsque je me suis produit au centre culturel Bir Lahjar, c'était la première fois que je jouais en Tunisie ma propre musique, mon histoire à moi », se souvient le musicien, l'œil pétillant de plaisir. Dans le public, de jeunes étudiants, curieux d'entendre un musicien tunisien qui « mélangeait l'oud avec des instruments atypiques, tablas indiens, contrebasse, trombone, violon… »
A VIENNE, LE CHOC
Sa famille, venue de Téboulba, un village de pêcheurs où il est né en 1967, avait fait le déplacement. Jouer devant les siens, ça vous fout un trac terrible. Un état paradoxalement plutôt stimulant. « Créer sur scène sans trac, c'est comme manger quelque chose qui n'a pas de goût. » Pourquoi, ensuite, est-il parti en Autriche ? « C'était le seul pays où je pouvais me rendre sans visa. »
Il rêvait de Vienne comme de l'endroit où il fallait se trouver pour être au plus près de la musique classique. Il y reçoit le choc de sa vie, affirme-t-il, en voyant le premier piano à queue. A Vienne, il se met à l'allemand et à des études de musicologie. Pas longtemps.
« Je me suis rendu compte que je pouvais faire ma musique sans piano, sans maîtriser le solfège, la théorie. » Happé par le jazz, il passera ses nuits dans les clubs et les bars à musique. Un nomadisme nocturne fécond qu'il poursuit ensuite à Paris.
LE POÈTE SGHAIER OULED AHMED
Aujourd'hui, il a jeté l'ancre en Tunisie. Assis au bord d'un chemin longeant la mer, à Mahdia, ville côtière au sud de Tunis, il plonge son regard vers l'horizon. « Je suis un mélancolique. L'oud, c'est de la mélancolie totale. Quant à la nostalgie, elle m'a toujours accompagné. C'est mon arme, un espoir, un rêve. » Là, dans la douceur du soir, il prend ses distances avec Tunis la bruyante, où les barbelés autour des arbres et les gendarmes en armes sont des signes tangibles de la tension qui règne dans le pays.
Une réalité dont il est difficile de s'affranchir. Dhafer Youssef s'avoue « triste et vraiment déçu » de la manière dont les choses ont évolué après le soulèvement qui a entraîné la chute du président Ben Ali, en janvier 2011.
A la soirée de clôture du Festival de Carthage, le 15 août 2012, il avait invité le poète Sghaier Ouled Ahmed. « Pour moi, il est notre drapeau. Avoir un poète d'un tel calibre me rend fier d'être tunisien. Ce jour-là, il a dit à ma place mon opposition à Ennahda. A travers ses vers, le poète s'est adressé à Dieu, à qui il s'est plaint de l'hypocrisie de son peuple. Il lui a demandé de démasquer les imposteurs. Puis il a interpellé le peuple, l'incitant à se montrer à la hauteur, à prendre le contrôle de son destin, à s'instruire et à se cultiver. »
Dhafer Youssef en concert le 29 novembre à 20 h 30 au Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis, bd de la Chapelle, Paris 10e. De 23 à 28 euros. Le 12 février 2014 à Rungis (Val-de-Marne), Théâtre L'Arc en ciel, 1, place du Général-de-Gaulle.
Birds Requiem, 1 CD Birds Requiem/Sony Music.
Un nouvel album annoncé pour le 16 septembre 2016 : “Diwan of Beauty and Odd”.
Dhafer Youssef originaire de Teboulba en Tunisie fait groover son Oud comme personne. Il nous livre là un album magnifique de subtilité et d’émotions. Nous faisons le pari que cette pure création musicale fera date et entrera au panthéon des immanquables.
On y trouve une voix incroyablement instrumentale qui vous pique en plein cœur, direct, sur des mélodies orientales envoutantes, mêlées au plus beau des Jazz.
Il faut dire que Dhafer a su s’entourer en choisissant d’enregistrer à New York avec à ses côtés… les meilleurs parmi la jeune génération des Jazzmen : Mark Giuliana – batterie, Ben Williams – contrebasse, Ambrose Akinmusire – trompette et Aaron Parks au piano.
Une symbiose et un équilibre parfaits entre les chants soufis, le son de l’Oud et ce fabuleux quartet 100 % Jazz. Voici ce qui fait le charme de ce que nous appelons « les autres Couleurs du Jazz » et qui dans ce cas précis réunit des publics de tous les âges.
On y sent beaucoup d’exigence, une maîtrise parfaite des intruments, et surtout de « l’interplay » qui est la signature des projets musicaux les plus réussis.
A ne manquer sous aucun prétexte ! Et en live : Tournée en cours de construction, avec des dates en France (entre autres le 14 avril 2017 à l’Olympia- Paris)
Un album magnifique de subtilité et d'émotions...cette pure création musicale fera date et entrera dans le panthéon des immanquables."
Diwan of Beauty And Odd continue de subjuguer. Le nouvel opus du maitre de l'oud, vocaliste et compositeur Dhafer Youssef est le coup de coeur de Couleur JAZZ
Source : http://couleursjazz.fr/
Trois ans après le sublime Birds Requiem qu’il avait dédié à sa mère décédée, l’oudiste et chanteur tunisien Dhafer Youssef est de retour avec Diwan of Beauty and Odd, un album composé en Inde et enregistré au légendaire studio SearSound de New-York en compagnie de son batteur fidèle Mark Giuliana, le trompettiste Ambrose Akinmusire, le pianiste Aaron Parks et le contrebassiste Ben Williams.
Si les informations ne sont pas encore confirmées et tout à fait claires, il semblerait que cet album soit dédié au « contexte » syrien. En arabe, Diwan peut se traduire littéralement par divan, mais il est commun dans le monde musulman de nommer ainsi des cercles d’initiés musicaux, poétiques et littéraires. Proche des réflexions soufies, il y a fort à parier que le tunisien a envisagé cet album comme un recueil de rhapsodies et de lamentis, lui qui, à l’aide de son incroyable sourire communicatif, est capable de transmettre l’espoir et l’allégresse même dans les situations les plus tragiques. Pour le plaisir et rien d’autre, voici ce qui peut faire office de rappel :
L’album s’ouvre par le sublime Fly Shadow Fly, où la voix exceptionnelle et la technique de chant nasal de Youssef sont accompagnées par un joli piano, avant que dans un dernier cri, la section rythmique et l’oud s’emballent en fin de plage.
Si Dhafer Youssef est un oudiste plus que talentueux, son supplément de force vient à mon sens de sa voix unique, capable de franchir trois octaves sans sourciller et de « tutoyer Dieu », à l’instar d’un autre maître soufi connu comme le prince pakistanais du qawali : Nusrat Fatah Ali Kahn.
Dans un titre comme Fly shadow Fly, et dans bien d’autres avant lui, il abolit les frontières et semble même capable de faire bouger les lieux symboliques et les peuples à sa guise, là où son imagination le porte. Je me souviens alors des artères qui jouxtent la mosquée de Kheirouan, le muezzin invite à la piété et je vois alors ces gamins qui foutent des piments dans le cul des ânes. Suis-je de retour en Tunisie ou dans cette mégalopole de New-York que je ne visiterai jamais ? La question est posée. Tout comme elle l’était lors de Birds Requiem, où tous les dangers de la frontière lybienne et les dunes de Ksar Guilane semblaient illuminer jusqu’aux interminables nuits de Scandinavie. Je digresse. je m’égare. Mais c’est là que la musique de Youssef réussit son pari.
Les sentiments seront identiques durant of Beauty and Odd, où l’on rencontre des rythmiques sautillantes et voyageuses, venues peut-être des Balkans, d’Andalousie et de partout là où il y a des caravanes. Je suis proche de l’orgasme auditif quand le timbre du tunisien se cale sans mal sur la trompette du très talentueux Ambrose Akinmusire (qui a probablement beaucoup écouté Tutu de Miles Davis).
Et puis plus rien, ou pas grand chose, jusqu’à la troisième partie Al-Akhtal Rhapsody, où la bride et la jam sont enfin libérées pleinement. Je me demande alors pourquoi le piano est injustement réduit à un second rôle d’enlumineur, pourquoi la trompette n’apparaît que sur deux titres, et pourquoi tout ceci résonne si carré et si focalisé sur la technique. Tout est implacable et maîtrisé, sans doute trop. Les embardées de cymbales volantes de Giuliana me manquent, terriblement.
Attention, Diwan of Beauty and Odd est un album parfaitement composé et exécuté. Une prouesse de haute volée. A titre personnel, je regrette simplement qu’il lui manque ce supplément d’âme, d’affects, de contrastes et de doutes. En bref tout ce qui faisait d’Electric Sufi, Divine Shadows et de Birds Requiem des albums d’exception. Même sur le somptueux 17th Flyways, où Youssef démontre une nouvelle fois qu’il sait s’extraire des inaltérables lois du ternaire et du jazz en général sans jamais se perdre, tout sonne un peu trop mathématique et rigoureux. A l’américaine peut-être aussi.
Fort heureusement Diving In the Air viendra clore le disque, à l’instar de celui qui l’ouvrait, avec un lyrisme et une émotion dont il manque cruellement. Sans un instant le qualifier de mauvais disque, je regrette simplement qu’un album nommé Diwan of Beauty and Odd souffre d’autant d’académisme et de si peu de mystqiue. Certains l’aimeront peut-être aussi pour ça.
Source : http://ombresurlamesure.com/dhafer-youssef-diwan-of-beauty-and-odd/
Pour le plaisir des yeux, voici la couverture du nouvel album tant attendu de Dhafer Youssef, SOUNDS OF MIRRORS.
Sortie le 5 Octobre 2018.
La couverture est une collaboration avec le grand artiste tunisien “Nja Mahdaoui".
La critique de Télérama :
Après avoir frayé avec les jazz norvégien et américain, Dhafer Youssef revient avec l’Indien Zakir Hussain, génie des tablas, et le Turc Hüsnü Senlendirici, dieu de la clarinette. Le oudiste tunisien ne se réinvente pas, il continue simplement de regarder le monde depuis ses hauteurs célestes. Cette fois, sa voix devient murmure, il nous frustre même de ses légendaires envolées nasales, sauf sur le beau Humankind d’ouverture, où son gémissement ne fait qu’un avec le timbre de la clarinette. Il laisse ensuite cette dernière (quel son !) déployer son sublime lamento oriental. Le cœur se fend en deux, palpite, s’emballe sur les peaux de chèvre, et l’âme s’envole.
Aux confins des traditions soufie, balkanique et hindoustanie, Youssef, Senlendirici et Hussain, dont le dialogue en rappelle un autre (Jan Garbarek, Anouar Brahem et Shaukat Hussain, sur l’album Madar, 1994), oscillent ainsi entre émotion et spiritualité. La guitare du Norvégien Eivind Aarset ajoute une note stratosphérique. Au point que ce qui devait être un hommage à la musique hindoustanie se transforme, par un fascinant jeu de miroirs, en une musique plus abstraite. Moins mystique que l’album Birds Requiem (2013), Sounds of mirrors est plus planant, plus accessible : il suffit de se laisser porter par l’épure du son et des mélodies éthérées.
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Anteprima/Bendo Music.
Anne Berthod
Telerama n°3586
Et celle de Muzzika :
Les grands artistes se révèlent dès les premières minutes d’écoute, et Dhafer Youssef ne déroge pas à la règle : l’introduction du premier titre de l’album, ample et profonde, sur laquelle le ‘oudiste et compositeur tunisien Dhafer Youssef pose également sa voix, donne le ton de tout l’album : une voix posée très bas, comme venue des profondeurs de la terre, comme une prière, comme un chant sacré. Mais les grands musiciens savent que toute musique est sacrée…
Le grand artiste qu’est Dhafer Youssef s’entoure ici d’amis tout aussi talentueux, qui apportent chacun leur inventivité et leur créativité : le percussionniste indien Zakir Hussain, qui sur scène vient avec une palette impressionnante de percussions, et fait virevolter ses mains de manière époustouflante ; le clarinettiste turc Hüsnü Şenlendirici, qui transforme sa clarinette en une palette d’instruments, nous offrant des sons allant de la flûte vaporeuse au doudouk de velours ; et le guitariste norvégien Eivind Aarset, complice depuis de longues années de Dhafer Youssef, dialogues de cordes du Sud et du Nord parfaitement en phase de sensibilité…Et Dhafer Youssef a la générosité, d’une composition à une autre, de mettre en valeur tantôt la guitare, tantôt les percussions, tantôt la clarinette, tantôt le chant vocal, ainsi que la règle l’impose dans le jazz… et dans l’amitié !
Mélancolie/optimisme, gravité/légèreté, contemplation/danse : comme la vie, la musique ici épouse toutes les couleurs de l’âme, tous les mouvements de la vie.
Un album d’une musique riche comme un brocard oriental, et libre comme le jazz né en Occident…
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