Las hermanas Caronni sont deux soeurs jumelles d'origine argentine nées sous le signe du tango, ascendants candombé, chacarera, milonga et musique classique. Laura et Gianna Caronni appartiennent à une famille où les cultures suisse, italienne, russe et espagnole se côtoient, où chanteurs d'opéra et de tango ont bercé leur enfance. On retrouve dans leurs chansons l'influence des musiques d'Argentine, une nostalgie sublimée par le violoncelle et la clarinette, et deux voix en parfaite harmonie.
Présentation sur Mondomix, 08/05/2012 :
(photo : Franck Perrogon)
C’est le genre de conte de fée du quotidien qui donne envie de continuer à y croire : un jour, un chroniqueur de France Inter, Didier Varrod, extrait d’une branlante pile de CDs un disque à la pochette relativement ordinaire et prend le temps de l’écouter. Séduit, il le diffuse. Les auditeurs réagissent, téléphonent ou envoient des mails pour demander le nom des chanteuses. Un festival, Au Fil Des Voix, prend le relais et les programme à Paris. Les deux musiciennes font immédiatement craquer le public. S’ensuit pour ces artistes, qui sont loin d’être des débutantes (leur disque avait été enregistré plus de trois ans auparavant et elles avaient déjà conquis un label néerlandais, Snail Records, et un tourneur au nom trompeur, Crépuscule Productions), le début d’une nouvelle carrière …
Ces deux chanteuses, ce sont Gianna et Laura, les sœurs Caronni, désormais connues sous le nom de Las Hermanas Caronni. Ces jumelles nées en Suisse mais élevées à Rosario, sur les rives du Río Paraná, envoutent doucement l’auditeur en glissant leurs voix entre les accords feutrés d’un violoncelle et les caressantes envolées d’une clarinette.
Rencontre …
Vos deux voies semblent fusionner, comme d'ailleurs vos deux instruments et même l'ensemble des genres musicaux qui vous inspirent. Ce sens peu commun de l'harmonie pourrait-il s'expliquer par votre histoire familiale ?
Gianna & Laura : C'est vrai que notre famille est une sorte de "Mondomix", mélange de grands-pères suisse et italien et de grand-mères russe et andalouse. A la maison, on chantait beaucoup, on écoutait toutes sortes de musiques : classique, tango, musiques traditionnelles latino-américaines mais aussi rock des années 70, flamenco et jazz. En Argentine, on s’est produites en concert dans des formations très différentes, on pouvait jouer un vendredi avec un ensemble de musique de la Renaissance dans une église et le lendemain dans un parc avec un groupe de rock. Il nous est arrivé de faire aussi de la musique électroacoustique et d’accompagner des performances de danse contemporaine dans des endroits improbables.
La fusion vient peut-être du fait qu’on est jumelles et qu’on a grandi ensemble. Nos voix se ressemblent au point qu'on ne se distingue pas nous même. En réécoutant une interview radio, il nous est arrivé de nous demander : c'est toi qui a dit ça ou c’est moi ?! Mais au-delà de la gémellité, on a passé un temps fou à travailler nos instruments.
Notre mère aime bien raconter qu’on a laissé des traces dans notre maison d’enfance. Quand on est parti pour l’Europe, il restait cinq trous dans le parquet, quatre de nos pieds et celui de la pique du violoncelle de Laura à l’endroit où on a joué pendant des années.
Ce qu’on cherche avant tout dans notre façon de jouer, c’est toucher les gens. Au delà des styles ou des techniques instrumentales qu’on essaie d’apprivoiser, notre intention, c’est de susciter de l’émotion et c’est en concert qu’on voit le mieux si ça fonctionne.
Votre premier album s'intitule "Baguala de la siesta". Insister ainsi sur la baguala, un genre musical traditionnel du nord de l'Argentine qui ne se danse pas, et sur la sieste, c'est une façon d'annoncer d'emblée que ce n'est pas un disque de tango, ce qu'on aurait pu attendre de deux musiciennes venues du pays de Gardel ?
Gianna & Laura : Peut-être en effet qu’inconsciemment, on a voulu se défaire de cette étiquette qu’on nous a collée aux débuts de notre duo, en 2005. Mais on ne veut pousser personne à la sieste et surtout pas endormir notre public ! De toutes façons, la formation clarinette et violoncelle n’existe pas dans le tango traditionnel. On reprend quelques classiques comme Yuyo verde ou Los ejes de mi carreta et on en compose nous même mais il nous a fallu du temps pour trouver notre espace.
Le duo, c’est du tango mais aussi des chacareras, des milongas qu’on réinvente à notre façon. On ne veut pas s’enfermer dans notre argentinité, on chante aussi du Brassens ! On a fait deux versions de Je me suis fait tout petit : une espagnole pour la suite de la compil Brassens, Echos du monde et une française pour notre deuxième album.
Votre père était écrivain. Vous arrive-t-il de chanter l'un de ses textes ? Ou de chanter d'autres auteurs ?
Gianna : El jarrito est une chanson de notre père. On l’a incluse dans notre premier CD, Baguala de la siesta. Il nous a appelé un matin et nous a chanté cette chanson dont il avait rêvé. Heureusement, il nous a cédé les droits d’auteur !
Nous chantons aussi Atahualpa Yupanqui sur notre premier album ou La frontera de Lhasa qui sera sur le deuxième album et nombres d'autres paroliers fameux comme Homero Exposito ou Alfredo Zitarrosa. Ce sont des textes qui nous touchent ou qui sont attachés à des souvenirs singuliers. Cela dit, la plupart de nos chansons sont de Laura ...
Laura : Je m’inspire d' expériences ou de rencontres. Par exemple, Pachamama raconte l’histoire de notre famille à travers celle de tous les migrants, des passages obligés en préfecture pour obtenir une carte de séjour. Paciencia, qui devrait être sur le nouvel album, est une chanson qui me trotte dans la tête depuis une rencontre émouvante avec une petite fille adoptée au Togo. De ces regards qu'on n'oublie jamais ...
Vous êtes arrivées en France en 1998. Qu'est-ce qui vous y a attirées ?
Laura : A cause de la dictature, nos parents sont venus en Europe et nous somme nées en Suisse. Puis, souffrant de l’exil, ils sont rentrés en Argentine quand nous avions deux ans. Plus tard, adolescente, je me suis vue refuser l'entrée à une répétition de théâtre pour jouer le Requiem de Mozart au sein de l’orchestre de Rosario. Il avait été décidé que les « étrangers » ne pouvaient plus jouer, c’était un choc pour moi ! J’ai donc entamée les démarches pour obtenir la nationalité argentine de manière officielle. Entre temps, le directeur du conservatoire de Buenos Aires m’a proposé de représenter l’Argentine dans un orchestre en France. J'ai saisi cette occasion de prendre le large ... et une revanche sur l'administration par la même occasion.
Gianna : Un an plus tard, j’ai rejoint ma sœur à Lyon, grâce à une bourse d’étude que j’ai réussi à décrocher pour nous deux en même temps, sans qu’elle n’en sache rien. J’ai obtenu une médaille d'or au Conservatoire de Lyon (CNR), où ma sœur étudiait déjà puis on est parti à la conquête de la capitale avec l’argent qui restait ...
Quelle est pour vous la prochaine étape ? Vous préparez un nouveau disque ?
Gianna & Laura : On continue à tourner en duo avec notre répertoire dans pas mal de festivals européens typés "musique du monde". On joue aussi avec Juan Carlos Caceres sur des concerts plus jazz et occasionnellement avec Denis Péan de Lo'Jo.
On devrait bientôt entamer une résidence au Rocher de Palmer, belle salle de la périphérie de Bordeaux, pour préparer le deuxième CD, qui sortira en 2013. Un album plus éclectique que le premier, avec des compositions inspirées des voyages, en passant de l’Argentine au Togo ou l’Andalousie, mais aussi des nouvelles sonorités, violon et clarinette basse. Toutes les dates de concerts sont sur Crépuscule Production, notre Myspace et on veut bien devenir vos amies sur Facebook si vous le demandez gentiment !
Propos recueillis par François Mauger
2e disque : Vuela
1 : El puente carretero
2 : Pachamama
3 : Chamuya
4 : Pacienca
5 : Melodias del silencio
6 : Gualicho
7 : Vuela
8 : La frontera
9 : Mercedes
10 : Je me suis fait tout petit
11 : Des origamis d'oiseaux
12 : Drume negrita
Novembre 2015
Le troisième opus "Navega Mundos" des sœurs Caronni sort le 13.
SORTIE LE 13 NOVEMBRE 2015
chez Les Grands Fleuves
distribué par L’Autre Distribution
Navega Mundos explore nos mers intérieures, l’Argentine étant toujours présente comme un port d’attache ou de départ…
L’album compte onze compositions nées des sensations, des émotions et des souvenirs, comme des prises de vues de l’âme, chacune d’entre elles est un monde à part. Très aquatique, l’eau est omniprésente à travers les textes et les sonorités.
Nous avons invité pour le voyage, Raul Barboza, le grand maître du “chamamé”, genre typique de la région du Nord-est que nous appelons “la Mésopotamie”, encore l’eau!
SORTIE LE 13 NOVEMBRE 2015
chez Les Grands Fleuves
distribué par L’Autre Distribution
Navega Mundos explore nos mers intérieures, l’Argentine étant toujours présente comme un port d’attache ou de départ…
L’album compte onze compositions nées des sensations, des émotions et des souvenirs, comme des prises de vues de l’âme, chacune d’entre elles est un monde à part. Très aquatique, l’eau est omniprésente à travers les textes et les sonorités.
Nous avons invité pour le voyage, Raul Barboza, le grand maître du “chamamé”, genre typique de la région du Nord-est que nous appelons “la Mésopotamie”, encore l’eau!
“Dans une Argentine qui a fondé son identité sur un prodigieux melting pot, Las Hermanas Caronni connaissaient déjà le monde avant de naître tant la diversité de leurs origines avait pris source aux quatre coins du globe.
Un monde qu’elles parcoururent leur instrument en bandoulière et dont les rencontres inspirèrent leurs disques précédents. Mais voici qu’elles explorent leurs mers intérieures dans un album très aquatique par sa thématique.
Fortes d’un solide bagage classique dont elles n’ont pas voulu garder le carcan, elles se jouent des styles et des modes pour magnifiquement mettre en musique une « mélodie des choses » chère à Rilke, évoquer les jours pluvieux du Macondo de « Cent Ans de Solitude », et s’emparer du rêve andalou de Jim Morrison. Cette liberté illumine leurs compositions où elles donnent libre cours avec gourmandise à leur talent d’instrumentistes, la majesté des graves de la clarinette de Gianna et le violoncelle parfois rageur de Laura ignorant superbement les étiquettes stylistiques.
Plein du parfum de leur Argentine natale, voilà le beau voyage de deux vraies « musiciennes du monde » sur les chemins enchanteurs d’une musique sans frontières.”
Philippe VINCENT (Jazz Magazine)
Août 2018
"A l’occasion du Festival "Là, c’est de la musique" , 3ème édition, qui s’est déroulé du 13 au 17 juillet au Collège Joseph Vernet Avignon, nous avons découvert deux artistes argentines : les sœurs jumelles, Gianna et Laura Caronni, la première, clarinettiste, la seconde, violoncelliste. Les deux jeunes femmes généreuses et talentueuses, engagées dans la préservation de la Pachamama, se sont prêtées au jeu de l‘interview à notre micro."
(MProvence)
Leurs prochains Concerts :
Dim 12 Aou 2018 île de Tatihou (Saint-Vaast-la -Hougue) Festival Les Traversées de Tatihou ;
Sam 15 Sep 2018 Besançon (25000) Festival international de musique de Besançon Franche-Comté ;
Jeu 27 Sep 2018 Mondeville (14) La Renaissance ;
Sam 10 Nov 2018 Wolhusen (CH) Tropenhaus ;
Mar 27 Nov 2018 Dinant (B) Centre Culture de Dinant et
Jeu 29 Nov 2018 Gent (B) De Centrale
Plus d’infos sur http:// lashermanascaronni.com/
Interview: Diane Vandermolina
Vidéo: Paola Lentini
Sur le blog de Thierry Caron :
Un disque à mettre entre toutes les oreilles...
Comme j’ai tendance en ce moment à installer ma réputation de râleur, je tiens quand même à signaler le dernier album des sœurs Caronni, ou plus justement appelées Hermanas Caronni : "Santa plastica " ! On y entre comme par magie avec le titre éponyme de l’album, une cumbia bien menée, et le reste suit de manière parfois dépouillée (mais toujours efficace). Breathe apparait ainsi comme une véritable respiration dans un monde musical si souvent obnubilé par la rapidité et la rythmique brutale. On goutte ici aux notes délivrées avec parcimonie par le violoncelle et on est parfois comme enveloppé par la douceur de l’ambiance assurée par une voix envoutante et des instruments à vent qui s’expriment dans une moiteur contenue. Ainsi on est comme saisi par ces moments semi tropicaux qui pourraient être ceux de ces soirées Argentines, soirée dans lesquelles le corps au repos n’empêche pas l’âme de voyager, divaguer. Surprise néanmoins on y entend de l’anglais, langue à laquelle les sœurs ne nous avaient pas habitués, et le groupe s’offre même quelques plages enjouées avec des airs comme « Coucou » ou « partir » qui semblent traduire une urgence mais qui révèlent avant tout la fantaisie maitrisée des deux artistes. On a donc ici un très bel album, exécuté avec douceur et maestria, à mettre entre toutes les oreilles (surtout qu'on y entend de belles voix d'hommes aussi). Avec ce nouveau travail les jumelles ne font que confirmer tout le bien qu’on pensait déjà d’elles ! Ne vous gâchez donc pas le plaisir !
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