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Ce lundi 17 décembre, les obsèques d’Edmond Simeoni ont eu lieu à Lozzi. Le père fondateur du nationalisme corse s’est éteint vendredi 14 décembre à l’âge de 84 ans.
Par A.A / France 3 Corse ViaStella le 17/12/2018
Des centaines de personnes arrivées de toutes la Corse. Militants et anonymes se rassemblent sur le parvis del’église Saint-Jacques de Lozzi.
C’est dans ce village du Niolu que se sont tenues les obsèques d’Edmond Simeoni ce lundi 17 décembre. Le père fondateur du nationalisme corse s’est éteint vendredi à l’âge de 84 ans.
L'homme de paix
La cérémonie a commencé par une chanson « A paghjella di l'impiccati » interprétée par le groupe A Filetta. C’est Edmond Simeoni, lui-même, qui avait choisi ce chant à la portée politique.
Après l’histoire des pendus du Niolu, celle de ses bergers, avec une autre chanson du groupe : « A Muntagnera ». Edmond Simeoni avait demandé des funérailles religieuses, c’est l’évêque de Corse qui a dit la messe et rendu hommage à l’homme de paix.
Les enfants d’Edmond Simeoni, Marc et Gilles, se sont ensuite levés pour un discours plus personnel. Edmond Simeoni avait choisi la crémation. Elle aura lieu dans l’intimité familiale.
Personnalités
Parmi les anonymes, des personnalités politiques ont fait le déplacement. Le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni est venu pour un dernier hommage. Dans la foule, se trouve la préfète de Corse Josiane Chevalier avec Gérard Gavory, préfet de Haute-Corse.
Les militants de toujours comme Pierre Poggioli ou le député Jean-Félix Acquaviva qui accompagnent la famille du défunt. Les conseillers territoriaux de droite Camille de Rocca Serra et Jean-Martin Mondoloni sont aussi présents.
Le député Michel Castellani accueille Jean Lassalle, député et candidat à l’élection présidentielle pour qui l’engagement d’Edmond Simeoni dépasse la Corse. « Il a permis de franchir, dans ce monde déjà globalisé, où tout était contre nous, une des plus merveilleuses aventures de notre ère », livre-t-il.
Edmond Simeoni, à Lozzi pour l'éternité
par Jacques RENUCCI le Lundi 17 Décembre 2018
Une foule nombreuse et recueillie a accompagné la dépouille du père du nationalisme corse à son haut village du Niolu. Un dispositif routier spécial, avec système de navettes, avait été mis en place. La voie d'accès à Lozzi, et le village lui-même, n'étaient pas en mesure d’accueillir tous ceux qui avaient l'intention de se déplacer pour saluer une dernière fois celui qui fut, pour beaucoup, un père, un guide, ou tout simplement un ami. Avec recueillement et émotion.
(Photos Michel Luccioni)
« Je vais retourner en haut, comme les Indiens », avait, simplement, répondu Edmond Simeoni en parlant de sa mort. Là-haut, c'est son village natal de Lozzi où, pour l'accompagner à sa dernière demeure, s'y pressait, lundi matin, sous un froid glacial et une pluie battante, une foule dense, sous les parapluies et les drapeaux, les pieds dans la boue. Des centaines de personnes souvent arrivées dès l'aube, serrées comme pour mieux se soutenir dans l'épreuve. Des hommes et des femmes de tous âges, les compagnons de lutte de la première heure, des cheveux blancs, souvent trop émus pour parler, qui prouvent, par leur fidélité inébranlable, combien le combat d'Edmond s'est inscrit dans la durée, des jeunes, enfants d'Aleria, qui savent ce qu'ils lui doivent et mesurent les acquis actuels à l'aune de ses prises de position... La dépouille de la figure emblématique du nationalisme corse avait regagné sa terre ancestrale, la veille, et avait été placée, recouverte d'una bandera, dans l'allée centrale de l'église San Ghjacumu, au pied de l'autel, et veillée comme on le fait au Niolu.
I canti di a terra
C'est l'évêque de Corse, Mgr Olivier de Germay, assisté des pères Olivier Culioli, Christophe Boccheciampe, Jean-Simon Carlotti, Antoine Peretti et Roger Poggi, ainsi que des diacres François-Aimé Arrighi et Pierre-Jean Franceschi, qui a célébré la messe, initialement prévue entièrement in lingua nustrale, et, rendue, de fait, bilingue. Un dernier clin d'oeil à un homme qui, toute sa vie, a tendu la main vers l'autre, quelque soit cet autre. Comme Edmond Simeoni l'avait demandé, en ouverture de la messe, A Filetta a interprété deux chants qui illustrent symboliquement son parcours : A paghjella di l'impiccati, le chant des pendus du Niolu de 1774, révoltés et victimes d'une répression impitoyable, et A Muntagnera, la voix des transhumances, du Filosorma, de ceux qui connaissent, sous les hautes cimes, la liberté des grands espaces. Deux chants interprétés dans un silence absolu, l'émotion affleurant sur les visages de la famille a gagné l'assemblée. La cérémonie est rythmée par les chants des acteurs culturels marquants du Riacquistu, de Canta des origines à Ghuvan-Santu Guelfucci, Alain Bernardini d'I Muvrini, Christian Andreani, prieur d'a cunfraternità di San Martinu in Patrimoniu....
Une homélie de l'espérance
Mgr de Germay le déclare : il a beaucoup échangé avec Edmond Simeoni, dont « la persévérance et l'abnégation forçaient le respect ». Il a vu en lui « un époux et un père, un médecin, un humaniste, un homme politique, un passionné, qui aimait la Corse et les Corses ». Il évoque « son combat pour la justice, ou plutôt contre l'injustice, son choix de la non-violence comme seule voie possible ». Une première homélie qui trouve son point d'orgue dans la prophétie de Simeon - Simeoni in lingua nustrale - extraite de l’évangile de Saint-Luc, lue par le diacre Pierre-Jean Franceschi. Simeon, averti par l'Esprit Saint qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu Jésus, le reconnaît lors de la présentation de l'enfant au Temple. Il dit, alors, « Maintenant, je peux mourir » ... Dans une seconde et longue homélie, le diacre développe, in lingua nustrale, l'homophonie : « Edmond Simeoni rejoint tous ses chers disparus sur un message d'espérance, celui d'un monde nouveau désormais accessible – par l'amour de sa terre, l'amour de sa famille, l'amour de l'humanité. A ses fils, il a transmis la vie, mais plus encore des valeurs de rectitude, comme lui-même se tient droit devant le Seigneur. Il a bien œuvré ici-bas, il peut partir avec la conscience du travail accompli ».
« A lotta, sempre a lotta »
Les chants corses retentissent, de nouveau, pour la communion. La messe se clôt sur la parole des deux fils du défunt : Marc et Gilles. Deux paroles fortes, le regard embué, la voix brisée par l'émotion, une émotion communicative. Dans le dernier salut à leur père, ils n'oublient pas d'avoir des mots tendres pour leur mère, Lucie, pour leurs oncles, Roland, qu'Edmond part rejoindre pour l'éternité, pour Max, assis, concentré à leurs côtés au pied de l'autel. Marc dit sa tristesse, quelque peu adoucie par la ferveur populaire. Il retrace l'enfance de son père à Lozzi, son espièglerie, sa vivacité et son âme forgée par un environnement magnifique, la passion de la nature poussant à la passion des hommes. En 1992, des gens demandaient à Edmond le sens de son engagement : « A lotta, a lotta, sempre a lotta », répondait-il. Pour Marc « ce ne serait pas lui rendre justice de le résumer à cela. » Il décrit le père avant le militant, et l'humanisme d'« un médecin qui n'avait rien oublié de ses serments et respectait la vie humaine par dessus tout ». C'est pourquoi « on ne pouvait pas réduire son combat à un nombrilisme passéiste. » Pour preuve, « il croyait charnellement à la communauté de destin, il savait que la Corse fabriquerait toujours des Corses ». C'est en larmes qu'il conclut : « Notre père nous a expliqué que nous existions, que nous étions un peuple ». Les larmes de Marc gagnent son frère Gilles et l'assistance qui ne peut retenir son émotion.
« Un paese dà fà »
Gilles Simeoni monte, à son tour, au pupitre, et salue les connus ou inconnus, les « Corses de naissance ou de choix », les jeunes et vieux qui se retrouvent unis dans le même hommage. Son père sera porté à l'épaule vers l'ultime étape, mais son âme, à travers les taillis et les torrents de son enfance, « chevauche déjà sur ce vent que rien n'arrête, comme la liberté. » Lui aussi ne peut cacher sa profonde tristesse, mais elle se teinte d'une sorte d'apaisement mêlé de fierté. Car son père a initié « la naissance d'une nation presque éteinte, et cela avec la vie qu'il a choisie, voulue ». Ses derniers mots ont été pour ses compagnons de lutte. « Nos idées ont déjà gagné et notre pays se fera », a-t-il déclaré. Gilles Simeoni prend l'engagement de parfaire ce vœu : « Nous avons pu avoir des adversaires, mais nous n'avons que des amis, avec le même amour de cette terre ». Au moment « du dépouillement de la mort, de l'évidence et de l'essentiel », la voie morale tracée par son père se fait plus impérieuse. « Entre la nécessité absolue de la démocratie et le refus du reniement, le chemin qui a prévalu et qui prévaut, c'est celui de l'éthique et de l'amour ». Sur ses mots d'adieux en forme de promesse s'est élevé un vibrant Dio vi salve Regina immédiatement entonné par toute l'assistance. Avant que ne retentisse U Culombu repris dans le même choeur vivrant, Un culombu qui, une fois encore, « chiama di u so ribombu a santa libertà », cette « inéluctable liberté » dont parlait Edmond Simeoni et qu'il a incarnée et défendue toute sa vie.
(Photos Michel Luccioni)
Parmi les personnalités présentes, de nombreux maires et élus de tous bords politiques, ainsi que l'ex-sénateur Nicolas Alfonsi, les conseillers territoriaux Camille de Roca Serra, Jean-Martin Mondoloni, Jean-Charles Orsucci et Xavier Lacombe, l'ensemble du Conseil exécutif, le président de l'assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, les députés Jean Lassalle et François Pupponi, la préfète de Corse Josiane Chevalier, le préfet de Haute-Corse Gérard Gavory... et bien sûr, la famille nationaliste au grand complet.
Réactions d'acteurs du monde culturel corse lors des funérailles d'Edmond Simeoni
Disparition d’Edmond Simeoni : La Corse touchée au cœur
Source : CorseNetInfos - Rédigé par Jacques RENUCCI le Vendredi 14 Décembre 2018
La disparition d'Edmond Simeoni a suscité à travers l'île une émotion à la mesure de ce personnage emblématique de son histoire contemporaine.
(Crystal Pictures International Photo Agency)
Il est des absences auxquelles il est difficile de s'habituer. La multiplication des hommages venus de toute part l'atteste : avec Edmond Simeoni, le nationalisme corse perd une ses figures tutélaires, mais la Corse entière ressent aussi ce vide, à travers sa population et sa classe politique, dans ce que ce concept a de plus noble.
A la fois acteur et observateur lucide de la situation de l'île, son parcours épouse les convulsions de celle-ci. Edmond Simeoni a toujours défendu un projet global, à la fois démocratique, culturel et social, dont le préalable passait par un rééquilibrage entre le pouvoir central et les institutions insulaires. Porté par l'idéal d'un peuple corse rendu à la conscience de soi et, comme il l'écrivait, détenteur d'« un droit imprescriptible à la vie », il savait que le chemin serait difficile et semé d'embûches internes et externes.
Le « développement maîtrisé et mieux partagé » qu'il appelait de ses vœux, en y ajoutant un profond souci écologique, il a été presque condamné à en inventer la théorie, à la nourrir de son éloquence persuasive, à rechercher pour elle l'adhésion du plus grand nombre. Il l'a même élargie à la Corse de l'extérieur, cette diaspora qu'il voulait rapprocher de ses racines. S'il est vrai qu'on s'enrichit de ses différences, pensait-il, on peut aussi s'enrichir de ses ressemblances...
Depuis 1975, depuis les événements d'Aleria, la voie était étroite, de la violence alors ressentie comme nécessaire à la non-violence revendiquée d'aujourd'hui. Edmond Simeoni a évolué avec le nationalisme, même si le nationalisme n'a pas évolué en même temps que lui. Car il avait une lecture des contingences factuelles subtile et ouverte à l'anticipation, qui lui avait par exemple permis de mettre en garde – en vain – la lutte de libération nationale sur ses possibles déchirements.
Homme d'action, homme de parole, il savait quand il fallait les joindre ou au contraire les séparer, comme il savait que les convictions les mieux ancrées peuvent quelquefois être assorties de doutes. Il désirait prouver que vouloir une Corse heureuse, libérée de ses contraintes comme de ses démons, ne tient pas que de l'utopie, même si, au fil de l'histoire, le but en apparence proche devient soudain un but plus lointain...
Quelles qu'aient été les circonstances, Edmond Simeoni ne dissociait jamais le politique de l'humain ; il récusait la technocratie source d'indifférence comme la brutalité militante. Cela ne l'a pas empêché de mener le combat qui était le sien jusqu'au bout, sans faillir à ses engagements, sans céder à la tentation des compromissions possibles. Avec les années, on lui reconnaissait une image de sage : il est vrai qu'il menait une réflexion détachée des aléas du moment, libéré des mythes simplificateurs, pour aller à l'essentiel, comme s'il avait deviné que le temps lui était compté. Sa force de conviction lui venait de là ; même ceux qui étaient opposés à ses idées reconnaissaient combien l'échange avec lui était enrichissant et saluaient un homme de dialogue et de respect de l'autre.
Edmond Simeoni : Une vie au service des intérêts de la Corse
Figure du nationalisme corse, membre fondateur de l’Action Régionaliste Corse, meneur de l’occupation de la cave d’Aleria et élu de la première assemblée de Corse, Edmond Simeoni s’est éteint aujourd’hui (14 décembre) à l’âge de 84 ans. Militant engagé, Edmond Simeoni a consacré sa vie à la défense des intérêts de la Corse. Télé Paese l’avait rencontré en juillet dernier, à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’Association Corsica Diaspora qu’il avait créé en 2004.
Bastia : immense émotion suite au décès d’Edmond Simeoni
Ce samedi 15 décembre, une grande émotion a gagné la ville de Bastia. De nombreuses personnes se rendent à l'oratoire Saint-Roch pour saluer la mémoire d’Edmond Simeoni. Le père fondateur du nationalisme corse s’est éteint vendredi à l’âge de 84 ans.
Par France 3 Corse ViaStella Publié le 15/12/2018 à 11:00
Des centaines de personnes convergent vers l’oratoire Saint-Roch de Bastia ce samedi 15 décembre. À tel point que le bâtiment n’est pas assez grand pour tous les accueillir. C’est ici que la famille d’Edmond Simeoni, décédé vendredi à l’âge de 84 ans, reçoit les condoléances.
Anonymes comme visages insulaires connus affluent de toute la Corse pour saluer la mémoire du père fondateur du nationalisme corse.
Bougies
Cortège Edmond Simeoni Bastia 14-12
Equipe : Kael Serreri ; Marion Fiamma
La veille, lors de l'arrivée du cortège funéraire à Bastia, une petite foule s'était déjà regroupée sur le parvis de l'oratoire Saint-Roch. Spontanément, des anonymes ont déposé des bougies au pied du kiosque à musique de Bastia. Des portraits retraçant la vie d'Edmond Simeoni y ont été placés en hommage.
"On a perdu presque un père. C'est un monsieur qui a tellement fait pour la Corse, qui a été un des précurseurs de tout ce qu'on est aujourd'hui. Il est vrai que c'est difficile de voir partir un monsieur comme ça. On pense que ces gens-là ne meurent jamais", livre un homme.
"C'est quelqu'un qui va nous manquer à tous. Il était toujours de bons conseils et il fait partie de nous. Moi, très jeune, il m'a ouvert les yeux", témoigne un autre.
Edmond Simeoni consacra sa vie à défendre la Corse, du scandale des boues rouges, aux événements d’Aléria en août 1975, jusqu'à la victoire des nationalistes à la collectivité territoriale en 2015.
Edmond Simeoni a reçu samedi à Ajaccio le Coppieters Awards 2018, un prix qui récompense une personnalité pour son engagement en faveur de la culture de la paix et du droit à l'auto-détermination des peuples d'Europe.
Après Carme Forcadell, présidente de l’Assemblée Nationale Catalane en 2017, Edmond Simeoni a reçu samedi à Ajaccio le prix Coppieters.
Il vient récompenser un engagement politique, "ayant contribué à l’émancipation du peuple corse en même temps qu’à l’émergence du mouvement nationaliste", explique le bureau de la Fondation Coppieters ainsi que "son implication dans les relations tissées avec nos partenaires européens".
"Je pense que c'est un signe de reconnaissance qui dépasse ma personne", a réagi Edmond Simeoni. "Nous sommes des compagnons de route depuis des dizaines d'années tant avec les Catalans que les Flamands (…) et je n'oublie jamais tout ce qu'il reste à faire pour émanciper nos peuples respectifs."
Depuis la création de l'ARC et les évènements d'Aleria en 1975, mais aussi plus tard, comme sur les bancs de l'Assemblée de corse, Edmond Simeoni est l'incarnation du mouvement autonomiste, qui fait de lui une personnalité reconnue en Corse mais aussi en Europe.
Ce prix, du nom de Mauritz Coppieters, député européen flamand défenseur de la cause des peuples dans les années 80, est décerné aux personnalités politiques impliquées pour la diversité culturelle, l'auto-détermination, et la démocratie en Europe.
Le sentier de Caprunale
Une information qui aurait fait plaisir au regretté Dumè Flori...
Octobre 2018
« La causa dei popoli » : spécial Corse
La revue numérique italienne "La causa dei popoli" (La cause des peuples), consacrée aux peuples “minoritaires”, consacre la totalité de son nouveau numéro à la Corse. En voici le sommaire :
La revue peut être téléchargée en cliquant sur l'image ci-dessous :
Le directeur de cette revue est Alessandro Michelucci, journaliste/traducteur italien vivant à Florence. Amoureux de la Corse, il a travaillé plusieurs années pour le mensuel Corsica. Il a publié plusieurs articles sur la Corse dans la presse italienne dont un recueil a été publié par
l’Université de Corse sous le titre "Des îles, des lieux et des hommes, approche anthropologique des médias transfrontaliers: Alessandro Michelucci et la Corse". En outre il vient de traduire la BD "Pasquala Paoli, la leggenda" de Bertocchini et Rückstul, publiée récemment par les éditions Taphros à Olbia.
Pourquoi l'essence est-elle plus chère en Corse que sur le Continent?
Un collectif citoyen vient de se créer pour protester contre des prix inadaptés à la réalité sociale de la Corse. Dans sa ligne de mire, le quasi-monopole d'une entreprise dans le stockage et la distribution de carburant dans l'île.
Par France 3 Corse ViaStella
Publié le 17/10/2018
A l'heure de faire le plein de la voiture, tout le monde est d'accord : L'essence en Corse, "c'est trop cher"
Partout en France, le prix des carburants augmente. Mais en Corse, l'essence coûte plus cher qu'ailleurs : +13 centimes d'euros sur le sans plomb, +12 centimes d'euros sur le Gazole.
En théorie, l'essence devrait pourtant être moins chère. L'île bénéficie d'une TVA réduite sur le carburant (13% au lieu de 20). Pour comprendre le phénomène, il faut se pencher sur le circuit de l'essence en Corse.
Première étape, l'approvisionnement en matière première, dans les raffineries de Fos-sur-Mer. Le carburant est ensuite acheminé par bateau vers les centres de stockages de Lucciana et Ajaccio. Dernière étape, le transport du produit en camions vers les stations-services.
Le stockage de la matière première c'est le nerf de la guerre. Au dépôt pétrolier de Lucciana, transitent 193 000 tonnes de produit par an (chiffres DPLC), à Ajaccio, 103 000 tonnes.
Les deux dépôts appartiennent au même acteur, les Dépôts Pétroliers de la Corse dits DPLC
Depuis l'année dernière, une seule entreprise détient 75% des DLPC. C'est la société Rubis, spécialisée dans le stockage et la distribution de carburant via sa filiale Vito Corse.
Rubis est également leader de la distribution d'essence en Corse. Elle possède 64 des 129 stations-services de l'île.
Pour Frédéric Poletti, fondateur d'un collectif de citoyens, ce quasi-monopole pourrait en partie expliquer la cherté des carburants en Corse, une situation selon lui inacceptable dans la région la plus pauvre de France.
"Cette augmentation avec le continent qui ne cesse de croitre, à croire que la Corse devient de plus en plus île ou de plus en montagneuse, cette augmentation-là est de plus en plus importante depuis l'arrivée d'un nouvel acteur qui est Rubis", dénonce-t-il.
Chez Vito Corse, on se défend de se servir sur le dos des consommateurs. Pour Vincent Perfettini, directeur général, le coût du carburant s'explique par des contraintes économiques
"On est sur un territoire insulaire, il a effectivement des spécificités, il y a une rupture de charges qui est importante entre le surcoût maritime et les frais logistiques dédiés à ce territoire insulaire qui reste sur une petite consommation et qui explique une partie des surcoûts."
L'association a lancé une pétition et attend avec impatience les résultats d'une étude menée par l'inspection générale des finances durant l'été.
Une province d'Italie adopte son "statut de résident"
Le Trentino-Alto-Adige Sud Tyrol vient d'adopter son statut de résident. Pour mémoire, le Trentino-Alto-Adige est une Région italienne, donc soumise au droit de l'Union Européenne. Elle bénéficie d'un statut d'autonomie garanti par la Constitution.
Septembre 2018
Procès Fijait
F'estivales : une tournée estivale qui vire au fiasco et des artistes floués
Par N. A.--12 septembre 2018
Plusieurs artistes insulaires déplorent aujourd'hui un manque à gagner. Photo N.A.
Les F'estivales se sont arrêtées après seulement cinq dates. Si les organisateurs se justifient en parlant d'un public qui n'était pas au rendez-vous, les artistes eux pointent une mauvaise organisation et déplorent un manque à gagner
Le concept avait de quoi séduire. Promouvoir les jeunes talents locaux sur une tournée prévue initialement sur trente dates .
Les F'estivales sont mort-nées avec cinq dates assurées avant l'arrêt soudain de la tournée . Un projet artistique qui a viré au flop laissant sur le carreau les artistes qui avaient bloqué leur été pour assurer cette tournée qui devait débuter le 6 juillet à Bastia pour s'achever le 27 août à Lecci. Parmi ceux prévus à l'affiche (affiche qui, entre mai et juillet, avait quelque peu évolué), Diana Saliceti, Soul Revenge, Céline Cadeo, Samuelle, Doria Ousset (voir notre édition du 18 mai). Entre-temps, d'autres artistes ont été sollicités, tels que la jeune Chiara Manenti ou encore le groupe Shangri-La.
Les organisateurs, qui, pour l'occasion de cette tournée, avaient créé l'association Cors'in festa, joints par téléphone (mais qui n'ont pas souhaité nous rencontrer en présence des artistes, ndlr), parlent de menaces, de pressions et même et de sabotage pour expliquer l'arrêt de la tournée. Une version que contredisent plusieurs artistes en guerre ouverte avec les organisateurs de ces F'estivales, qui parlent d'un échec commercial. "Le public n'était pas au rendez-vous et bien sûr, selon les organisateurs, c'était un problème de programmation. Mais c'était surtout un problème d'organisation. Il n'y avait aucun fil conducteur...", rapportent-ils d'une même voix.
Diana Saliceti, Shangri La, Soul Revenge et Chiara Manenti, qui se sentent aujourd'hui floués, ont décidé de dénoncer ouvertement l'attitude de l'association Cors'in Festa. "Aujourd'hui, si nous avons décidé de nous exprimer, c'est pour que d'autres artistes ne se retrouvent pas dans la même situation que nous", indique Diana Saliceti.
Si quelques sommes ont bien été versées "au lance-pierre", on est, selon les chanteurs, loin du compte. "On attend toujours qu'on nous verse la totalité de ce quinous est dû malgré plusieurs relances et une mise en demeure. Nous avions budgétisé une tournée à l'étranger avec ces cachets", indique désabusé Philip, le chanteur du groupe Shangri La.
"Nous avons assuré cinq dates, on avait un projet d'album avec l'argent de la tournée ! Et là, on nous coupe l'herbe sous le pied. Nous n'avons pas reçu un centime. Même les frais engagés ne nous ont pas été remboursés alors que cela faisait partie du contrat. Sans oublier que c'est un vrai manque à gagner pour notre saison", s'indignent à leur tour Alexy, Gladys et Joel des Soul Revenge.
Un manque à gagner qui rejaillit aussi sur le statut d'intermittent du spectacle. "Moi, je suis en passe de perdre mon statut d'intermittent du spectacle à cause de ces personnes peu scrupuleuses", assure Pierre-Marie, batteur, dont seules les deux premières dates ont été payées.
Même constat pour Diana Saliceti qui croyait pourtant à ce projet. "On connaissait l'ampleur du défi donc on était impressionné au début. On galère à s'autoproduire en Corse, on est tous des auteurs-compositeurs, alors quand on rencontre des gens qui nous disent vouloir défendre nos créations originales et nous proposent une structure qui prend en charge toute une tournée, c'est le chant des sirènes. On a tous été séduits par le dispositif et on avait envie de soutenir ce concept. Mais on a vite déchanté..." La chanteuse confirme qu'elle n'a eu que deux dates payées, "les deux premières", depuis, plus rien. Au-delà du préjudice financier qui affecte leur carrière, les artistes, qui n'excluent pas une action en justice, se disent également victimes d'un "préjudice psychologique".
Une mésaventure qu'ils ne sont pas près d'oublier. Leur seule consolation, celle de s'être rencontrés et d'avoir tissé des vrais liens d'amitié. "Les épreuves ça soude !"
Source : Corse Matin, 12 septembre 2018
Corse - Les prix des carburants s'envolent
Comme sur le continent, les prix des carburants ont poursuivi leur hausse en Corse, dépassant 1,50€ pour un litre de gazole et jusqu'à 1,70€ pour un litre de SP95. C'est en Corse du Sud que le diesel ou le sans plomb sont en moyenne les carburants les plus chers.
Par GB avec AFP / France 3 Corse ViaStella - Publié le 17/05/2018
L'association de défense des consommateurs CLCV a demandé au gouvernement de cesser d'augmenter les taxes sur les carburants et aux distributeurs de modérer leurs marges, après de fortes hausses des prix à la pompe ces derniers mois.
Le litre de gazole, carburant le plus vendu en France avec environ 80% des volumes, vaut en moyenne 1,53 euro en Corse, selon des données publiques publiées par le Ministère de l'économie et des finances.
Le litre d'essence sans plomb 95 (SP95) s'affiche lui en moyenne à 1,64 euro sur l'île. Globalement, les carburants sont plus chers en Corse du Sud, qu'en Haute-Corse. C'est à Porto-Vecchio, que le litre de Gazole ou de SP95 est le plus élevé : 1,59€/l et 1,70€/l.
Marge des distributeurs et taxe en hausse
Selon la CLCV, les prix ont fortement augmenté, avec une hausse de près de 10 centimes sur un an par litre pour l'essence et de 15 centimes pour le diesel.
Le prix des carburants varie en fonction des cours du pétrole, du taux de change euro-dollar, du niveau des stocks de produits pétroliers, de l'évolution des taxes et de celle de la demande.
Mais selon la CLCV, la progression des cours du pétrole n'est que partiellement responsable de ces augmentations. Le renforcement de l'euro par rapport au dollar (monnaie dans laquelle s'échange le pétrole) a d'ailleurs modéré cette hausse pour les clients européens, relève-t-elle.
L'association pointe du doigt la marge de distribution, qui désigne la part du prix qui rémunère le distributeur et souligne que les carburants sont de plus en plus lourdement taxés, avec l'augmentation de la contribution "climat énergie" et l'alignement de la fiscalité du diesel sur celle de l'essence.
Tourisme : des solutions pour éviter la sur-fréquentation des sites naturels corses
La question de la sur-fréquentation des sites naturels se pose parfois en Corse. Plusieurs collectivités, mairies, conservatoire du littoral, parc naturel régional ou collectivité de Corse réfléchissent à comment mieux canaliser les flux.
Par France 3 Corse ViaStella Publié le 08/09/2018 à 10:57
ls sont environ 350 000 à s'y rendre chaque année. La Parata est un incontournable pour tous les amateurs de nature visitant Ajaccio.
D'aucuns seraient prêts à mettre la main à la poche. « Si on fait des parkings énormes tout le monde va arriver. Donc il faut peut-être limiter un peu. De là à payer, pourquoi pas, pour entretenir », estime une touriste.
Mais la loi interdit de faire payer l'entrée des sites naturels, ce qui ne facilite pas la gestion des flux. L'impact de la fréquentation humaine sur la faune et la flore est en cours d'analyse avant d'éventuelles mesures. « Quel est le plafond acceptable ? Suite au résultat de cette étude, il y aura des mesures à prendre pour canaliser ou réglementer les flux. […] Peut-être même interdire l’accès durant certaines périodes, comme les périodes de nidification », explique Christian Balzano, directeur du syndicat mixte de la Parata.
La canalisation des touristes devient un enjeu majeur pour le conservatoire du littoral. « Si l’on prend le cas de Palombaggia, on a protégé les dunes, canalisé les véhicules, assurer la sécurité de la circulation des véhicules. Ça demande, sans cesse, de reconcevoir les aménagements, de les adapter à la fréquentation », précise Michel Muracciole, directeur du conservatoire du littoral.
Trois pistes envisagées
Les tentatives de l'Assemblée de Corse pour maîtriser le territoire se sont heurtées à des refus. La taxe spécifique de mouillage pour Bonifacio et la taxe sur les campings cars ont été rejetées par le Parlement. Trois types de solutions seraient toutefois envisageables.
Les touristes peuvent être réorientés vers d'autres sites, les prix des parkings et des services revu à la hausse et les visites limitées. « Sur Bocognano, le maire a une convention où il a limité le nombre de professionnels qui peuvent accompagner les gens sur son canyon. Il y a des dispositifs conventionnels qui peuvent permettre ce type d’outil. On étudie tous les dispositifs actuellement », déclare Daniel Charavin, directeur de l'agence du tourisme de la Corse.
En montagne, la situation ressemble parfois à celle du littoral. Un million de visiteurs s'arrêtent au col de Bavella tous les ans. Le parc naturel régional et l'office de l'environnement réfléchissent de concert à des solutions durables.
Août 2018
INTERVIEW EXCLUSIF : Wanda Mastor, la vraie Mme Corse.
10/08/2018 - Stefanu Barbagelata (U Ribombu)
Présentée il y a quelques années comme la « toulousaine » de la commission Jospin, Wanda Mastor pour ceux qui l’ignoraient, a su dire cette année à qui voulait l’entendre qu’elle était Corse è cusì fiera da esse.
Elle a rédigé, à la demande de Jean-Guy Talamoni, Président de l’Assemblée de Corse, le rapport portant désormais son nom sur la révision constitutionnelle. Spécialiste de la Constitution connue et reconnue en France, elle est de celles qui firent dire à certains que notre île allait étonner l’Europe.
Nous avons donc rencontré Wanda Mastor, la vraie Mme Corse, celle du droit constitutionnel, mais avant tout, celle de la simplicité, celle qui porte en elle nos valeurs, en un mot comme en cent, celle dont nous sommes fiers !
U Ribombu : Quelle est votre histoire avec la Corse ?
C’est la mienne, tout simplement. J’ai passé mon enfance et ma jeunesse entre Aiacciu, où je suis née, et Bunifaziu. Mais j’ai eu la chance, pour raisons familiales et sportives, d’avoir de très nombreux lieux « à moi », qui nourrissent mes souvenirs. Vivre à Bastia a été notamment l’une des plus belles expériences de ma vie. Toute ma famille est en Corse, mes parents, ma belle-mère, mes grands-parents, ma marraine, mes filleuls, ma horde de cousins… C’est ici que mes morts dorment, face à la mer, à Aiacciu et Bunifaziu. A part mes enfants et leur père, je n’ai absolument personne sur le continent. Ensuite, c’est juste l’histoire banale d’une exilée qui pense à son île de manière obsessionnelle…
U Ribombu : Il semble vu de l’extérieur que vous soyez proche de JGT alors WM ? Autonomiste ou Indépendantiste ?
A une question politique réponse universitaire… Si Jean-Guy Talamoni s’est adressé à moi pour solliciter mon expertise, c’est parce que j’étais une spécialiste de droit constitutionnel… Et Corse. Nous nous étions rencontrés lors de mon audition par l’Assemblée de Corse en 2013, à propos du rapport sur l’évolution institutionnelle que j’avais co-rédigé avec Guy Carcassonne notamment. Mais contrairement à ce que je peux entendre ou lire ici ou là, il ne m’a jamais donné de feuille de route précise. Je vous mentirais si je vous disais qu’il n’avait pas senti ma faculté de me battre pour une cause… Mais pour le reste, j’ai rédigé mon rapport en étant animée d’une seule volonté : l’intérêt de la Corse. Au départ, j’avais envisagé plusieurs hypothèses. Des hypothèses que nous pourrions qualifier de « hautes », d’autres de « basses »… Puis, pour tous les arguments que j’ai développés, l’autonomie s’est imposée avec logique. Quant à Jean-Guy Talamoni, ce n’est pas à vous et vos lecteurs que j’apprendrai qu’il est un homme remarquable et que c’est une chance de pouvoir échanger avec lui.
U Ribombu : Vous n’avez jamais caché votre attachement à votre île, et vous avez même su vous engager à ses côtés quand il a fallu, cet engagement et cet attachement vous ont-ils causé quelques problèmes dans votre vie professionnelle en France ?
Jamais je ne renierai mon attachement viscéral à la Corse et aux miens. En aucune occasion, dans aucun cénacle, quel que soit le prestige des lieux et interlocuteurs. Un grand homme politique, vénéré par la grande majorité des Français, m’a dit que cette mission allait me porter tort, voire briser ma carrière. Je lui ai répondu que malgré tout le respect que je lui devais, et malgré de beaux souvenirs communs, notre collaboration allait s’arrêter là.
Je m’attendais en effet à avoir des « problèmes » comme vous dites… Mais, d’une part, j’exerce le seul métier de la fonction publique où la hiérarchie n’existe pas. Le principe d’indépendance des enseignants-chercheurs des universités a même valeur constitutionnelle. En résumé, notre liberté est totale et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi ce métier. Je décide seule de mes sujets d’articles et de livres comme je choisis mes combats scientifiques –car se battre pour l’autonomie n’est pas qu’un combat idéologique-. D’autre part, même les collègues qui ne partagent pas mes idées –voire les dénoncent- respectent beaucoup ma force de travail et liberté de ton. Je suis connue pour avoir des convictions et les exprimer sans détour, quels que soient les sujets. Je les assume toutes. Après, les petites remarques sur mon absence d’objectivité, sur le fait que ma passion pour la Corse me détourne de la scientificité… Je ne les écoute pas. Plus exactement, je les entends pour lutter contre ma tendance aux excès. Mais il est certain qu’en raison de mon engagement, je ne figure pas dans telle liste pour siéger dans telle autorité ou exercer telle mission. Mais ça tombe bien, je n’attends ni n’espère rien. Seuls comptent le plaisir de mes lecteurs et l’intérêt de mes étudiants. Et celui de la Corse.
U Ribombu : Vous avez remis en janvier 2018, au Président de l’Assemblée de Corse, le rapport portant votre nom qui argumentait en faveur d’un nouveau statut constitutionnel pour la Corse, depuis, un article a été proposé par le gouvernement français à la Corse, vidé de la substance que vous y aviez placé, que pensez-vous de l’article définitif ainsi rédigé ? Ne marque-t-il pas un recul plutôt qu’une avancée pour la Corse ?
Je me suis déjà exprimée plusieurs fois sur ce sujet, quitte à être mal comprise. Je n’ai fait que fournir un outil de travail, qui, commandé par le président de l’Assemblée de Corse, était destiné à l’ensemble des élus. Une fois « donné », mon rapport ne m’appartenait plus. J’en suis l’auteur et espère qu’il pourra servir pour d’autres négociations, mais le temps politique n’est pas le mien. En tant qu’experte, je dis et redis que l’autonomie ne pouvait s’envisager que dans un certain environnement. C’est-à-dire, sans entrer dans des détails trop techniques, dans celui de l’article 74 relatif notamment à la Polynésie française qui jouit d’une certaine autonomie. Tel qu’il est proposé, l’article relatif à la Corse est insuffisant et incohérent.
Insuffisant car nous sommes loin, très loin des revendications de l’union qui a largement remporté les dernières élections territoriales. Incohérent car il est question d’imposer à la Corse –d’infliger- une procédure que, dans le même temps, on enlève aux départements et régions d’outre-mer pour cause de bilan quantitatif et qualitatif désastreux. La procédure de l’habilitation législative, telle que proposée, va créer un nouveau monstre bureaucratique. L’article 72-5 du projet de loi constitutionnelle n’est qu’une coquille vide, à la limite du décoratif. Mais malgré ma déception, je dois rester cohérente : j’ai aussi plaidé pour l’insertion de la Corse dans la Constitution, dont l’absence actuelle est insultante. Et peut-être que, si la réforme est adoptée, la loi organique –une loi qui complète la Constitution- pourra ouvrir des fenêtres sur la fiscalité notamment. Si le Conseil constitutionnel ne la censure pas…
U Ribombu : L’affaire Benalla qui bouleverse la bonne Marche de la République fait que le vote à l’Assemblée Nationale de la révision constitutionnelle est renvoyé en septembre… ce délai supplémentaire peut-il être un avantage pour la Corse ?
J’avoue ne pas savoir qu’en penser. Il y a encore quelques jours, j’étais convaincue que le Congrès n’adopterait pas la révision constitutionnelle. Et on ne pourra pas dire que c’est à cause de la Corse ! Il y a d’autres sujets qui crispent bien plus les sénateurs. Evidemment, l’affaire Benalla –qui, à tout point de vue, sur le fond et la forme, est désastreuse et ne doit pas être minimisée- ne va rien arranger. Quant au report de la réforme en septembre, je réponds juste que réviser la Constitution mérite un climat serein et apaisé. Que, par conséquent, et quelle que soit l’issue, la question de la Corse a besoin d’un tel climat.
U Ribombu : La Corse de demain a-t-elle besoin de l’engagement plus fort plus concret de personnes comme vous. Êtes-vous favorable à une agence du retour des élites corses expatriées ? Êtes-vous prête à aider l’assemblée de Corse à construire une telle agence ?
Vous-même ? Seriez-vous prête demain à prendre une chaire à l’Université de Corse ? Vous aimeriez la prendre aujourd’hui ou demain dans la Corse autonome ou indépendante ?
Il est très compliqué de vous répondre quand on vit sur le continent, et que l’on y a construit sa vie familiale et professionnelle. Une chose est certaine : plus le temps passe et plus l’éloignement m’est douloureux. Pour me consoler, je me dis que mon engagement est d’autant plus crédible et légitime que je ne fais pas de politique et jouis du recul nécessaire –le recul géographique aidant parfois à la prise de recul idéologique…- Aidons-nous mieux la Corse quand on est exilé ? Je ne sais pas. Je crois que mon rapport a pu recevoir un accueil majoritairement favorable parce que, précisément, je ne suis pas une universitaire de l’ombre. J’ai eu la chance d’avoir une carrière bien remplie, et dois ma notoriété à plusieurs missions exercées sur le continent et à l’étranger. Le fait d’avoir été missionnaire au Conseil constitutionnel, membre de la commission Jospin, de deux jurys d’agrégation, de diriger plusieurs instances et d’être professeur invitée dans de nombreuses universités étrangères ont été un point fort pour la Corse. Pour vous le dire clairement et sans détour, quand le pouvoir central a souhaité me rencontrer plusieurs fois pendant les négociations, personne ne me regardait de haut. Parce qu’ils savaient qui j’étais, ce que j’avais fait, ce que j’avais écrit. Je n’en étais pas à ma première visite sous les ors des salons de la République, loin de là… C’est juste mon engagement pour la Corse qui fut, pour mes interlocuteurs, une nouveauté.
Mais je crois, dans le même temps, que c’est le temps pour les « élites » de rentrer. Je n’aime pas trop ce mot, je préfère parler de personnes dont la Corse est tout à la fois l’identité et le combat. Et bien sûr, si l’Assemblée ou le Conseil exécutif ont besoin de moi, je répondrai toujours présente.
Quand je suis devenue docteur de droit public, j’ai candidaté pour un poste à Corti et n’ai pas été auditionnée. Toulouse m’a recrutée. J’y suis devenue maître de conférences puis y suis revenue par la voie royale de l’agrégation. Car encore, Toulouse m’attendait, d’où ma loyauté et fidélité à cette université. Sans elle, je ne sais quelle autre voie professionnelle j’aurais choisi. Peu importe pour le rendez-vous manqué avec Corti, je ne me retourne jamais sur les événements passés. Je vais dans cette université avec grand plaisir et travaille avec plusieurs de ses chercheurs, qui sont remarquables. Un jour, peut-être… Mais quel que soit le statut institutionnel de l’île, quels que soient la ville et le métier, je sais que je serai toujours heureuse chez moi. Le contraire est impossible.
Stefanu Barbagelata
Jean-Guy Talamoni : "La politique ce n'est pas sale, c'est noble"
Par R. ANTECH et A-C. C.--03 août 2018
Photo Pierre-Antoine Fournil
Les Ghjurnate se tiennent ce week-end. Ont-elles changé d'ADN depuis le doublé nationaliste de 2015 et 2017 ?
Les Journées restent dans l'esprit de ce que nous avons toujours connu. Maintenant, bien sûr que l'accession au pouvoir des nationalistes leur donne davantage d'écho au plan international. Et c'est vrai qu'il y a une attraction plus importante de la part des autres peuples qui nous entourent et sont dans une situation comparable, qui ont, en tout cas, des points communs avec la situation corse. Catalans, Basques, Kanaks, Irlandais, Écossais, Polynésiens sont des invités habituels et constituent le noyau dur de ce partenariat.
Au-delà, ne doit-on pas déchiffrer un message plus large face à une Europe qui ne se montre pas toujours à la hauteur des enjeux ?
C'est une question qui mérite que l'on s'y arrête. Clairement, nous majorité - et notamment Corsica Libera - ainsi que nos partenaires - je pense en particulier aux Catalans et Écossais puisque la question de leur indépendance et de leur maintien dans l'Union européenne a été posée - sommes très engagés dans la construction européenne. Refonder l'Europe est une nécessité absolue. D'abord, parce qu'elle est dans une situation d'échec, même s'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, l'Europe ayant apporté la paix au Continent pendant des dizaines d'années. Mais l'objectif, aujourd'hui, c'est de substituer à une Europe de la finance, une Europe sociale. D'opérer, en outre, une réorientation sur le plan de l'équilibre nord-sud, ce que Valéry et Camus pointaient déjà du doigt en leur temps. Et, à cet égard, la Corse, au coeur de la Méditerranée, a modestement son rôle à jouer. Enfin, à une échelle plus générale, l'Europe qui a été faite, c'est celle du marché et les pères fondateurs ont cru qu'en créant un marché commun, il s'ensuivrait un patriotisme européen. Mais cela n'a pas fonctionné du tout, hormis Erasmus. Il aurait fallu commencer par la culture. Actuellement, l'alternative, c'est de construire une Europe avec les vraies nations, Irlande unifiée, Catalogne, pays Basque également unifié, Corse, qui composeraient une Europe n'ayant pas tous les travers de cette Europe-là.
On sait vos liens avec la Catalogne. Le pire constat d'échec, c'est là-bas qu'il s'est produit ?
À Barcelone, le 1er octobre dernier, on a vu des femmes, des personnes âgées, se rendre dans un bureau de vote pour déposer un bulletin dans l'urne et se faire rouer de coups par la police. Jusque-là, on peut estimer que c'est très préoccupant et que cela relève de la responsabilité de Madrid. Sauf que dans les heures qui ont suivi, Madrid a été soutenu par l'ensemble des capitales européennes, avec un petit bémol s'agissant de la Belgique. La France a soutenu bec et ongles la position de M. Rajoy avec un silence terrifiant des institutions européennes et de ceux qui la dirigent. Un silence qui déshonore l'Union européenne. Comment peut-on se taire dans un tel moment ?
Gilles Simeoni ne devrait pas vous faire faux bond à Corte. Pourtant, le contrat de mandature a souffert de quelques coups de canif, notamment dans les relations avec l'État. Votre union est-elle libre au point de tout vous pardonner ou n'est-ce qu'un affichage de façade ?
Il n'y a pas de différence de position, mais une différence dans l'expression de cette position. Aujourd'hui, Gilles Simeoni et moi-même disons qu'il y a une situation de crise avec Paris, que cette crise est due au fait que Paris se livre à un véritable déni de démocratie, que l'on ne tient aucun compte de la volonté exprimée par les Corses à la lumière du suffrage universel, que cette attitude est insupportable et relève de l'arrogance. Une arrogance palpable en début d'année, à l'occasion de la visite présidentielle. Sur ce point-là, nous sommes entièrement d'accord.
Donc, le président de l'Exécutif se dévoue en quelque sorte pour recevoir les ministres ?
Il y a un peu de cela dans la mesure où Gilles Simeoni a aussi des dossiers techniques à traiter, qui sont souvent déconnectés de la réalité politique. Ce n'est pas le même courant non plus, Corsica Libera et Femu a Corsica. Nous parlons à l'ensemble des Corses, mais nous n'avons pas le même parcours historique. Il ne s'agit pas d'un désaccord sur l'analyse de la situation ni même un désaccord sur ce qu'il convient de faire, c'est juste une attitude que nous adoptons l'un et l'autre en tant que responsables de deux courants différents. Néanmoins, en adoptant une attitude différente, nous disons la même chose. Moi, si je ne reçois pas les membres du gouvernement, c'est parce que j'aurais l'impression de participer à une mise en scène et que ce n'est pas mon métier. Je ne suis pas acteur - même si j'ai le plus grand respect pour la profession -, je suis avocat et responsable politique élu. Je ne veux pas que l'on vienne nous photographier autour d'une table et laisser croire à l'opinion corse qu'il se passe quelque chose alors qu'il ne se passe rien et qu'il ne va rien se passer.
L'opposition vous objecte que vous êtes aussi le représentant de tous les groupes de l'Assemblée et qu'à ce titre vous devriez être présent....
Je suis le représentant d'une Assemblée qui est, majoritairement et à la majorité absolue, d'accord avec l'analyse qui est la nôtre, à savoir que Paris a un comportement inadmissible. L'intérêt collectif des Corses représentés par notre Assemblée, c'est d'adopter une attitude ferme et de ne pas tromper l'opinion. Il faut donner des signaux à l'opinion. Dans ma situation, dire que je ne vais pas recevoir un ministre qui vient uniquement pour la photo, c'est une forme d'honnêteté. Je ne suis fermé à aucune discussion.
Rien d'une posture donc ?
Je ne suis pas dans la posture.
Je sais qu'à un moment donné, il va falloir discuter avec Paris, mais pas dans le cadre d'une mise en scène. Si demain matin, j'ai l'assurance que l'on va réellement traiter de sujets qui intéressent les Corses, j'y vais.
Vous êtes sans conteste le patron de l'Assemblée. Incarner ce perchoir, indispensable pour peser ?
Je n'ai pas été mandaté par l'organisation dont je fais partie pour inaugurer les chrysanthèmes. J'ai été mandaté pour faire vivre cette fonction et pour peser sur la situation, bien sûr. Indépendamment de la manière de présider l'Assemblée, je ne pense pas avoir une attitude dirigiste. J'ai proposé des temps de parole, aujourd'hui ça marche et mes prédécesseurs m'ont dit que c'était bien d'avoir réussi cela. Dans la manière dont j'exerce ma fonction, il y a aussi ce que j'ai lancé sur le terrain stratégique, c'est tout à fait essentiel pour moi, avec un travail de prospective, "Corsica 2035", à trois vitesses, court, moyen et long terme. La carta ritirata, 50 % de réduction pour la moitié des retraités, ce n'est quand même pas rien...
C'est aussi à peu près la seule chose concrète jusqu'à présent...
Beaucoup de choses ont été lancées. Sur le traitement de la précarité et de la pauvreté, pour ne prendre que cet exemple, il est difficile d'avoir un résultat en quelques mois...
Mais les déchets ?
Il y a plusieurs institutions compétentes en la matière, dont la CdC qui a exercé pleinement la sienne, de compétence, en élaborant une stratégie. Cette stratégie, nous l'avons définie rapidement, en sachant qu'elle ne pourrait être opérationnelle immédiatement. Reste que le peuple veut que les choses aillent très vite. Sauf que nous n'avons pas de baguette magique. Sur les transports maritimes, nous aimerions également que cela aille plus vite, que la compagnie régionale soit pour demain. En attendant, nous avons un bilan, nous étions dans l'insécurité la plus totale et actuellement la continuité est assurée. Là aussi, ce n'est pas rien, parce que les Corses n'en pouvaient plus du système SNCM- CGT de Marseille. La première urgence, c'était celle-ci, rétablir la sécurité juridique.
Le privé vous y a pas mal aidé...
Mais qui a ouvert des discussions avec le privé dès janvier 2016 ? La majorité. Quant aux bateaux, nous n'avons pas racheté - parce qu'économiquement, cela n'était pas viable - le Paglia Orba et le Monte d'Oro. Mais nous restons sur notre idée d'acquérir des navires, nous pensons que la Collectivité a vocation à être propriétaire des bateaux.
Sessions nocturnes, suspensions interminables, sonnerie qui s'égosille en vain, la commission permanente devait écrémer en amont l'ordre du jour de l'Assemblée. Ce n'est pas le cas. À qui la faute ?
Nous allons le faire. La Corse a demandé à Paris, et pour une fois nous avons été suivis, la possibilité de déléguer à la commission permanente. J'ai saisi le président de l'Exécutif, techniquement des travaux sont effectués par le Conseil exécutif qui procède à un certain nombre de vérifications pour engager les choses de manière pérenne.
L'opposition reproche à la majorité d'avoir sanctuarisé les présidences des multiples organismes gravitant autour de la CdC. Vous répondez ?
Ce ne sont pas seulement les présidences de l'ancienne CTC mais celles de l'ex-collectivité et des anciens conseils départementaux. Auparavant y a-t-il eu beaucoup de présidences Corsica Libera ? Il y a eu un cas, lorsque j'étais président de la commission européenne. Un cas. Une majorité est élue pour diriger les affaires publiques. Donc, c'est normal. Sauf lorsqu'il s'agit d'une commission de contrôle - à la tête de laquelle Jean-Martin Mondoloni officie -, ce qui est tout aussi normal. La présidence de la commission des migrants, je l'ai proposée à Jean-Charles Orsucci.
La suppression des départements, aucun regret, malgré le discours de certains maires qui affirment que cela les a coupés d'une proximité ?
Oui, cette suppression est une bonne chose. Quant aux maires qui disent cela, d'une part, ce sont ceux qui n'ont pas voté pour nous. Et d'autre part, quand nous avons proposé la chambre des territoires, même si cela n'a pas été fait comme nous le voulions, ces mêmes maires qui aujourd'hui scandent que la chambre est une coquille vide ont tous essayé d'en être. Moi, je dis que cette chambre, elle va être utile, que l'on va y trouver des équilibres. Ce n'est pas parce qu'une instance est consultative qu'elle n'a pas de poids. Regardez l'Assemblée des jeunes, tout ce qui y est voté est repris par l'Assemblée de Corse. Ces jeunes ne sont pas seulement une ressource future pour l'action publique, ils tendent dès à présent à réduire la fracture qu'il y a entre la jeunesse et la politique et plus globalement entre le peuple et la politique. Or, cette fracture-là est très dangereuse. Ces jeunes qui siègent à l'Assemblea di a Giuventù disent sur leur lieu de travail, dans leur lycée ou à la fac que la politique n'est pas quelque chose de sale. Mais que la politique, c'est noble et qu'il faut s'engager pour faire des citoyens.
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En Corse, Régis Debray et Patrick Boucheron décentrent l’histoire de France
L’écrivain Régis Debray et l’historien Patrick Boucheron ont dialogué à Erbalunga, fin juillet, sur l’un des principaux sujets de discorde intellectuelle, devant des auditeurs attentifs, dont les leaders corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni.
LE MONDE | 04.08.2018 à 10h16 | Par Nicolas Truong
Analyse. L’une des querelles intellectuelles les plus explosives de ces derniers mois s’est tenue dans la plus grande courtoisie et la sérénité, en Corse, le 29 juillet, à Erbalunga. Comme s’il fallait un décentrement géographique pour que se livre une véritable controverse idéologique. Comme s’il était nécessaire de faire un pas de côté pour mieux se parler. Comme s’il fallait traverser la Méditerranée pour faire converger les deux rives opposées de la Seine. Ce jour-là, en effet, l’écrivain Régis Debray dialoguait avec l’historien Patrick Boucheron dans le cadre des Rencontres littéraires organisées par l’association Cap lecture, orchestrées par Charles-Henri Filippi, banquier et mécène, qui préside également, avec sa femme, Marie, aux Soirées lyriques de Vescovato et d’Erbalunga.
Récit national versus histoire mondiale, histoire identitaire contre histoire « connectée » au reste du monde, le débat est encore loin d’être terminé
Récit national versus histoire mondiale, histoire identitaire contre histoire « connectée » au reste du monde, le débat est encore loin d’être terminé. Dirigé par Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, Histoire mondiale de la France (Seuil, 2017) a fissuré l’identitarisme historique, dans cet imposant volume de 800 pages réalisées par 122 historiens et écrivains. L’entreprise éditoriale est un immense succès, notamment parce qu’elle déplie les dates de l’histoire de France minorées ou bien célèbres mais éclairées sous un autre aspect, de la grotte de Lascaux (34 000 avant J.-C) au « retour du drapeau » après les attentats du Bataclan (2015), en passant par « La France libre naît en Afrique-Equatoriale » (1940).
Une réussite qui rencontra des oppositions, comme celle de Pierre Nora, maître d’œuvre des Lieux de mémoire (1984-1992), voyant dans cet ouvrage une histoire « orientée », qui insinue qu’un « même combat » serait partagé « entre les habitants de la grotte de Chauvet, cette humanité métisse et migrante, et la France des sans-papiers ». Attaqué sur sa « droite », notamment par Alain Finkielkraut accusant les auteurs d’être les « fossoyeurs du grand héritage français », mais aussi plus récemment sur sa « gauche », à l’image de l’historien indien Sanjay Subrahmanyam, qui qualifie cette entreprise historique de « crypto-nationaliste » (Politis, 25 juillet 2018), Patrick Boucheron a malgré tout réussi son coup. Des coups, il en a aussi pris beaucoup. Ce qui l’a vacciné contre les passes d’armes en direct et les joutes en public. Régis Debray prit lui-même part à la polémique, de façon plus discrète, dans la revue Médium, qu’il dirige, où le médiologue voit notamment dans cette « contre-histoire » le signe d’un changement de temps, « une relativisation de l’imaginaire national, avec son corollaire, la désactivation de l’agir politique » (n° 54).
« Défataliser l’histoire »
C’est pourquoi la rencontre d’Erbalunga était inattendue. Et Charles-Henri Filippi était loin de se douter de son caractère exceptionnel. Ami de Régis Debray, qui est devenu le « parrain intellectuel » des Rencontres littéraires, dit-il, lui permettant d’inviter tour à tour Daniel Pennac, Plantu ou Michel Jarrety, Charles-Henri Filippi est également président du Cercle des mécènes du Collège de France. Impressionné par la leçon inaugurale de Patrick Boucheron tout comme par le grand colloque qu’il y a coordonné sur l’immigration, afin de faire entrer un peu de scientificité et de rationalité dans ce sujet hautement inflammable, il l’invita à Erbalunga. Alors ? Ni clash ni crash. Mais une passionnante conversation. Tout d’abord parce qu’il ne s’agissait pas d’une confrontation, mais d’une invitation, d’un questionnement incessant de Régis Debray qui, avec une grande générosité intellectuelle, œuvrait à mettre en relief – et même en valeur – son invité, dont la démarche consiste à « défataliser l’histoire ».
Bien sûr, les questions qui fâchent ont été posées. Mais posément, sans grandiloquence ni effet de manche. « Peut-on se passer d’intrigues ? » lança Régis Debray, persuadé que la politique a « besoin de grands hommes », de mythe, voire de fable, pour conduire l’action publique. « Je vous vois venir », répliqua Patrick Boucheron, rappelant à son intervieweur qu’Alain Decaux disait déjà en son temps qu’on n’enseignait plus l’histoire de France, suggérant ainsi que son interlocuteur est au seuil d’entonner la complainte du « C’était mieux avant ». Mais l’historien enchaîna immédiatement sur Nelson Mandela, dont la sortie de prison, le 11 février 1990, est « une date centrale de l’histoire de la longue durée » qui marque le moment où un homme, « déjouant tous les scénarios, invente une nation dans la plus ancienne colonie d’Europe ». Un leader politique dont on a « édulcoré le combat » au nom d’une histoire disneylandisée, renchérit Debray, alors que le leader de l’ANC s’est allié aux communistes et a revendiqué la lutte armée.
« La mélancolie, c’est le vague à l’âme », devise Régis Debray. « Ce qui poisse, c’est le déclin », répond Patrick Boucheron
Car tous deux cherchent dans le passé ce qui permet d’inventer un avenir. A l’image de Cola di Rienzo (1313-1354), cet épigraphiste et homme d’Etat nostalgique de la grandeur perdue de Rome, désolé de voir sa cité agoniser en querelles intestines et qui, « d’un geste de soulèvement et de renversement », restaura la République pendant quelques années, raconte le médiéviste Patrick Boucheron. « La mélancolie, c’est le vague à l’âme ; la nostalgie, par contre, cela vous met un coup de pied au derrière pour avancer », devise Régis Debray. « Ce qui poisse, c’est le déclin », répond Patrick Boucheron. Les différends persistent. Mais l’heure est à l’écoute, voire à la conciliation. Le portrait de Patrick Boucheron peint par Debray en « ostéopathe » de l’histoire qui veut « faire bouger ses articulations » en bousculant la chronologie, fait mouche.
Révolution corse
Dans l’assistance, deux hommes écoutent avec un intérêt tout particulier les deux intellectuels disserter sur le « décentrement » de la France et la « provincialisation » de l’Europe : Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni. Admirateur du « grand témoin du siècle au regard stimulant » qu’est Régis Debray et lecteur assidu de Patrick Boucheron, qu’il n’hésite pas à citer dans ses discours, le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, est sensible à cette histoire ouverte et « surtout pas nombriliste », risque qu’encourt toute communauté « notamment lorsqu’elle est renforcée par l’insularité », précise-t-il. Une histoire décentrée qui peut faire place à toutes les révolutions, américaine, française mais aussi à celle, corse, de Pascal Paoli qui, au XVIIIe siècle, « inspira toute l’Europe des Lumières », rappelle-t-il. Dans un même élan, Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, « refuse le roman national » au profit d’une histoire « plus complexe » de l’île.
Sur la place bondée où vacanciers cultivés et élus curieux sont installés sur des chaises de jardin en plastique, Elisabeth Fortini et Paule Valéry, responsables de la petite association Cap lecture, se réjouissent. Paule Valéry : le nom de la présidente de l’association, de la famille du grand écrivain, rappelle, comme le fit la veille Jean-Guy Talamoni, la « présence » de la Corse dans l’œuvre de Paul Valéry, auteur du Cimetière marin (1920), dont le père est né à Bastia et dont on peut, selon une brève étude que Talamoni a rédigée, poser la question de la « corsité ».
« Il faut parfois se décentrer pour se délester de sa carapace sociale », lâche Debray
« Un été avec Paul Valéry », c’est justement le nom de la série d’émissions conçues cet été par Régis Debray sur la grille de France Inter. Un Debray connu pour son républicanisme qui découvrit l’autre visage des « natios » notamment ce jour où, dans les rues de Corte et « loin des stéréotypes », raconte-t-il, Jean-Guy Talamoni l’« entretint longuement de la philosophie de l’histoire de Hegel ». La Corse a-t-elle favorisé le rapprochement Debray-Boucheron ? « Il faut parfois se décentrer pour se délester de sa carapace sociale », lâche Debray. C’est une phrase de Machiavel auquel Patrick Boucheron consacra lui aussi une série, à l’été 2016 sur France Inter, qui résume l’esprit de la rencontre d’Erbalunga : « Sortez maintenant de chez vous et considérez ceux qui vous entourent. »
Françoise Nyssen en Corse
Juillet 2018
Max Simeoni : « Rien de changé... »
Média : Les kiosques accueillent « Storia Corsa », magazine consacré à l’histoire insulaire
Un nouveau magazine consacré à la Corse arrive en librairie. « Storia Corsa » est un trimestriel consacré à l'histoire et au patrimoine de l'île. L'ambition de l'équipe de rédaction est d'être accessible au plus grand nombre.
Par France 3 Corse ViaStella - 05/07/2018
Le chemin de fer, la révolution contre Gênes ou encore le théâtre de Bastia… Il n’y a pas de lien entre ces événements, mais un point commun : l'histoire de la Corse. De la préhistoire au siècle dernier, le magazine trimestriel « Storia Corsa » invite le lecteur à traverser les époques sous différents aspects.
« Je me suis occupé de la diaspora, c’est Marseille de XVIe au XVIIIe siècle. Elle était la première ville corse de Méditerranée, la deuxième était Livourne. On a aussi d’autres articles, Antoine-Marie Graziani sur la première révolution corse à partir de 1729. On a le drapeau à tête de Maure, et puis on a des articles aussi bien sur l’opéra, le cinéma », explique Michel Verger-Franceschi, professeur d'Histoire moderne à l'Université de Tours.
« Un magazine d'une nouveauté extrême »
L'unique revue d'histoire insulaire, née d'une discussion entre l'éditeur Jean-Luc Messager-Alfonsi et le journaliste Pierre Lanfranchi, entend bien toucher le plus large public possible. « Notre ambition est de s’adresser au plus grand nombre. C’est une revue de qualité, c’est une revue sérieuse qui essaie de ne pas trop se prendre au sérieux. Nous voulons raconter aux Corses leur Histoire, que ce soit aux Corses de Corse, aux Corses de l’extérieur à ceux qui aiment la Corse et s’intéressent à la Corse et aux insulaires », précise Pierre Lanfranchi, rédacteur-en-chef de « Storia Corsa ».
Pari réussi selon Philippe Perfettini, animateur du patrimoine de la ville d'Ajaccio. « C’est un magazine qui est d’une nouveauté extrême, car ça n’existait dans l’éventail des magazines diffusés sur la Corse où on vante régulièrement les plages, la montagne. Mais la Corse, c’est aussi une histoire très dense, le savoir restitué par des universitaires de renom mis à la portée de tous les publics », estime-t-il.
Tiré à 7 500 exemplaires, le premier numéro de « Storia Corsa » est disponible en kiosque depuis une semaine.
Média : Les kiosques accueillent « Storia Corsa », magazine consacré à l’histoire insulaire
Intervenants - Michel Verger Franceschi, Professeur d'Histoire moderne à l'Université de Tours ;
Pierre Lanfranchi, Rédacteur en chef "Storia Corsa" ; Philippe Perfettini, Animateur du patrimoine de la ville d’Ajaccio.
Equipe - Marianne Romani ; Franck Rombaldi ; Alexandra Sebayhi
Mobilisation pour Lily
Matignon : La position de Gilles Simeoni
Juin 2018
Corse : pourquoi Talamoni claque la porte des négociations avec Matignon
LE SCAN POLITIQUE - Après le message cinglant du président de l'Assemblée de Corse envoyé dimanche au premier ministre, le président de l'exécutif corse Gilles Simeoni veut lui consulter sa majorité avant de décider s'il se rendra à Matignon le 2 juillet.
Le ballet des ministres en Corse, amorcé après la visite d'Emmanuel Macron le 8 février, n'est pas encore terminé mais cela n'a pas empêché Jean-Guy Talamoni d'annoncer son absence à une réunion de clôture des négociations sur l'avenir de l'île proposée par Edouard Philippe le 2 juillet. Dans une lettre au ton cinglant envoyée dimanche, l'indépendantiste Talamoni a rappelé au premier ministre «l'appréciation extrêmement négative» de la majorité corse concernant les rencontres ministérielles organisées sur l'île depuis quatre mois. «Notre profonde conviction, insiste l'élu, est qu nos différentes demandes ont été traitées par le mépris et que Paris a fait ce qu'il avait déjà décidé de faire avant même l'ouverture des débats».
Edouard Philippe n'a probablement pas été surpris par la position de Jean-Guy Talamoni. L'élu corse avait déjà choisi de ne pas rencontrer les ministres lors de leurs visites parce qu'il ne souhaitait pas soutenir l'illusion d'un «véritable dialogue» entre l'Etat et la Corse. Il a même dénoncé le «caractère purement protocolaire», voire «fictif» de ces déplacements ministériels. Estimant que sa présence le 2 juillet reviendrait à «avaliser» le résultat d'un «faux dialogue», et à consentir au mépris des «institutions légitimes des Corses», Talamoni a donc pris la décision de refuser l'invitation de Matignon. Son message s'inscrit dans la logique d'une dégradation des relations entre la Corse et Paris depuis la dernière visite du chef de l'Etat sur l'île de Beauté en février.
Les «natios» dénoncent un «piège de communication»
Si Talamoni a pris la liberté d'exprimer sa colère, il l'a fait sous l'impulsion politique de son mouvement indépendantiste Corsica Libera mais aussi en tant que président de l'Assemblée corse. Il veut ainsi dénoncer le «piège de communication» tendu selon lui par le gouvernement. Son courrier est aussi une mise en demeure adressée à l'Etat pour qu'il ouvre «enfin le dialogue» avec la société corse gouvernée par des nationalistes «élus à 57%», rappelle-t-il au Figaro. Talamoni refuse de clôturer un cycle «durant lequel il ne s'est rien passé mais où les Corses ont été pris pour des idiots». «Ces visites ministérielles sont pires qu'un fiasco! C'est de la communication pure parce qu'il n'y avait aucune volonté d'avancer» accuse-t-il encore.
Sur le fond, Gilles Simeoni partage largement les principaux constats ainsi que le sentiment de «gâchis» évoqués par Jean-Guy Talamoni mais le président de l'exécutif corse veut se donner le temps de consulter sa majorité avant de prendre une position sur le sujet en fin de semaine, probablement vendredi, et de dire si lui aussi, boudera la réunion du 2 juillet avec Edouard Philippe. Dans son entourage, certains plaident pour l'élaboration d'une réponse «étoffée» et «concertée». Ils croient la méthode plus efficace et soulignent les obligations auxquelles est soumis Simeoni en tant que «patron opérationnel» de l'île chargé des affaires courantes, confronté à des urgences dans de nombreux domaines (économiques, sociaux, transports, emploi, énergies...). Aujourd'hui, le président de l'exécutif corse ne veut pas se lancer dans une guerre frontale avec l'Etat.
Simeoni ne veut pas une «Corse à l'arrêt»
«Le problème est à la fois politique, institutionnel et constitutionnel. De plus, y compris sur les dossiers techniques, il n'y a pas de véritable dialogue», déplore Gilles Simeoni. La situation lui apparaît «très paradoxale» parce qu'il entend des ministres réclamer un échange sur les compétences de l'île mais ne constate «aucune réponse sur les déchets, la contractualisation financière, le statut fiscal, l'énergie... Nous sommes totalement dans une impasse». Simeoni va chercher un moyen de faire partage ces constats avec les Corses sans mettre la collectivité dans une situation de dialogue totalement rompu avec l'Etat parce qu'il ne veut pas une «Corse à l'arrêt». En même temps, il ne veut pas donner le sentiment à ses interlocuteurs parisiens que les urgences du quotidien l'obligent à les suivre sans protester.
Membre de l'association Régions de France, présidée par Hervé Morin, la collectivité corse fustige enfin une méthode du gouvernement centralisatrice qu'elle juge «inefficace» et «contre-productive». Comme dans d'autres collectivités françaises, le ton monte contre le gouvernement et l'Elysée en Corse. «L'Etat considère que le problème est réglé mais il se trompe. Le problème ne fait que commencer», prévient Gilles Simeoni.
Source : Le Figaro
Nombreuses réactions après le décès de Toussaint Montera
24 juin 2018
Si n'hè andatu Santu Montera
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Rédigé par Maria-Serena ALIOTTI (CorseNetInfos)
Un velu di dolu s'hè tesu annant'à l'isula sana eri. A nutizia s'hè sparta cusì prestu. U cantadore di Vitalba Santu Montera s'hè spentu eri dop'à un cumbattu contr'à malatia, à 48 anni.
Santu Montera, era una voce linda è famosa chì hà marcatu generazione è hà fattu scopre tanti i canti cum'è "Mi ne Vogu", "Stirling Bridge " è tanti altri. Simpaticu è agredevule, Santu era cunnisciutu in a Corsica sana.
Ognunu sparghje cù tristezza tamanta a perdita d'un amicu, d'un omu di core è di passione. Messagi, umagi annat'à e rete suciale d'anonimi, persunalità, gruppi è cantadori si multiplicheghjenu.
A redazzione di Corse Net Info prisente in quelli mumenti cusì dulurosi, e so più sincere cundulianza à a so sposa, a so figliola, a so famiglia di cantu è tutti quelli tocchi di issa sciagura.
L'article de Corse Matin :
C'est une véritable secousse qui a traversé toute la Corse, hier après-midi. Chanteur et guitariste émérite, Toussaint Montera faisait partie des groupes Vitalba et I Pignotti. Il est décédé hier à Marseille des suites d'une maladie. Il avait 48 ans.
Ceux qui l'ont connu parlent de lui comme d'un "musicien passionné, un très bon guitariste et un excellent chanteur". Sa voix posée sur le titre Mi ne Vogu résonnera longtemps dans les esprits. Dans le privé, Toussaint Montera était connu pour être "un homme d'une extraordinaire gentillesse, très serviable, agréable avec tout le monde". La nouvelle de sa mort s'est répandue hier comme une traînée de poudre, laissant stupeur et tristesse derrière elle, et sans doute encore plus à Corte, dont il était originaire. Nombreux sont ceux, dans la cité paoline, à avoir un jour croisé sa route. Toussaint était le fils de Xavier et Marie-Madeleine, et le frère de Marie-Jo.
Il laisse derrière lui Mélissa, sa fille de 14 ans et Vannina, sa compagne depuis plus de vingt ans.
Le corps reviendra de Marseille lundi matin.
En ces tristes circonstances, Corse-matin présente ses plus sincères condoléances à toutes les personnes que ce deuil afflige.
Voce Ventu :
Avemu amparatu appena avà ch’ellu si n’hè andatu à l’aldilà u nostru fratellu di cantu Toussaint di u gruppu Vitalba. Tamanta disgrazia è tamanta pena ch’e n’avemu. Ùn sapemu chì dì.
Tutte e nostre parte à a so famiglia è à i so cari.
Riposa in Santa Pace O Sà !
A Filetta :
« È si cerca à capì
Ciò ch’ùn hè da capì
Ma ùn vale à pinsà
E ùn vale à dì ».
P. Agostini
Avemu u core affuscatu è l’anima vinta !
L’isula hà persu un figliulone.
Toussaint hè andatu à cantà pè quelle fureste di sole è i chjassi petricosi di u sperà, lascendu i soii, tutti, acciaccati da u dulore è da u timore di l’assenza.
Toussaint u curtinese, voce è ghitarra intricciate, Toussaint u dettu accarizzante sempre, Toussaint tamantu core danciu, stimatu da tutti.
Eccu ciò ch’ellu lasciarà impressu in a mimoria cumuna.
Abbraccemu cun tamantu affettu Melissa, Vanina, Marie-Jo, i so parenti,
Vitalba, a so siconda famiglia è tutti quelli chì u tinianu cusì caru è ch’ella spanticheghja a so partenza.
Mighè Raffaelli s'est éteint
par Jean-Paul-Lottier, 25 juin 2018
C'est avec une immense tristesse que l'on a appris samedi le décès de Mighè Raffaelli, survenu chez lui à Villanova à l'âge de 89 ans. Scénographe, peintre, musiciens, librettiste, homme de théâtre, Mighele Raffaelli était un artiste de grand talent
Mighè Raffaelli si n'hè andatu. La création insulaire perd un grand Monsieur, un homme de valeur qui comptait dans ce monde de la création.
Difficile d'énumérer tout ce que cet artiste a pu réaliser dans les différents secteurs où il excellait.
On retiendra notamment que c'était un grand peintre, un musicien d'une grande sensibilité, un homme de théâtre et de culture avec un talent immense.
Nul n'oubliera par exemple qu'il a largement contribué à la réhabilitation di A Cetera en Corse.
En sa qualité de Directeur du Théâtre Chronique à Paris dans les années 1975, il avait travaillé pour les opéras de Rome, Berlin, Paris...
Il a également mis son talent au service du célèbre Festival d'Avignon.
Mighè était dans la tradition de ces artistes qui ont un point commun entre la scénographie et la peinture.
En 2002/2003, le Musée Fesch lui avait consacré une exposition temporaire au cours de laquelle le public a pu apprécier ses huiles sur toile, ses projets de décors et de costumes couchés sur des dessins et gouaches, ses maquettes d'affiches, plans de scènes....
La Balagne était une microrégion qu'il appréciait beaucoup et ses nombreux amis pleurent aujourd'hui cet artiste à l'immense talent, ouvert vers le monde et d'une grande sincérité.
Sur les réseaux sociaux où les messages affluent, François Canava, président du Svegliu Calvese rend hommage à l'ami Mighè: "Si ne andatu Mighè...un omu sincèru e di tantu valore Musicante, pintore, montascene, scinografu, indè l'anni ottanta ci a datu duie bella opere tréatrale : " U Lamentu d l'Omu persu tra mare e surgente ", " U Rumenzulaghju " Tante musiche scritte pe a cetera, tanti canti ancu Mighéla Cesari , "U Cantu Prufondu" particularamente Creazione di u gruppu "Donnisulana, ancu Alina Flippi, Agata Luciani, Gigi Casabianca, Jacky Micaelli, Dumenica Bianconi, Poca ricuniscenza di i so pari e purtantu... Un amicu si ne va Riposa in Pace".
On se souviendra aussi qu'il avait notament cosigné avec Dumenicu Antone Geronimi la pièce de théatre en langue corse “U Ruminzulaghju”, créée en 1984 à Calenzana, - U Ruminzulaghju (corse - français), La Marge édition : pièce autour du thème du mazzeru et réflexion symbolique sur la Corse.
En ce jour de grande tristesse, la rédaction de Corse Net Infos présente à toute sa famille et à toute les personnes que ce deuil afflige ses sincères condoléances.
Mai 2018
Une charte des festivals
Avril 2018
L'hommage de Tao By à Jacques Higelin
Chemin de fer : Les premiers tracés de la ligne de train-tram Casamozza - Folelli dévoilés
par Nicole Mari - 19 Avril 2018
Le chemin de fer en Plaine orientale d’ici cinq à six ans ? La ligne mythique pourrait enfin être bientôt sur les rails. Mercredi, à Vescovato, en présence des membres du Conseil d’administration des chemins de fer (CFC), des cheminots et des élus de la Casinca, le président de l’Exécutif territorial, Gilles Simeoni, et le président des CFC, Hyacinthe Vanni, ont présenté le projet de réouverture de la ligne de train entre Casamozza et Folelli. Ce projet stratégique, déjà bien avancé, desservira en mode train-tram toutes les communes du parcours avec un tracé à plusieurs variantes possibles, mais pratiquement acté jusqu’à Vescovato. Son coût : plus de 40 millions €.
Ce vieux mythe, récurrent depuis la fin de la seconde guerre mondiale, serait-il en passe de devenir enfin réalité ? L’Exécutif nationaliste en avait fait la promesse dès sa prise de fonction début 2016 et s’était donné deux ans pour mener à bien les études. Mais, nul n’y croyait vraiment. Le train en Plaine Orientale était ce vieux serpent de mer toujours sacrifié sur l'autel d'autres priorités, sa réhabilitation, toujours annoncée et jamais concrétisée. Et, pourtant, c’est chose faite. Les études préliminaires de faisabilité promises sur la reconstruction de la ligne Casamozza-Folelli ont bien été réalisées à partir du tracé historique, et présentées mercredi après-midi, à la mairie de Vescovato, sous l’égide du président de l’Exécutif territorial, Gilles Simeoni, du président des chemins de fer de la Corse (CFC), Hyacinthe Vanni, et de la présidente de l’Office des transports, Vanina Borromei, qui ont affiché leur détermination. « C’est, pour nous, un dossier prioritaire jusqu’à u Poghju-Mezzana, un projet structurant pour la région et les chemins de fer. Aujourd’hui, nous l’avons phasé jusqu’à Folelli. Comme nous l’avions annoncé en 2015, nous avons finalisé, dans les deux ans, le tracé, même s’il reste quelques réglages à faire. Néanmoins, on ne pourra réussir ce projet que s’il est porté par tout le monde », annonce, d’emblée, Hyacinthe Vanni.
Une renaissance
Le temps de la renaissance semble donc être venu pour la ligne de la Plaine Orientale, qui, lorsqu’elle fonctionnait dans les années 30, était la plus rentable de Corse. C’est, aussi, l’avis du président de l’Exécutif, Gilles Simeoni : « C’est un projet qui vient de loin. La ligne a été ouverte en 1888 entre Casamozza et Tallone, prolongée jusqu’à Porto-Vecchio en 1935, puis arrêtée en 1953. Le train est revenu au cœur de notre vision stratégique, notamment de notre stratégie de multi-modalité et d’inter-modalité. Nous voulons porter un regard nouveau sur cet outil de développement et le faire en concertation avec les élus et la population de la Plaine Orientale qui en seront les premiers utilisateurs. Nous nous sommes engagés à continuer ce chantier que nous considérons comme structurant, il peut l’être parce que les chemins de fer corses se portent bien. Un travail considérable vient d’être accompli, mais il ne faut pas se cacher les difficultés et les contraintes. Il y a, à l’évidence, encore des interrogations, des préventions, voire des réticences, certaines sont levées, d’autres encore à discuter. Plusieurs options restent ouvertes ».
Le choix d’un train-tram
Le directeur des Transports de la Collectivité de Corse, Benoit Montini, a, ensuite exposé les grandes lignes du projet et les scénarii de tracé à quatre variantes (cf cartes) pour un potentiel passagers estimé à 800 voyageurs par jour. L’objectif est de coller autant que faire se peut au tracé historique ou d’en rester le plus proche possible : « Plus on s’en éloigne, plus on a de contraintes environnementales ». Ce tracé, laissé en déshérence depuis plus de 60 ans, a été, sur certains tronçons, urbanisé, voire entrecoupé de nouveaux chemins, ou à même servi à enfouir les canalisations hydrauliques, les réseaux électriques téléphoniques, et même plus récemment le réseau de fibre optique. L’objectif, aussi, est de rester au maximum sur le parcours des ouvrages d’art existants au dessus des cours d’eau pour éviter d’alourdir la faisabilité technique et financière du projet. « La priorité a été la recherche du moindre impact et du trajet le plus court possible. Le juste équilibre est de retenir le meilleur compromis entre avantages et inconvénients ». Le choix s’est porté sur le concept train-tram, un train utilisé comme un tram en zone urbaine avec une vitesse limitée. « Le train-tram est un matériel plus léger qui roule en mode train à 80-100 km/heure sur des sections longues et passe en mode Tram, - train ralenti – en urbain. Il peut gravir des pentes plus importantes qu’un train normal - des pentes de 6% au lieu de 3% - et sécurise l’utilisation en milieu urbain ».
Un tracé à 4 variantes
Les divers scénarii de ligne partent, donc, de Casamozza et suivent le tracé historique sur la commune de Monte, sans aucune problématique particulière jusqu’au rond-point de Torre. Là, le projet prévoit un passage du train en mode tram pour traverser le rond-point, et deux variantes alternatives en contrebas. Première concernée, la commune de Monte est enthousiaste : « Nous sommes preneurs d’une gare ou tout au moins d’un arrêt, car nous avons autour du tracé toute une zone à urbaniser. Nous pouvons mettre un terrain de 10 hectares à disposition des chemins de fer » explique un élu communal. L’obstacle franchi, la ligne reprend le tracé historique jusqu’au rond-point d’Arena-Vescovato où elle se retrouve confrontée à l’arrivée de la 4X2voies. Là aussi plusieurs scénarii, selon le choix d’un passage dénivelé du rond-point en mode tram ou une variante en contrebas. Tout aussi enthousiaste, le maire de Vescovato, Benoit Bruzi, revendique, également, une gare : « « Ce chemin de fer, détruit en septembre 1943 pendant la déroute allemande, est un outil qui doit être remis en état, car nous en avons besoin. Nous avons le projet de dynamiser cette zone pour créer des emplois. La variante la plus adaptée est celle qui permettra de desservir l’école et cette future zone du Nord de la Casinca ».
La problématique agricole
Le train-tram est perçu par les élus comme un moyen de développer des pôles urbains, mais la Casinca est surtout une grosse région agricole. « A Venzolasca et Sorbo-Occognano, le tracé historique se heurte à une zone qui s’est fortement urbanisée et recouvre des réseaux d’assainissement et des routes qui desservent les maisons. La variante ne peut se faire que dans les terres agricoles », remarque Antoine Poli, président de la communauté de communes Castagniccia-Casinca. A partir de Vescovato, se pose effectivement, comme le fait remarquer l’ancien maire de la commune, François-Xavier Marchioni, la problématique épineuse de préservation des terres et des exploitations agricoles. « Le projet du train est un acte fort en termes d’aménagement du territoire, mais au moment où on parle tant de la préservation du foncier agricole, le tracé a une emprise sur des terres agricoles que vous allez amputer. La plaine de la Casinca est fortement agricole et mérite d’être fortement protégée ». L’impact sur le foncier agricole est un critère essentiel à prendre en compte pour l’Exécutif : « Préserver le foncier agricole est, pour nous, fondamental. Il y a deux écueils à éviter : trop s’éloigner de l’urbain et empiéter sur les terres agricoles », affirme Gilles Simeoni.
Les élus de Plaine Orientale.
Un train de proximité
Si jusque-là le tracé ne pose pas de problèmes majeurs, les difficultés se corsent en plaine de Castellare et de Folelli où les variantes proposées, qu’elles soient urbaines ou rurales, qu’elles suivent ou non le tracé historique, suscitent des réticences, voire des oppositions qui ne vont pas toutes dans le même sens. « Je suis à 100% pour le train qui est un outil indispensable au développement de la Casinca et de la Castagniccia, voire même de l’Orezza et de l’Ampugnani. Ma population est en attente. Je suis ravi de voir qu’il y aura des possibilités de réflexion », assure Yannick Castelli, maire de Penta-Folelli, qui demande une « vraie gare et un parking de 300 ou 400 places ». Jugeant l’ancienne ligne « obsolète », il plaide pour le tracé de la 2X4 voies qui avait, dans une de ses prospectives, inclut des rails à l’intérieur du projet de voie rapide. Mais ce tracé est rejeté par l’Exécutif territorial : « C’est un tracé pour un train rapide, ce qui ne correspond pas à notre état d’esprit. Notre choix est d’être au plus près des agglomérations et des habitants, donc d’être en mode Tram », explique Hyacinthe Vanni. « Ce sont deux visions stratégiques et politiques qui s’opposent. La solution de facilité serait de coller au fuseau existant, mais ce n’est pas notre philosophie. L’esprit du PADDUC n’est pas de faire un train en rase campagne. Ce serait un train express et non plus un train de proximité. Il faut se poser la question : A qui s’adresse ce train ? Il doit avoir une utilité sociale et économique », renchérit Gilles Simeoni.
Un projet finançable
Le coût de la ligne Casamozza-Folelli, qui s’étend sur près de 10,5 kilomètres, est estimé entre 42 et 48 millions d’euros, en fonction des scénarii et des ouvrages d’art à construire. Les travaux sur le tracé historique sont évalués à 31,5 millions € auxquels s’ajoutent 9,6 millions € de foncier. L’investissement est comparable à ceux dévolus aux routes. « Il faudra faire des choix budgétaires. Le projet est finançable, mais pas encore financé », précise, prudent, le président de l’Exécutif. Plusieurs options sont envisageables, notamment le PEI (Plan exceptionnel d’investissements), également le nouvel outil promis par le président de la République de mise à niveau des infrastructures et les fonds européens. « Le train Folelli-Casamozza n’est pas seulement l’affaire de la Casinca, mais entre dans une vision plus globale de l’aménagement de l’espace et du territoire. L’idée est d’y insérer pour faire des économies d’échelle : les réseaux électriques, le haut-débit, la complémentarité avec la route, mais aussi la prise en compte du passage au gaz naturel. Si l’Etat tient ses promesses, la Corse sera alimentée en gaz naturel en 2022 avec un réseau qui partirait d’une barge à Luciana pour arriver à Ajaccio. Il faudra tenir compte de tout cela », commente Gilles Simeoni.
Un délai de cinq ans
Côté calendrier, Hyacinthe Vanni se veut optimiste et table sur un délai de cinq à six années pour ouvrir la ligne : « Ces cinq ans coïncident avec l’équipement en matériel train-tram. Nous prévoyons une réunion publique dans les trois mois à Folelli pour débattre du projet avec la population ». Le top départ pourrait être donné à la fin de la concertation publique qui pourrait prendre six mois. Mais, Folelli, martèle le président des chemins de fer, n’est qu’une première étape : « Le but est de traverser le Fium’Alto à son passage le moins large pour rejoindre de l’autre côté le tracé historique vers u Poghju Mezzana et de poursuivre le projet vers le Sud... jusqu’à Portivecchju ». La Plaine Orientale peut, enfin, se rêver sur les rails...
N.M.
Jacques Higelin, l'"enfant de la citadelle" de Calvi est mort
Par Laetitia Martini -07 avril 2018
"La mort ce n'est désagréable que pour ceux qui restent", chantait Jacques Higelin.
Archives G.B.
Vivez heureux aujourd'hui car demain il sera trop tard." Ce mantra, il l'a gravé des murs aux plafonds du cabaret mythique de Calvi, qu'il immortalise en 82 dans La ballade de Chez Tao.
Le chanteur, auteur-compositeur, comédien, écrivain, Jacques Higelin est mort ce vendredi 6 avril à Paris, à l'âge de 77 ans.
L'auteur de Tombé du ciel et Champagne pour tout le monde était un fan absolu de la Corse, et surtout de la Balagne où il avait son repère, temple des nuits rock : "Le jour va bientôt se lever sur la baie de Calvi. Je lève mon verre, le coeur gros, aux frères, aux amis de Tao", chantait-il. Et ils sont nombreux. Certains ont d'ailleurs pris l'avion dès hier après-midi pour la capitale, rendre un dernier hommage au poète du rock.
"Ses improvisations étaient hors-norme... Il savait capturer les salles, faire venir le public à lui, le faire chanter, rire", se rappelle la voix serrée le propriétaire du cabaret Tao-By Kerefoff, qui l'a accompagné près de cinquante ans au piano, entre les murs de son bar ou sur des scènes parisiennes aux côtés de noms comme Johnny Hallyday, Jacques Dutronc, Michel Sardou.
"Jacques était imprévisible, s'amuse-t-il. Et il n'avait pas peur de mourir. Il disait que ce n'était qu'un passage d'une énergie à une autre, qui se transforme et part ailleurs. Ce n'était pas triste mais une fête, où l'on devrait crier Champagne !". En Balagne, ce n'est pas ce qu'il s'est passé hier. D'aucuns se rappellent que l'artiste était, depuis 1985, citoyen d'honneur de Calvi, une ville qui l'a vu grandir. Et où est enterrée sa mère. Ses proches, et son public, parlent de lui comme d'une "bête de scène", "d'un pionnier du rock français", "d'un artiste sincère" qui laisse derrière lui une vingtaine d'albums, sa femme Aziza, danseuse, ses fils Arthur, Ken et Izïa, sa fille, qui évoluent eux aussi entre musique et comédie.
Dès 14 ans, Higelin veut se faire une place d'artiste. Il tente d'abord un petit rôle dans une opérette avec Sidney Bechet, avant de s'imaginer comédien. Cette carrière-là ne décolle pas, mais la musique revient le hanter au milieu des années 60. Il rencontre Marie Laforêt, Georges Moustaki mais aussi Brigitte Fontaine ou encore Rufus. Il participe à la première édition du Printemps de Bourges en 77, puis à celles des Francofolies en 84. Comme sur les plus grandes scènes françaises, il y chante des textes engagés. À gauche. Un engagement qui ne se dément pas. À la fin des années 80, on entend moins le chanteur mais davantage le militant. Jacques Higelin prend la parole avec l'Abbé Pierre pour l'association Droit au logement, ou lutte contre le Front national, sur ses terres, à Orange. Il retrouve la scène quelques années plus tard, visage d'éternel adolescent, chevelure hirsute.
"Je suis mort qui, qui dit mieux..." Ses amis, qui ne le laissent pas partir. Comme Tao-By: "On reprendra ses chansons jusqu'à n'en plus pouvoir, Jacques sera toujours vivant."
Alerte citoyenne
Mars 2018
Une lettre ouverte à l'initiative de la Ligue des Droits de l'Homme
La Corse à Paris
Décès d'un grand poète
Ghjuvan Terramu Rocchi n'est plus…
Ancien enseignant et conseiller pédagogique, cet inlassable défenseur de la langue corse avait ouvert la voie de l'enseignement bilingue, à travers ses méthodes d'apprentissage à destination des enfants. Sans oublier ses poésies et ses textes, interprétés par I Muvrini, Antoine Ciosi, Tavagna, Canta, A Filetta ou Felì.
Février 2018
TRIBUNE - Macron et la Corse : où est passée la disruption ?
Par Pierre Dottelonde, historien
Publié le 08/02/2018, 16h17
(Francescu Maria Antona - Alta Frequenza) - L'historien et journaliste Pierre Dottelonde, auteur également de nombreux ouvrages sur la Corse, a fait parvenir aujourd'hui à la rédaction d'Alta Frequenza une tribune, après la visite présidentielle de ces deux derniers jours.
Ceux qui espéraient de la disruption de la part d’Emmanuel Macron sur le dossier corse avaient de quoi devenir sceptiques avant même sa première visite présidentielle en Corse. Mais dès les premières phrases prononcées lors de son discours du 7 février dernier à Bastia, la crainte s’est transformée en incrédulité.
Ainsi, aux attentes exprimées à diverses reprises et de façon très majoritaire par les électeurs et les élus de l’île, depuis que l’assemblée territoriale est dirigée par les nationalistes mais également avant, aucune réponse positive n’a été donnée. Le rapprochement des prisonniers résidant en Corse au moment du délit pour lequel ils ont été jugés ? Pas même évoqué, tandis qu’une amnistie pour les prisonniers « politiques » avait, elle, été totalement exclue la veille. La coofficialité du corse avec le français ? Exclue tout aussi nettement. Un statut de résident ? Exclu également, au nom de la constitution française et des règles européennes, M. Macron passant curieusement sous silence le fait qu’au Danemark, pourtant membre de l’Union européenne, seuls les citoyens danois peuvent faire une acquisition immobilière.
Aucun signe de disruption, donc, jusqu’à ce qu’à la 75ème minute d’un discours où il fut beaucoup question de 4G et de fibre, de sécurité et d’hôpitaux, d’agriculture bio et d’Internet…, M. Macron annonce être prêt à proposer d’inscrire la « reconnaissance constitutionnelle de la spécificité de la Corse » dans la réforme qui sera soumise au printemps prochain aux parlementaires (en étant attentif, on aura entendu le président de la République mentionner également la « demande d’une autonomie de la Corse reconnue dans la République », notion qu’il ne reprendra toutefois pas). Mais attention, a précisé aussitôt le chef de l’Etat, la refonte de l’article 72 de la Constitution ne se fera pas sur un « concept » mais sur des « points précis ». Lesquels ? Comme aucune des attentes reliées à cette revendication constitutionnelle n’est admise comme recevable, on se demande bien ce que vont être ces « points précis ».
À cette inconnue – qui devrait, calendrier de la réforme oblige, être levée dans les prochaines semaines – s’ajoutent deux sujets d’inquiétude majeurs.
Le premier tient au constat du peu de poids qu’accorde Paris à l’expression démocratique insulaire. La situation en Corse s’est grandement apaisée ces dernières années, sans doute par lassitude d’une violence aux résultats plutôt ténus mais surtout en raison de l’espoir de plus en plus massivement et régulièrement exprimé dans les urnes que la volonté populaire permettrait d’obtenir satisfaction sur des revendications désormais très majoritaires. Certes, on est cette fois assez loin du fameux « Même 200 000 Corses autonomistes ne pourraient obtenir une modification de la Constitution faite pour 52 millions de Français ! » prononcé en avril 1974 par Libert Bou, mandaté par Jacques Chirac, alors Premier ministre de Valery Giscard d’Estaing, pour tenter de solutionner la « question corse ». Mais si l’attitude de l’Etat consiste en un « Même 100% de voix pour les candidats nationalistes ne sauraient autoriser la co-officialité du corse, un statut de résident et le rapprochement des prisonniers », comment pense-t-on à l’Elysée que le climat en Corse évoluera ? Paris fait-il le pari d’un renoncement de la population ? Les prédécesseurs d’Emmanuel Macron s’y sont essayé au cours des quatre dernières décennies, avec le succès que l’on sait.
L’autre grand sujet d’inquiétude est la méconnaissance dont a fait montre le président de la République de l’état d’esprit des insulaires. L’ouverture ? Mais cela fait déjà fort longtemps que l’université de Corte et les structures insulaires de formation supérieure la pratiquent et nouent et développent des partenariats, particulièrement en Méditerranée. Et c’est ce que pratiquent tous ces jeunes qui, avant de fonder en Corse ces start-up si chères à Emmanuel Macron, parfont leurs études et étoffent leur expérience à l’étranger.
Prenons aussi cette vision d’une « identité corse indissociable de l’identité française » dont on hésite à dire si elle est relève seulement d’une méconnaissance ou bien d’une volonté de refuser l’évidence. Car lorsqu’on observe sur le long terme l’évolution de ces questions d’identité en Corse, on ne peut que constater le recul sensible, particulièrement chez les jeunes, d’un sentiment d’appartenance à la France voire l’expression de plus en plus assumée d’un rejet. Est-ce le but poursuivi que d’encourager la progression de ce phénomène ?
Aujourd’hui, après les deux jours passés en Corse par le président de la République, s’imposent à la fois le constat que la disruption n’était décidément pas du voyage et la crainte que la fin de non recevoir exprimée à l’encontre de trois des quatre revendications majeures plébiscitées à plusieurs reprises par les électeurs insulaires ne compromette sérieusement le climat apaisé et constructif qui s’est imposé depuis deux bonnes années.
Emmanuel Macron a indiqué que les échanges avec les dirigeants nationalistes au pouvoir pour définir sur quoi portera précisément la proposition d’inscription de la spécificité de la Corse à l’article 72 de la Constitution s’achèveront courant mars prochain. Il reste donc peu de temps pour éviter que l’homme dont on attendait beaucoup de l’esprit disruptif ne devienne celui qui aura enterré une chance peut-être unique d’éloigner la Corse d’une…tentation disruptive d’avec la France.
Deux libres opinions sur la visite d'Emmanuel Macron
Ceci n'est pas...
Un bilan rapide -façon Magritte- des deux jours passés par le Président Macron en Corse (liste non exhaustive), terminés en apothéose lors de son discours de Bastia ce mercredi après-midi :
- Lors de son allocution bastiaise figurent sur l’estrade 5 drapeaux français, 5 européens et aucun corse. Ceci n’est pas un manque de tact.
- Les présidents de l’exécutif et de l’assemblée corse sont fouillés ostensiblement par le service de sécurité à l’entrée du meeting de Bastia. Ceci n’est pas une humiliation.
- Annonce de plus de gendarmes et de forces de police pour lutter contre la criminalité de droit commun. Rien sur le terrorisme djihadiste qui menace directement la vie des gens. Ceci n’est pas une absence de sens des priorités.
- Rien sur le rapprochement des prisonniers corses dont les familles se ruinent pour aller les voir sur le continent. C’est pourtant un droit (en France et en Europe). Ceci n’est pas en contradiction avec le droit et les valeurs de la France.
- Fin de non recevoir pour la demande de co-officialité linguistique en Corse (qui émane de pratiquement tous les élus). Ceci ne marginalise pas le gouvernement français au sein des nations européennes qui acceptent toutes la co-officialité de leurs principales langues régionales.
- Un audit sera effectué pour comprendre "pourquoi les 9 Millions d'Euros que l’Etat dépense chaque année dans l’enseignement de la langue corse ne donne pas plus de résultat". Ceci n’est absolument pas une humiliation
- La Corse sera sans doute inscrite dans l’article 72 de la Constitution et non le 74. Le 74 est celui dans lequel figurent les collectivités d’outre-mer et confère une certaine autonomie. Le 72 ne sert à rien, en dehors du caractère symbolique. Ceci n’est pas du foutage de gueule.
- Tout avait déjà bien commencé lors de l’hommage au Préfet Erignac : le Président Macron avait indiqué que le procès des assassins ne se « plaidait pas ». Ceci ne veut bien entendu pas dire que la justice d’Etat semble donc préférable à une justice indépendante.... Sachant en plus que Gilles Simeoni était l’avocat d' Y.Colonna… Ceci n’était absolument pas un clin d’oeuil particulièrement tordu au Président de l’exécutif corse…
- Venir en Corse accompagné de JP Chevènement (qui avait nommé le Préfet Bonnet, dont les méthodes en Corse le conduisirent jusqu'à la case prison). Ceci n’est pas une provocation.
-> Au final, on peut se rassurer, la Corse reste bien un des principaux paillassons de l'ultra-jacobinisme...
Stéphane Léandri
Ma ch'hà da dì Macron?
Après le comptage (pénible, voire ridicule) du nombre de manifestants du samedi 3 février,
après le décryptage des signes donnés avant même son arrivée en Corse::
- la visite annulée à Bonifacio , où pourtant son ami Marc Ferracci aurait pu lui servir de guide,
- la présence de Chevènement dans la délégation présidentielle, Chevènement qui trouve dans sa haine des corses, une fontaine de jouvence,
- après le soutien inespéré de Patrice Franceschi, l'Indiana Jones nustrale,
- après les propos stupides d'Apolline de Malherbe sur la langue corse: cette chère Apolline qui devrait d'ailleurs, réaliser qu'après Malherbe ou Vaugelas, il y a aujourd'hui Claude Hagège qu'elle devrait lire avec attention,
Après tout ça...et le reste, nous, nous glosons, nous dissertons, nous discutons, nous supputons, nous analysons, et nous concluons::"Paris ne nous aime pas!" ..Car nous sommes atteints de strabisme divergent: un œil sur la Corse et un œil sur Paris! Et nous arrivons même à "loucher" des oreilles, toujours attentifs aux propos qui viennent de l'autre côté de la mer! Et nous sommes si friands de cet amour que Paris nous refuse que, même lorsque des personnages aussi peu recommandables que Charles Millon ou Hervé Morin, semblent soutenir la cause de la Corse, nous sommes submergés par une onde de félicité!
Ma avà, ch'hà da dì Macron? Et s'il dit: "non", que ferons-nous? Non à toutes les revendications, non à la co-officialité, non au statut de résident, non à l'inscription de la Corse dans la Constitution, non à l'amnistie et au rapprochement des prisonniers. Chì femu? Nous nous couvrons la tête de cendres? Ci lampemu tutti in mare? Lascemu more a nostra lingua? Nous laissons la spéculation engloutir nos espaces naturels et gangrener la société? Et les prisonniers, nous les laissons croupir loin de leurs familles?
En somme, croirons-nous, ou laisserons-nous croire, que ce refus signerait notre arrêt de mort, ou qu'au contraire, un accord réglerait tous nos problèmes?
Or, si "un paese da fà" est autre chose qu'un slogan, qu'une incantation, stu paese tocc'à noi à fallu! À nisun'altru!
Alors, si nous nous mettions au travail? Si nous prenions tous les problèmes que connaît la Corse, à bras le corps, et si nous mettions en oeuvre toutes nos ressources pour les résoudre? La précarité, le traitement des déchets, les transports, la gestion de l'eau, l'aménagement du territoire sont des chantiers auxquels nous devons nous attaquer sans attendre l'aval de qui que ce soit.
Quant à la langue, sortons la de son carcan idéologique et cessons de la ghettoïser: inventons des situations où elle puisse devenir un véritable outil de communication, d'échange, de partage, de fête et de plaisir.
Reste la question des prisonniers: nous ne pouvons pas accepter que l'on brandisse la "République", chaque fois que l'on aborde ce sujet. La République n'est pas qu'un concept, aussi noble soit-il. Elle est aussi le fait d'hommes et de femmes et comme telle, elle n'est pas exempte de fautes. Il ne sert à rien de les lui jeter à la tête, pas plus qu'il n'est sage de faire peser sur la Corse, l'assassinat du préfet Erignac comme le péché originel.. Désormais,que l'on soit d'accord ou pas avec son verdict, la justice s'est prononcée, . Mais pas toute la justice: .le rapprochement des prisonniers est inscrit dans la Loi. Se défausser à chacune de leurs demandes, leur opposer des arguments spécieux, sont autant d'accommodements dont la République ne sort pas grandie. Le rapprochement des prisonniers ne demande pas de mesure exceptionnelle,type modification de la constitution. Il faut donc, sans relâche.et sans pusillanimité,demander que le droit soit appliqué.
Les nationalistes sont aujourd'hui, au pouvoir par la seule voie démocratique. Ils ont été largement élus, même si l'on peut nourrir une véritable inquiétude face à une abstention qui s'étend un peu plus à chaque scrutin.
Les électeurs ont voulu, en premier lieu, balayer une classe politique sclérosée, qui de compromissions en atermoiements, s'est largement discréditée.
Nettoyer ainsi le terrain, en enlever les pierres, en extirper les vieilles racines, l'aplanir: c'est bien! I Mais, il faut à présent le labourer et l'ensemencer , et la tâche est rude, mais belle. C'est l'espoir de la récolte à venir qui peut nous ébranler, c'est le rêve du parfum des fleurs, de la saveur des fruits qui peut nous motiver, et nous faire oublier la boue qui colle à nos semelles..
"Patauger, disait Paul Valery, quelquefois, c'est faire aussi bondir deux ou trois gouttes de lumière."
Allora, ch'averà da dì, Macron? Pocu impreme: nous n'aurons rien perdu, tant que nous continuerons à faire bondir la lumière.
Dominique Bianconi
Le rapport Mastor
Dans la perspective de la révision constitutionnelle envisagée par le Président de la République, Jean-Guy Talamoni, Président de l'Assemblée de Corse a souhaité que les élus puisse bénéficier d'un état des lieux et de propositions précises concernant la Corse.
Il a donc missionné Wanda Mastor, Professeure de droit constitutionnel, pour établir une expertise scientifique poussée. Officiellement remis le 18 janvier 2018 au Président de l'Assemblée de Corse, le rapport Mastor argumente en faveur d'un nouveau statut constitutionnel de la Corse, démontrant que rien ne s'oppose à une prise ne compte des spécificités corses dans la constitution.
Lors de leur déplacement à Paris les 22, 23 et 24 janvier dernier, les Présidents de l'Assemblée de Corse et de l'Exécutif de Corse ont remis ce rapport au cabinet du Président de la République, au Premier ministre, au Président du Sénat et au Président de l'Assemblée nationale.
Relations Corse - Paris : L'Assemblée de Corse vote une résolution destinée au président Macron
Nicole Mari, 3 Février 2018
Après une journée de session plutôt débridée, l’Assemblée de Corse a adopté, tard dans la soirée, une résolution solennelle, déposée par le président du Conseil exécutif et le président de l’Assemblée de Corse, qui sera remise au président de la République, Emmanuel Macron, lors de sa venue dans l’île, la semaine prochaine.
Cette résolution en quatre points - le dialogue avec Paris, la question institutionnelle, le rapprochement des prisonniers politiques, les ressources de la nouvelle collectivité unie - , qui a fait l’objet d’amendements, a recueilli 48 voix issues de la majorité territoriale et des Macronistes. La droite, affichant ses divergences, a proposé une résolution alternative. L’opposition s’est retrouvée unie pour condamner la manifestation de samedi, la jugeant prématurée.
L’idée avait été validée par les deux présidents de l’Exécutif et de l’Assemblée de Corse, il y a quinze jours. Il s’agissait, après les décevants entretiens parisiens de la semaine dernière, de proposer aux élus territoriaux d’adopter une résolution solennelle pour délivrer un message commun au président Macron. L’objectif du pouvoir nationaliste était, comme cela a parfois été le cas par le passé, d’obtenir un vote à l’unanimité de l’Assemblée de Corse pour opposer un front uni et parler d’une même voix face au chef de l’Etat. A trois jours de sa venue tant attendue dans l’île, la concrétisation s’est faite dans l’urgence pendant la session du 2 février dont elle fut la question majeure, longuement débattue en fin de soirée.
Des considérants brefs…
La résolution proposée, qui sera remise, mardi, au président de la République, s’est voulue, dans ce souci de consensus, assez brève et concentrée sur quatre points essentiels. Prenant, d’abord, acte du contexte difficile et du calendrier contraint, elle liste rapidement un certain nombre de considérants : « Considérant que la situation politique nouvelle en Corse est constitutive d’un fait majeur devant être pris en compte, considérant l’aspiration profonde du peuple corse à la paix, à la démocratie, au développement et à l’émancipation, considérant la nécessité de respecter le fait démocratique et l’expression du suffrage universel, considérant la révision constitutionnelle prévue dans le courant de l’année 2018, considérant la venue en Corse du Président de la République les 6 et 7 février 2018, considérant que la combinaison de ces éléments doit permettre de mettre un terme définitif à la logique de conflit et d’ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre la Corse et l’Etat… ».
… Et des demandes concises
Avant d’aligner une demande conjointe et solennelle de l’Exécutif et de l’Assemblée en quatre articles tous aussi brefs, clairs et concis. L’article 1 appelle « le Président de la République à ouvrir avec les représentants élus de la Corse et les forces vives de l’île, un dialogue sans préalable ni tabou entre l’Etat et la Corse ». L’article 2 demande que « la Corse fasse l’objet d’une mention spécifique dans la Constitution permettant de la doter d’un statut défini par référence à l’article 74, prenant en compte sa situation politique, sa géographie, son insularité, son relief, sa démographie, son histoire ainsi que l’identité culturelle du peuple corse » et que « cette reconnaissance permette la mise en œuvre de solutions adaptées aux enjeux stratégiques liés notamment à la fiscalité, au foncier, à la langue et à l’exercice du pouvoir législatif ». L’article 3 réclame « l’application immédiate et sans restriction du droit au rapprochement de tous les prisonniers poursuivis ou condamnés pour des actes en relation avec la situation politique de la Corse » et qu’une « mesure d’amnistie intervienne au terme du règlement définitif de la question corse ». L’article 4 demande « la reprise des discussions concernant les ressources, moyens et transferts de fiscalité de la Collectivité de Corse, conformément aux engagements du Gouvernement afin que celle-ci soit en mesure de jouer pleinement son rôle d’institution motrice du développement social, économique et culturel de la Corse ».
Une occasion sans précédent
Quatre points présentés par le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, qui revient sur les enjeux : « Cette résolution s’inscrit dans le cadre de la visite présidentielle pendant laquelle nous espérons qu’une position sera donnée par le président de la République concernant la situation de la Corse et les moyens de l’améliorer, d’améliorer également les relations entre la Corse et Paris. Un certain nombre de conditions sont réunies, comme elles ne l’ont jamais été, pour envisager les choses de manière positive afin que soit apportée une solution au problème corse. Il y a la possibilité pour Paris d’insérer dans une révision constitutionnelle prévue un dispositif nous permettant de déroger au droit commun et de pouvoir mener des projets importants pour nous. Il ne faut pas rater cette occasion qui est sans précédent sur le plan historique ! ». Le débat sur ces quatre articles a relayé les divergences politiques surgies lors de la campagne électorale et les mêmes réticences, voire les mêmes peurs, mais sur un ton beaucoup plus apaisé. Les deux groupes libéraux, à l’exception de Pierre Ghionga, ont refusé le consensus, arguant de leur droit à la différence.
Le droit à la différence
« Nous sommes presque d’accord, donc presque en désaccord. C’est un signe de démocratie vivante de ne pas céder toujours à un unanimisme de mauvais aloi ou de rechercher sans cesse le consensus absolu. Sans rentrer dans une obstruction permanente, l’opposition doit faire vivre sa différence et se faire entendre », déclare Jean-Martin Mondoloni, président du groupe « Per l’avvene ». Le point d’achoppement s’est cristallisé sur la question institutionnelle. La droite, s’alignant sur la position exprimée par le président du Sénat, Gérard Larcher, récuse l’inscription de la Corse dans l’article 74 et lui privilégie une possible inscription dans l’article 72 qui « nous semble, dans l’approche, suffisant pour faire évoluer les compétences », explique François-Xavier Ceccoli du groupe « La Corse dans la République ». « Pour nous, le principe d’autonomie commence d’abord par faire fonctionner la loi du 22 janvier 2002 qui ne fonctionne pas. Il est nécessaire, à ce motif, que place soit faite à la Corse dans l’article 72, relatif aux collectivités métropolitaines de droit commun ou à statut particulier, pour rendre opérationnel ce pouvoir d’adaptation et d’expérimentation. Une majorité s’était, d’ailleurs, dégagée dans l’hémicycle le 27 septembre 2013 pour borner le périmètre d’une éventuelle évolution constitutionnelle au sein de l’article 72, le nouvel article propre à la Corse pouvant être numéroté 72-5. C’est la garantie pour la Corse de maintenir son positionnement au sein de l’ensemble métropolitain et de l’Union européenne, tout en permettant l’opérationnalité du pouvoir d’adaptation et l’établissement d’un statut fiscal.Les principes ne sont pas équivalents dans l’article 74. On passerait d’un état décentralisé à un Etat fédéralisé », complète Jean-Martin Mondoloni. La droite, refusant de se prêter au jeu des amendements, propose une résolution substitutive qui est récusée.
Un territoire ultramarin
A l’inverse, après de longues tractations hors hémicycle, le groupe pro-macroniste « Andà per dumane » de Jean-Charles Orsucci a accepté, après dépôt d’amendements, d’adhérer à la démarche. « Dans l’intérêt général de la Corse, nous ne pouvons pas refuser de travailler avec la majorité territoriale et l’opposition. Notre groupe s’inscrit dans une démarche progressiste, nous sommes d’accord avec l’article 1 sur la nécessité d’ouverture du dialogue. L’article majeur, pour nous, est l’article 4 qui demande des moyens pour faire fonctionner la collectivité unique au service des Corses. La question institutionnelle est toute aussi essentielle. Nous pensons que le président de la République sera à la hauteur des attentes de notre collectivité. Le fil a été tracé lors de son discours de Furiani sur la décentralisation ». Se démarquant de l’opposition de droite, il estime que l’article 72 n’est pas adapté à la situation de la Corse, alors que « l’article 73 ou 74 ouvre le champ des possibilités. Je ne comprends pas pourquoi les gens s’opposent à ce que nous soyons considérés comme un territoire ultramarin. La situation socioéconomique de la Corse est en tous points comparable à celles de ces îles… Néanmoins, le pouvoir législatif doit être clairement défini dans la Constitution et encadré ». Seul bémol concernant l’épineuse question des prisonniers : « Dans un souci d’efficacité, la question de l’amnistie devait être abordée, mais il nous appartient d’en définir les modalités. Je vous propose sur cette question et celle des prisonniers à simplement renvoyer aux délibérations de l’Assemblée de Corse ».
Une manifestation prématurée
L’opposition s’est réunie dans une même condamnation de la manifestation populaire qui aura lieu à Ajaccio ce samedi après-midi à l’appel des mouvements nationalistes et d’une quinzaine d’associations. « Nous considérons que cette manifestation est prématurée et comporte le risque de la rue. Ce qui nous gène aussi, c’est qu’il ne faudrait pas que tout cela débouche sur une Corse à deux vitesses, une qui serait moins corse parce qu’elle se situe à l’article 72. Il ne faudrait pas que ce débat et la manifestation débouchent sur ce clivage. Il reste une divergence de fond entre nous sur l’interprétation que vous faites du scrutin. Votre légitimité est actée, mais vous considérez que les Corses ont voté pour vous pour faire nation, nous ne le pensons pas », affirme Jean-Martin Mondoloni. « Nous répondons favorablement à votre demande de résolution face à l’urgence de la venue du président de la République. Mais, nous pensons qu’organiser une manifestation est une erreur, il aurait été préférable d’entendre d’abord ce que le président de la République a à dire avant d’en critiquer le fond », regrette Jean-Charles Orsucci.
Au final, la résolution a été adoptée, vers 23h30, par 48 voix sur 63 : 41 voix de la majorité territoriale Pè a Corsica, 6 voix d’Andà per dumane et la voix de Pierre Ghionga, élu du groupe de Valérie Bozzi, qui a invoqué la cohérence de son engagement pour l’autonomie.
Manifestation d’Ajaccio : Une démonstration de force réussie pour les leaders nationalistes
Rédigé par Nicole Mari le Samedi 3 Février 2018 à 22:33 | Modifié le Samedi 3 Février 2018 - 23:53
Très grande satisfaction des leaders nationalistes après la manifestation, Demucrazià è Rispettu pè u populu corsu qui a réuni, selon eux, plus de 20 000 personnes dans le calme sur le cours Napoléon à Ajaccio. Le pari est, disent-ils, réussi à trois jours de la venue dans l’île du président Macron et un message fort envoyé au chef de l’Etat.
Jean-Félix Acquaviva : « Emmanuel Macron doit être, désormais, l’homme de l’enjeu »
Les trois députés nationalistes, étaient, bien sûr, au cœur de la manifestation de cet après-midi, à Ajaccio. Très médiatisés, comme l’ensemble des élus de l’exécutif, ils ont analysé (voir ci-dessus) un événement qui aura largement répondu à leurs attentes. Analyse de la situation avec Jean-Félix Acquaviva, Député de la 2e circonscription de la Haute-Corse
- Que peut-on retenir de cette manifestation ?
- Pour ce qui nous concerne, ce fut une grande réussite. Plus de 20 000 personnes malgré des conditions climatiques très difficiles. Cela signifie que les Corses voulaient descendre massivement dans la rue avant la venue mardi, du Président de la République. Ils ont réitéré ce pourquoi ils ont voté en décembre dernier, à savoir que Paris doit, aujourd’hui, répondre au fait démocratique. L’appel du collectif « Demucrazia » a été, à l’évidence, entendu. Il y avait beaucoup de monde et de mémoire de manifestants, un rassemblement sans précédent.
- Certains avancent qu’il aurait été plus judicieux de mettre en place une telle manifestation après la visite d’Emmanuel Macron. Qu’en pensez-vous ?
- Je pense qu’il était nécessaire que les Corses descendent dans la rue avant mardi de manière pacifique, tranquille et sereine pour envoyer un message au Chef de l’Etat et d’attendre, en retour, de lui, qu’il soit l’homme de l’enjeu.
- Qu’attendez-vous de la venue du président de la République ?
- On attend qu’il ouvre la voie d’une discussion sans tabous, sans préalable, sur ce que les Corses ont demandé. Ils ne demandent rien d’autre que la normalité d’un statut d’autonomie, le même, du reste, qui a été accordé à la Polynésie ou à Saint Barthélémy. Il est normal, aujourd’hui, que les Corses maîtrisent leur destin. Les institutions permettront un meilleur développement.
- Quel regard l’Assemblée Nationale porte-t-elle sur la Corse ?
- Il y a, à l’Assemblée Nationale, des groupes qui sont favorables à nos revendications. Je pense, notamment au président François De Rugy, au groupe de « La France Insoumise » ou à d’autres. C’est le signe que les lignes bougent favorablement. Le Président de la République doit être l’homme d’Etat qui comprenne ce qui arrive en Corse. (Propos recueillis par V. M)
Relations Corse – Paris : Du silence à la provocation, le piège d’un dialogue qui tourne court
Nicole Mari pour Corse Net Infos - 23 Janvier 2018
Le dialogue avec Paris, à peine noué après neuf mois de silence, serait-il mort-né ? Les discussions avec le Premier ministre, Edouard Philippe, que les présidents de l’Exécutif et de l’Assemblée de Corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, espéraient sans tabou, ont viré au dialogue de sourds. L’entretien avec le président du Sénat, Gérard Larcher, a tourné à la farce tragique. Les réponses parisiennes aux demandes insulaires sont jugées inacceptables et vécues comme une véritable provocation, voire un piège.
Y-a-t-il un accord parisien pour liquider la question corse ? Les deux leaders nationalistes en sont convaincus, ils laissent éclater leur colère et appellent les Corses à se mobiliser.
Les présidents de l’Assemblée et de l’Exécutif de Corse, Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni,
devant le Sénat, avant l’entretien avec Gérard Larcher.
« Quand on met bout à bout les deux réunions d’hier et d’aujourd’hui, notre conviction est faite : l’Etat refuse de reconnaître et de prendre en compte la dimension politique de la question corse ». Les mots sont clairs et concis, presque désabusés, le ton à la colère et les visages fermés. Pas amers, mais désabusés et un peu interloqués. Les deux présidents nationalistes n’attendaient pas grand chose de ces premiers dialogues parisiens, mais, après neuf mois d’attentisme à endurer le silence de plomb de l’Elysée, le mépris condescendant et les chausse-trappes du gouvernement, des déclarations ministérielles fracassantes, chaotiques, voire contradictoires, et les récentes maladresses et incohérences d’une Madame Corse qui, de retour à Paris, prend le contrepied ce qu’elle vient d’annoncer dans l’île, ils espéraient, enfin, un peu de respect, juste « l’ouverture d’un dialogue sans tabou, ni préalable ». Les Nationalistes n’obtiendront ni l’un, ni l’autre ! Du Premier ministre, ils n’obtiennent que silence et dérobades. Du président du Sénat, un pied de nez qui frise la tragi-comédie.
Des préalables et des vétos
La comédie a débuté, lundi soir, à Matignon. Face à un Premier ministre surprenant de légèreté, les deux présidents nationalistes ont pourtant fait preuve de clarté et de fermeté. « Nous lui avons expliqué que si nous étions là devant lui, c’est bien parce qu’il y a eu un conflit pendant 50 ans et que, depuis notre élection, nous voulons tourner la page et ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre la Corse et l’Etat. Nous lui avons demandé de l’affirmer ensemble publiquement et symboliquement. C’est, pour nous, essentiel ! Sa réponse : Pas question ! La seule chose que le Premier ministre consent à dire, c’est qu’il y a une donne électorale nouvelle dans l’île. Mais, ça tout le monde le sait ! », raconte Gilles Simeoni. Son résumé de l’entrevue est glaçant, ses commentaires, lapidaires. « Sur le statut de résident, la coofficialité de la langue et l’amnistie, Edouard Philippe répond : « On n’en parlera jamais ! ». Il nous invite à une discussion et pose des préalables là où nous, nous n’en posons aucun ! Nous lui avons dit comprendre le problème politique et constitutionnel auquel il est confronté, mais qu’il devait aussi comprendre que nous sommes mandatés pour défendre notre projet politique. Nous lui avons proposé d’acter le désaccord, de mettre des problèmes de côté, mais sans dire qu’on n’en parlera jamais parce que ce n’est pas comme cela qu’on engage une discussion ! ». Pas de réponse !
La dérobade sur les prisonniers
Le gouvernement se défausse sur tous les sujets qui fâchent, et atteint son point d’orgue sur le rapprochement des prisonniers politiques ? « Il nous répond dans l’ordre : il n’y a pas de prisonniers politiques. Le rapprochement se fera au cas par cas. Il refuse de nous indiquer quand débutera ce rapprochement. Les trois condamnés du commando Erignac ne seront jamais rapprochés ». Une fin de non-recevoir sur ce dernier point à laquelle Gilles Simeoni réplique en plaidant le droit et la justice : « Ces trois prisonniers ont été condamnés à la prison à perpétuité sans peine de sûreté. Le droit s’applique à eux comme aux autres, ou alors l’Etat leur applique une peine d’éloignement qui n’est prévue par aucun texte. Vous n’êtes ni dans une logique républicaine, ni dans une logique d’Etat de droit, ni dans une logique de justice, mais dans une logique de vengeance. Dans ce cas, il faut nous le dire clairement ». En pure perte ! Le Premier ministre lui oppose un silence plus lourd que des mots. C’est le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui assume la dérobade : « Vous savez que c’est un dossier très sensible, ce n’est pas possible pour l’instant ! ».
L’autonomie, un mot tabou
Les points noirs liquidés en un revers de main, arrive le moment du point-clé de la discussion, la demande majeure des Nationalistes : l’évolution des institutions. Si l’actuel locataire de l’Elysée a fait du pacte girondin une de ses principales promesses de campagne, celui de Matignon ne veut même pas savoir ce que le mot signifie. Quand à l’autonomie, c’est tout simplement, pour lui, un mot tabou ! « J’ai expliqué que l’autonomie est un thème qui structure le débat public insulaire depuis un demi-siècle. Nous avons fait campagne dessus, c’est le point fort de notre projet qui a été validé par 56% des Corses. Au-delà de ce résultat électoral, un sondage montre que 80% des Corses sont favorables à un statut d’autonomie, y compris les forces politiques qui soutiennent le gouvernement. Toutes les îles de Méditerranée sont autonomes. L’autonomie existe déjà dans le droit constitutionnel actuel », argumente Gilles Simeoni. Les Nationalistes prennent bien soin de préciser qu’ils ne demandent pas la lune, c’est-à-dire pas une réponse immédiate sur le statut d’autonomie. « Je lui ai juste demandé d’en prononcer au moins le mot et d’ouvrir la porte à un dialogue. Là aussi, c’est encore non ! Le Premier ministre nous répond : « le terme autonomie, je ne sais pas ce que ça veut dire ! ». Le président de l’Exécutif corse riposte, ironique : « Cherchez dans le dictionnaire ! La définition, nous vous la donnons, elle est dans notre programme. Si vous en avez une autre, parlons-en ! ». Réponse : « Non, on n’en parle pas ! ». Fin de la discussion ! Le gouvernement ne consent à parler que des compétences de la collectivité unie.
Les présidents de l’Assemblée et de l’Exécutif de Corse, Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni, devant le Sénat, à l’issue de l’entretien avec Gérard Larcher.
La farce institutionnelle
Le Premier ministre ayant vidé le dialogue de tous les sujets, il ne restait plus que la révision constitutionnelle. Et deux options que Gilles Simeoni met sur la table : « Soit le droit à la différenciation de droit commun où la Corse est juste marginale par rapport aux autres régions. Pour nous, ça ne sert à rien ! Soit la reconnaissance de la spécificité corse, comme nous le demandons, à travers un article 72 ou 74… qui acte sa spécificité. Là encore, pas de réponse ! On nous renvoie à la prise de parole du président Macron le 6 février à Ajaccio ». Le suspens est de courte durée et levé, dès le lendemain, par le président du Sénat, Gérard Larcher, dont on ne comprend pas bien pourquoi il a tenu à rencontrer les élus corses. « Il nous dit clairement que tout est déjà décidé ! L’inscription de la Corse se fera à travers l’article 72 de différenciation du droit commun, à nous de voir si on peut jouer à la marge… Le message est clair. Tout ce qui est essentiel, on n’en parle pas ! De problème politique, il n’y en a pas ! L’autonomie, ça n’existe pas ! La Corse rentre dans le droit commun, elle perd même son différentiel initial, ses spécificités institutionnelles sont réduites à néant ! ». Le sourire aux lèvres, presque rigolard, Gérard Larcher lance aux deux présidents nationalistes : « Je sais que vous n’êtes pas contents ! ».
Une véritable provocation
Pas contents ! Le mot est faible. Les élus corses sont furieux. La comédie a tourné à la farce, mais les masques sont tombés, l’Etat a dévoilé son jeu. Il n’a jamais eu l’intention de discuter. « C’est clair que c’est un piège ! Les présidents des différentes institutions de l’Etat se sont mis d’accord sur notre dos pour, ensuite, avancer l’argument final qu’il n’y a pas de majorité des 3/5ème pour accéder à ce que nous demandons », dénonce le président de l’Exécutif qui n’a pas l’intention de se laisser balader plus avant. Pas plus d’ailleurs que le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, plutôt remonté : « Nous sommes face à des réponses qui ne sont pas acceptables, qui sont une véritable provocation par rapport au message qui a été délivré de manière claire par les Corses à l’occasion des élections territoriales. Ces réponses totalement négatives sont un déni de démocratie ! Le gouvernement et les autres autorités publiques parisiennes, dont le président du Sénat, ont une position qui n’a rien à voir avec une attitude ouverte, normale face à la nouvelle situation politique. Ils agissent comme s’il y avait eu, en décembre, un simple renouvellement d’une assemblée administrative, alors que c’est un véritable séisme qui s’est produit avec l’élection à la majorité absolue d’une liste entièrement composée de Nationalistes. Nous ne pouvons pas l’accepter ! ».
L’appel aux Corses
Le piège, c’est, d’abord, un pari ! Le gouvernement parie en Corse, comme il le fait dans l’hexagone, sur l’atonie du peuple pour acculer les Nationalistes à l’impasse, supputant qu’ils n’ont pas d’autre choix que de discuter et, la première déception passée, d’avaler les couleuvres. « Un pari plutôt risqué », selon Jean-Guy Talamoni. « Paris n’a pas compris ce qu’il s’est passé en Corse. Paris croit se débarrasser ainsi du problème corse. Nous allons leur montrer que c’est une erreur ! Nous allons continuer à montrer notre désaccord et nous allons demander aux Corses de nous aider à le faire. Nous les appelons à se mobiliser de manière massive pour défendre les intérêts collectifs du peuple corse ». L’appel est lancé pour une large manifestation populaire dans un cadre contraint puisque la révision constitutionnelle est prévue très prochainement. « Il faut qu’avant que cette révision constitutionnelle ne prenne un tour définitif, les Corses manifestent une volonté forte, ferme et massive de voir la question corse prise pleinement en compte au niveau politique et non pas à un simple niveau technique », prévient le leader indépendantiste.
Une promesse non-tenue
La séquence parisienne devait normalement se clore, mercredi soir, pour les élus insulaires, par une rencontre avec le président de l’Assemblée nationale. Un entretien qui pourrait être remis en cause tant il est devenu sans intérêt car il est fort difficile d’imaginer que, tout décentralisateur qu’il soit, François De Rugy tienne un discours opposé aux deux déjà entendus. Entre temps, les Nationalistes participeront à l’assemblée générale des Régions de France qui devraient leur renouveler publiquement leur soutien. Le président Hervé Morin a, déjà, réaffirmé, mardi après-midi, que « le résultat du scrutin de décembre en Corse est un fait politique majeur » et exhorté le gouvernement « à ouvrir un dialogue sans tabou ni préalable ». La façon dont Paris saborde le dialogue inquiètent les régions, car, en même temps que les espoirs corses, elle sonne le glas du pseudo-pacte girondin, promesse non tenue du candidat Macron, et lui aussi mort-né ! On ne voit pas bien ce que la venue du président de la République, dans l’île, le 6 février, annoncée comme décisive, pourrait apporter de plus. « D’ores et déjà, nous sommes convaincus que la façon dont Paris aborde la question corse est inappropriée et relève de la provocation. Si le président Macron se situe, le 6 février, dans le droit fil de ce que nous avons entendu ces deux jours, il n’y a rien à en attendre ! », lâche Jean-Guy Talamoni. Face à un dialogue vide, il ne reste peut-être plus aux Nationalistes qu’une seule option : la chaise vide !