Kenny Barron

Dernière mise à jour : 08/10/2025

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Kenny Barron, né le 9 juin 1943 à Philadelphie, est un pianiste de jazz américain.

Kenny Barron a joué avec des centaines de musiciens de jazz renommés comme Yusef Lateef, James Moody, Joe Henderson, Freddie Hubbard, Buddy Rich, Ron Carter, Chet Baker, Benny Carter, Stan Getz, Regina Carter et Ornette Coleman.
Il a aussi codirigé le groupe Sphere.

Philadelphie, au début des années 1970, était un creuset où se mêlaient soul, funk et jazz. Barron, qui allait devenir l’un des pianistes majeurs du jazz moderne, s’imprégnait de ces influences tout en traçant sa propre voie, plus introspective, plus abstraite. À dix-neuf ans, il quitte Philadelphie pour New York, se plongeant dans le bouillonnement musical de la ville. Il joue avec Roy Haynes, Lee Morgan et James Moody, qui le remarque un soir au mythique Five Spot Café.
Sur la recommandation de Moody, Dizzy Gillespie engage le jeune pianiste en 1962, sans même l’avoir entendu jouer une seule note.
Au sein du groupe de Gillespie, Barron découvre alors la richesse rythmique des musiques latines et caribéennes, palette sonore qui nourrira plus tard son propre langage musical.
Au fil des années suivantes, Barron collabore avec une impressionnante constellation de figures du jazz: Freddie Hubbard, Stanley Turrentine, Milt Jackson, Buddy Rich, et bien sûr Yusef Lateef, dont l’approche introspective de l’improvisation marquera profondément l’art de Barron.

Les années 1970, à New York comme à Paris, furent celles de la liberté absolue. Les artistes pouvaient se faire remarquer rapidement, pour peu qu’ils aient du talent et une vision. La créativité tenait lieu de rébellion, et l’expression individuelle était une valeur partagée. Dans ce climat d’émancipation, le permier disque de Kenny Barron, "Sunset to Dawn", apparaît comme une évidence: un disque-pont entre la pulsation du funk et la rigueur intellectuelle du jazz. À l’écoute aujourd’hui, on y perçoit autant la fougue de la jeunesse que l’intemporalité d’un langage musical déjà accompli. Barron y joue comme s’il racontait une histoire entre l’ombre et la lumière, entre le silence et le son. Son phrasé, à la fois réfléchi et spontané, révèle un artiste déjà relié à quelque chose de plus vaste que lui, ce courant ininterrompu qui relie la tradition du jazz à sa perpétuelle réinvention.

Les décennies suivantes confirmeront ce que Sunset to Dawn avait laissé entrevoir. Sous le label Verve Records, Barron obtiendra neuf nominations aux Grammy Awards, à commencer par l’extraordinaire People Time, un duo d’une rare intimité avec Stan Getz, suivi de Sambao, empreint de rythmes brésiliens, et de Freefall (2002).
Spirit Song, Night and the City (avec Charlie Haden) et Wanton Spirit (avec Roy Haynes et Haden) recevront eux aussi plusieurs nominations, pour l’album comme pour la performance instrumentale.
Son disque Canta Brasil (Universal France), enregistré avec le Trio de Paz, fut classé par le magazine JazzIz parmi les dix meilleurs albums de 2003.
À travers toutes ces œuvres, Barron reste un érudit du piano, élégant, curieux, modeste. Son jeu ne perd jamais cet équilibre entre intellect et émotion qui transparaissait déjà dans Sunset to Dawn.

Dans la lignée d’Art Tatum, d’Oscar Peterson et de Bud Powell, il incarne la grande tradition américaine du piano jazz. Là où les pairs de sa génération (Keith Jarrett, Chick Corea, Herbie Hancock) ont pris le contrepied de leurs ainés, explorant de nouvelles voies, il s’est érigé comme le dernier des classiques. Maniant avec une maîtrise désarmante tous les styles, il les sublime pour mieux les réinventer, du stride au bop et aux techniques plus contemporaines. De tout cela, il conserve un swing unique et magistral.

On ne compte plus les collaborations qui ont fait de Kenny Barron un accompagnateur hors pair. Ses albums en leader, des formidables trios qu’il forma avec les contrebassistes Rufus Reid, Ray Drummond ou Kiyoshi Kitagawa et les batteurs Victor Lewis, Ben Riley ou Johnathan Blake jusqu’à ses quintets américains ou brésiliens en passant par les duos avec le pianiste Mulgrew Miller ou le contrebassiste Dave Holland l’ont installé au sommet. Et ils en ont fait le digne héritier de ceux qu’il se choisit un jour pour maîtres : Bud Powell, Hank Jones et Tommy Flanagan (ce dernier restant de son propre aveu son influence la plus forte).

Kenny Barron fait partie des musiciens qui poussent à l’extrême les caractéristiques techniques de l’instrument. Défi rendu possible aussi par la connaissance intime de l’histoire du jazz dont a toujours fait preuve le jazzman, unissant avec un naturel qui lui est propre jubilations du style stride, fulgurances du bop et tensions contemporaines.

S'il ne fallait retenir qu'un disque de Kenny Barron, je choisirais "Bossas and Ballads : The Lost Sessions" enregistré avec Stan Getz

Discographie

1967 : You Had Better Listen (Atlantic) avec Jimmy Owens
1973 : Sunset to Dawn (Muse)
1974 : Peruvian Blue (Muse)
1975 : In Tandem (Muse, publié en 1980) avec Ted Dunbar
1975 : Lucifer (Muse)
1978 : Innocence (Wolf)
1978 : Together (Denon) avec Tommy Flanagan
1980 : Golden Lotus (Muse, publié en 1982)
1981 : Kenny Barron at the Piano (Xanadu, publié en 1982)
1982 : Imo Live (Whynot)
1982 : Spiral (Baybridge)
1983 : Green Chimneys (Criss Cross Jazz)
1984 : 1+1+1 (BlackHawk, publié en 1986) avec Ron Carter et Michael Moore
1984 : Landscape (Baystate)
1984 : Autumn in New York (Uptown), republié sous le titre New York Attitude
1985 : Scratch (Enja)
1986 : What If? (Enja)
1986 : Two as One (Red) avec Buster Williams
1986 : The Red Barron Duo (Storyville, publié en 1988) avec Red Mitchell
1988 : Live at Fat Tuesdays (Enja,)
1989 : Rhythm-a-Ning (Candid) avec John Hicks
1990 : The Only One (Reservoir)
1990 : Live at Maybeck Recital Hall Volume Ten (Concord Jazz, 1990)
1990 : Invitation (Criss Cross Jazz)
1991 : Lemuria-Seascape (Candid)
1991 : Quickstep (Enja)
1991 : The Moment (Reservoir, publié en 1994)
1991 : Confirmation (Candid) avec Barry Harris
1992 : Sambao (Verve)
1993 : Other Places (Verve)
1994 : Wanton Spirit (Verve) avec Roy Haynes et Charlie Haden
1995 : Things Unseen (Verve, publié en 1997)
1995 : Swamp Sally (Verve) avec Mino Cinelu
1996 : Live at Bradley's (EmArcy, publié en 2001)
1996 : Live at Bradley's II (Universal, publié en 2005)
1996 : Night and the City (Verve, publié en 1998) avec Charlie Haden
1999 : Spirit Song (Verve)
2000 : Freefall (Verve) avec Regina Carter
2002 : Canta Brasil (Sunnyside)
2003 : Images (Sunnyside)
2004 : Super Standard (Venus)
2007 : The Traveler (Sunnyside)
2009 : Minor Blues (Venus)
2012 : Kenny Barron & the Brazilian Knights (Sunnyside)
2014 : The Art of Conversation (Impulse!) avec Dave Holland
2016 : Book of Intuition (Impulse!)
2018 : Concentric Circles (Blue Note)
2020 : Without Deception (Dare2) avec Dave Holland
2023 : The Source (Artwork)