DECEMBRE 2010
(Corse Matin du dimanche 26 décembre 2010)
Le dernier ouvrage de Philippe Pesteil met en lumière des travaux liant les écrits de Corse-Matin à l’expression la plus représentative dès lors qu’il est question du territoire.
JEANNOT FILIPPI
C’est d’abord un livre de chercheur qui parle au chercheur, mais aussi un travail original sur le territoire corse tel qu’il est vécu, pensé et exprimé. Pour ce faire, l’anthropologue Philippe Pesteil, maître de conférences à l’Université de Corse, a privilégié un élément de base : l’emploi de la métaphore « au coeur de » dans les articles de Corse-Matin, sur les parutions de 1996 et 2006.
À l’arrivée, une évidence, « l’expression d’un espace largement investi par l’émotion ».
Quand on lit votre livre, on se rend compte que vous l’avez vraiment écrit en chercheur ?
Savoir à qui on s’adresse, c’est toujours la grande question. Il faut dire que c’est un livre que j’ai achevé il y a déjà un an et demi. J’ai décidé ensuite de le relire, c’est là que j’ai pris conscience que la personne qui allait l’acheter allait me trouver un peu trop technique, ardu. C’est vrai que c’est d’abord l’écriture d’un anthropologue, qui plus est celui qui croise anthropologie et sociologie pour aller au fond des choses.
Comment vous êtes-vous lancé dans une démarche aussi originale ?
À la base, il y a une volonté de travailler sur l’identité, pour savoir comment elle s’enracinait dans le discours et dans le territoire. Je n’ai pas pour autant tenu à travailler sur un matériau militant, mais plutôt sur ce que tout le monde avait en main et qui, en ce sens, pouvait créer du lien social. J’ai pensé à votre journal.
La métaphore « au coeur de » vous a donc semblé la plus à même de révéler la vraie tendance ?
Pour ce faire, j’ai exclu tout ce qui est... au coeur du temps, pour conserver la dimension du centre. Mais j’ai d’abord voulu savoir pourquoi et comment Corse-Matin utilisait « au coeur de », jusqu’à observer dans un premier temps que l’expression était privilégiée dans les titres et les légendes photo. Je me suis dit qu’il devait y avoir quelque chose derrière tout ça et en fait, il s’agit de l’élément clé d’un triptyque émotion-identité-territoire.
Comment avez-vous travaillé, précisément ?
J’ai relevé, sur les parutions de 1996 et 2006, un corpus de 80 éléments, dont une cinquantaine en 2006. J’ai distingué quelques catégories, notamment celle du village dans laquelle on retrouve souvent « au coeur de ». On est vraiment dans l’émotion, mais j’observe aussi que le journaliste parle souvent de la ville comme du village, en écrivant, par exemple, « au coeur d’un quartier ». Il n’y a rien de surprenant, les Corses ne constituent-ils pas un peuple de villageois qui vit en ville. J’ai trouvé, en fait, très intéressant de lire un article après avoir repéré « au coeur de » dans un titre et dans une légende, pour constater à quel point l’émotion prenait une dimension considérable dans l’évocation du territoire.
Doit-on considérer, dès lors, que Corse-Matin est porteur de quelque chose en terme d’identité ?
Mon hypothèse, c’est oui. Je vais même jusqu’à voir votre journal comme une personne morale représentative de ce que le lecteur peut lire. Il est critiquable, critiqué, mais tout le monde le lit. Aujourd’hui, ne pas lire « Corse-Matin » dans cette île, c’est se mettre dans une situation de marginalité. D’abord parce qu’on ne va pas savoir qui féliciter après une distinction, ni à qui présenter des condoléances. Mais au-delà, on se rend compte à la lumière de ces travaux, que le journal parle de choses fondamentales.
« L’émotion identitaire en Corse, un territoire au coeur », Philippe Pesteil, édition L’Harmattan, collection SocioAnthropologie, 24 euros.
24 décembre
22 décembre
21 décembre
1er décembre
NOVEMBRE 2010
21 novembreStéphane Casalta représentera la Corse samedi soir a Lorient (FRANCE) lors de la finale du concours de la chanson en langue minoritaire.
Le vote du public est important
Vous pouvez écouter le spectacle et voter!!
Lien :
http://www.liet.nl/internationaal
15 novembre
La présence de Pierre Ghionga au sein du conseil exécutif territorial n’y est sans doute pas étrangère, encore moins ses responsabilités à la tête du service langue corse de la collectivité territoriale. Quoi qu’il en soit, ce service se développe et installe un nouvel outil à Corte : l’ancien tribunal d’instance, chassé depuis bientôt un an par le vent de la réforme, se prépare à devenir l’antre du développement et de la promotion de la langue corse.
« La langue corse, c’est ma passion, et je me suis attelé très volontiers à cette mission qui m’a été confiée. En arrivant, j’ai trouvé un très bon plan voté au profit de la langue, lequel malheureusement, n’était pas vraiment mis en application ».
Ce plan qui prend en compte un volet éducatif, en collaboration avec le rectorat, et un volet sociétal, pour favoriser l’usage de la langue à tous les niveaux de la société, va donc disposer de son antenne cortenaise. « Pour travailler au développement de la langue, confirme Pierre Ghionga. Quatre personnels y seront affectés : deux cadres A, un cadre B et un personnel chargé du secrétariat ».Un conseil scientifique dans l’ancienne salle d’audience
Pour installer l’outil, il fallait donc des locaux, et la CTC est entrée en négociation avec les services du ministère de la Justice, toujours propriétaire des 350 m2. Pierre Ghionga espère que la vente pourra se conclure d’ici la fin de l’année, pour un montant de 399 000 euros. Telle est l’offre de l’institution territoriale après estimation.
« Nous pourrons utiliser les locaux en l’état, considère le conseiller exécutif. Seuls quelques travaux de mise aux normes seront nécessaires ». L’ancienne salle d’audience ne ferait pas l’objet d’un aménagement particulier. « Nous la garderons pour en faire la salle de réunion du conseil scientifique de la langue corse. J’espère même que certaines réunions décentralisées de la collectivité territoriale s’y tiendront. Mon rêve : une session de l’assemblée de Corse, ose Pierre Ghionga, mais j’ignore si on peut y faire siéger confortablement 51 conseillers ».
Une chose semble certaine, en tout cas, le vieux tribunal va continuer à exister... autrement. « Au-delà de l’importance du service qui va s’y installer, l’occupation de ces locaux par la collectivité revêt aussi une dimension symbolique. Honnêtement, ça m’aurait fait mal au coeur de les savoir vendus pour les transformer en logements », conclut Pierre Ghionga.
Corse Matin du 15 novembre 2010 - Noël Kruslin
12 novembre
Un programme immobilier est l’objet de vives critiques. Un collectif contre la spéculation vient de se créer à Calvi.
Faut-il faire payer les riches pour pouvoir loger les autres ? C’est la question que pose Alex Bertocchini de radio Alta Frequenza :
"
Rappelons que mercredi s’est créé à Calvi un collectif contre la spéculation en réponse au projet de construction de résidence de luxe dans la Pinède de Calvi par la société SEMEXVAL qui est en charge également de la construction de logements sociaux toujours sur cette commune. Rappelons également qu’Ange Santini le maire de Calvi avait donné sur ce point une conférence de presse il y a plusieurs semaines pour expliquer la démarche qui, à son sens recouvre une certaine viabilité économique. Apparemment beaucoup en Corse n’ont pas le même sens des réalités et sûrement pas sur la question du foncier."
Une pétition lancée par le collectif circule actuellement sur le net :
NON A LA PRIVATISATION DE LA PINEDE ET DE NOS ESPACES NATURELS
COLLECTIFS !
NON AU CHANTAGE DES PROMOTEURS ET DE LEURS ALLIES !
OUI AU DROIT AU LOGEMENT !
La filiale corse de la société SEMEXVAL, à grand renfort d’encarts publicitaires, fait depuis de longs mois la promotion d’une juteuse opération immobilière « Les rivages de Calvi », exclusivement destinée à une riche clientèle de touristes étrangers, seuls à même de s’offrir des villégiatures entre 5 et 8000 euros le mètre carré.
Située au lieu dit Oasis, rond point du Casino dans un site inscrit, patrimoine naturel et propriété collective de l’ensemble des Calvais, ce projet purement spéculatif ne sert que des intérêts particuliers et contribue à accélérer la destruction programmée de la pinède.
Nombreux sont ceux qui se dressent contre cet énième projet à caractère spéculatif qui profite à une minorité prédatrice.
Face à la montée de cette opposition, les promoteurs et la majorité municipale accusent les défenseurs de la terre corse de tous les maux. Un chantage aussi inacceptable que scandaleux consiste à mettre en balance la réalisation de cette opération spéculative avec un plan de construction de logements à caractère social. En d’autres termes, soit les promoteurs ont les mains libres, soit les Calvais peuvent dire adieu à leur logement !
Nous appelons toutes celles et ceux qui refusent la mise en coupe réglée de leur ville et la généralisation de telles pratiques à signer la pétition sur www.la-cave.org
On ne mesure pas bien combien le prétexte de la lutte - légitime - contre le terrorisme est un moyen d’étrangler peu à peu les libertés individuelles et, en fin de compte, la démocratie. C’est pourquoi l’action des cinq avocats d’Yvan Colonna dépasse de très loin la défense d’un homme. Ce sont nos droits fondamentaux qui sont en cause. Si Yvan Colonna était définitivement condamné ce serait une maille de plus des conquêtes de la République qui aurait filé.
Roland Laurette (03/11/2010)
Le RESF Corsica (Réseau éducation sans frontière) se félicite que l’assemblée de Corse ait adopté, vendredi soir une motion en faveur des élèves sans papiers et leur famille. Le RESF Corsica (Réseau éducation sans frontière) se félicite que l’assemblée de Corse ait adopté, vendredi soir une motion en faveur des élèves sans papiers et leur famille.
Dans ce texte, porté au vote par le président Dominique Bucchini, et adopté par l’ensemble des groupes (UMP excepté) l’assemblée : « – Déclare la Corse « terre sans expulsion », – se déclare solidaire dans les démarches de reconnaissance de la place des immigrés, y compris les sans-papiers, dans la société insulaire, – s’oppose aux expulsions de jeunes majeur(e) s et de familles dont les enfants sont scolarisés, en les plaçant sous sa protection afin d’obtenir la régularisation et leur permettre la poursuite de leurs études, – s’engage à exprimer sa solidarité au sein des établissements scolaires en vue d’obtenir leur régularisation, le cas échéant, et affirme que ses représentants prolongeront cette démarche dans les conseils d’administration où ils siègent, – assure que les élèves menacés d’expulsion et/ou leurs parents obtiendront son parrainage pour les accompagner dans leurs démarches de régularisation ».
La Corse devient après l’Aquitaine et l’Ile de France et avant la région Centre, prochainement), la troisième région à s’inscrire dans une vaste démarche menée par le Réseau Education Sans Frontière, « pour faire adopter, dans toutes les régions ce nouvel outil offensif de défense des sans papiers ».
(03/11/2010)
par Pierre Corsi (Journal de la Corse)
Chez nous, sur fond de silence, de peur, d’impuissance et d’indifférence, assassiner son prochain est redevenu un mode usuel de régulation des conflits. Depuis les années 1980, au moins 200 habitants de l’île ont été les victimes d’assassinats perpétrés par des groupes armés. Les uns l’ont été dans le cadre d’affrontements sans merci ayant opposé des factions nationalistes. Les autres ont été les victimes de différends mettant aux prises des bandes a priori liées au grand banditisme. Certains ont fait les frais de représailles ou de méprises collatérales, ou tout simplement de l’envie d’éliminer un prochain jugé gênant. Le dernier en date de tous ces assassinats a été celui d’Antoine Nivaggioni. Dans quelle catégorie classer ce nouveau crime ? Il revient aux enquêteurs et à la justice de le préciser et d’étayer par des preuves irréfutables leurs conclusions.
Paris reste de marbre
Confronté à cette situation qui fait souvent assimiler la Corse au Sud de l’Italie, l’homme de la rue constate et se tait, même s’il ressent du dégoût, de l’angoisse ou de la peur. En revanche, le café du commerce et certains médias locaux s’en donnent à cour joie. Ils claironnent des mobiles de meurtres passés, présents ou futurs. Ils prédisent que tel ou tel crime ne sera pas le dernier. Ils lâchent même les noms de cibles potentielles ou de commanditaires présumés. Quant à l’autorité publique, elle compte les coups ou gesticule comme le fait la JIRS de Marseille (Juridiction interrégionale spécialisée), mais apparaît incapable de faire cesser le massacre. Il semble même qu’elle soit touchée par le fatalisme. En effet, commentant les circonstances de l’assassinat d’Antoine Nivaggioni, un représentant de l’Etat a déclaré : « Il s’agit d’un schéma classique du mode opératoire pour les règlements de comptes ». Il convient d’ajouter que les 30 ans insulaires de plomb et de sang n’émeuvent guère le reste de la France et le pouvoir central. L’opinion publique continentale a d’autres chats à fouetter. De plus, elle considère que se venger et s’entretuer sont des traits de l’identité corse. Les grands médias nationaux s’en tiennent la plupart du temps à relayer les informations distillées par certains avocats, magistrats ou policiers. Il advient aussi que faisant fi de toute déontologie, des journalistes se laissent aller à évoquer des « sources sûres » qui ne sont en réalité que des émetteurs de « poussettes ». Quant à l’Etat, il est aux abonnés absents. A l’Elysée, Place Beauvau ou Place Vendôme, le sang qui coule dans les rues d’Ajaccio ou de Bastia n’est pas considéré comme un problème à traiter prioritairement. Le seul homicide qui ait provoqué une véritable réaction a été celui du préfet Claude Erignac. Que l’on meure de mort violente en Corse, laisse Paris de marbre.
Mode usuel de règlement des conflits
Il faut également souligner que chez nous, sur fond de silence, de peur, d’impuissance et d’indifférence, assassiner son prochain est redevenu un mode usuel de régulation des conflits. Certains y verront la continuité d’une tradition multiséculaire marquée par le « crime d’honneur » et la vendetta. Ils n’ont pas totalement tort. Même si l’on ne tue plus pour sauvegarder la réputation de sa famille et si la vendetta relève du passé, l’inconscient collectif insulaire reste hanté par ces sinistres pratiques ; et le passage à l’acte homicide, quelle qu’en soit la motivation, est sans doute facilité par ces «fonds d’écran traditionnels » qui habitent chacun d’entre nous.
Mais il est d’autres explications qui ne doivent rien à la tradition et n’ont aucune dimension honorable (si tant est qu’ôter la vie à son prochain puisse être honorable). D’abord, la montée en puissance du crime organisé favorise la multiplication des assassinats. Ensuite, il est évident qu’un Etat qui se lave les mains laisse le champ libre aux « outlaws » (Hors la loi) et au pouvoir des armes.
Une société malade
Chacune et chacun d’entre nous a tout à craindre de la situation actuelle et des évolutions qu’elle laisse présager. 200 homicides en 30 ans, au sein d’une micro société comme la nôtre, cela laisse des blessures à vif. Le vivre ensemble ne peut qu’en être affecté. L’Ile de Beauté pourrait bien devenir l’île des fous. Il est plus que temps que les uns et les autres, et en premier lieu la classe politique, nous nous interrogions et cherchions tous ensemble des solutions. La porte de sortie n’est ni dans le déni, ni dans la condamnation de circonstance, ni dans l’énoncé incantatoire de principes moralistes. Elle s’annonce longue à trouver et suppose d’être disposé à administrer des remèdes de cheval à un corps social très malade.
Pierre Corsi
http://www.jdcorse.fr/JDC/article.php?article=556
SEPTEMBRE 2010
Née à Bastia en 1979, Vannina a quitté l’île après le bac, en quête d’ailleurs toujours renouvelés.
Pour "opérer une synthèse entre corsitude et désir du monde", elle a créé la revue transculturelle Fora! - La Corse vers le monde - en 2007.
Après plusieurs années d’enseignement à Paris et ailleurs, Vannina rentre en Corse et intègre l’Università di Corsica pour y porter le projet de Fondation universitaire.
Son objectif est de collecter de nouvelles ressources pour financer des projets et programmes d’action dans les domaines suivants:
- innovation et prospective
- attractivité internationale et promotion de l’identité universitaire
- transfert des savoirs et compétences vers le territoire insulaire.
On retrouvera également Vannina sur Via Stella pour MCSP avec Marina Raibaldi.
Face à un événement d’actualité qui défraie la chronique de façon aussi spectaculaire qu’inédite, on dit communément que la réalité dépasse la fiction. C’est précisément ce qu’on s’est dit lorsque, abasourdis, nous avons appris le 5 mai 1999, qu’un préfet de la République était mis en examen puis envoyé en prison pour avoir commandité, auprès des gendarmes, l’incendie d’une paillote illégalement construite sur le littoral du golfe du Valinco.
Et bien, cette fois, la fiction rejoint la réalité, puisque cette affaire d’état (ce sont les mots employés devant la représentation nationale par le Premier ministre de l’époque Lionel Jospin) va être portée prochainement à l’écran par France Télévisions. Le tournage est même imminent et se déroulera, à cheval sur septembre-octobre, trois jours à Ajaccio pour se poursuivre dans les Alpes-Maritimes, du côté d’Antibes, Cannes et Nice. Ceux qui, comme nous et tous les Corses, ont vécu au jour le jour les rebondissements vaudevillesques de cette grosse farce politico-préfectorale, ont hâte de voir ça !
Christophe Malavoy en tête de générique
Les premières scènes seront tournées d’ici une petite dizaine de jours à Ajaccio, en extérieur, mais aussi en intérieur dans les jardins de l’hôtel de région et au cœur de l’hémicycle de l’assemblée de Corse. Sollicitée par la production, la collectivité territoriale a donné son autorisation, mais elle n’interviendra pas sur un plan financier. L’essentiel du tournage aura lieu sur la Côte d’Azur, un territoire marin jalonné de mille et une paillotes...
C’est un comédien talentueux qui a été pressenti pour interpréter le rôle principal, celui de Bernard Bonnet. Christophe Malavoy, reconverti avec succès dans la réalisation et la littérature, s’est fait plutôt rare à l’écran ces dernières années, mais il s’est particulièrement distingué dans des rôles de composition pour le petit écran, comme celui, assez récent, de Guillaume Seznec. Au niveau du jeu, c’est un acteur qui fait des étincelles... avec ou sans briquet. Plusieurs comédiens insulaires seront également au générique pour des apparitions secondaires voire pour de la figuration. En revanche, Éric Fraticelli tiendra un rôle plus important, celui de Gérard Pardini, le directeur de cabinet du préfet.
Le film aura pour titre Mission sacrée. Il faut dire que ranimer la flamme d’une affaire qui a connu un retentissement médiatique phénoménal, c’est une sacrée mission.
Publié sur corsematin.com (http://www.corsematin.com)
JUILLET 2010
La cour d’appel de Paris a rejeté la demande de remise en liberté d’Yvan Colonna,
Il restera donc en détention dans l’attente de son troisième procès, qui doit se tenir en principe du 2 mai au 1er juillet 2011 à Paris, selon des dates encore provisoires.
Ses avocats, qui proposaient qu’il sorte de prison en liberté surveillée, avec assignation à résidence et bracelet électronique, ont déploré le rejet de la demande de libération mais annoncé qu’ils allaient demander un complément d’information, et notamment une reconstitution à Ajaccio, avant le troisième procès.
Me Pascal Garbarini estime que la justice est sous pression du pouvoir politique. L’avocat a déclaré qu’il entendait saisir le président de la cour d’assises, qui n’est pas encore désigné, d’une demande de complément d’information. Le président peut légalement y procéder avant l’audience en saisissant un service de police.
"Il est certain que le troisième procès Colonna ne débutera pas avec comme socle le dossier d’instruction tel qu’il a été présenté aux deux juridictions précédentes", a dit Me Garbarini.
Sera demandée une reconstitution sur les lieux avec Yvan Colonna et les cinq hommes déjà condamnés définitivement pour leur participation au crime, a précisé l’avocat.
Me Garbarini souhaite aussi une expertise balistique et un examen comparatif entre ses conclusions et les constatations médico-légales sur le corps du préfet.
JUIN 2010
MAI 2010
Les réquisitions concernant les soutiens présumés à Yvan Colonna sont tombées en fin d’après-midi hier (jeudi). Le procureur, Alexandre Plantevin, a ainsi requis une peine de 4 ans de prison avec sursis et 5 ans de privation de droits civiques à l’encontre de Patrizia Gattaceca. Même demande formulée à l’encontre d’André Colonna d’Istria. Il a en outre requis une peine plus forte - 5 ans avec sursis et privation des droits civiques - contre Marc Simeoni. Enfin, dix-huit mois de prison avec sursis ont aussi été réclamés contre Frédéric Paoli et 8 mois avec sursis à l’encontre de Claude Serreri. Deux ans ferme ont par ailleurs été requis contre Yvan Colonna, pour avoir détenu des armes lors de son arrestation.
C’est à l’initiative de son ami, le musicien Henry Padovani, co-fondateur du groupe Police, que la chanteuse a pu se produire, hier soir, au Réservoir à Paris.
La chanteuse Patrizia Gattaceca s’est offert hier soir, une petite pause musicale, avant la reprise du procès devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Avec quatre autres personnes, elle comparaît en effet depuis mercredi dernier, pour « recel de malfaiteur » et « association de malfaiteurs ».
Quelques heures avant de monter sur la scène du Réservoir, une petite salle du 11e arrondissement, Patrizia Gattaceca ne cachait pas son émotion. « C’est un moment très important pour moi, car il ne m’était pas permis de quitter l’île pour jouer sur le Continent ». Depuis sa mise en examen en 2007, dans ce dossier, elle est en effet assignée à résidence en Corse.
Alors cette belle initiative, elle la doit à son ami Henry Padovani, co-fondateur du groupe Police. Le guitariste qui s’est produit la semaine dernière lors du Festival de Cannes où un documentaire lui était consacré, a participé au nouvel opus de la chanteuse, Meziornu. « Nous avons travaillé ensemble et il joue sur deux morceaux de l’album. J’ai été très heureuse qu’il me propose d’organiser ce concert. C’est pour moi l’occasion de retrouver la scène parisienne et mon public. Cela me fait chaud au coeur. J’aime beaucoup le Réservoir, c’est une salle décorée dans l’esprit rock et baroque. Elle n’est pas très grande mais l’ambiance y est très conviviale ». L’artiste a préparé son set avec Patrick Mattei et Jean-Bernard Rongiconi, ainsi qu’un ingénieur du son du Réservoir.
Parmi les quelque 300 spectateurs qui ont assisté au concert d’hier soir, se trouvaient de nombreux amis de Patrizia Gattaceca qui vivent à Paris mais aussi des insulaires ayant fait le déplacement spécialement pour l’occasion.
« Un véritable choc des cultures »
Une pause musicale donc avant la reprise du procès et des débats menés par la présidente de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Jacqueline Audax. Une première semaine d’audiences qui laisse la chanteuse âgée de 52 ans pour le moins troublée : « On a l’impression d’être confronté à un véritable choc des cultures. Il n’est pas facile d’exprimer une idée, puisque les magistrats sont uniquement focalisés sur les détails du dossier. Quand on est nationaliste, on est automatiquement assimilés à des terroristes et je trouve cela choquant ».
L’audition de Patrizia Gattaceca interviendra mercredi. Une échéance
qu’elle dit ne pas appréhender plus que cela : « C’est vrai, c’est une
épreuve difficile et il faut la surmonter. J’ai l’intention de rester
sur mes positions, celles que j’ai toujours défendues depuis le début.
Je ne me fais pas d’illusion cependant, je sais bien qu’on me
questionnera davantage sur des détails que sur ma philosophie et les
raisons qui m’ont amenée à agir comme je l’ai fait ».
Sandra Carlotti pour Corse Matin, 24 mai 2010
AVRIL 2010
à l’origine, il y avait l’envie de jeunes gens que les hasards de leurs études littéraires avaient éloignés de l’île. Ils voulaient faire quelque chose pour la terre de leurs ancêtres, mais, par-dessus tout, désiraient se prouver à eux-mêmes que, par leurs travaux, leurs connaissances, leurs centres d’intérêt, ils appartenaient bien à cette informelle famille, qu’ils idéalisaient : les vrais Corses de Corse. Il est probablement réducteur d’ainsi résumer leur projet. Mais cette formulation contient une part des mobiles de leur belle entreprise.
Les
revues Fora ! et Stantari vous invitent au Spaziu à L’Ile-Rousse le 12
février
Vendredi 12 février 2010, à 17h30
au Spaziu (place de l’Hôtel de ville, L’Ile-Rousse)
Equipes de rédaction et contributeurs communs seront au rendez-vous
pour vous présenter les nouveaux numéros et vous inviter à débattre des
enjeux de la vulgarisation scientifique en Corse, qu’il s’agisse de
sciences sociales ou de sciences naturelles.
Avec : Marie-Jean Vinciguerra (inspecteur général honoraire de
l’éducation nationale)
élisabeth Pereira (maître de conférences à l’université de Corse)
Sylvain Gregori (musée de Bastia et association Sintinelle)
La rencontre se poursuivra par un spuntinu et par la projection d’un
documentaire de Marie-Jeanne Tomasi L’ami anglais, une réflexion sur la
corsitude à partir de la rencontre entre James Boswell et Pascal Paoli.
Plus de renseignements sur www.revue-fora.org et www.stantari.net
Evénément organisé en partenariat avec la Cinémathèque de Corse
DECEMBRE 2010
23 décembre
(Corse Matin du dimanche 26 décembre 2010)
Le dernier ouvrage de Philippe Pesteil met en lumière des travaux liant les écrits de Corse-Matin à l'expression la plus représentative dès lors qu'il est question du territoire.
JEANNOT FILIPPI
C'est d'abord un livre de chercheur qui parle au chercheur, mais aussi un travail original sur le territoire corse tel qu'il est vécu, pensé et exprimé. Pour ce faire, l'anthropologue Philippe Pesteil, maître de conférences à l'Université de Corse, a privilégié un élément de base : l'emploi de la métaphore « au coeur de » dans les articles de Corse-Matin, sur les parutions de 1996 et 2006.
À l'arrivée, une évidence, « l'expression d'un espace largement investi par l'émotion ».
Quand on lit votre livre, on se rend compte que vous l'avez vraiment écrit en chercheur ?
Savoir à qui on s'adresse, c'est toujours la grande question. Il faut dire que c'est un livre que j'ai achevé il y a déjà un an et demi. J'ai décidé ensuite de le relire, c'est là que j'ai pris conscience que la personne qui allait l'acheter allait me trouver un peu trop technique, ardu. C'est vrai que c'est d'abord l'écriture d'un anthropologue, qui plus est celui qui croise anthropologie et sociologie pour aller au fond des choses.
Comment vous êtes-vous lancé dans une démarche aussi originale ?
À la base, il y a une volonté de travailler sur l'identité, pour savoir comment elle s'enracinait dans le discours et dans le territoire. Je n'ai pas pour autant tenu à travailler sur un matériau militant, mais plutôt sur ce que tout le monde avait en main et qui, en ce sens, pouvait créer du lien social. J'ai pensé à votre journal.
La métaphore « au coeur de » vous a donc semblé la plus à même de révéler la vraie tendance ?
Pour ce faire, j'ai exclu tout ce qui est... au coeur du temps, pour conserver la dimension du centre. Mais j'ai d'abord voulu savoir pourquoi et comment Corse-Matin utilisait « au coeur de », jusqu'à observer dans un premier temps que l'expression était privilégiée dans les titres et les légendes photo. Je me suis dit qu'il devait y avoir quelque chose derrière tout ça et en fait, il s'agit de l'élément clé d'un triptyque émotion-identité-territoire.
Comment avez-vous travaillé, précisément ?
J'ai relevé, sur les parutions de 1996 et 2006, un corpus de 80 éléments, dont une cinquantaine en 2006. J'ai distingué quelques catégories, notamment celle du village dans laquelle on retrouve souvent « au coeur de ». On est vraiment dans l'émotion, mais j'observe aussi que le journaliste parle souvent de la ville comme du village, en écrivant, par exemple, « au coeur d'un quartier ». Il n'y a rien de surprenant, les Corses ne constituent-ils pas un peuple de villageois qui vit en ville. J'ai trouvé, en fait, très intéressant de lire un article après avoir repéré « au coeur de » dans un titre et dans une légende, pour constater à quel point l'émotion prenait une dimension considérable dans l'évocation du territoire.
Doit-on considérer, dès lors, que Corse-Matin est porteur de quelque chose en terme d'identité ?
Mon hypothèse, c'est oui. Je vais même jusqu'à voir votre journal comme une personne morale représentative de ce que le lecteur peut lire. Il est critiquable, critiqué, mais tout le monde le lit. Aujourd'hui, ne pas lire « Corse-Matin » dans cette île, c'est se mettre dans une situation de marginalité. D'abord parce qu'on ne va pas savoir qui féliciter après une distinction, ni à qui présenter des condoléances. Mais au-delà, on se rend compte à la lumière de ces travaux, que le journal parle de choses fondamentales.
« L'émotion identitaire en Corse, un territoire au coeur », Philippe Pesteil, édition L'Harmattan, collection SocioAnthropologie, 24 euros.
24 décembre
23 décembre
22 décembre
21 décembre
1er décembre
NOVEMBRE 2010
21 novembreStéphane Casalta représentera la Corse samedi soir a Lorient (FRANCE) lors de la finale du concours de la chanson en langue minoritaire.
Le vote du public est important
Vous pouvez écouter le spectacle et voter!!
Lien :
http://www.liet.nl/internationaal
15 novembre
La présence de Pierre Ghionga au sein du conseil exécutif territorial n'y est sans doute pas étrangère, encore moins ses responsabilités à la tête du service langue corse de la collectivité territoriale. Quoi qu'il en soit, ce service se développe et installe un nouvel outil à Corte : l'ancien tribunal d'instance, chassé depuis bientôt un an par le vent de la réforme, se prépare à devenir l'antre du développement et de la promotion de la langue corse.
« La langue corse, c'est ma passion, et je me suis attelé très volontiers à cette mission qui m'a été confiée. En arrivant, j'ai trouvé un très bon plan voté au profit de la langue, lequel malheureusement, n'était pas vraiment mis en application ».
Ce plan qui prend en compte un volet éducatif, en collaboration avec le rectorat, et un volet sociétal, pour favoriser l'usage de la langue à tous les niveaux de la société, va donc disposer de son antenne cortenaise. « Pour travailler au développement de la langue, confirme Pierre Ghionga. Quatre personnels y seront affectés : deux cadres A, un cadre B et un personnel chargé du secrétariat ».Un conseil scientifique dans l'ancienne salle d'audience
Pour installer l'outil, il fallait donc des locaux, et la CTC est entrée en négociation avec les services du ministère de la Justice, toujours propriétaire des 350 m2. Pierre Ghionga espère que la vente pourra se conclure d'ici la fin de l'année, pour un montant de 399 000 euros. Telle est l'offre de l'institution territoriale après estimation.
« Nous pourrons utiliser les locaux en l'état, considère le conseiller exécutif. Seuls quelques travaux de mise aux normes seront nécessaires ». L'ancienne salle d'audience ne ferait pas l'objet d'un aménagement particulier. « Nous la garderons pour en faire la salle de réunion du conseil scientifique de la langue corse. J'espère même que certaines réunions décentralisées de la collectivité territoriale s'y tiendront. Mon rêve : une session de l'assemblée de Corse, ose Pierre Ghionga, mais j'ignore si on peut y faire siéger confortablement 51 conseillers ».
Une chose semble certaine, en tout cas, le vieux tribunal va continuer à exister... autrement. « Au-delà de l'importance du service qui va s'y installer, l'occupation de ces locaux par la collectivité revêt aussi une dimension symbolique. Honnêtement, ça m'aurait fait mal au coeur de les savoir vendus pour les transformer en logements », conclut Pierre Ghionga.
Corse Matin du 15 novembre 2010 - Noël Kruslin
12 novembre
Un programme immobilier est l'objet de vives critiques. Un collectif contre la spéculation vient de se créer à Calvi.
Faut-il faire payer les riches pour pouvoir loger les autres ? C’est la question que pose Alex Bertocchini de radio Alta Frequenza :
"
Rappelons que mercredi s’est créé à Calvi un collectif contre la spéculation en réponse au projet de construction de résidence de luxe dans la Pinède de Calvi par la société SEMEXVAL qui est en charge également de la construction de logements sociaux toujours sur cette commune. Rappelons également qu’Ange Santini le maire de Calvi avait donné sur ce point une conférence de presse il y a plusieurs semaines pour expliquer la démarche qui, à son sens recouvre une certaine viabilité économique. Apparemment beaucoup en Corse n’ont pas le même sens des réalités et sûrement pas sur la question du foncier."
Une pétition lancée par le collectif circule actuellement sur le net :
NON A LA PRIVATISATION DE LA PINEDE ET DE NOS ESPACES NATURELS
COLLECTIFS !
NON AU CHANTAGE DES PROMOTEURS ET DE LEURS ALLIES !
OUI AU DROIT AU LOGEMENT !
La filiale corse de la société SEMEXVAL, à grand renfort d’encarts publicitaires, fait depuis de longs mois la promotion d’une juteuse opération immobilière « Les rivages de Calvi », exclusivement destinée à une riche clientèle de touristes étrangers, seuls à même de s’offrir des villégiatures entre 5 et 8000 euros le mètre carré.
Située au lieu dit Oasis, rond point du Casino dans un site inscrit, patrimoine naturel et propriété collective de l’ensemble des Calvais, ce projet purement spéculatif ne sert que des intérêts particuliers et contribue à accélérer la destruction programmée de la pinède.
Nombreux sont ceux qui se dressent contre cet énième projet à caractère spéculatif qui profite à une minorité prédatrice.
Face à la montée de cette opposition, les promoteurs et la majorité municipale accusent les défenseurs de la terre corse de tous les maux. Un chantage aussi inacceptable que scandaleux consiste à mettre en balance la réalisation de cette opération spéculative avec un plan de construction de logements à caractère social. En d’autres termes, soit les promoteurs ont les mains libres, soit les Calvais peuvent dire adieu à leur logement !
Nous appelons toutes celles et ceux qui refusent la mise en coupe réglée de leur ville et la généralisation de telles pratiques à signer la pétition sur www.la-cave.org
On ne mesure pas bien combien le prétexte de la lutte - légitime - contre le terrorisme est un moyen d'étrangler peu à peu les libertés individuelles et, en fin de compte, la démocratie. C'est pourquoi l'action des cinq avocats d'Yvan Colonna dépasse de très loin la défense d'un homme. Ce sont nos droits fondamentaux qui sont en cause. Si Yvan Colonna était définitivement condamné ce serait une maille de plus des conquêtes de la République qui aurait filé.
Roland Laurette (03/11/2010)
Le RESF Corsica (Réseau éducation sans frontière) se félicite que l’assemblée de Corse ait adopté, vendredi soir une motion en faveur des élèves sans papiers et leur famille. Le RESF Corsica (Réseau éducation sans frontière) se félicite que l’assemblée de Corse ait adopté, vendredi soir une motion en faveur des élèves sans papiers et leur famille.
Dans ce texte, porté au vote par le président Dominique Bucchini, et adopté par l’ensemble des groupes (UMP excepté) l’assemblée : « – Déclare la Corse « terre sans expulsion », – se déclare solidaire dans les démarches de reconnaissance de la place des immigrés, y compris les sans-papiers, dans la société insulaire, – s’oppose aux expulsions de jeunes majeur(e) s et de familles dont les enfants sont scolarisés, en les plaçant sous sa protection afin d’obtenir la régularisation et leur permettre la poursuite de leurs études, – s’engage à exprimer sa solidarité au sein des établissements scolaires en vue d’obtenir leur régularisation, le cas échéant, et affirme que ses représentants prolongeront cette démarche dans les conseils d’administration où ils siègent, – assure que les élèves menacés d’expulsion et/ou leurs parents obtiendront son parrainage pour les accompagner dans leurs démarches de régularisation ».
La Corse devient après l’Aquitaine et l’Ile de France et avant la région Centre, prochainement), la troisième région à s’inscrire dans une vaste démarche menée par le Réseau Education Sans Frontière, « pour faire adopter, dans toutes les régions ce nouvel outil offensif de défense des sans papiers ».
(03/11/2010)
par Pierre Corsi (Journal de la Corse)
Chez nous, sur fond de silence, de peur, d'impuissance et d'indifférence, assassiner son prochain est redevenu un mode usuel de régulation des conflits. Depuis les années 1980, au moins 200 habitants de l'île ont été les victimes d'assassinats perpétrés par des groupes armés. Les uns l'ont été dans le cadre d'affrontements sans merci ayant opposé des factions nationalistes. Les autres ont été les victimes de différends mettant aux prises des bandes a priori liées au grand banditisme. Certains ont fait les frais de représailles ou de méprises collatérales, ou tout simplement de l'envie d'éliminer un prochain jugé gênant. Le dernier en date de tous ces assassinats a été celui d'Antoine Nivaggioni. Dans quelle catégorie classer ce nouveau crime ? Il revient aux enquêteurs et à la justice de le préciser et d'étayer par des preuves irréfutables leurs conclusions.
Paris reste de marbre
Confronté à cette situation qui fait souvent assimiler la Corse au Sud de l'Italie, l'homme de la rue constate et se tait, même s'il ressent du dégoût, de l'angoisse ou de la peur. En revanche, le café du commerce et certains médias locaux s'en donnent à cour joie. Ils claironnent des mobiles de meurtres passés, présents ou futurs. Ils prédisent que tel ou tel crime ne sera pas le dernier. Ils lâchent même les noms de cibles potentielles ou de commanditaires présumés. Quant à l'autorité publique, elle compte les coups ou gesticule comme le fait la JIRS de Marseille (Juridiction interrégionale spécialisée), mais apparaît incapable de faire cesser le massacre. Il semble même qu'elle soit touchée par le fatalisme. En effet, commentant les circonstances de l'assassinat d'Antoine Nivaggioni, un représentant de l'Etat a déclaré : « Il s'agit d'un schéma classique du mode opératoire pour les règlements de comptes ». Il convient d'ajouter que les 30 ans insulaires de plomb et de sang n'émeuvent guère le reste de la France et le pouvoir central. L'opinion publique continentale a d'autres chats à fouetter. De plus, elle considère que se venger et s'entretuer sont des traits de l'identité corse. Les grands médias nationaux s'en tiennent la plupart du temps à relayer les informations distillées par certains avocats, magistrats ou policiers. Il advient aussi que faisant fi de toute déontologie, des journalistes se laissent aller à évoquer des « sources sûres » qui ne sont en réalité que des émetteurs de « poussettes ». Quant à l'Etat, il est aux abonnés absents. A l'Elysée, Place Beauvau ou Place Vendôme, le sang qui coule dans les rues d'Ajaccio ou de Bastia n'est pas considéré comme un problème à traiter prioritairement. Le seul homicide qui ait provoqué une véritable réaction a été celui du préfet Claude Erignac. Que l'on meure de mort violente en Corse, laisse Paris de marbre.
Mode usuel de règlement des conflits
Il faut également souligner que chez nous, sur fond de silence, de peur, d'impuissance et d'indifférence, assassiner son prochain est redevenu un mode usuel de régulation des conflits. Certains y verront la continuité d'une tradition multiséculaire marquée par le « crime d'honneur » et la vendetta. Ils n'ont pas totalement tort. Même si l'on ne tue plus pour sauvegarder la réputation de sa famille et si la vendetta relève du passé, l'inconscient collectif insulaire reste hanté par ces sinistres pratiques ; et le passage à l'acte homicide, quelle qu'en soit la motivation, est sans doute facilité par ces «fonds d'écran traditionnels » qui habitent chacun d'entre nous.
Mais il est d'autres explications qui ne doivent rien à la tradition et n'ont aucune dimension honorable (si tant est qu'ôter la vie à son prochain puisse être honorable). D'abord, la montée en puissance du crime organisé favorise la multiplication des assassinats. Ensuite, il est évident qu'un Etat qui se lave les mains laisse le champ libre aux « outlaws » (Hors la loi) et au pouvoir des armes.
Une société malade
Chacune et chacun d'entre nous a tout à craindre de la situation actuelle et des évolutions qu'elle laisse présager. 200 homicides en 30 ans, au sein d'une micro société comme la nôtre, cela laisse des blessures à vif. Le vivre ensemble ne peut qu'en être affecté. L'Ile de Beauté pourrait bien devenir l'île des fous. Il est plus que temps que les uns et les autres, et en premier lieu la classe politique, nous nous interrogions et cherchions tous ensemble des solutions. La porte de sortie n'est ni dans le déni, ni dans la condamnation de circonstance, ni dans l'énoncé incantatoire de principes moralistes. Elle s'annonce longue à trouver et suppose d'être disposé à administrer des remèdes de cheval à un corps social très malade.
Pierre Corsi
http://www.jdcorse.fr/JDC/article.php?article=556
SEPTEMBRE 2010
Née à Bastia en 1979, Vannina a quitté l'île après le bac, en quête d'ailleurs toujours renouvelés.
Pour "opérer une synthèse entre corsitude et désir du monde", elle a créé la revue transculturelle Fora! - La Corse vers le monde - en 2007.
Après plusieurs années d'enseignement à Paris et ailleurs, Vannina rentre en Corse et intègre l'Università di Corsica pour y porter le projet de Fondation universitaire.
Son objectif est de collecter de nouvelles ressources pour financer des projets et programmes d'action dans les domaines suivants:
- innovation et prospective
- attractivité internationale et promotion de l'identité universitaire
- transfert des savoirs et compétences vers le territoire insulaire.
On retrouvera également Vannina sur Via Stella pour MCSP avec Marina Raibaldi.
Face à un événement d’actualité qui défraie la chronique de façon aussi spectaculaire qu’inédite, on dit communément que la réalité dépasse la fiction. C’est précisément ce qu’on s’est dit lorsque, abasourdis, nous avons appris le 5 mai 1999, qu’un préfet de la République était mis en examen puis envoyé en prison pour avoir commandité, auprès des gendarmes, l’incendie d’une paillote illégalement construite sur le littoral du golfe du Valinco.
Et bien, cette fois, la fiction rejoint la réalité, puisque cette affaire d’état (ce sont les mots employés devant la représentation nationale par le Premier ministre de l’époque Lionel Jospin) va être portée prochainement à l’écran par France Télévisions. Le tournage est même imminent et se déroulera, à cheval sur septembre-octobre, trois jours à Ajaccio pour se poursuivre dans les Alpes-Maritimes, du côté d’Antibes, Cannes et Nice. Ceux qui, comme nous et tous les Corses, ont vécu au jour le jour les rebondissements vaudevillesques de cette grosse farce politico-préfectorale, ont hâte de voir ça !
Christophe Malavoy en tête de générique
Les premières scènes seront tournées d’ici une petite dizaine de jours à Ajaccio, en extérieur, mais aussi en intérieur dans les jardins de l’hôtel de région et au cœur de l’hémicycle de l’assemblée de Corse. Sollicitée par la production, la collectivité territoriale a donné son autorisation, mais elle n’interviendra pas sur un plan financier. L’essentiel du tournage aura lieu sur la Côte d’Azur, un territoire marin jalonné de mille et une paillotes...
C’est un comédien talentueux qui a été pressenti pour interpréter le rôle principal, celui de Bernard Bonnet. Christophe Malavoy, reconverti avec succès dans la réalisation et la littérature, s’est fait plutôt rare à l’écran ces dernières années, mais il s’est particulièrement distingué dans des rôles de composition pour le petit écran, comme celui, assez récent, de Guillaume Seznec. Au niveau du jeu, c’est un acteur qui fait des étincelles... avec ou sans briquet. Plusieurs comédiens insulaires seront également au générique pour des apparitions secondaires voire pour de la figuration. En revanche, Éric Fraticelli tiendra un rôle plus important, celui de Gérard Pardini, le directeur de cabinet du préfet.
Le film aura pour titre Mission sacrée. Il faut dire que ranimer la flamme d’une affaire qui a connu un retentissement médiatique phénoménal, c’est une sacrée mission.
Publié sur corsematin.com (http://www.corsematin.com)
JUILLET 2010
La cour d'appel de Paris a rejeté la demande de remise en liberté d'Yvan Colonna,
Il restera donc en détention dans l'attente de son troisième procès, qui doit se tenir en principe du 2 mai au 1er juillet 2011 à Paris, selon des dates encore provisoires.
Ses avocats, qui proposaient qu'il sorte de prison en liberté surveillée, avec assignation à résidence et bracelet électronique, ont déploré le rejet de la demande de libération mais annoncé qu'ils allaient demander un complément d'information, et notamment une reconstitution à Ajaccio, avant le troisième procès.
Me Pascal Garbarini estime que la justice est sous pression du pouvoir politique. L'avocat a déclaré qu'il entendait saisir le président de la cour d'assises, qui n'est pas encore désigné, d'une demande de complément d'information. Le président peut légalement y procéder avant l'audience en saisissant un service de police.
"Il est certain que le troisième procès Colonna ne débutera pas avec comme socle le dossier d'instruction tel qu'il a été présenté aux deux juridictions précédentes", a dit Me Garbarini.
Sera demandée une reconstitution sur les lieux avec Yvan Colonna et les cinq hommes déjà condamnés définitivement pour leur participation au crime, a précisé l'avocat.
Me Garbarini souhaite aussi une expertise balistique et un examen comparatif entre ses conclusions et les constatations médico-légales sur le corps du préfet.
JUIN 2010
MAI 2010
Les réquisitions concernant les soutiens présumés à Yvan Colonna sont tombées en fin d’après-midi hier (jeudi). Le procureur, Alexandre Plantevin, a ainsi requis une peine de 4 ans de prison avec sursis et 5 ans de privation de droits civiques à l’encontre de Patrizia Gattaceca. Même demande formulée à l’encontre d’André Colonna d'Istria. Il a en outre requis une peine plus forte - 5 ans avec sursis et privation des droits civiques - contre Marc Simeoni. Enfin, dix-huit mois de prison avec sursis ont aussi été réclamés contre Frédéric Paoli et 8 mois avec sursis à l'encontre de Claude Serreri. Deux ans ferme ont par ailleurs été requis contre Yvan Colonna, pour avoir détenu des armes lors de son arrestation.
C'est à l'initiative de son ami, le musicien Henry Padovani, co-fondateur du groupe Police, que la chanteuse a pu se produire, hier soir, au Réservoir à Paris.
La chanteuse Patrizia Gattaceca s'est offert hier soir, une petite pause musicale, avant la reprise du procès devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Avec quatre autres personnes, elle comparaît en effet depuis mercredi dernier, pour « recel de malfaiteur » et « association de malfaiteurs ».
Quelques heures avant de monter sur la scène du Réservoir, une petite salle du 11e arrondissement, Patrizia Gattaceca ne cachait pas son émotion. « C'est un moment très important pour moi, car il ne m'était pas permis de quitter l'île pour jouer sur le Continent ». Depuis sa mise en examen en 2007, dans ce dossier, elle est en effet assignée à résidence en Corse.
Alors cette belle initiative, elle la doit à son ami Henry Padovani, co-fondateur du groupe Police. Le guitariste qui s'est produit la semaine dernière lors du Festival de Cannes où un documentaire lui était consacré, a participé au nouvel opus de la chanteuse, Meziornu. « Nous avons travaillé ensemble et il joue sur deux morceaux de l'album. J'ai été très heureuse qu'il me propose d'organiser ce concert. C'est pour moi l'occasion de retrouver la scène parisienne et mon public. Cela me fait chaud au coeur. J'aime beaucoup le Réservoir, c'est une salle décorée dans l'esprit rock et baroque. Elle n'est pas très grande mais l'ambiance y est très conviviale ». L'artiste a préparé son set avec Patrick Mattei et Jean-Bernard Rongiconi, ainsi qu'un ingénieur du son du Réservoir.
Parmi les quelque 300 spectateurs qui ont assisté au concert d'hier soir, se trouvaient de nombreux amis de Patrizia Gattaceca qui vivent à Paris mais aussi des insulaires ayant fait le déplacement spécialement pour l'occasion.
« Un véritable choc des cultures »
Une pause musicale donc avant la reprise du procès et des débats menés par la présidente de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Jacqueline Audax. Une première semaine d'audiences qui laisse la chanteuse âgée de 52 ans pour le moins troublée : « On a l'impression d'être confronté à un véritable choc des cultures. Il n'est pas facile d'exprimer une idée, puisque les magistrats sont uniquement focalisés sur les détails du dossier. Quand on est nationaliste, on est automatiquement assimilés à des terroristes et je trouve cela choquant ».
L'audition de Patrizia Gattaceca interviendra mercredi. Une échéance
qu'elle dit ne pas appréhender plus que cela : « C'est vrai, c'est une
épreuve difficile et il faut la surmonter. J'ai l'intention de rester
sur mes positions, celles que j'ai toujours défendues depuis le début.
Je ne me fais pas d'illusion cependant, je sais bien qu'on me
questionnera davantage sur des détails que sur ma philosophie et les
raisons qui m'ont amenée à agir comme je l'ai fait ».
Sandra Carlotti pour Corse Matin, 24 mai 2010
AVRIL 2010
à l’origine, il y avait l’envie de jeunes gens que les hasards de leurs études littéraires avaient éloignés de l’île. Ils voulaient faire quelque chose pour la terre de leurs ancêtres, mais, par-dessus tout, désiraient se prouver à eux-mêmes que, par leurs travaux, leurs connaissances, leurs centres d’intérêt, ils appartenaient bien à cette informelle famille, qu’ils idéalisaient : les vrais Corses de Corse. Il est probablement réducteur d’ainsi résumer leur projet. Mais cette formulation contient une part des mobiles de leur belle entreprise.
Les
revues Fora ! et Stantari vous invitent au Spaziu à L'Ile-Rousse le 12
février
Vendredi 12 février 2010, à 17h30
au Spaziu (place de l'Hôtel de ville, L'Ile-Rousse)
Equipes de rédaction et contributeurs communs seront au rendez-vous
pour vous présenter les nouveaux numéros et vous inviter à débattre des
enjeux de la vulgarisation scientifique en Corse, qu'il s'agisse de
sciences sociales ou de sciences naturelles.
Avec : Marie-Jean Vinciguerra (inspecteur général honoraire de
l'éducation nationale)
élisabeth Pereira (maître de conférences à l'université de Corse)
Sylvain Gregori (musée de Bastia et association Sintinelle)
La rencontre se poursuivra par un spuntinu et par la projection d'un
documentaire de Marie-Jeanne Tomasi L'ami anglais, une réflexion sur la
corsitude à partir de la rencontre entre James Boswell et Pascal Paoli.
Plus de renseignements sur www.revue-fora.org et www.stantari.net
Evénément organisé en partenariat avec la Cinémathèque de Corse
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